Déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale, M. Karim A.A. Khan QC, à l’occasion de l’ouverture du procès dans l’affaire Le Procureur c. Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman
Madame la Présidente, Mesdames les juges.
Nous sommes dans les premiers jours du mois sacré de Ramadan, un mois au cours duquel des millions de musulmans dans le monde, y compris au Soudan, s'abstiennent de manger et de boire entre l'aube et le crépuscule. Ils attendent avec impatience le repas du soir, appelé iftar, qui vient rompre le jeûne. Pendant longtemps, les Soudanais ont connu, non par choix, une autre forme de jeûne liée à leur longue quête de justice.
De ce point de vue, ce jour est à marquer d'une pierre blanche. Il est une sorte d'iftar pour les millions de Soudanais à travers le monde qui l'attendaient avec impatience, et pour les juges indépendants et impartiaux de la Cour pénale internationale (« CPI » ou « Cour ») qui vont entamer l'examen des éléments de preuves qui leur seront présentés afin de déterminer la responsabilité pénale de l'accusé.
La situation au Soudan est la première situation déférée à la CPI par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le 31 mars 2005 et ce procès est le premier ayant trait à cette situation, dont le Conseil a estimé, à un moment déterminant, qu'elle représentait une menace pour la paix et la sécurité internationales. Au cours de ce procès, Madame la Présidente, Mesdames les juges, vous constaterez, avec tout le respect que je vous dois, qu'il s'agissait d'une décision éclairée, nécessaire et judicieuse de la part du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies.
Les informations et allégations publiques dont nous disposions au 31 mars 2005 faisaient état de viols contre des femmes et des jeunes filles, d'enfants pris pour cible, attaqués et enlevés, d'hommes et de jeunes garçons, entre autres, exécutés et tués, de maisons détruites sans raison et de populations fuyant en laissant tout derrière elles. Pour beaucoup d'entre eux, la vie ne sera plus jamais la même.
Le 18 septembre 2004, une commission chargée d'enquêter sur ces faits, dont le nombre ne cessait de croître, a été mise sur pied par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies. Elle a rendu, en janvier 2005, un rapport dans lequel il était précisé que près d'un million de personnes avaient déjà été déplacées à l'intérieur du pays et plus de 200 000 avaient fui dans les pays frontaliers. Malheureusement, ce phénomène a pris de l'ampleur au cours des années qui ont suivi.
Madame la Présidente, Mesdames les juges, vous entendrez au cours de ce procès une série de preuves à l'appui des 31 charges retenues à l'encontre de M. Abd-Al-Rahman, Ali Kushayb, pour lesquelles il vient tout juste de plaider non coupable.
Je ne vais pas reprendre ici ce que mes estimés confrères de l'Accusation vous diront, mais avec votre permission, je voudrais insister sur la tragédie vécue par les enfants. Pendant bien trop longtemps et beaucoup trop souvent, les enfants ont été les victimes invisibles de la guerre, soit parce qu'ils étaient associés au reste de la population civile soit parce qu'ils étaient tout simplement ignorés. Mais les conséquences qu'elle a sur eux sont profondes et durables. Dix-sept ans ont passé et les enfants qui ont été témoins de ces crimes, de ce drame, de l'éclatement de leur famille, de la destruction de leur village et de leur communauté ont grandi, mais leur vie a changé à tout jamais.
Un certain nombre d'éléments illustrent l'ampleur de la tragédie qu'ils ont vécue. Il faut insister en premier lieu sur le fait que la plupart des enfants décédés étaient sans doute les êtres les plus innocents et vulnérables qui soient : des enfants âgés de moins de cinq ans.
Vous entendrez au cours de ce procès, Madame la Présidente, Mesdames les juges, de nombreux témoignages, et le Bureau du Procureur s'attachera à mettre en évidence les conséquences que ces crimes ont eu sur les enfants, qui étaient directement visés.
La déclaration du témoin P-087 donne un aperçu de la tragédie qui a eu lieu. Il vous dira, je le cite, qu'il a « vu deux corps, celui d'une mère et de son bébé qui était en train de téter son sein alors qu'elle était morte. Ils avaient été abattus. » Et lorsque l'enquêteur a demandé des précisions sur ce qu'il voulait dire, le témoin a poursuivi : « Ce petit garçon était... sa mère était morte, et il tétait son sein. Il devait avoir quatre ou cinq mois. »
Il ne s'agit là, Mesdames les juges, que d'un exemple parmi les nombreux récits tragiques que vous aurez à entendre au cours de ce procès, à l'issue duquel vous devrez déterminer si les faits sont avérés et si M. Abd-Al-Rahman est responsable de ce crime et d'autres encore.
Même ceux qui ont fui n'ont pas été épargnés. Beaucoup ont enduré des épreuves inimaginables alors qu'ils tentaient de fuir. Vous entendrez le désespoir d'une mère, le témoin P-0834, dont l'enfant de 10 mois est mort de déshydratation et de malnutrition après qu'ils ont fui leur maison. Elle vous dira que son fils est, je cite, « mort alors que nous étions à Mukjar. Il était malade et je n'ai pas pu le nourrir suffisamment. Il pleuvait beaucoup et il souffrait de diarrhée ». De nombreux enfants en bas âge, mais aussi des personnes âgées et des femmes enceintes, sont morts durant cette période en raison de conditions de vie difficiles.
Un jeune homme du village de Kaskeidi rapporte avoir marché pendant des jours après une attaque, accompagné de femmes et d'enfants terrifiés. Ce témoin, le témoin P-0845, vous dira qu'ils étaient, je le cite : « épuisés et complètement affamés et assoiffés. Nous avions les pieds coupés et enflés à force de marcher pieds nus. Mes vêtements étaient infestés de poux. Les enfants ne pouvaient plus marcher, il fallait les porter. Les mères n'avaient pas assez de vêtements pour couvrir leurs bébés. »
En un instant, Madame la Présidente, s'impose à nous l'image de cette multitude fuyant les attaques, les pieds coupés à la recherche d'un abri et se dirigeant, en boitant, vers un avenir totalement incertain et imprévisible.
Les exemples comme celui-ci sont nombreux Mesdames les juges. Encore une fois, c'est à dessein que je les cite pour souligner la détresse des familles. La déclaration suivante, celle du témoin P-0943, ne concerne pas, loin s'en faut, des militaires, des combattants ou des cibles légitimes.
Elle émane d'une mère qui décrit en des termes plutôt poignants, si je puis me permettre d'utiliser ce terme, les efforts qu'elle a déployés pour fournir un abri aux nombreux jeunes enfants avec lesquels elle voyageait. Elle témoigne que sa famille et elle ont passé, je cite, « trois jours dans la forêt. C'était très dur. Il pleuvait beaucoup et nous n'avions nulle part où aller, alors nous sommes restés sous les arbres. Les Janjaouid étaient derrière nous et devant nous. À cette époque, j'étais avec ma sœur aînée et ses six enfants. Ils étaient tous mineurs et ma sœur était enceinte. La femme de mon frère et ses quatre enfants nous accompagnaient. Les enfants étaient tous mineurs. Mon frère cadet et ma mère étaient également avec nous. »
Madame la Présidente, ce récit est celui d'un exode moderne, d'une lente marée d'êtres humains terrifiés qui n'avaient d'autre choix pour survivre que de fuir. Les conflits tragiques qui, malheureusement, traversent le monde du nord au sud et de l'est à l'ouest ne doivent pas nous faire oublier pourquoi la Cour a été saisie par le Conseil de sécurité. Nombreuses sont les personnes qui nous regardent qui, peut-être, n'ont pas le souvenir des événements qui se sont produits au Darfour. C'est pourquoi, Madame la Présidente, je souhaite, avec votre permission, diffuser un montage de différents extraits vidéo.
Je suis extrêmement reconnaissant à mon estimé confrère, Me Laucci, d'avoir accepté qu'ils soient diffusés et je tiens à souligner que ces extraits ne sont pas présentés dans le but d'établir la véracité des faits qui y sont décrits ; ils ne constituent pas un élément de preuve et visent simplement à permettre à la Cour de comprendre ce qui a motivé les membres du Conseil de sécurité à ordonner le renvoi, qui a fait couler beaucoup d'encre, de cette situation à la Cour.
Je commencerai, si vous le permettez, par des extraits tirés d'une vidéo réalisée par Global News, une importante chaîne de télévision canadienne. Certain de ces extraits peuvent paraître décousus, mais ce qu'ils montrent en réalité, c'est qu'au moment où le Conseil de sécurité a saisi la Cour, il était temps, il était même largement temps, pour les miliciens armés de mitraillettes, d'armes légères et d'avions d'entendre les appels répétés d'un grand nombre d'acteurs à déposer les armes et à se retirer, à faire primer l'humanité, et non le pouvoir et la politique et surtout à mettre fin aux préjugés et aux persécutions ; pourtant, comme vous le verrez dans un instant, ils ont fait la sourde oreille, pour le malheur d'un million de Soudanais et d'habitants du Darfour. Peut‑être pourrions‑nous diffuser l'extrait de la vidéo réalisée par Global News datant de 2003 [projection de l'extrait vidéo].
