Outreach story: 29 janvier 2021

Le récit de Jimmy : Assister au procès, c'est faire partie de l'histoire

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Jimmy’s story: To witness the trial is to be part of history

En tant que chargé de la sensibilisation en Ouganda, je rapproche la Cour pénale internationale des communautés affectées par les crimes, vivant à plus de 15 000 kilomètres du siège de la Cour. En mars 2020, j'ai mené des communautés du nord de l'Ouganda où des crimes auraient été commis, à la galerie du publique de la Salle d'audience I, à La Haye.

Onze personnes ont participé à la visite : des chefs religieux et culturels, des membres de la société civile et des journalistes couvrant le procès de Dominic Ongwen pour les médias nationaux et locaux du nord de l'Ouganda. Le but de la visite était d’assister à une étape importante dans l'affaire – les déclarations de clôture étaient prévues, après quatre ans de présentation des moyens de preuve. M. Ongwen est accusé de 70 chefs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre qui auraient été commis dans le nord de l'Ouganda, après le 1er juillet 2002. Les juges rendront leur verdict le 4 février 2021.

Cette visite, la troisième en son genre, ne ressemblait à aucune autre. Les préparatifs ont eu lieu tout au long du mois de mars, sur fond d'incertitudes autour de la pandémie COVID-19. La veille du voyage, des réunions se sont tenues à la fois à Kampala et à La Haye, pour évaluer l'impact de la pandémie sur la visite et discuter des mesures de protection et de sécurité. Les voyageurs devaient donner le dernier mot pour savoir s'ils souhaitaient entreprendre ce voyage. « Nous sommes prêts », a été la réponse.

Le lendemain, nous avons voyagé de Kampala à Entebbe, et environ 12 heures plus tard, nous sommes arrivés à La Haye. Bien que prêts pour le voyage, nous craignions l’inattendu lié au virus. Durant le voyage, les pensées silencieuses et l’atmosphère de malaise étaient palpables.

Malgré les craintes initiales et quelques frayeurs, tout s’est bien passé.  Même lorsque nous avions reçu un appel du directeur de l’hôtel nous informant que l’un de nos visiteurs était tombé malade, cela s’était avéré une fausse alerte ; une courte conversation en langue locale, en acholi, l’avait bien confirmé. Pour quelques instants, cependant, nous étions pris de panique, ne sachant quoi faire ni comment gérer cet imprévu.

Au cours de la visite, les participants ont assisté aux audiences, rencontré des fonctionnaires de la Cour et mené des entretiens.

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During the visit, the delegates attended court sessions, held meetings with court officials, and conducted interviews.

Leurs impressions se résument en un mot: la gratitude. Gratitude pour l’efficacité, l’ouverture et le professionnalisme avec lesquels le procès a été tenu. Ils étaient heureux d’avoir pu assister aux procédures dans la salle d'audience et faire partie de l'histoire. Suivre le procès en personne signifiait recueillir des expériences de première main qu'ils partageraient plus tard avec les communautés locales.

Quant à moi, cette visite, le procès, et mes 16 années à travailler à la Cour… c’est le travail d’une vie accompli.

Dès le début du procès Ongwen, il fallait rapprocher les procédures et la salle d’audience des communautés affectées. Au cours des années, nous avons développé divers outils, programmes et moyens d’échanger avec le public sur le procès :  non seulement à travers des projections de résumés du procès, des émissions de radio, un dialogue intercommunautaire et des sessions questions-réponses, mais également des visites à La Haye pour assister en personne aux procédures. Six visites ont eu lieu jusqu’à présent.

Le résultat ? Une meilleure compréhension de la Cour et de son mandat. J’ai pu témoigner d'un changement constant de perceptions au sein de la population, laissant place à une interaction et une participation de plusieurs parties prenantes aux différentes activités de la Cour. Le fait d’avoir pu apporter ma petite contribution à ce changement, m’apportera toujours une grande satisfaction.

Je suis heureux en voyant les expositions photos de la Cour, montrant notre engagement avec les communautés, car c’est un rappel constant que nos efforts ne seront jamais vains.

Pour moi, cela a été toujours le but ultime des activités de sensibilisation : établir une communication durable et directe, pertinente et utile, pour des dizaines de milliers de victimes et communautés affectées par les crimes. C'est la pierre angulaire ; c'est au cœur même de notre travail.