Déclaration: 30 janvier 2024 |

Déclaration du Procureur de la CPI, Karim A. A. Khan KC, au Conseil de sécurité des Nations Unies à propos de la situation au Darfour, en application de la résolution 1593 (2005)

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Madame la Présidente, permettez-moi de vous remercier, ainsi que les membres du Conseil présents dans cette salle, de votre patience et de la possibilité qui m’est donnée d’informer à nouveau le Conseil sur la situation au Darfour. Je voudrais également exprimer ma gratitude au représentant permanent du Soudan pour sa présence à cette réunion du Conseil. Il ne serait pas correct de ma part de ne pas exprimer ma sincère reconnaissance au Gouvernement du Tchad ainsi qu’aux Nations unies. C’est grâce à la coopération du Tchad que je peux aujourd’hui m’adresser à vous depuis N’Djamena. C’est grâce à l’assistance des Nations unies que nous pouvons agir ensemble et être dignes de la confiance qui nous a été accordée et de la mission que le Conseil nous a confiée en vertu de la résolution 1593 d’enquêter de manière indépendante sur la situation au Darfour.

Le fait que la présentation de ce rapport ait lieu sur le territoire du Tchad représente beaucoup pour les communautés du Darfour. Elles souffrent tant depuis si longtemps. J’ai eu l’occasion de visiter des camps au Tchad, d’entendre les récits de victimes de traumatismes et de blessures physiques, qui m’ont exprimé leur gratitude envers le Tchad pour les avoir accueillies alors qu’elles fuyaient pour sauver leur vie, n’emportant avec elles que les vêtements qu’elles avaient sur le dos.

Les événements qui se sont produits ces six derniers mois et ceux que j’ai l’obligation de vous rapporter donnent à réfléchir, comme les membres de ce Conseil ont pu le constater à la lecture de mon rapport. La situation est désastreuse à tous points de vue. Un tiers de la population des régions touchées du Tchad sont des réfugiés en provenance du Soudan, ce qui représente un chiffre énorme. Un Tchadien sur trois dans ces zones sinistrées est un réfugié. L’exode se poursuit à un rythme effréné, auquel ni le Tchad, ni les Nations unies ne sont en mesure de répondre. Souvent, les personnes qui entrent dans ce pays souffrent de blessures parfois graves. Il en résulte des taux de mortalité bien supérieurs à la normale, ce que nous ne pouvons accepter.

Les conséquences liées à ces événements sont dévastatrices pour le pays. La végétation tchadienne est menacée de disparition dans les zones touchées ; des rapports font état d’une prolifération d’armes en provenance du Darfour; les réserves de riz diminuent ; les ressources sont limitées. Nombre des pays qui entourent le Tchad et le Soudan sont fragiles. Ils doivent faire face à leurs propres difficultés, à leurs propres problèmes. Une seule conclusion s’impose, dont je me dois de vous faire part : nous sommes à la limite du point de rupture et le conflit au Soudan exige plus que jamais votre attention.

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Avant-hier, Madame la Présidente, j’ai eu l’honneur de rencontrer des victimes, dans le camp de Farchana. Je me suis également rendu dans la zone de transit d’Adré où j’ai pu échanger, assis par terre, avec des hommes et des femmes membres de diverses communautés, et entendre le récit de ce qu’ils ont enduré.

À Farchana, je me suis entretenu avec une victime, une femme darfourie aussi élégante que courageuse. J’ai pensé qu’il était utile, avec votre permission, de la citer parce que son récit est celui de beaucoup d’autres réfugiés. Elle m’a dit — et je la cite : « J’ai été déplacée de nombreuses fois au cours des événements survenus en 2023, la dernière fois dans le camp de Geneïna. Puis j’ai fui vers Adré et ensuite vers Farchana. Quand nous nous sommes arrivés ici, nous étions pieds nus ; beaucoup d’entre nous n’avaient rien. Nous éprouvons toujours de la rancœur. Le sentiment demeure que nous ne sommes pas des êtres humains. »

J’ai entendu d’une autre survivante d’Adré des récits effrayants de violences sexuelles, notamment des viols qui auraient été commis à l’encontre de femmes darfouries à l’intérieur d’un entrepôt du Programme alimentaire mondial dans l’ouest du Darfour.

Un autre réfugié, un homme, m’a fait part, en termes explicites, de l’animosité dont ils sont l’objet. Ils ont véritablement été pris pour cible alors même que rien n’indique qu’ils étaient impliqués dans un éventuel conflit avec d’autres parties. Comme l’a précisé cet homme, je le cite, « nous avons été agressés verbalement, en particulier les tribus africaines. Ils nous appelaient "Ambai", ce qui signifie "Noirs", et ils nous disaient qu’ils allaient nous exterminer. Ils nous ont dit : "Vous finirez au Tchad comme réfugiés" ».

Comme vous le savez, Madame la Présidente, et vous, les membres de ce Conseil, les persécutions, les meurtres et les viols commis dans ces circonstances constituent des violations du Statut de Rome. Mais je tiens également à souligner que le racisme et la discrimination, les viols et les meurtres, la persécution, sont également contraires aux principes fondamentaux de l’Islam auxquels les différentes parties au conflit prétendent se conformer. Je pense donc qu’il est opportun de rappeler un principe qui devrait nous unir tous et nous inciter à changer de cap. Le prophète de l’Islam, Mohammed, sallallahu-alayhi-wa-salam, (qu’Allah le bénisse et lui accorde la paix) a indiqué dans un fameux sermon, le dernier qu’il a prononcé : « Un Arabe n’est pas supérieur à un non-Arabe, tout comme un non-Arabe n’est pas supérieur à un Arabe. Un Noir n’est pas supérieur à un Blanc, de la même manière qu’un Blanc n’est pas supérieur à un Noir, si ce n’est par la vertu ». Et de poursuivre : « Ce message doit être transmis même à ceux qui n’étaient pas présents ce jour-là. » C’était 631 ans après Jésus-Christ.