Madame la Présidente, Mesdames les juges, je propose de passer directement à la prochaine vidéo extraite d'un documentaire, intitulée Darfur Now, réalisé en 2007, qui relate des événements qui ont manifestement eu lieu en 2003 et 2004. Je vous propose de le visionner [projection de l'extrait vidéo]. Je vous montrerai ensuite deux autres vidéos qui ont réalisées en 2004 par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. La première donne un aperçu, vraiment très rapide, de la variété des moyens utilisés pour exterminer la population du Darfour.
Vous verrez des avions Antonov larguer des bombes et les conséquences qui en résultent, au sol, pour les villages et les villes touchés. Peut-être pourrions-nous diffuser ces deux vidéos maintenant [projection des extraits vidéo]. Vous y apercevrez, pendant les quelques secondes de sa diffusion, les paysages du Darfour, l'aridité de son sol, la construction rudimentaire de ses bâtiments, ainsi que des victimes des bombardements. Les habitants du Darfour travaillent cette terre depuis l'Antiquité et font preuve, dans ces conditions difficiles, d'une résilience et d'une endurance remarquables. S'ils ont fui leur terre, ce n'est pas en raison des éléments, du sol ou du climat, mais des persécutions dont ils sont l'objet pour de multiples raisons liées principalement à des préjugés.
Il n'y a pas que des bâtiments qui ont été détruits. Leur vie l'a été aussi, bien évidemment. Mesdames les juges, vous aurez l'occasion d'entendre au cours de ce procès les témoignages livrés par des habitants du Darfour, et de constater – et c'est ce qui m'a frappé à chaque fois que j'ai discuté avec eux et, pour tout dire, avec des victimes quelles qu'elles soient – à quel point ils sont dignes et font preuve d'une force remarquable. Cette dignité et cette force s'expriment de différentes manières. L'extrait vidéo que je vais vous montrer, tiré d'un documentaire de la BBC intitulé « The New Killing Fields », diffusé en novembre 2004, dresse le portrait d'une femme très digne et sereine qui a enduré le pire ; je vous demande de faire attention à ce que vous entendrez. Deux mots sont prononcés dans cette vidéo en arabe sous-titrée, dont il sera également fait mention dans les exposés liminaires de mes estimés confrères, qui signifient esclave et traduisent le sentiment qui est le sien d'être perçue par ceux qui la persécutaient comme inférieure du seul fait de sa peau noire. Sa vie n'avait aucune valeur et sa couleur de peau et son origine ethnique étaient à elles seules des raisons suffisantes pour l'exterminer, elle et sa communauté.
Peut-être pourrions-nous diffuser un extrait de ce documentaire [projection de l'extrait vidéo]. Les tensions ne s'étant pas apaisées, nombre d'habitants ont fui à l'intérieur du Soudan mais aussi dans des camps de réfugiés, notamment au Tchad. L'extrait vidéo qui suit provient du camp de réfugiés de Touloum, qui est situé à la frontière du Soudan mais à l'intérieur du Tchad. Nombre des personnes qui assistent à ce procès dans le monde, se trouvent dans ces camps aujourd'hui. Merci de bien vouloir diffuser l'extrait vidéo. [Projection de l'extrait vidéo].
Petit à petit, les rumeurs selon lesquelles des choses anormales se passaient et les récits faits des événements par les journalistes partout dans le monde ont pénétré les arcanes du pouvoir jusqu'aux échelons les plus élevés de l'Organisation des Nations Unies. Dans l'extrait vidéo que nous allons diffuser dans un instant, qui date du 25 juin 2004, l'ancien Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, M. Kofi Annan, qualifie les crimes commis au Darfour de crimes contre l'humanité dont les responsables auront à répondre. Malheureusement, la paix qu'il appelait de ses vœux, symbolisée par la colombe ornant le revers de sa veste, n'a pas eu lieu de son vivant, et elle n'est pas encore une réalité aujourd'hui. Mais je pense que ce procès, et la tâche essentielle qui vous incombe, Mesdames les juges, d'évaluer la force probante des éléments présentés et d'établir la responsabilité de l'accusé, est l'occasion d'en raviver la flamme et de la mettre en mouvement et en action. Peut-être pourrions-nous diffuser l'extrait vidéo. Merci [projection de l'extrait vidéo].
Ces mots n'ont pas eu plus d'effet et quelques mois plus tard, trois mois plus tard pour être exact, le Conseil de sécurité a été saisi de la situation au Soudan. Dans l'extrait qui suit, le Représentant permanent du Royaume-Uni auprès de l'Organisation des Nations Unies, M. l'Ambassadeur Emyr Jones Parry, insiste sur le fait que des violations manifestes et généralisées du droit humanitaire international ont été commises et qu'il convient d'instaurer une commission d'enquête chargée d'établir les faits et de punir leurs auteurs. Merci de bien vouloir diffuser l'extrait [projection de l'extrait vidéo].
Lorsque l'on y repense, l'inquiétude était vive à ce moment-là ; la société civile était mobilisée aux quatre coins de la planète, ainsi que des célébrités, des acteurs, des politiciens, tout le monde avait compris que le moment était venu d'agir, comme l'illustre le prochain extrait vidéo dans lequel l'ancien ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, constatant la poursuite des exactions, souligne l'urgence à amener les responsables de ces actes à rendre des comptes devant la justice. Peut-être pouvons-nous diffuser l'extrait [projection de l'extrait vidéo]. Le son est manquant mais ce qui est dit dans cet extrait correspond aux propos rapportés par mes soins. Il convient de souligner l'importance du travail d'enquête effectué par la Commission des Nations Unies sur les graves violations des droits de l'homme commises au Darfour, qui a rendu son rapport en janvier 2005, pour faire en sorte que ces violations soient dénoncées et que leurs auteurs en répondent. La situation ne s'est pas apaisée pour autant et les violences se sont poursuivies. Quelques mois plus tard, à la fin du mois de février, le 28 février 2005 exactement, Madame Louise Arbour, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, , s'est exprimée sur le sujet. Merci de bien vouloir diffuser l'extrait [projection de l'extrait vidéo].
L'absence totale de volonté de mettre fin aux exactions et de se conformer aux normes du droit international coutumier et aux principes fondamentaux du droit international humanitaire, marque, selon elle, un point de non-retour, et le seul recours et la seule option possible est de saisir la CPI, ce que le Conseil de sécurité a fait le 31 mars 2005, comme le montre le dernier extrait vidéo, que je vous demande de bien vouloir diffuser [projection de l'extrait vidéo].
Le voici. Dans sa résolution 1593, le Conseil de sécurité, dans le droit fil de la création, en 1992, du Tribunal pénal international des Nations unies pour l'ex-Yougoslavie et en 1994, du Tribunal pénal international pour le Rwanda, rappelle que la justice constitue un aspect essentiel du maintien de la paix et de la sécurité internationales et a décidé de déférer la situation au Soudan à la Cour.
Onze pays ont voté en faveur de cette résolution parmi lesquels je me permettrai de citer l'Argentine, le Bénin, le Danemark, la France, la Grèce, le Japon, les Philippines, la Roumanie, le Royaume-Uni, la République de Tanzanie, et, je tiens à le souligner, la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, qui s'est honorée en choisissant la voie de la justice et en approuvant la saisine de la Cour alors même qu'elle n'est pas un État partie à son statut. Si l'Algérie, le Brésil, la Chine et les États-Unis se sont abstenus lors du vote, ils se sont prononcés dans leurs déclarations en faveur de ce renvoi.
Aucun pays, pas un seul, n'a voté contre la résolution.
Quel que soit le point de vue que l'on adopte, le renvoi devant la Cour est apparu comme une bonne chose dans l'optique de faire la lumière sur ce qu'il s'était passé et de permettre une amélioration de la situation.
Les victimes avec lesquelles j'ai échangé, au cours de ces 17 années, parfois avant même que je ne devienne Procureur, ont fait preuve, selon moi, d'une patience remarquable, et j'ai souvent été surpris par la certitude qui étaient la leur que la justice viendrait alors que tout espoir semblait perdu.
Je suis convaincu, Madame la Présidente, Mesdames les juges, que ce procès donnera raison aux membres du Conseil de sécurité.
