Déclaration: 14 février 2022

Déclaration du Procureur de la CPI, M. Karim A.A. Khan QC, à l’occasion de la Journée internationale contre l’utilisation d’enfants soldats de 2022

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À l'occasion de la Journée internationale contre l'utilisation d'enfants soldats, je constate avec un profond regret et une vive inquiétude que des dizaines de milliers d'enfants continuent de voir leur vie brisée par des déchaînements de violence dans le cadre de conflits armés à travers le monde. En effet, les enfants semblent plus que jamais exposés au risque d'être enrôlés et utilisés dans des hostilités. Le recrutement et l'utilisation d'enfants constituent les violations établies les plus nombreuses en période de conflit, comme l'indique le dernier rapport du Secrétaire général de l'ONU sur les enfants et les conflits armés, les 8 521 cas vérifiés recensés en 2020 ne représentant sans doute qu'une fraction du nombre réel d'enfants qui continuent d'être exploités dans des forces armées et de participer aux combats contre leur gré. Les crimes dont il est question dans bon nombre de situations dont la Cour pénale internationale (CPI) est saisie témoignent de l'ampleur de ces violations intolérables. Les enfants continuent de payer le plus lourd tribut aux guerres et aux conflits.

Les événements traumatisants que vit ce groupe vulnérable dépassent l'entendement et la raison : les enfants sont trop souvent soustraits par la force au milieu protecteur et à la sécurité affective des leurs, auxquels tout enfant devrait avoir droit, pour être utilisés comme soldats, cuisiniers ou esclaves, voire esclaves sexuels. Ils sont ainsi trop souvent privés d'une éducation formelle et, au lieu de cela, apprennent la violence sous toutes ses formes ou y sont exposés.

La commission d'un crime contre un enfant est un acte odieux qui doit être sanctionné et la Cour a un rôle particulièrement important à jouer à cet égard.

Le Bureau que j'ai le privilège de diriger a pris des mesures décisives afin de veiller à ce que les auteurs des crimes commis contre les enfants et touchant ces derniers, notamment ceux qui ont été enlevés ou recrutés d'une manière ou d'une autre à des fins militaires, n'échappent pas à la justice. Nous pouvons cependant aller plus loin et nous engager avec une détermination accrue à nous acquitter encore mieux des responsabilités qui nous incombent.

Je me joins aux autres parties prenantes pour appeler d'une même voix chacun à agir avec efficacité et détermination pour obtenir justice au nom des enfants enrôlés et utilisés dans le cadre d'hostilités et pour prévenir les violations commises contre les enfants en temps de guerre. Selon moi, ces efforts doivent également se concentrer sur la capacité des législations nationales à sanctionner ces crimes comme il se doit, afin de traduire en justice leurs auteurs à l'échelon national.

Nous sommes en mesure de mieux protéger les enfants en temps de conflit armé au travers d'une mobilisation collective, coordonnée et durable et nous devons nous acquitter de cette responsabilité à leur égard. Il est légitime que les enfants comptent sur les titulaires de l'autorité, ceux qui possèdent l'expertise nécessaire et à qui incombe la responsabilité de les protéger.


Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]