Les principes énoncés dans le Statut de Rome, le droit qui y est contenu et que nous appliquons à la CPI sont le patrimoine commun de l’humanité. Ils transcendent les cultures, les religions et les ethnies, les croyances et les origines de chacun et constituent un dénominateur commun qui nous permet d’aller de l’avant. C’est ce dénominateur commun, cette limite que nous avons fixée des comportements qui sont ou non acceptables, ces garde-fous élémentaires, qui ont contraint le Conseil, dans sa résolution 1593, à déférer la situation du Darfour à mon Bureau.

Alors que je m’éloignais de Farchana et d’Adré en voiture et que me revenaient en mémoire les discussions, les réflexions, la douleur et les attentes de ces Darfouris qui vivaient dans des conditions particulièrement rudimentaires, la nécessité impérieuse m’est apparue de ne pas les décevoir, d’en finir avec les promesses qu’ils entendent depuis bien trop longtemps et de faire en sorte qu’ils puissent enfin obtenir justice.

Les récits que j’ai entendus dans ces camps, en discutant avec ces communautés, ne sont pas isolés. Des enquêtes menées dans d’autres pays de la région et par la diaspora sont venues les corroborer. Il y a deux semaines, j’ai rendu visite à 70 Darfouris à Londres, très actifs dans ce domaine, qui m’ont fait part de leur expérience. Il est ressorti de ces discussions que toute la communauté a été déracinée et prise pour cible pendant de nombreuses années et ce qu’ils craignent aujourd’hui, c’est que le monde reste insensible à leurs souffrances. C’est ce qu’ils ressentent. C’est ce qu’ils ont exprimé. Ils pensent qu’ils sont trop petits, trop invisibles, trop insignifiants, trop pauvres pour être considérés comme un véritable sujet de préoccupation pour la CPI et la communauté internationale.

Comme je l’ai indiqué dans mon rapport au Conseil, les atrocités présumées qui ont été commises à Geneïna constituent l’axe central de l’enquête que mon Bureau mène actuellement. Je peux confirmer au Conseil que nous avons recueilli un nombre très important de documents, d’informations et de preuves concernant ces crimes en particulier.

L’enquête en cours et les nombreux rapports des Nations unies et d’autres organisations qui recueillent des informations sur le terrain tandis que les réfugiés continuent d’affluer au Tchad et dans les pays voisins témoignent de l’horreur de ce conflit et ses effroyables répercussions sur le plan humanitaire. Et nous entendons, les hommes et les femmes de mon Bureau, entendent les récits les plus poignants qui soient.

Nous connaissons tous les chiffres :

  • 7,1 millions de personnes ont été déplacées au Soudan, à l’intérieur du pays, depuis le mois d’avril ;
  • 1,5 million de personnes ont fui vers les pays voisins du Soudan ;
  • Plus de 555 000 Darfouris ont fui au Tchad jusqu’au mois de décembre de l’année dernière ;
  • Au cours des neuf derniers mois, 4 000 à 6 000 personnes ont trouvé refuge dans le camp de Farchana ;
  • 166 000 personnes ont été accueillies dans le centre de transit d’Adré que j’ai également visité.

Ce sont les chiffres. On pourrait se perdre dans ces chiffres, mais derrière eux, il y a des individus dont les vies ont été saccagées. Chacun d’entre eux a été touché par le malheur, par la souffrance, et ils s’attendent à ce que, collectivement, le Conseil de sécurité, les Nations unies, les États membres, les organisations régionales et la CPI puissent tenir les promesses qui leur ont été faites maintes et maintes fois.

J’espère que la communauté internationale commence à prendre conscience qu’elle ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était. Nous ne pouvons pas continuer à appliquer le droit au coup par coup. Le devoir de faire respecter le droit est exigé par la Charte, par le Statut de Rome, par vos propres résolutions. Votre intérêt personnel, dans un sens bien compris, l’exige également. Cela nous oblige, à mon humble avis, à adopter une approche différente de celle qui a prévalu par le passé afin de pas élargir et aggraver le conflit. La situation au Darfour est préoccupante et pourrait encore s’envenimer davantage. De la Libye, en Méditerranée, à l’Afrique subsaharienne, du Soudan, en mer rouge, à l’Atlantique, dans un certain nombre de régions la guerre semble l’emporter sur l’État de droit et étouffer les voix des plus vulnérables qui ont le droit d’être protégés, qui ont le droit de vivre en paix et qui ont surtout le droit de ne pas être pris pour cibles et victimes de crimes constituant des violations du Statut de Rome.

Les ordonnances judiciaires et les jugements des tribunaux ne peuvent à eux seuls résoudre le problème ; ce serait merveilleux si c’était le cas. Il ne faut pas que le Conseil de sécurité, l’ensemble de la famille des Nations unies, la CPI, les États membres, la communauté internationale dans son ensemble, se laissent submerger par un problème qui semble insoluble, mais trouvent des solutions innovantes pour faire face à la catastrophe et empêcher toute contagion de la violence.