Je souhaiterais maintenant m'attarder quelque peu sur les accusations qui pèsent à l'encontre de M. Abd-Al-Rahman. M. Abd-Al-Rahman, qui est également connu sous le nom d'Ali Kushayb était l'un des principaux acteurs de la brutale campagne anti-insurrectionnelle conduite par le gouvernement soudanais main dans la main avec des miliciens arabes, connus sous le nom de « Janjaouid », dont il était membre. Le mot « Janjaouid » est la combinaison de deux mots racines en arabe, « Jan » qui signifie caché ou invisible, et « Jaouid » qui désigne un cheval. Les Janjaouid sont souvent qualifiés, dans le langage courant, de « démons à cheval ».
Ils étaient connus pour se rendre dans les villages à l'aube, à dos de cheval ou de chameau, pour les attaquer, tuer leurs habitants, détruire les habitations et commettre certains des crimes qui sont allégués dans les charges qui vous sont présentées.
Dans sa déposition, le témoin 0007, rapporte qu'un matin, aux alentours de 9 heures, après la prière, je cite : « les Janjaouid et les soldats du gouvernement ont attaqué la ville par l'est. J'étais dans ma maison avec mes femmes et mes enfants quand ils sont arrivés à cheval et à dos de chameau, certains étaient à pied. Ils ont commencé à tirer au hasard ».
Mesdames les juges, au cours de ce procès, les membres du Bureau du Procureur, et d'autres peut-être, interrogeront les témoins sur les répercussions que ces attaques ont eu sur eux, sur les conséquences et le traumatisme qu'elles ont provoqués, sans même parler des meurtres, des viols et des pillages, sur ce qu'ils ont ressenti lorsqu'ils ont été tirés de leur sommeil ou interrompus dans leurs prières, sur la manière dont ils l'ont vécu et le vivent encore.
L'Accusation considère M. Abd-Al-Rahman comme l'un des principaux dirigeants des milices Janjaouid, sur lesquels le Gouvernement soudanais s'appuyait et avec lesquels il collaborait étroitement. Il a, selon l'Accusation, participé à la commission des crimes visés dans les charges volontairement et en connaissance de cause. De fait, les éléments et preuves présentés, qui vont au-delà de simples supputations, vous montreront qu'il tirait une certaine fierté du pouvoir et de l'autorité qu'il exerçait et ressentait une forme de jubilation à l'idée d'inspirer autant de craintes.
Vous entendrez des témoins, Mesdames les juges, qui vous rapporteront les saccages perpétrés par ses milices et par l'accusé lui-même dans différentes parties du Darfour, notamment à Wadi Salih et Mukjar au Darfour-Ouest, et la douleur et la souffrance infligées aux femmes, aux enfants et aux hommes qu'ils ont laissés dans leur sillage ou contraints à fuir, mais aussi à Kodoom, Bindisi, Mukjar et Deleig ; mes collègues, mes estimés confrères, vous en parleront.
Les principales cibles de ces attaques étaient en réalité la communauté et les villages four. Les exécutions, les crimes sexuels et les crimes contre les femmes et les enfants et la volonté sous-jacente de persécution qui en est à l'origine sont au cœur de cette affaire et forment la base dans une certaine mesure, mais pas totalement, des 31 chefs d'accusation que vous, Mesdames les juges, êtes appelées à examiner.
De nombreux viols ont été commis. Il ne s'agit pas de faits criminels isolés mais bien d'actes délibérés commis dans le cadre des attaques perpétrées contre la population civile. Le témoin P‑0015, que vous allez entendre, vous confirmera que c'était une pratique courante. Il vous en donnera un exemple et illustrera les conséquences que ces actes peuvent avoir au Darfour, et dans d'autres cultures ou parties du monde. Il rapportera, je le cite, que : « Certaines des femmes et des jeunes filles violées pendant le conflit ont tenté de se suicider. » Il ajoute : « Dans ma communauté, une fille qui a été violée n'a aucune valeur ». C'est une réalité que nous ne connaissons que trop bien. Les victimes, et en particulier les victimes de viol, sont ciblées et agressées par leurs assaillants immédiatement dans le feu de l'action. Mais cela a une conséquence bien connue dans différentes cultures, à savoir que la victime est ensuite ostracisée, séparée, voire coupée de sa famille au sens large.
Ce témoin relate comment, lors d'une attaque sur Bindisi, un membre des Janjaouid est arrivé sur son grand cheval et a pris de force une jeune fille de 15 ans, qu'il a mise sur le dos de sa monture avant de s'enfuir. Elle explique également que les termes Janjaouid et asakir, que vous entendrez au cours du procès, qui désignent en arabe les membres des forces de sécurité ou des forces de l'ordre soudanaises en uniforme ; que ces hommes avaient choisi entre 10 et 15 filles et femmes, qu'ils ont emmenées dans un endroit, puis, ce qui suit doit, avec votre permission, Madame la Présidente, être lu mot pour mot.
Le témoin déclare : « Les Janjaouid et les asakir, ont arraché les vêtements de ces filles et de ces femmes, de sorte qu'au moment où elles se sont retrouvées au sol, elles étaient nues. » Il poursuit : « Les jeunes filles étaient maintenues au sol par un homme pendant qu'un autre œuvrait sur elles. » « Œuvrait » est le terme utilisé par le témoin lui-même. Elle ajoute que si la jeune fille était susceptible de se défendre ou résistait, elle était maintenue au sol par les jambes et par la poitrine par deux hommes au lieu d'un pendant qu'un troisième œuvrait sur elle. « Œuvrer » est un euphémisme utilisé pour décrire un viol, comme cela ressort clairement des témoignages que vous entendrez.
Le témoin rapporte que l'homme a relevé sa djellaba, retiré les sous-vêtements de la jeune fille, puis les siens avant de la violer. Ces 10 à 15 femmes et jeunes filles, qui comprenaient une mère et ses deux filles ont été violées à l'endroit où étaient conservées les arachides, ainsi qu'il ressort du récit que vous, Madame la Présidente et Mesdames les juges, entendrez. Les jeunes filles qui ont été violées étaient âgées de 15 à 18 ans. Elles avaient tellement de choses à vivre avant que ces événements ne viennent les frapper. Faisait également partie de ce groupe, une femme, mère de deux filles, qui était âgée de 30 à 40 ans.
Madame la Présidente, les récits sont nombreux qui relatent des faits similaires, et nous nous attacherons, à ce stade de la procédure, à mettre en lumière les crimes à caractère sexuel ou sexiste qui ont été commis afin de vous permettre, Mesdames les juges, d'établir la matérialité des faits et la responsabilité de M. Abd-Al-Rahman et aussi d'apprécier l'étendue de la souffrance qui a été causée.
Les enfants en bas âge n'ont pas été épargnés par les attaques brutales perpétrées à Kodoom et Bindisi. Un témoin rapporte que lors de l'attaque qui a eu lieu le 16 août 2003, un Janjaouid à cheval a demandé à une femme appelée Fatima, qui portait son bébé sur son dos de le poser, ce qu'elle a refusé. Il a alors pris le bébé et l'a soulevé. Quand il a vu que c'était un garçon, il l'a jeté en l'air. L'enfant a atterri à environ un mètre, peut-être un mètre et demi de l'endroit où se tenait le témoin.
Elle expliquera, et je cite sa déclaration, que lorsque l'enfant a touché le sol, il ne bougeait pas et ne respirait plus. Une vieille femme l'a ramassé et il a commencé à respirer lentement. Toutes les femmes ont crié pour que Dieu leur vienne en aide. »
Vous entendrez, à l'ouverture et tout au long de ce procès, la souffrance, le désespoir et les épreuves vécus par les témoins présents dans la cellule exiguë et sordide du poste de police de Mukjar. Ils seront nombreux à vous raconter qu'ils devaient se tenir presque joue contre joue et étaient contraints de déféquer là où ils se tenaient, là où ils étaient accroupis. Il faisait très chaud, la cellule était surpeuplée et la puanteur accablante.
Un témoin déclare, je le cite : « Les gens étaient empilés les uns sur les autres. Ils appartenaient à la communauté four ; ils avaient la peau noire et étaient entassés dans la cellule. Aucun air ne circulait dans la cellule et il faisait très chaud. »
Un autre relate que ce n'était pas n'importe quel Janjaouid, que ce n'était pas seulement des membres en uniforme des forces de sécurité soudanaises qui leur infligeaient ces souffrances, mais bien M. Abd-Al-Rahman, Ali Kushayb, lui-même. Il ne se contentait pas de donner les ordres. Il participait activement aux exactions. Le témoin P-0919 relate qu'Ali Kushayb s'en est pris aux umdah, aux anciens, lorsqu'il était présent au poste de police. Vous entendrez de nombreux témoignages selon lesquels les umdah étaient particulièrement visés, le but étant d'annihiler toute volonté de résistance, de briser leur dignité et de rompre la cohésion de la communauté. Un autre témoin relatera comment les hommes d'Ali Kushayb ont rasé, rasé de force, devrais-je dire, deux détenus avec des couteaux, les blessant au cuir chevelu. Il déclare avoir vu de ses yeux trois détenus se faire trancher les oreilles. Celles-ci sont tombées au sol, provoquant une importante hémorragie.
