Image
Julien’s story: Stakeholders visit to the Hague

Le récit de Julien : une délégation en visite à La Haye

« Les membres de la délégation ougandaise sont montés à bord du vol en partance d’Entebbe dans la soirée et ont voyagé pendant la nuit. J'ai suivi le vol sur mon téléphone. Le matin, j'ai reçu un SMS du chauffeur: tout le monde était sain et sauf, et déjà en route pour la Cour ». Je m’appelle Julien. Je suis membre de l'Unité de la sensibilisation de la CPI à La Haye. Voici l'histoire de l'une des visites de délégation que j'ai aidé à organiser.

Le but des « visites de parties prenantes » est de maintenir un lien entre la Cour et les personnes vivant dans les zones où des crimes en procès ont été commis, afin de leur permettre de visualiser comment la Cour travaille, et de bâtir la confiance et le soutien malgré la distance. La visite de mars 2020 n'a pas fait exception. Un groupe de 11 leaders communautaires et religieux, de représentants d'ONG et de journalistes est arrivé à La Haye pour assister aux déclarations de clôture dans l'affaire Dominic Ongwen.  

Après un mois de préparatifs, je me sentais comme un gamin le premier jour d'école: pas vraiment sûr de comment tout se passerait, mais heureux de rencontrer de nouvelles personnes.

Préparatifs

Une grande partie de l’organisation de ce genre d’évènements consiste en une planification méticuleuse – avant, pendant et après la visite. Choisir les sujets de discussion, contacter les intervenants, planifier les réunions, confirmer l'accès aux audiences, faire des mises à jour au programme … et aussi garder un œil sur la montre et les personnes, réserver les navettes et l’hôtel, les repas – voici là que quelques-uns des éléments de ma liste. Et si passer une telle liste en revue peut être source de stress, les rencontres avec des personnes vivant à des milliers de kilomètres du siège de la Cour sont une expérience enrichissante. Non seulement professionnellement, mais aussi au niveau personnel.

Une visite pas comme les autres

Cette visite a commencé comme toutes les autres, avec des présentations, autour d'une tasse de café ou deux. Avec une collègue, nous nous sommes présentés, nous avons parlé du programme, en en apprenant aussi un peu plus sur tout le monde, en posant des questions sur leurs besoins dans les prochains jours. Trouver un endroit calme pour prier ou se détendre, organiser une visite au centre-ville ou acheter une carte SIM locale pour appeler à la maison : nous nous en chargerons, j’ai promis.

Image
And while we were following the usual routine, this week was certainly not the ordinary one. Already before the groups’ arrival, the threat of a pandemic was looming over our heads.

Et alors que nous suivions la routine habituelle, cette semaine était tout sauf ordinaire. Avant l’arrivée du groupe, déjà, la menace d’une pandémie planait sur nos têtes. Et maintenant, pendant que le groupe était ici, la possibilité un confinement mondial  se dessinait . Nous n'avions pas de minute à abandonner à l’inquiétude alors que les questions continuaient à affluer: quelle était la situation sanitaire aux Pays-Bas ? Que se passait-il à la maison ? Pourrions-nous rentrer ? Dans une situation comme celle-ci, le silence est probablement votre plus grand obstacle. Nous étions en contact avec nos collègues en Ouganda ; nous leur demandions comment ils se sentaient et s’ils avaient des nouvelles informations, afin de rassurer le groupe et nous-mêmes.

Les niveaux de stress ont atteint leur paroxysme lorsque nous avions reçu un appel de l'hôtel indiquant qu'un de nos clients était tombé malade. Heureusement, il ne s’agissait que d’un malentendu. Il s'est avéré qu'il se sentait juste fatigué et qu'il voulait se reposer quelques heures.

Même sans un facteur de tension supplémentaire comme la possibilité d’une pandémie Covid-19, les visites de délégations peuvent être intenses. Et je ne parle pas seulement d'horaires remplis de réunions ou d'appels téléphoniques depuis les hôtels. Les audiences peuvent avoir un impact émotionnel, étant donné que certains membres d’un groupe peuvent avoir un lien personnel avec ce qui est débattu dans la salle d’audience.

Tout est bien qui finit bien  

Cinq jours passés avec un groupe peuvent paraître courts pour aborder tous les sujets importants. Cela est cependant suffisamment long pour permettre un échange plus profond et significatif sur les thèmes des victimes, de la justice, de la paix et de la vie après un conflit.

Le succès de ces visites est proportionnel à la satisfaction des personnes invitées par la CPI. Pour le personnel de la Cour à La Haye, elles sont une occasion unique de nouer une relation précieuse avec nos invités, mais aussi de mettre notre travail en perspective ; de voir l’impact de la Cour sur les survivants, ainsi que les autres membres de communautés, et de reconfirmer son importance.