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Même au milieu de l’obscurité, brille une petit flamme d’espoir qui peut percer les ténèbres et dissiper le désespoir que beaucoup ressentent. C’est ce que réclame la population du Darfour. C’est ce qu’elle attend. Et je pense que c’est la seule façon d’aller de l’avant.

L’un des hommes que j’ai rencontrés à Farchana, Madame la Présidente, m’a posé une question très profonde à laquelle j’ai eu bien du mal à répondre. Je vous la soumets, avec votre permission. Il m’a dit : « Oui, l’équipe s’est rendue au Tchad en octobre et en décembre, et nous faisons toutes ces choses, nous recueillons des preuves, nous nouons des partenariats avec la société civile, nous essayons de tendre la main à tous ceux qui sont prêts à venir en aide aux plus vulnérables ». Mais il a ajouté : « Qu’est-ce qui vous fait croire que le résultat sera différent de celui obtenu il y a 20 ans ? » Je pense que nous mesurons tous la difficulté de répondre à cette question simple, honnête et pourtant essentielle.

Mais cette difficulté, la complexité de la situation politique locale, ne sont pas une réponse au droit qu’ont les individus et la communauté dans son ensemble, à ce que le droit international soit respecté. Elle ne peut en aucun cas aboutir à la paralysie et à l’inaction et à des effusions de sang et des souffrances de cette ampleur.

Le procès contre « Ali Kushayb », le procès contre Abd-Al-Rahman, qui se déroule actuellement devant les chambres de première instance de la Cour pénale internationale, nous donne également des raisons d’espérer. Au cours de la période couverte par le dernier rapport, les représentants légaux des victimes ont achevé la présentation de leurs arguments et la Défense a commencé à présenter les siens et à appeler ses témoins à la barre.

Mais nous devons faire face à une vérité brutale et cruelle : le fait que la communauté internationale n’ait pas exécuté les mandats délivrés par les juges indépendants de la CPI a renforcé le climat d’impunité et contribué à la flambée de violence qui a débuté en avril et qui se poursuit encore aujourd’hui. Si la justice n’est pas rendue pour les atrocités commises dans le passé, nous condamnons inévitablement la génération actuelle. Et si nous ne faisons rien maintenant, nous condamnons les générations futures à subir le même sort. Nous ne sommes pas dans un film. On ne peut pas, lorsque les personnes qui sont témoins de cette violence sont aussi les plus touchées, rembobiner pour mieux recommencer.

Madame la Présidente, Excellences, l’enquête menée par mon Bureau montre clairement que nous avons toutes les raisons de croire que des crimes relevant du Statut de Rome sont actuellement commis au Darfour par les Forces armées soudanaises, les Forces de soutien rapide et les groupes qui leur sont associés.

Nous devons faire plus. Qu’est-ce que cela signifie ? De nombreuses réunions du Conseil ont eu lieu. Je viens une fois de plus réclamer son soutien et je demande au Soudan de se conformer de bonne foi à la résolution 1593, de répondre aux demandes d’information et d’assistance qui lui ont été transmises et de permettre aux enquêteurs d’entrer dans le pays. La coopération doit être renforcée de manière significative, substantielle et réelle, malgré les défis importants auxquels le pays est confronté à l’heure actuelle.

Nous n’avons pas reçu le moindre document des Forces armées soudanaises. J’ai rencontré le général Al-Burhan en septembre et il a promis de coopérer avec la CPI. Mais malgré la promesse qui m’a été faite de vive voix, malgré les déclarations des Forces armées soudanaises selon lesquelles une commission d’enquête chargée de recenser l’ensemble des allégations de crimes et d’enquêter sur celles-ci aurait été créée, aucune information ne nous a été communiquée. Trente-cinq demandes d’assistance sont restées sans réponse de la part des autorités soudanaises. La seule avancée concrète concerne la nomination par le Gouvernement, après des mois de discussions, d’un coordonnateur national et la délivrance, en décembre puis en janvier, de visas à entrée unique sur le territoire, les demandes concernant des visas à entrées multiples que j’ai mentionnées dans mon dernier exposé au Conseil n’ayant pas reçu de réponse. Ces quelques avancées concernant le coordonnateur et les visas demeurent insuffisantes et je demande, en conséquence, au Soudan et au Conseil de faire en sorte d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 1593 tant dans sa lettre que dans son esprit.

Cette même demande est adressée aux Forces de soutien rapide, dont nous avons finalement reçu, en novembre, la liste des personnes qui, selon elles, ont été désignées pour faire partie de la commission d’enquête. Mais aucun document, aucune information n’a été communiquée à mon Bureau par les Forces de soutien rapide, que ce soit en rapport avec les allégations portées contre ses membres ou celles concernant les Forces armées soudanaises, ou tout autre groupe armé qui leur est associé ou apparenté.

En tout état de cause, l’obligation de se conformer au droit international humanitaire ne peut se limiter à des discours incantatoires qui prétendent démontrer que l’État de droit est respecté ou pointer du doigt l’autre partie pour des violations du droit international humanitaire sans que ne soit déployé le moindre effort pour la traduire réellement en actes afin de protéger les personnes les plus vulnérables.