Le témoin dit ne pas savoir ce qui est arrivé à ces trois personnes. Les détenus pleuraient tant la scène était insoutenable ; Ali Kushayb a ensuite quitté la cellule. L'Accusation affirme qu'il était présent, qu'il n'avait pas un rôle d'observateur, mais d'exécutant. Malheureusement pour lui, le témoin P-0919 a non seulement été le témoin des souffrances des autres détenus et des coups et actes de torture qui leur étaient infligés, mais il a aussi été brûlé au fer chaud lors d'un interrogatoire. Il relatera au cours de ce procès, Madame la Présidente, que les membres de la force centrale de réserve du Gouvernement soudanais, ont entrepris de l'interroger et de lui poser des questions sur Tora Bora et les rebelles, qu'il leur a dit qu'il ne savait même à quoi Tora Bora faisait référence, qu'il ne savait même pas que cette expression était utilisée pour qualifier les rebelles, et l'ont torturé. Selon lui, nombreux sont les détenus de la cellule qui ont été brûlés au fer chaud, soit sur les épaules, soit sur les cuisses, soit sur le dos.
Au cours de ce procès, Madame la Présidente, Mesdames les juges, vous verrez certaines de ces brûlures et certaines des blessures qui, selon le dossier de l'Accusation, ont été infligées par Ali Kushayb, M. Abd-Al-Rahman, qui est assis dans cette salle d'audience, avec sa hache sur la précieuse peau des témoins que vous verrez et entendrez.
Ces actes ont été commis dans le mépris le plus total des droits fondamentaux. Nous avons entendu et vous entendrez au cours de ce procès des récits faisant état d'attaques délibérées. Nous avons parlé des viols, mais aussi des attaques systématiques perpétrées contre les umdah, les membres les plus anciens et chefs de la communauté.
À titre d'exemple, le témoin P-0129 relatera avoir été frappé avec le manche de la hache de M. Ali Kushayb alors qu'il était assis par terre, à côté d'autres hommes ; il y avait un umdah, chef de la communauté four, qui se prénommait Yahya et un petit enfant, qui était assis à côté de lui. Lorsqu'Ali Kushayb a brandi sa hache pour frapper Yahya, l'enfant qui se trouvait à ses côtés a également été touché sans qu'il puisse affirmer si c'était ou non intentionnel.
Cet enfant n'était pas la seule victime parmi ceux qui vivaient à Mukjar. Mesdames les juges entendront le récit particulièrement effrayant du témoin P-0905, attestant que l'accusé a ordonné le meurtre de cinq enfants âgés de 10 à 12 ans et de leur professeur de religion, qui ont tous été exécutés sur le bord de la route. Selon ce témoin, le Cheikh se trouvait avec ses étudiants dans sa khalwa ou école coranique, et lorsque les Janjaouid et M. Abd-Al-Rahman sont arrivés, ils ont tous commencé à trembler. Il déclare, je cite : « les jeunes avaient peur. Ils n'arrêtaient pas de trembler. » Et le Cheikh a dit, « Je n'ai pas peur de la mort. Vous pouvez me tuer. Mais ces cinq enfants, ils sont pauvres. Ils sont sous ma responsabilité et ils sont orphelins. » En dépit de cela, ces enfants n'ont bénéficié d'aucune clémence et ont, selon le récit du témoin que vous, Mesdames les juges, entendrez, été tués sous les yeux du Cheikh qui, se sachant condamné, a demandé s'il pouvait dire deux rakat de prière. Le témoin P-0905 explique qu'il a été autorisé par M. Abd‑Al‑Rahman à lire ces deux rakat et que, je cite : « Une fois que le religieux en a eu fini avec la lecture des deux rakat, ils en ont fini avec lui. »
Mesdames les juges, les crimes commis par l'accusé sont nombreux ; non seulement il a fait usage d'une hache, commis des meurtres, exécuté des enfants, encouragé des viols et participé aux crimes visés dans les charges retenues à son encontre qu'il vous appartient d'examiner, mais il a aussi fait montre d'une brutalité rare et bestiale.
Ainsi, le témoin P-0976 rapporte qu'alors qu'il était détenu à Mukjar, le nom de Yahya Ahmad Zarouk a été prononcé en présence de l'accusé, l'umdah s'est avancé et M. Abd-Al-Rahman, Ali Kushayb, l'a traité de criminel. L'umdah eu l'audace ou le courage de secouer la tête ; Abd‑Al‑Rahman lui aurait alors asséné un coup sur le crâne avec sa hache. L'umdah est bien entendu tombé à terre, probablement incapable de se tenir debout ; M. Abd-Al-Rahman, Ali Kushayb, s'est posté devant lui et lui a tiré les oreilles, il a tiré les oreilles de cet homme âgé, en lui disant : « Je vais monter l'âne. Je vais monter l'âne ».
Ce traitement inhumain, avilissant, inacceptable n'était pas, bien sûr, réservé aux seuls détenus de Mukjar. Des preuves montrent qu'il était reproduit presque partout. Le témoin P-0907 rapporte qu'à Deleig, des hommes étaient allongés sur le sol devant un poste de police. Lorsqu'un détenu a interpellé M. Abd-Al-Rahman en ces termes, je cite : « Qui êtes-vous pour nous forcer à nous allonger sur le sol », M. Abd-Al-Rahman a répondu, « C'est moi qui commande ici, je fais ce que je veux », puis il l'a frappé avec sa hache.
Le témoin raconte qu'il a perdu beaucoup de sang et qu'Ali Kushayb, pour qui il n'était visiblement pas suffisant de les voir allongés, a littéralement piétiné leurs droits et leur dignité en leur marchant sur le dos. Ce n'est pas le seul témoignage dont nous disposons. Le témoin 0671 a également vu M. Abd-Al-Rahman se tenir sur certains prisonniers et leur donner des coups de pied, un traitement délibérément avilissant qui n'avait d'autre but que de les humilier et de briser leur volonté.
Le témoin 907 déclare, je cite : « Je n'ai jamais entendu parler de tels agissements. Qui peut faire une chose pareille. On ne soulignera jamais assez, Madame la Présidente, Mesdames les juges, les conséquences que ces crimes ont eus sur les enfants. Nous avons déjà évoqué le cas de ces nourrissons agressés à Bindisi, de ces enfants abattus et tués à Mukjar. Mais je souhaiterais, si vous me le permettez, citer quelques exemples qui montrent le traumatisme, la souffrance et l'angoisse bien réels infligés délibérément à ces enfants par l'accusé.
Le témoin P-0955 avait environ 15 ans à l'époque des faits. Comme la plupart des enfants dans le monde, il aime le football. Loin de l'image de l'enfant jouant au football avec ses amis et qui mène la vie que sa famille aurait souhaité, son souvenir est marqué par la vue de son père arrêté à Deleig et détenu dans un véhicule. Sachant ou pressentant peut-être ce qui allait se passer, il déclare, je cite : « Mon père a regardé dans ma direction, et établi un contact visuel avec moi. En me voyant, son émotion était palpable, et nous avons tous les deux commencé à pleurer. C'est la dernière fois que j'ai pu voir mon père vivant. ».
Le témoin P-0714, fait un récit saisissant, selon moi, et Mesdames les juges l'entendront par elles-mêmes, de sa fuite, en 2003, de la maison dans laquelle il résidait à Taringa, après l'appel à la prière, il déclare ceci : « J'étais encore au lit ; mon père était réveillé et faisait ses ablutions. L'appel à la prière avait toujours lieu aux alentours de 4 heures du matin, c'est à ce moment-là que j'ai entendu des coups de feu. Mon père nous a crié de nous lever. Je suis sorti de chez moi et j'ai vu des flammes autour du village. J'ai entendu des gens crier et hurler et je les ai vus courir. J'avais peur, c'était le chaos. J'ai vu les Janjaouid tirer ; en m'enfuyant, j'ai entendu des coups de feu. » Mais comme beaucoup, et presque chaque témoin nous l'a raconté, Madame la Présidente, Messieurs les juges, la terreur ne s'arrête pas là. Le témoin ajoute : « Nous sommes restés dans la montagne pendant environ deux semaines et avons survécu en mangeant le peu de farine que nous avions. Pendant ces deux semaines passées dans la montagne, les coups de feu n'ont cessé de retentir autour de la zone ».
Résumant et soulignant les conséquences à plus long terme qui ont résulté pour lui de ces événements, il déclare, je cite : « En raison du conflit et de l'insécurité qui régnait dans ma région, je n'ai pas pu poursuivre mes études ».
Si les actes retenus contre l'accusé s'inscrivent dans un cadre temporel précis, il n'en va pas de même des conséquences de ces actes, qui sont encore nombreuses pour bien des victimes.
