Désir de justice : Réactions au verdict rendu dans l’affaire Bemba
Avec Gervais Bodagay
L’attente était à son comble en République centrafricaine (RCA) avant le prononcé du verdict dans l’affaire Le Procureur c. Jean-Pierre Bemba Gombo. Afin de s'assurer que les communautés affectées par les crimes commis en 2002-2003 aient accès à la décision des juges dans cette affaire, nous avons multiplié nos efforts en matière de sensibilisation sur le terrain, à travers diverses rencontres avec des représentants d’ONG et d'autres partenaires, ainsi que par le biais de radios communautaires. Nous avons expliqué les prochaines étapes de la procédure et éventuels développements, et recueilli leurs vues et préoccupations afin de les partager avec le reste de la Cour.
Cette affaire était la première concernant des crimes sexuels et à caractère sexiste devant la CPI. Cette situation était la première enquête de la CPI dans laquelle, selon le Procureur de la CPI, « les allégations de crimes sexuels excèdent largement le nombre d'assassinats présumés […] Les victimes décrivent les viols subis en public, les actes de violences commis par plusieurs agresseurs, les viols en présence de membres de leur famille et les autres violences qu’elles ont endurées lorsqu’elles offraient une résistance ».
Le Bureau du Procureur a ouvert une enquête en RCA en 2007, et le procès à l’encontre de Jean-Pierre Bemba Gombo a débuté en 2010. Le verdict était donc longuement attendu.
Le 21 mars 2016, le verdict fut prononcé : M. Bemba a été déclaré coupable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en tant que chef militaire n'ayant pas exercé le contrôle qui convenait. La justice a enfin été rendue pour ceux dont les proches ont été tués et pour les victimes de crimes de viol et de pillage.
Suite au prononcé du verdict, nous avons réuni une quarantaine de journalistes à Bangui (RCA) afin d'assurer qu'il aient accès au verdict et puissent préparer leurs reportages. Les journalistes eux-mêmes ont exprimé leur satisfaction : « Il s’agit d’un verdict inédit, qui servira d’exemple pour les chefs de guerre en Centrafrique » a déclaré un journaliste, tandis qu’un autre a souligné : « Enfin les juges de la Cour ont dit le droit ».
Les journalistes étaient par ailleurs désireux de savoir si d’autres personnes responsables de crimes graves commis contre la population civile en RCA seront jugées devant la CPI.