J’appelle donc à nouveau, Madame la Présidente, toutes les parties au conflit à transmettre sans délai à mon Bureau les informations utiles à nos enquêtes, y compris en ce qui concerne les événements en cours, dont le déclenchement remonte au mois d’avril. J’appelle également les parties au conflit à répondre pleinement aux demandes d’assistance qui ont été transmises par l’équipe de la Défense de M. Abd-Al-Rahman, alias « Ali Kushayb ». J’ai été sans équivoque. J’ai à plusieurs reprises, et mon Bureau a également à plusieurs reprises, invité la Défense à demander l’assistance de mon Bureau pour faciliter ses enquêtes. Je réitère cette offre aujourd’hui et j’invite la Défense à l’accepter.

Votre soutien et celui de l’ensemble des acteurs impliqués est essentiel pour que nous puissions répondre aux espoirs placés en nous. Au cours de la période écoulée, nous avons adopté des approches novatrices et nous sommes parvenus à recueillir des preuves et des informations auprès d’autres sources, en dépit de toutes les difficultés rencontrées au Soudan que j’ai évoquées. Et j’ai le plaisir de vous annoncer que des progrès notables ont été réalisés dans les affaires portées contre Omar Al Bashir, M. Hussein et M. Harun grâce aux preuves que nous avons obtenues, qui sont venues renforcer le dossier de l’Accusation.

Les conséquences sont trop importantes : nous ne pouvons pas baisser les bras ou nous avouer vaincus. J’ai analysé la situation avec soin et il me semble — ce n’est que mon humble avis — que nous devons trouver un moyen de briser le cycle de la violence pour garantir l’efficacité de la décision prise par les membres de ce Conseil de renvoyer la situation à mon Bureau et étayer la conclusion selon laquelle les événements au Darfour constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales. Vous avez eu raison de le faire parce que les faits vous ont donné raison. Comme nous pouvons le constater, l’incapacité à mettre un terme à l’impunité au Darfour a permis au jardin du Soudan d’être envahi par les mauvaises herbes. Et il existe un risque réel de voir ces mauvaises herbes se répandre dans d’autres pays de la région.

Le monde est actuellement confronté à une pandémie d’inhumanité, et nous assistons partout à ce qui s’apparente à une montée inexorable de la violence, promesse de nouvelles souffrances. Mais je pense sincèrement que, même en ces temps difficiles, le droit international a un rôle à jouer. Le droit international doit, nous devons trouver un moyen de le rendre efficace pour ceux qui en ont le plus besoin.

Soit les principes fondamentaux de la Charte des Nations unies, le rôle que joue le Conseil de sécurité en tant que responsable au premier chef du maintien de la paix et de la sécurité internationales, les principes de Nuremberg et les principes énoncés dans le Statut de Rome, que le Conseil a invoqués, ont un sens pour tout le monde et partout, soit ils n’en ont aucun. Dans toutes les parties du globe, des inégalités de traitement persistent auxquelles il nous faut remédier de toute urgence pour faire en sorte que les réfugiés du Darfour, et ceux qui se trouvent dans d’autres endroits du monde, puissent bénéficier d’une protection et d’une justice efficaces.

Tel est le défi qui se présente à nous, telle est notre responsabilité collective. Nous sommes résolus d’agir, aux côtés du Conseil, des organisations régionales, de la société civile, du Soudan, du Tchad et de tous ceux qui le souhaitent, afin de lutter contre l’impunité et faire avancer la justice, et de faire comprendre que, sans condamnation, de nouveaux cycles de violence apparaitront qui généreront une plus grande insécurité et instabilité partout dans le monde.

Et alors que les conflits se multiplient dans d’autres parties du monde, le risque est grand, comme le craignent les Darfouris, que l’escalade de la violence dans la région du Darfour se poursuive dans l’indifférence générale. S’il devait se matérialiser, ce sera la deuxième fois que le peuple du Darfour sera déçu, que l’humanité dans son ensemble sera déçue. Nous ne devons pas collectivement permettre que cela se produise.

Je vous remercie vivement pour votre attention et votre patience.

السيدة الرئيسة، أشكركم على صبركم وصبر المندوبين الموقرين في القاعة وعلى إتاحة الفرصة ليّ لتقديم إحاطة إعلامية للمجلس مرة أخرى. وأود أيضا أن أعرب عن امتناني للممثل الدائم للسودان لحضوره هذه الدورة للمجلس. وسأكون مُقصرا إذا لم أعرب عن امتناني وتقديري الصادقين لحكومة تشاد والأمم المتحدة. وبفضل تعاون تشاد، أنا موجود هنا على أراضيها، في نجامينا. وبفضل مساعدة الأمم المتحدة، نحاول المضي قدما معا للوفاء بالثقة والالتزام بإجراء تحقيقات مستقلة كما عهدتم إلينا في القرار 1593.

التقرير الثامن والثلاثون:  إنكليزي | فرنسي | عربي

فيديو: إنكليزي | فرنسي

وأعتقد أن هذه الإحاطة المقدمة من تشاد تعني الكثير للمجتمعات المحلية في دارفور، التي عانت كثيرا لفترة طويلة. وقد أتيحت ليّ الفرصة لزيارة المخيمات في تشاد والاستماع إلى روايات الأفراد الذين عانوا من الصدمات والإصابات الجسدية. وعبروا كثيرا عن امتنانهم لتشاد لمنحهم المأوى، حيث فروا من أجل البقاء على قيد الحياة، دون أي شيء سوى الملابس التي كانوا يرتدونها.