La déclaration du témoin P-011, une mère de famille dont l'Accusation soutient qu'elle a dû fuir en raison des actes commis délibérément et en connaissance par l'accusé, de concert avec d'autres, dans laquelle elle rapporte que, je cite : « Le conflit au Darfour a également divisé ma famille. Ma mère et mon fils sont au Darfour alors que moi, je vis dans un camp de réfugiés au Tchad. Je pense constamment à eux et le seul moyen pour moi de communiquer avec eux est d'utiliser le système mis en place par la Croix-Rouge, qui est très lent. Il est également très douloureux de voir des proches humiliés et détenus sans raison. Je sais que je dois être courageuse si je veux m'en sortir, sinon je perds tout. »
Le témoin P-671, un adolescent, qui est encore un enfant, décrit le traumatisme profond et durable de voir son père et son autre frère arrêtés à Deleig et celui de retrouver leurs corps, criblés de balles, sur le sol et de devoir les enterrer. L'Accusation maintient que personne, et certainement aucun adolescent, ne devrait avoir à endurer cela.
Le témoin déclare, je cite : « Ces images sont gravées en moi et provoquent des cauchemars terrifiants. J'essaie de ne pas penser à ce qui est arrivé à mon frère et à mon père, mais quand je le fais, cela me rend extrêmement triste ». Ce témoignage n'est pas isolé. Ce n'est qu'un exemple des actes qui ont été commis dans les différentes communautés. Beaucoup de ces personnes ont grandi dans des camps comme celui de Kalma et d'autres.
Mesdames les juges, nous ne sommes pas, à mon humble avis, face à une affaire complexe mettant en jeu des questions de responsabilité de commandement où le supérieur militaire ou civil, le commandant en chef ou le supérieur hiérarchique distribue ses ordres loin du champ de bataille. Dans cette affaire, nous disposons de multiples preuves provenant de différentes sources qui montrent que l'accusé a tué, a donné des ordres et encouragé la commission des crimes dont vous, Mesdames les juges avez à connaître. Il semble dire, pour sa défense, que ce n'est pas lui. Vous entendrez dans un instant mon confrère Julian Nicholls vous présenter des arguments et des preuves supplémentaires qui tendent à démontrer le contraire et il vous appartiendra, Mesdames les juges, de déterminer si cette défense est fondée ou si elle est une insulte à la vérité.
Les témoins, les uns après les autres, diront l'avoir vu, entendu, reconnu. Les uns après les autres, ils diront avoir déjà vu M. Abd-Al-Rahman. L'Accusation considère que le dossier est solide. Nous sommes convaincus que lorsque vous aurez examiné tous les éléments de preuve et évalué les arguments et questions soulevés par la défense, vous serez en mesure de condamner M. Abd‑Al‑Rahman.
Je suis conscient, Madame la Présidente, Mesdames les juges que la vision de tous qui sommes ici, vêtus de nos robes, assistés de toute cette merveilleuse technologie, dans ce nouveau bâtiment de la Cour, peut sembler étrange et très éloignée, et elle l'est, en vérité, très éloignée, dans tous les sens du terme, de ce que vivent aujourd'hui dans des camps de réfugiés au Tchad, dans des camps de personnes déplacées au Soudan ou au sein de la diaspora qui tente de s'intégrer du mieux qu'elle le peut dans différents pays de nombreuses victimes et survivants de la situation au Darfour Mais je veux leur dire, Madame la Présidente, que nous ne les oublions pas. Je pense qu'ils sont très présents dans notre esprit aujourd'hui, et je suis sûr que vous, Mesdames les juges, les écouterez et les entendrez et verrez ce qu'il s'est passé à travers leurs yeux ; l'examen de l'ensemble des preuves qui vous seront présentées doit vous conduire à une seule et unique conclusion.
Cette situation, cette affaire que vous allez juger, que vous allez présider, Madame la Présidente, est, à mon humble avis, précisément le genre de situation, le genre d'affaire pour laquelle cette Cour pénale internationale a été instaurée. C'est précisément le genre de situation que le Conseil de sécurité devait déférer et il peut être fier de l'avoir fait dans le respect de la Charte des Nations Unies. Je ne doute pas qu'à la fin du procès, les premières gouttes de justice tomberont dans le désert d'impunité qu'ont connu les habitants du Darfour jusqu'à présent.
Pour de plus amples informations sur les « examens préliminaires » et les « situations et affaires » examinés par la Cour, cliquez ici, et ici.
سيدتي الرئيسة، حضرات القضاة.
هذه هي الأيام الأولى من شهر رمضان المبارك، حيث يمتنع ملايين المسلمين في جميع أنحاء العالم، بما في ذلك من في السودان، عن الطعام والشراب بين الفجر والغروب. وهم يتطلعون إلى إنهاء صومهم في المساء، وهي مناسبة تسمى ’’الإفطار‘‘. وثمة صوم آخر كانوا يشاركون فيه، ولكن لم يكن ذلك باختيارهم، فهو صوم في انتظار العدالة.
ومن هذا المنظور، فإن هذا يوم مشهود. إنه نوع من الإفطار لملايين السودانيين في جميع أنحاء العالم الذين يتوقون لمجيء هذا اليوم، ولبدء القضاة المستقلين والحياديين في المحكمة الجنائية الدولية (أو ’’المحكمة‘‘) عملية مداولات الاستماع إلى الأدلة، وموازنة الأدلة لتقييم المسؤولية الجنائية.
كانت هذه، بالطبع، هي الحالة الأولى التي أحالها مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة إلى المحكمة في 31 آذار/مارس 2005. وهذه هي المحاكمة الأولى الناشئة عن تلك الحالة، ففي لحظة بالغة الأهمية، وجد المجلس أن الوضع يمثل تهديدا للسلم والأمن الدوليين. وفي خلال هذه المحاكمة، يا سيدتي الرئيسة، ويا حضرات القضاة، سترون أن ذلك القرار كان متبصرا للغاية وضروريا وصائب الرأي، ويُحترم، اتخذه مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة.
وتضمنت المعلومات والادعاءات التي كانت متاحة للعامة اعتبارا من 31 آذار/مارس 2005 عمليات اغتصاب ضد النساء والفتيات، واستهداف الأطفال والاعتداء عليهم واختطافهم. وإعدام الرجال والفتيان، من بين آخرين، وقتلهم. وتدمير المنازل بشكل تعسفي. وفرار الناس مجردين من كل شيء. ولن تعود حياة الكثيرين منهم إلى ما كانت عليه من قبل.
وفي 18 أيلول/سبتمبر 2004، شكل مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة وأنشأ لجنة لتقصي الحقائق من أجل النظر في الأحداث التي ملأ صيتها الآفاق. وفي كانون الثاني/يناير 2005، أبلغت اللجنة ووجدت في ذلك الوقت أنه كان هناك فعلاً، ومنذ وقت مبكر، مليون مشرد داخليا وأكثر من 000 200 لاجئ. وازداد هذا العدد، وكانت زيادته مأساوية للكثيرين، ولم يزد إلا تفاقماً في السنوات التالية.
وستستمعون يا سيدتي الرئيسة ويا حضرات القضاة إلى كل أطياف الأدلة في سياق هذه المحاكمة، تدعم الإحدى وثلاثين تهمة التي أنكر السيد عبد الرحمن، علي كشيب ارتكابها لتوه.
ولن أكرر كل ما سيقوله زملائي المطلعين من الادعاء من بعدي، ولكن إذا سمحتم لي، أود أن أركز على الأطفال. فلفترة طالت أكثر مما ينبغي، وفي أحيان أكثر من أن تحصى، كان الأطفال هم المجني عليهم في الحرب الذين لا يدري أحد بهم، إذ يُخلطون بالسكان المدنيين أو يُتجاهلون ببساطة. لكن الأثر عليهم يكون عميقا، ويبقى عميقا ويدوم. وقد مرت سبعة عشر عاما وكبر من شهدوا جرائم ومآسي ونزيفا في حياتهم الأسرية وقريتهم وحياتهم المجتمعية، لكن الحياة لم تعد هي نفسها بأي مقياس.
ويتجلى مَثَل حجم مأساة الأطفال من خلال عدد من العوامل، أولها أن معظم الوفيات من الأطفال كانت بين من تقل أعمارهم عن خمس سنوات. وهم أكثر أفراد البشرية براءة وضعفا.
وستسمعون في خلال هذه المحاكمة، يا سيدتي الرئيسة، ويا حضرات القضاة، إلى العديد من الشهود، وسنبذل قصارى جهدنا بصفتنا مكتب المدعي العام لتسليط الضوء على التأثير الذي أحدثته هذه الجرائم على الأطفال وكيف استُهدف الأطفال بشكل مباشر.
