Inspirer la jeunesse malienne : un engagement pour la justice
Avec Margot Tedesco
« Je veux devenir juge à la Cour pénale internationale ! » Elle me regarde, un sourire timide sur les lèvres. Puis, elle se cache derrière les autres jeunes.
« C'est possible ! » je réponds. « Et pourquoi pas Procureure ? La CPI a eu une juge malienne qui a été la première vice-présidente de la Cour, Mme Diarra. »
Bamako, mercredi 26 juin 2024. Il est environ 13h.
Finie la retransmission en direct du verdict dans l’Affaire Al Hassan et la session de questions et réponses, un groupe de jeunes s’est approché de moi
Je regarde le groupe composé d’environ six étudiants. Parmi eux, le président du Club universitaire pour les droits humains de la Faculté de droit privé de Bamako, et un autre étudiant qui m’avait posé une question pendant la session.
J’avais invité des membres du Club à assister à la retransmission en direct du verdict. J’organise régulièrement des rencontres avec les nouveaux membres du Club.
« Est-ce que vous serez là lundi ? » Ils acquiescent.
Le Club m’a invité à animer une session de quatre heures à l’Université, à près de 50 étudiants, pour parler du mandat, du fonctionnement et des procédures de la CPI ainsi que des affaires concernant le Mali.
Le lendemain, je rencontrerai les candidats du concours de plaidoirie de l’Edition 2024 organisé par la Tribune Jeunes pour le Droit au Mali (TRIJEUD) pour les préparer aux épreuves, en me concentrant plus spécifiquement sur les crimes internationaux. Depuis 2023, l’Unité de la sensibilisation appuie cette initiative de TRIJEUD en collaboration avec Avocats sans frontière Canada et le Comité International de la Croix-Rouge. Des épreuves sur les crimes internationaux y ont été introduits au niveau de la demi-finale et de la finale du concours.
J’aime particulièrement échanger avec les étudiants : ils ont plein de questions et beaucoup d’espoirs. Leur dévouement en faveur de la promotion de la justice et des droits humains me motive. À chaque rencontre, je m’adresse aux futurs champions des droits humains maliens, aux futurs procureurs, avocats et magistrats qui auront la responsabilité de défendre les droits humains dans leur pays.
Chaque rencontre, chaque session avec ces étudiants est une occasion de renforcer notre mission commune. En les formant, en les inspirant, nous contribuons à forger une nouvelle génération de défenseurs des droits humains qui pourront, à leur tour, faire avancer la justice dans leurs propres communautés.
Après Bamako, et toujours pour communiquer sur le verdict dans l’affaire Al Hassan, je vais parcourir près de 1000 Km en voiture pour échanger avec les représentants de la société civile, les journalistes, et les autorités á Ségou et Sikasso, où se trouvent de larges communautés ayant fui Tombouctou en 2012, au moment de ce que les Maliens appellent « l’occupation de Tombouctou » par les groupes Ansar dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Cette fois-ci je ne pourrais pas me rendre à Tombouctou. Je dois me limiter aux localités plus accessibles pour le moment. Toutefois, grâce à nos efforts conjoints avec divers partenaires, les Tombouctiens et Tombouctiennes, sur tout le territoire, pourront suivre les évolutions judiciaires qui les concernent : un réseau de radios diffusera le résumé du verdict et avec un autre partenaire, le Festival Vivre Ensemble Tombouctou, nous planifions la projection du matériel audiovisuel produit dans toute la région de Tombouctou.
En parcourant les routes du Mali, en échangeant avec les jeunes et les communautés locales, je suis constamment rappelée de l'importance de notre mission d’information. Chaque interaction, chaque question donne vie au concept de la justice internationale, plus accessible et compréhensible pour toutes et tous.