إن أحداث الأشهر الستة الماضية والأحداث التي من واجبي أن أبلغكم بها تستحق القراءة الرصينة. لقد قدمت تقريري الذي اطلع عليه جميع المندوبين الموقرين. ولكن، الوضع كارثي بكل المقاييس. ثلث السكان في المناطق المتضررة في تشاد هم من اللاجئين السودانيين. وهو عدد ضخم. ثلث سكان تشاد في هذه المناطق المتضررة هم من اللاجئين. إنهم يأتون بوتيرة أسرع من قدرة تشاد والأمم المتحدة على الاستجابة. إنهم يدخلون هذا البلد في مناسبات عديدة وهم مصابون بجروح. وهذا يعني أن معدلات الوفيات مرتفعة بشكل غير مقبول بأي مقياس معتاد. 

ونحن نرى العديد من العواقب الأخرى للأحداث في دارفور: فالغطاء النباتي في تشاد يختفي بسرعة في المناطق المتضررة؛ وهناك انتشار للأسلحة من دارفور ويبدو أنها متداولة في تشاد؛ وتتضاءل إمدادات الأرز؛ وتتناقص الموارد. والعديد من البلدان المحيطة بتشاد والسودان هشة ولها تحدياتها ومشكلاتها الخاصة. ولذا، فإنني مضطر إلى أن أختتم وأبلغكم بأننا، في رأيي، نقترب بسرعة من نقطة الانهيار وأن الصراع في السودان يتطلب اهتمامكم أكثر من أي وقت مضى.

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بالأمس، السيدة الرئيسة، كان ليّ شرف مقابلة المجني عليهم عندما ذهبت إلى فارشانا وإلى منطقة معبر أدري، حيث جلست على الأرض مع المجتمعات المجتمعة من الرجال والنساء واستمعت مباشرة لروياتهم وما تحملوه.

وفي فارشانا، تحدثت إلى ناجية دارفورية كانت غاية في الشجاعة والأناقة. واعتقد أنه من المناسب، بعد إذنكم، أن أقتبس منها لأن صوتها تكرر من قبل العديد من الآخرين. وقالت - وأنا أقتبس: ’’لقد تم تهجيري عدة مرات خلال أحداث عام 2023‘‘. وأخيرا قالت: ’’لقد تم تهجيري إلى الجنينة ثم هربت إلى أدري ثم انتقلت إلى فارشانا. وبعد ذلك، جئنا إلى هنا حافي القدمين والكثير منا بدون متعلقاتهم. لا يزال لدينا ضغينة. لدينا دائما انطباع بأننا لسنا أشخاصا، وأننا أقل من البشر‘‘.

روى ناجٍ آخر في أدري روايات تقشعر لها الأبدان عن العنف الجنسي، بما في ذلك مزاعم تفيد بأن نساء من دارفور كن يتعرضن للاغتصاب داخل مستودع برنامج الغذاء العالمي في غرب دارفور.

شخص آخر، رجل نبيل، كان واضحا جدا في وصف العداء الذي يواجهونه. ويبدو أنهم ليسوا أفرادا متورطين في الصراع بين طرفين، ولكن تشير رواياتهم بأنهم كانوا مستهدفين. وقال هذا الرجل: ’’لقد تعرضنا للإيذاء اللفظي، نحن القبائل الأفريقية. كانوا يطلقون علينا  لفظ الـ ’’أنباية‘‘، وهو ما يعني ’’أسود‘‘. وقالوا إنهم سيبدوننا وإنه: ’’يجب أن ينتهي بنا الأمر في تشاد كلاجئين‘‘.

السيدة الرئيسة، أنتم والمندوبون الموقرون والمجلس تعلمون جيدا أن أعمال الاضطهاد والقتل العمد والاغتصاب، في هذه الظروف، تُشكل انتهاكا لنظام روما الأساسي. ولكنني، أغتنم هذه الفرصة أيضا للتأكيد على أن العنصرية والتمييز والاغتصاب والقتل والاضطهاد أفعال تتعارض أيضا مع المبادئ الأساسية للإسلام التي تدعي مختلف أطراف الصراع الالتزام بها. ولذلك، أعتقد أنه من المناسب أن نتذكر شيئا ينبغي أن يوحدنا ويحفزنا على تغيير المسار. قال نبي الإسلام، محمد صلى الله عليه وسلم، في خطبته الأخيرة المشهورة: ’’لا فضل لعربي على أعجمي، ولا لأعجمي على عربي، ولا لأسود على أبيض إلا بالتقوى‘‘. وأضاف: ’’يجب نقل هذه الرسالة حتى إلى أولئك الذين لم يكونوا حاضرين في ذلك اليوم‘‘. وكان هذا بعد 631 سنة من يسوع المسيح.

إن مبادئ نظام روما الأساسي التي تُطبقها المحكمة الجنائية الدولية هي التراث المشترك للإنسانية. إنها تحتضن ثقافات وأديان وأعراق وأشخاص من مختلف المعتقدات والآفاق المتنوعة، وتُشكل الأساس المشترك للمضي قدما. وكانت تلك الروح الجماعية، تلك الخط الأساسي للسلوك المقبول، وأبرز الضمانات الأولية، التي أجبرت المجلس إصدار القرار 1593 الذي أحال بموجبه حالة دارفور إلى مكتبي.

وبينما كنت أُغادر فارشانا وأدري على متن سيارة، كنت أُفكر في آراء وتأملات وآلام وتوقعات الدارفوريين الذين يعيشون في أبسط الظروف. وأعتقد أن هذا يوضح بشكل صارخ ضرورة ألا نخذلهم وأن يروا العدالة وألا يستمعوا فقط إلى الوعد بالعدالة الذي سمعوه لفترة طويلة جدا.