ويقدم الشاهد P-087 لمحة عن المأساة التي حدثت. وأقتبس مما يقوله الشاهد. فستسمعون إلى الشاهد وهو يقول: ’’رأيتُ جثتين كانت إحداهما لرضيع كان يرضع من أمه وهي متوفاة، وقتلا بالذخيرة‘‘. وعندما طلب المحقق إيضاحا حول ما قصده، تابع الشاهد قائلا: ’’هذا الولد الصغير كان ... كانت أمه ميتة، وكان يرضع منها. ولم يجاوز عمره أربعة أو خمسة أشهر‘‘.
وما هذا إلا مثال واحد على المأساة الإنسانية التي ستستمعون إليها، يا حضرات القضاة، في أثناء هذه المحاكمة وستفصلون فيما إذا كانت صحيحة وفيما إذا كان السيد عبد الرحمن مسؤولا عنها وعن جرائم أخرى.
وحتى أولئك الذين فروا لم يغادروا إلى بر الأمان. فقد تحمل الكثيرون مشقة لا توصف وهم يحاولون الفرار بحياتهم. وستستمعون إلى أم أخرى تصف ألمها لأن طفلها البالغ من العمر 10 أشهر مات بسبب الجفاف وسوء التغذية بعد فرارهم من منزلهم. وسيقول الشاهد P-0834، وأقتبس من أقواله: ’’توفي ابني البالغ من العمر 10 أشهر في أثناء وجودنا في مكجر. وكان مريضا ولم أستطع أن أطعمه طعاماً كافياً في أثناء الهروب. فقد كان المطر ينهمر وكان مصابا بالإسهال‘‘. وقد توفي العديد من الأطفال في سن مبكرة وكذلك كبار السن والنساء الحوامل في خلال ذلك الوقت بسبب الظروف القاسية التي كان عليهم العيش فيها.
ويصف شاب من قرية كسكيدي سيره لأيام بعد هجوم ما. وكان برفقته نساء وأطفال مذعورون. وسيقول P‑0845، وأقتبس من أقواله: ’’لقد كنا مرهقين ونتضور جوعا وعطشا. وكانت أقدامنا مجروحة ومتورمة لأننا كنا نسير حفاة الأقدام. وكانت ملابسي مليئة بالقمل. ولم يعد الأطفال قادرين على المشي، مما استلزم حملهم. ولم يكن لدى الأمهات ملابس كافية لتغطية أطفالهن الرضع‘‘.
ومرة أخرى، في لقطة سريعة، يا سيدتي الرئيسة، تظهر هذه القافلة من الأشخاص وهم يفرون من هجوم ما، بأقدام مجروحة بينما كانوا يحاولون الوصول إلى نوع ما من الأمان ولكن إلى مستقبل غير مؤكد وغير واضح على الإطلاق.
حضرات القضاة، ثمة أمثلة عديدة من هذا القبيل. ومرة أخرى، أثيرها عمدا لتسليط الضوء على محنة العائلات. والمثال التالي للشاهدة P-0943، ومهما اشتط الخيال، فإن هؤلاء ليسوا من العسكريين أو المقاتلين، وليسوا أهدافا مشروعة.
والشاهدة P-0943 هي أم تصف بعبارات مثيرة للشفقة إلى حد ما، إذا جاز لي أن أصفها بهذا التعبير، عدم القدرة على توفير المأوى للعديد من الأطفال الصغار الذين كانت تسافر معهم. وتقول وأنا أقتبس من أقوالها: ’’قضيت أنا وأسرتي ثلاثة أيام في الغابة. وكان ذلك صعبا للغاية. وكان المطر غزيرا ولم يكن لدينا مكان نذهب إليه، فبقينا تحت الأشجار. وكان الجنجويد خلفنا وأمامنا. وكنت حينئذ مع أختي الكبرى وأطفالها الستة. وكان جميعهم قُصّر وكانت أختي حاملا. وكانت معنا زوجة أخي وأطفالها الأربعة. وكان الأطفال جميعهم قُصّر. وكان أخي الأصغر وأمي معنا أيضا‘‘.
سيدتي الرئيسة، لقد كان هذا بمثابة الخروج الكبير في عصرنا الحديث، هذا المد الزاحف من البشر، مذعورون، ويحاولون الفرار بحياتهم. كما نرى في جميع أنحاء العالم اليوم، الصراعات المؤسفة والمأساوية، في الشرق والغرب والشمال والجنوب، ومن السهل جدا نسيان سبب إحالة مجلس الأمن هذه المسألة إلى هذه المحكمة. وكثير من المشاهدين قد لا يذكرون أصلا ما حدث في دارفور، ولهذا السبب، سيدتي الرئيسة، إذا سمحتِ لي، أود أن أعرض مونتاجا لمقاطع مرئية مختلفة.
وفي الواقع، أنا ممتن للغاية لصديقي المطلع، السيد لاوتشي لموافقته على عرضها. وأريد التأكيد على أن سبب عرضها ليس هو صحة المضمون، فهي ليست دليلا، وإنما تُعرض ببساطة لتوفير سياق لما دار في أذهان أعضاء مجلس الأمن واستلزم هذه الإحالة المصيرية إلى هذه المحكمة.
وسأبدأ، إن جاز لي، بمقطع مرئي من غلوبال نيوز، وهي محطة إذاعية كندية كبرى. وقد تبدو بعض هذه المقاطع غير مترابطة، ولكن ربما الظاهر منها هو أنه عندما أحال مجلس الأمن المسألة، كانت ثمة فرصة كبيرة، بل أقول إن كل الفرص كانت متاحة، لكي يتوقف من كانت لديهم البنادق والأسلحة والطائرات ويكفون، وأن يضعوا الإنسانية في المقام الأول، وليس السلطة ولا السياسة، وليس التمييز ولا الاضطهاد بالتأكيد، ومع ذلك، فإن النداءات المتكررة التي أطلقتها الجهات الفاعلة على تنوعها، كما سترون بعد قليل، لاقت آذانا صما، وهو ما شكل مأساة لمليون من السودانيين وأهل دارفور. لذا ربما يمكننا أولاً أن نعرض المقطع من غلوبال نيوز من عام 2003 [عرض المقطع المرئي المقتبس].
سيدتي الرئيسة، حضرات القضاة، سننتقل مباشرة إلى المقطع الموجز التالي من ’’دارفور الآن‘‘. وهو فيلم وثائقي أُنتج في عام 2007، لكن يتضح بجلاء من الفيلم الوثائقي أن المقاطع التي نوشك أن نعرضها تتعلق بعامي 2003 و2004. ربما يمكن تشغيله [عرض المقطع المرئي المقتبس]. وسأسعى بعد ذلك لعرض مقطعين إضافيين. وقد أعدهما في الواقع مكتب الأمم المتحدة لتنسيق الشؤون الإنسانية في عام 2004. وسيعرض أولهما عينة فقط، فهي حقا لمحة عابرة عن وسائل متنوعة استخدمت كجزء من المذابح التي ارتُكبت ضد شعب دارفور.
وسترون طائرات أنطونوف وهي تلقي القنابل، وسنرى بعد ذلك من الأرض القرية والبلدات المتضررة. ولعلنا نستطيع تشغيل هذين المقطعين الآن [عرض المقطع المرئي المقتبس]. وسترون حتى في خلال تلك الثواني القليلة جزءا من المنظر العام لدارفور، تلك الأرض القاحلة في كثير من الأحيان، والمباني البسيطة للغاية في كثير من الأحيان، وبعض سكان دارفور المتضررين. وقد أظهروا، منذ العصور القديمة صلابة ملحوظة للعمل في تلك الأرض، ولديهم القدرة على التحمل للبقاء في تلك الظروف القاسية. ولم تبعدهم الظروف أو التربة أو المناخ عن أرضهم، وإنما أبعدهم عنها استهدافهم بشكل متعمد لأسباب متعددة، ترجع في هذه الحالة إلى التحيز والاضطهاد بشكل أساسي.
ولم تُدمّر المباني فحسب. بل دُمرت حياة الناس كما هو واضح. وستتاح لكم الفرصة، يا حضرات القضاة، للاستماع في خلال هذه المحاكمة إلى أهل دارفور أنفسهم، وستقيّمون بالطبع ما صدمني في كل مرة تفاعلت فيها مع أهل دارفور، بل ومع الناجين في جميع أنحاء العالم، ألا وهو كرامتهم وقدرتهم الملحوظة على الصمود. ويمكن التعبير عن هذا بعدة طرق مختلفة، لكن المقطع الذي سأعرضه عليكم من فيلم وثائقي من برنامج بانوراما على بي بي سي بعنوان ’’ميادين القتل الجديدة‘‘ من تشرين الثاني/نوفمبر 2004 يظهر مثالا واحدا لسيدة محترمة ووقورة كانت قد تحملت فعلاً أشياءً فظيعة، فظيعة للغاية وسأطلب منكم أن تنتبهوا، حيث ستسمعون كلمتين في هذا المقطع باللغة العربية، ستظهر ترجمتهما في الأسفل، وستسمعونها في الكلمات الافتتاحية التي سيلقيها أصدقائي المطلعين الذين سيعقبونني، معناها ’’أَمة‘‘ والمشاعر التي توضح أن كونها سوداء يقلل منها ويُنظر إليها على أنها أقل من الذين يستهدفونها. ولم تكن لحياتها قيمة لهذا السبب فحسب، فقد كان اللون والعرق سببا لسلبها ومجتمعها الحياة.