والقصص التي سمعتها في هذه المخيمات، عندما جلست مع هذه المجتمعات، ليست معزولة. لقد تمت إضافتها إلى قصص الذين يعيشون في الشتات والذين أُجريت معهم تحقيقات في بلدان أخرى في المنطقة. قبل أسبوعين، قمت بزيارة إلى لندن والتقيت بـ 70 من سكان دارفور وهم أيضا نشطون جدا في هذا المجال. لقد استمعت إلى رواياتهم التي أشارت إلى أنه تم اقتلاع مجتمعاتهم بأكملها واستهدافها لسنوات عديدة، وأنهم قلقون حقا من أن العالم نائم عن معاناتهم. هذا ما يشعرون به وما أفادوا به. ويظنون أنهم صغيرون جدا وغير مرئيين وغير مهمين وفقراء جدا لدرجة أنهم لا يثيرون حقا اهتمام المحكمة الجنائية الدولية والمجتمع الدولي.

كما ورد في تقريري إلى المجلس، فإن الفظائع المزعومة التي حدثت في الجنينة تُشكل خطا مركزيا من التحقيقات الذي يتابعه مكتبي في هذه اللحظة الحالية. وأستطيع أن أؤكد للمجلس أننا جمعنا مجموعة كبيرة من المواد والمعلومات والأدلة ذات الصلة بتلك الجرائم المعينة.

إن نطاق هذا الصراع وتداعياته الإنسانية المروعة واضحة من التحقيقات. إنها واضحة من العديد من التقارير الصادرة عن الأمم المتحدة وغيرها من المنظمات التي تقوم بتوثيق المعلومات وتصنيفها على الأرض، حيث يستمر تدفق الناس إلى تشاد والبلدان المجاورة. ونحن نسمع، إذ يسمع الرجال والنساء في مكتبي الروايات الأكثر ترويعا على الاطلاق.

الإحصائيات، بالطبع، معروفة جيدا:

• تم تهجير 7.1 مليون شخص داخليا في السودان منذ نيسان/أبريل.

• هرب 1.5 مليون شخص إلى البلدان المجاورة للسودان؛

• هرب أكثر من 555000 من دارفور إلى تشاد خلال كانون الأول/ديسمبر من العام الماضي وحده؛

• وعلى مدار التسعة أشهر الماضية، وجد 4000 إلى 6000 ملجأ في مخيم فارشانا؛

• وفي مركز أدري العبوري، الذي زرته أيضا، تم استقبال 166،000 فرد.

هذه أرقام. ويمكننا أن نضيع، بالطبع، في الأرقام. ولكن، هؤلاء أفراد تمزقت حياتهم. كل واحد منهم لديه قصة ويل، وقصة معاناة، وهم يتوقعون أننا، نحن مجلس الأمن والأمم المتحدة والدول الأعضاء والمنظمات الإقليمية والمحكمة الجنائية الدولية، سنكون قادرين بشكل جماعي على الوفاء بالوعود التي قطعناها على أنفسنا مرارا وتكرارا.

آمل أن يكون هناك إدراك واضح في أوساط المجتمع الدولي أنه لا يمكن أن يكون العمل كالمعتاد بالمعنى السلبي. لا يمكننا الاستمرار في تطبيق القانون بطريقة مجزأة. إن واجب دعم القانون، مطلوب بموجب ميثاق الأمم المتحدة وبموجب نظام روما الأساسي وبموجب القرارات الصادرة عنكم. بل إنه مطلوب من قبل المصلحة الذاتية، كما هو مفهوم بشكل صحيح. فهو يفرض علينا، من وجهة نظري المتواضعة، أن نتبع نهجا مختلفا في التعامل مع المشكلة القديمة في دارفور، لأننا نواجه خطر اتساع الصراع وتفاقمه. ما يحدث في دارفور أمر سيء بما فيه الكفاية، ولكن هناك خطر حقيقي من أنه يمكن أن يتوسع بأكثر الطرق عمقا. من ليبيا على البحر الأبيض المتوسط إلى أفريقيا جنوب الصحراء الكبرى ومن البحر الأحمر في السودان إلى المحيط الأطلسي، نرى عددا من المناطق التي يبدو أن الصراع ينتصر على سيادة القانون ويصمم أصوات الأشخاص الأكثر ضعفا الذين لديهم الحق في الحماية، والذين لديهم الحق في العيش في سلام والذين لديهم بالتأكيد الحق في عدم استهدافهم بالانتهاكات الواردة في نظام روما الأساسي.

لا يمكن للأوامر القضائية وأحكام المحكمة وحدها حل المشكلة؛ سيكون رائعا لو استطاعت ذلك. يتطلب الأمر من مجلس الأمن وكل عائلة الأمم المتحدة والمحكمة الجنائية الدولية والدول الأعضاء والمجتمع الدولي الكبير، عدم التغلب على مشكلة مستعصية، ولكن التوصل إلى حلول مبتكرة من أجل معالجة الكارثة وأيضا لمنع الانتشار الواسع لعدوى العنف.

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ولكن حتى في وسط الظلام، نرى شعلة أمل خافتة يمكنها أن تخترق الظلام، واليأس الذي يشعر به الكثيرون. وهذا ما يريده شعب دارفور. هذا ما يتوقعونه. وأعتقد أن هذه هي الطريقة الوحيدة للمضي قدما.

السيدة الرئيسة، طرح أحد الرجال الذين قابلتهم في فارشانا سؤالا عميقا للغاية وجدت صعوبة في الإجابة عنه. وسأكرره بعد إذنكم. سألني، حسنا، نعم، لقد كان الفريق في تشاد في تشرين الأول/أكتوبر وكانون الأول/ديسمبر، ونحن نقوم بكل هذه الأشياء ونجمع الأدلة ونبني شراكات مع المجتمع المدني ونحاول التواصل مع أي شخص يستطيع دعم الفئات الأكثر ضعا. لكنه قال: ’’ما الذي يجعلك تعتقد أن النتيجة ستكون مختلفة عما كانت عليه قبل 20 عاما؟‘‘. ويمكننا أن نتخيل صعوبة الإجابة عن هذا السؤال البسيط والصادق والضروري.

لكن صعوبة التحدي، فإن السياسة المعقدة التي قد تحيط بالوضع ليست إجابة عن حق الفرد والمجتمع في الالتزام بإنفاذ القانون الدولي. ولا يمكن أن يؤدي ذلك إلى الشلل والتقاعس عن العمل على نطاق واسع يؤدي إلى إراقة الدماء والمعاناة على نطاق واسع.

وتتجلى أسباب الأمل أيضا في محاكمة علي كوشيب (عبد الرحمن)، التي تجري حاليا أمام دوائر المحكمة الجنائية الدولية. وخلال الفترة المشمولة بالتقرير الأخير، أغلق الممثلون القانونيون للمجني عليهم قضيتهم وبدأت قضية الدفاع وتم استدعاء شهود الدفاع.

ولكننا نواجه حقيقة بغيضة لا مفر منها: ألا وهي أن فشل المجتمع الدولي في تنفيذ أوامر القبض الصادرة عن قضاة مستقلين في المحكمة الجنائية الدولية كان سببا في إعادة تنشيط مناخ الإفلات من العقاب وتفشي أعمال العنف التي بدأت في نيسان/أبريل وما زالت مستمرة حتى اليوم. وبدون تحقيق العدالة في الفظائع التي ارتُكبت في الماضي، فإن الحقيقة التي لا مفر منها هي أننا نحكم على الجيل الحالي بالهلاك. وإذا لم نفعل شيئا الآن، فإننا نحكم على الأجيال القادمة بأن تُعاني من نفس المصير. لا يمكن أن يكون الأمر مجرد لعب وترجيع وتكرار عندما يكون الأشخاص الذين يرون الصور القبيحة هم الأكثر تأثرا.

السيدة الرئيسة، أصحاب السعادة، بناء على عمل مكتبي، لاحظت بوضوح، لقد قمت بتقييم واضح أن هناك سببا للاعتقاد بأن الجرائم التي يغطيها نظام روما الأساسي تُرتكب حاليا في دارفور من قبل كل من القوات المسلحة السودانية وقوات الدعم السريع والجماعات التابعة لها.

يجب علينا أن نفعل المزيد. ماذا يعني ذالك؟. لقد عقدنا العديد من جلسات المجلس. أطلب مرة أخرى دعم المجلس وأدعو السودان إلى الامتثال بحسن نية للقرار 1593 والاستجابة بشكل مناسب لطلبات الحصول على المعلومات والمساعدة بالسماح للمحققين بدخول البلاد. ويجب تحسين التعاون بشكل كبير وجوهري وهادف، على الرغم من التحديات الكبيرة التي يواجهها السودان حاليا.

ولم نتلق أي قطعة من الورق من القوات المسلحة السودانية. التقيت بالجنرال البرهان في أيلول/سبتمبر ووعد بالتعاون مع المحكمة الجنائية الدولية. ولكن على الرغم من هذا الوعد، وجها لوجه، وعلى الرغم من لجنة التحقيق التي يُستشهد بها كثيرا والتي تقول القوات المسلحة السودانية إنها تم تشكيلها لفهرسة أي مزاعم عن جرائم والتحقيق فيها، فإننا لم نتلق أي معلومات على الإطلاق. ولا يزال هناك خمسة وثلاثون طلبا للمساعدة دون إجابة من قبل حكومة السودان. وكان التطور الإيجابي الوحيد هو تعيين جهة تنسيق من قبل الحكومة السودانية وإصدار تأشيرات الدخول مرة واحدة إلى السودان في كانون الأول/ديسمبر ثم في كانون الثاني/يناير بعد عدة أشهر من الطلبات، وبالطبع عدم وجود تأشيرات دخول متعددة التي طلبناها والتي ذكرتها في إحاطتي الأخيرة أمام المجلس. لذا، مهما كانت حركة صغيرة من حيث تعيين جهة تنسيق خاصة بالتأشيرات، فإنني أدعو السودان والمجلس إلى تشجيع التنفيذ المجدي بشكل أسرع بكثير لنص القرار 1593 وروحه.

وينطبق الشيء نفسه حقا على قوات الدعم السريع. في تشرين الثاني/نوفمبر، تلقينا أخيرا أسماء الأشخاص الذين قالوا إنهم جزء من لجنة التحقيق. ولكن، لم يتم نقل أي قطعة من الورق، ولم يتم نقل أدنى معلومات من قوات الدعم السريع إلى المكتب، سواء فيما يتعلق بالادعاءات ضد قوات الدعم السريع أو فيما يتعلق بالادعاءات المحتملة المتعلقة بالقوات المسلحة السودانية، ولا بأي جهة مسلحة أخرى تابعة لها أو مرتبطة بها.