ولعله بالإمكان الآن تشغيل هذا المقطع من فيلم برنامج بانوراما الوثائقي [عرض المقطع المرئي المقتبس]. وثمة أشياء ومسائل لم تهدأ وفرّ الناس داخليا في السودان، وأيضا في مخيمات اللاجئين في تشاد على سبيل المثال. وفي الواقع، يصور المقطع التالي مخيم طولوم للاجئين الذي يقع على حدود السودان ولكن داخل تشاد. وممن سيشاهدون هذه الإجراءات القضائية في جميع أنحاء العالم، يمكث عدد كبير منهم في تلك المعسكرات حتى في هذا اليوم وأود أن أطلب تشغيل هذا المقطع رجاءً. [عرض المقطع المرئي المقتبس].
وهكذا، تدريجيا، فإن التذمر الخافت الذي سُمع في جميع أنحاء العالم والهمسات بوجود خلل ما، والإذاعات التي استرعى الصحفيون إليها الاهتمام الدولي، بدأ أخيرا ينفذ حتى إلى أروقة السلطة، وحتى أعلى المستويات في الأمم المتحدة. وفي المقطع الذي سنعرضه بعد قليل، سنرى الأمين العام الراحل للأمم المتحدة كوفي عنان، في 25 حزيران/يونيو 2004، وهو يؤكد أن ما حدث بدا أنه جرائم عالمية وأن من ارتكبوها أُخطروا بأنهم سيُساءلون عما يحدث. وللأسف، فإن حمامة السلام التي سترونها على ياقة سترته كانت في الحقيقة إلى حد كبير من باب الدعاء، ولم تهبط في حياته، ولم تهبط اليوم. ولكني أعتقد أن هذه الإجراءات وهذه المحاكمة، بالإضافة إلى مسؤولية حضرات القضاة الأساسية عن تقييم قوة الأدلة وما إذا كانت المسؤولية مثبتة أم لا، فإنها لحظة مهمة في محاولة إيقاظ السلام من سباته وتحريكه وتحويله إلى أفعال. ولكن لعلنا نستطيع تشغيل هذا المقطع. شكرا لكم [عرض المقطع المرئي المقتبس].
ومرة أخرى، لاقت تلك الكلمات آذانا صما، وبعد بضعة أشهر، وبعد ثلاثة أشهر، نظر مجلس الأمن في الوضع في السودان. وصور المقطع التالي الممثل البريطاني الدائم لدى الأمم المتحدة السفير إمير جونز باري وهو يؤكد على أن الانتهاكات الواسعة النطاق للقانون الدولي الإنساني ظهرت بجلاء، وأنه لا بد من إنشاء لجنة لتقصي الحقائق من أجل إثبات الحقائق وأن انتهاكات القانون الدولي الإنساني تستوجب تحقيق العدالة. وربما يمكننا تشغيل هذا المقطع رجاءً [عرض المقطع المرئي المقتبس].
وفي ذلك الوقت، وباسترجاع ذاكرتنا، صارت التموجات التي أحدثها القلق في المياه الراكدة بمثابة حركة إلى حد كبير، فانخرط المجتمع المدني، وأدرك المشاهير والممثلون والسياسيون، والجميع في أجزاء كثيرة جدا من العالم، أنه لا بد من اتخاذ إجراءات. فعلى سبيل المثال، صور المقطع التالي وزير خارجية ألمانيا السابق، يوشكا فيشر، وهو يشدد على أنه في ظل عدم وجود أي تراجع، حان الوقت لضمان تقديم الأشخاص الذين ثبتت إدانتهم إلى العدالة ومعاقبتهم. ولعلنا نُشغل ذلك المقطع رجاءً [عرض المقطع المرئي المقتبس]. لا يوجد صوت في هذا المقطع ولكن هذا هو ما قاله. ومن الأهمية بمكان أن لجنة الأمم المتحدة لتقصي الحقائق في دارفور باشرت عملها في التحقيق في الانتهاكات الجسيمة لحقوق الإنسان في دارفور، ولا بد من كشف الظلم ومعاقبة المجرمين.
وقدمت لجنة الأمم المتحدة لتقصي الحقائق تقريرها في كانون الثاني/يناير 2005. ومرة أخرى، لا تراجع ولا توقف للعنف وشهدنا في غضون شهرين، في نهاية شباط/فبراير، في 28 شباط/فبراير 2005، المفوضة السامية للأمم المتحدة لحقوق الإنسان، لويز أربور وهي تتحدث بنفسها عن هذا الموضوع بالذات ولعلنا نستطيع تشغيل هذا المقطع رجاءً [عرض المقطع المرئي المقتبس].
وأمام هذا الإحجام عن الارعواء، والإحجام عن الانصياع لقواعد القانون الدولي العرفي والمتطلبات الأساسية للقانون الدولي الإنساني، نرى أن المفوضة السامية لحقوق الإنسان تُدرك أن المحكمة الجنائية الدولية هي محكمة الملاذ الأخير وأننا وصلنا إلى النهاية بشكل مأساوي من وجهة نظرها، وأن الخيار الوحيد كان الإحالة وهذا ما دفع المجلس لاتخاذ إجراء في 31 آذار/مارس 2005. وهذا هو المقطع الأخير – إن أمكننا تشغيله رجاءً [عرض المقطع المرئي المقتبس].
وها نحن قد حصلنا عليه: القرار 1593 الذي ربط به مجلس الأمن ما قام به في عام 1992 بإنشاء المحكمة الجنائية الدولية التابعة للأمم المتحدة ليوغوسلافيا السابقة وإنشاء المحكمة الجنائية الدولية لرواندا في عام 1994، حينما قرر أن العدالة تُعدّ جانبا مهما للحفاظ على السلم والأمن الدوليين بإحالة هذا الأمر الجلل إلى هذه المحكمة.
وقد صوتت إحدى عشرة دولة لصالح هذا القرار. وإذا سمحتم لي أن أذكرها: الأرجنتين، وبنين، والدنمارك، وفرنسا، واليونان، واليابان، والفلبين، ورومانيا، والمملكة المتحدة، وجمهورية تنزانيا، وأعتقد أن الفضل يعود بشكل كبير إلى تصويت عضو دائم في المجلس من غير الدول الأطراف، وهو الاتحاد الروسي، لصالح هذه الإحالة. وقد صوت الاتحاد الروسي في عام 2005 لصالح العدالة. وبينما امتنعت الجزائر والبرازيل والصين والولايات المتحدة عن التصويت، إلا أن بياناتها جاءت لصالح المحكمة.
ولم تصوت أي دولة، ولا دولة واحدة، ضد هذا القرار.
لذلك أعتقد أنه كان واضحا من أي منظور أنه ارتُئي أن قرار الإحالة جيد جدا للوصول إلى الحقيقة ولمحاولة تحسين الوضع.
وفي خلال هذه السنوات الـسبعة عشر، أعتقد أن المجني عليهم الذين تحدثت إليهم، حتى قبل أن أصبح مدعيا عاما، تحلوا بالصبر على نحو لافت حقا، وأجد في كثير من الأحيان إيماناً مذهلاً بأن العدالة ستتحقق حتى في اللحظات التي بدا فيها الأمل منعدما.
ومن وجهة نظري، سيدتي الرئيسة، وحضرات القضاة، ستبدأ هذه المحاكمة في إثبات صحة قرار مجلس الأمن بإحالة هذا الأمر إلى حضراتكم وإلى هذه المحكمة.
والآن إذا سمحتم لي بالتركيز قليلا على ما يخص السيد عبد الرحمن. السيد عبد الرحمن، المعروف أيضا باسم علي كوشيب، كان عضوا من أعضاء الجنجويد، وأحد الركائز الأساسية لحملة مكافحة التمرد الوحشية التي شنتها الحكومة السودانية من خلال الاعتماد على العمل يدا بيد وفي تعاون وثيق مع الجنجويد أو الميليشيا العربية. وكلمة الجنجويد مشتقة من جذرين في اللغة العربية، هما ’’جن‘‘ بمعنى ’’المحجوب‘‘ أو ’’المستتر‘‘، و’’جواد‘‘ وهو الحصان. وفي اللغة العامية، في كثير من الأحيان، يشار إلى الجنجويد بالشياطين على صهوات الجياد.