ومهما كان التحليل، فإن الالتزام باحترام القانون الإنساني الدولي لا يمكن تخفيفه وتحويله إلى تعويذة تهدف إلى الادعاء بأن أحد أطراف الصراع يحترم سيادة القانون أو توجيه أصابع الاتهام إلى طرف آخر لارتكابه انتهاكات للقانون الإنساني الدولي دون بذل جهد لتطبيق هذه الالتزامات القانونية الأساسية بشكل صادق وهادف لحماية الفئات الأكثر ضعفا.

ولهذا السبب أدعو مرة أخرى، السيدة الرئيسة، جميع الأطراف المشاركة في الصراع إلى أن تحيل على الفور إلى مكتبي المعلومات ذات الصلة بتحقيقاتنا، بما في ذلك ما يتعلق بالأحداث التي تجري اليوم، والتي اندلعت أيضا في نيسان/أبريل. وأدعو أيضا أطراف الصراع إلى الاستجابة بشكل هادف لطلبات المساعدة التي أرسلها فريق الدفاع عن السيد عبد الرحمن (السيد علي كوشيب). ولقد كنت صادقا جدا. لقد قمت مرارا وتكرارا، كما حث مكتبي الدفاع مرارا وتكرارا، على طلب المساعدة من مكتبي في تسهيل تحقيقات الدفاع. وأُكرر هذا العرض اليوم وأحث الدفاع على قبوله.

لذا، لكي نتمكن من تلبية التوقعات، فإن الأمر يتطلب دعمكم ودعم جميع أصحاب المصلحة. لقد تميزت الفترة الماضية بأساليب مبتكرة وتمكنا من جمع الأدلة والمعلومات من مصادر أخرى، على الرغم من كل الصعوبات التي ذكرتها في السودان. ويسعدني أن أبلغكم أنه قد تم إحراز تقدم في الدعاوى المرفوعة في حق عمر البشير والسيد حسين والسيد هارون، حيث تلقينا أدلة تزيد من قوة هذه الدعاوى المحددة.

والنتيجة أعظم من أن نستسلم أو نتعب. ويجب علينا أن نجد طريقة، من وجهة نظري المتواضعة واستنادا إلى تحليلي المستفيض، لكسر دورة العنف ودعم فاعلية إحالة مجلس الأمن نفسه الذي استنتج بأن الأحداث في دارفور تهدد السلم والأمن الدوليين. وكم أنتم على صواب، وكيف كنتم على صواب، لأننا نرى أن الفشل في إدراك الإفلات من العقاب في دارفور قد سمح لحديقة السودان بأن تمتلئ بالأعشاب الضارة. وهناك خطر حقيقي من أن تنتشر هذه الحشائش المتشابكة إلى بلدان أخرى في المنطقة.

بطبيعة الحال، يواجه العالم حاليا وباءا من اللاإنسانية، ونحن نشهد في مختلف أنحاء العالم ما يمكن أن يبدو بسهولة وكأنه ارتفاع لا يرحم في أعمال العنف والمزيد من المعاناة. ولكن، اعتقادي الحقيقي أنه حتى في هذه اللحظة المحفوفة بالمخاطر، فإن القانون الدولي له دور يلعبه. ويجب أن نجد للقانون الدولي طريقة لجعله فعالا لأولئك الذين هم في أمس الحاجة إليه.

أما المبادئ الأساسية لميثاق الأمم المتحدة، وسيادة مجلس الأمن في صون السلم والأمن الدوليين، ومبادئ نورمبرغ واختصاص نظام روما الأساسي الذي أثاره المجلس، فإن لها معنى بالنسبة للعالم أجمع وفي كل مكان، أو أنها لا معنى لها على الإطلاق. نحن ننظر حاليا إلى العالم ونرى أن هناك حاجة ملحة للمعاملة المتساوية ويجب أن يكون إطار الحماية والعدالة فعالا لشعب دارفور كما هو الحال في أماكن أخرى من العالم.

وهذا هو التحدي الذي يواجهنا، وهذه هي مسؤوليتنا الجماعية. ونحن نبذل قُصارى جهدنا للعمل مع أعضاء المجلس، ومع المنظمات الإقليمية، ومع المجتمع المدني، ومع السودان، ومع تشاد، ومع أي شخص، للتأكد من أننا نبتعد عن الإفلات من العقاب وأننا نتحرك نحو العدالة وتحقيقها. وأننا ندرك أنه بدون المساءلة، ستكون هناك دورات جديدة من العنف، والمزيد من انعدام الأمن، والمزيد من عدم الاستقرار في العالم.

ومع اندلاع الصراعات في أجزاء أخرى من العالم، هناك خطر حقيقي، وهو ما يخشاه العديد من سكان دارفور، وهو أن يصبح مصيرهم، الحالة في دارفور، فظائع منسية. إذا كان الأمر كذلك، فستكون هذه هي المرة الثانية التي يُفشل فيها شعب دارفور والإنسانية جمعاء، ويجب علينا بشكل جماعي ألا نسمح بحدوث ذلك.

شكرا جزيلا على وقتكم وعلى صبركم.

المصدر: مكتب المدعي العام | الاتصال: [email protected]

بيان المدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية، كريم أ. أ. خان، إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في دارفور، عملا بالقرار 1593 (2005)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]