وقد كانوا معروفين، وكانت حركتهم المميزة تتمثل في امتطاء الخيل أو الجمال، والقدوم بشكل متكرر جدا في هجمات صباحية، في أغلب الأحيان عند الفجر، للهجوم على القرى والقتل والتدمير، وارتكاب بعض الجرائم المُدّعى بها في التهم المعروضة أمامكم.
ويذكر شاهد أنه ذات صباح، أو بعد ذلك بقليل، ليس في وقت صلاة الفجر بل قرابة الساعة التاسعة صباحا، يقول الشاهد 7، 0007، الشاهد 0007: ’’قرابة الساعة 9:00 صباحا، الساعة 0900، هجم الجنجويد وجنود الحكومة على البلدة من الشرق. وكنت في منزلي مع زوجاتي وأولادي عندما وصلوا. وكان الجنجويد يمتطون الخيل والجمال، وكان بعضهم يسيرون على الأقدام. وبدأوا يطلقون النار عشوائيا‘‘.
حضرات القضاة، سيسأل أعضاء الادعاء في هذا الفريق وربما آخرون في أثناء المحاكمة الشهود عن تأثير ما حدث عليهم، وعن الوقع والصدمة – إن كان ثمة وقع وصدمة – التي تعرضوا لها حتى قبل أن نصل إلى القتل والاغتصاب وتدمير الممتلكات. كيف كان أثر هجمات الصباح تلك، عندما تستيقظ من نومك أو تنقطع عن صلاتك، كيف كان أو ما زال تأثير ذلك عليهم.
يقول الادعاء إن السيد عبد الرحمن هو أحد كبار قادة الجنجويد/الميليشيا الرئيسيين الذين اعتمدت عليهم حكومة السودان أيما اعتماد وعملت معهم عن كثب. ويقول الادعاء إنه شارك في الجرائم عن رغبة وعلم. وفي الواقع، سترون، ليس من خلال الكلام، ولكن من خلال الإجراءات والأدلة التي ستُقدم، سترون أنه كان يفتخر بالقوة التي ظن أنه يمارسها والسلطة التي كان يتمتع بها. سعادة غريبة بسمعة مخيفة.
وستسمعون أدلة، يا حضرات القضاة، على أن قواته وهو ذاته عاثوا فساداً في أجزاء مختلفة من دارفور، محليتي وادي صالح ومكجر في غرب دارفور، مما تسبب في آلام ومعاناة شديدة للنساء والأطفال والرجال في القرى التي تركها في أعقابهم أو شردها، وكذلك في كُدوم وبنديسي ومكجر وديليغ؛ وسيحدثكم بعدي زملائي وأصدقائي المطلعون بشأن هؤلاء.
لقد كانت الهجمات في الحقيقة ضد شعب الفور، وأهل القرى من الفور، في بيوتهم. وتُعدّ عمليات الإعدام والجرائم الجنسية والجنسانية والجرائم المرتكبة ضد الأطفال ونية الاضطهاد الكامنة في الكثير منها حقا بمثابة الركيزة الأساسية التي تقوم عليها هذه الدعوى وتعيدها إلى الحياة على الأقل بشكل ما وإن كان ينقصه الكمال، في 31 تهمة ستحكمون فيها، يا حضرات القضاة، في الوقت المناسب.
وكان الاغتصاب يُرتكب بشكل متكرر ومتعمد. ولم يكن الشخص الغريب هو الذي يرتكب الجرائم. ومن الواضح أنها كانت تُرتكب عمدا كجزء من الهجمات ضد السكان المدنيين. وقال أحد الشهود الذين ستستمعون إليهم إن ذلك كان شائعا جدا. وما هذا إلا مثال على ذلك وعلى تبعاته في أي ثقافة وفي أي مكان في العالم، ولكن في دارفور سيعود ذلك للحياة على لسان الشاهدة P-0015. وتقول الشاهدة، وأقتبس من أقوالها: ’’حاولت بعض النساء والفتيات الانتحار بعد اغتصابهن في أثناء النزاع‘‘. وتضيف، وأقتبس من أقوالها: ’’في مجتمعي، لا قيمة للفتاة التي تعرضت للاغتصاب‘‘. ونحن نرى هذا في كثير من الأحيان. فمن يُستهدفون، لا سيما في جريمة مثل جريمة الاغتصاب، هم مستهدفون وتُرتكب الجريمة ضدهم فوراً في تلك الحالة. ولكن يسفر ذلك عن عواقب معروفة في ثقافات مختلفة، حيث أنه كثيرا ما تُنبذ المجني عليها وتُعزل وتُقاطع حتى من الأسرة الكبرى.
وتصف الشاهدة نفسها كيف أنه، في خلال هجوم ما على بنديسي، جاء فرد من الجنجويد ممتطيا حصانه العالي والتقط قسرا بالمعنى الحرفي للكلمة فتاة تبلغ من العمر 15 عاما، ووضعها على ظهر حصانه وابتعد. وهي تصف أيضا أن الجنجويد والعساكر، كما ستسمعون في أثناء المحاكمة، يُستخدمون لتمييز أفراد قوات الأمن أو أفراد إنفاذ القانون في السودان الذين يرتدون زيا رسميا، وكانوا قد اختاروا في وقت سابق ما بين 10 إلى 15 فتاة وامرأة، وتقول إنهم أخذوهن إلى مكان ما، وأعتقد أنه ينبغي قراءة ما وقع بعد ذلك قراءة حرفية، إذا سمحتِ، يا سيدتي الرئيسة.
وتقول الشاهدة: ’’لقد مزق الجنجويد والعساكر الملابس الداخلية لهؤلاء الفتيات والنساء حتى تصبح الفتاة أو المرأة عارية عندما تكون على الأرض‘‘. وتابعت الشاهدة قائلة: ’’في حالة الفتيات الصغيرات، كان أحدهم يثبتهن على الأرض بينما كان الآخر يشتغل عليهن‘‘. و’’يشتغل‘‘ هو المصطلح الذي استخدمته الشاهدة. وتابعت أنه إذا بدت الشاهدة قوية أو مقاومة، يمسك بها شخصان، بدلا من شخص واحد، الأول من الساقين والثاني من الصدر، وكان الثالث يشتغل عليها. والرجل الذي ’’يشتغل‘‘ هو كناية عن الاغتصاب، وهذا واضح في الأدلة التي ستستمعون إليها.
ورفع الرجل الذي كان يقوم بالاغتصاب جلابيته، وخلع ملابسها الداخلية، وخلع ملابسه الداخلية ثم اغتصبها. سيدتي الرئيسة، في رواية هذه الشاهدة التي ستستمعون إليها مع حضرات القضاة، إن الاغتصاب الذي تعرضت له تلك المجموعة المؤلفة من 10 إلى 15 فتاة وامرأة قد وقع في مكان يُحفظ فيه الفول السوداني، وقد شمل ذلك أما وابنتيها. وكانت أعمار جميع الفتيات اللاتي تعرضن للاغتصاب تراوح 15 إلى 18 سنة. وكان لديهن الكثير من التطلعات قبل الأحداث التي لحقت بهم. وكان الاستثناء الوحيد من بين اللاتي راوحت أعمارهن 15 إلى 18 عاما هو أم واحدة لفتاتين راوح عمرها 30 إلى 40 عاما.
سيدتي الرئيسة، للأسف، هناك العديد من تلك الروايات، وسنبذل قصارى جهدنا، بالنظر إلى المرحلة التي وصلت إليها الإجراءات، لتسليط الضوء على حالات الجرائم الجنسية القائمة على نوع الجنس بأفضل ما في وسعنا حتى يتسنى لحضراتكم تحديد مدى ملاءمتها ومسؤولية السيد عبد الرحمن وكذلك لفهم عمق المعاناة التي أحدثتها.
ولم يسلم حتى الرضع من الوحشية في الهجمات على كُدوم وبنديسي. وتصف إحدى الشهود أنه في الهجوم الذي وقع في 16 آب/أغسطس 2003، كانت امرأة أخرى تدعى فاطمة تحمل طفلا على ظهرها. وأمرها أحد الجنجويد كان يمتطي حصانا أن تضعه جانبا فرفضت. وعندما أخذ الطفل الرضيع وحمله لأعلى ورأى أنه كان ذكرا، ألقى به في الهواء ليهبط على بعد متر تقريبا، وربما متر ونصف من المكان الذي كانت تقف فيه الشاهدة.
وستصف، وأقتبس في الواقع من إفادتها، أنه عندما ارتطم الطفل بالأرض، تمدد وقد توقف عن التنفس. فالتقطته امرأة عجوز وعاد ليتنفس ببطء. وبدأت جميع النساء بالصراخ طلبا للمساعدة وقلن: ’’ساعدني يا رب‘‘.
وستسمعون في أثناء الافتتاح وطوال المحاكمة قصة بلاء ويأس وعناء في مكجر، داخل الأروقة المكتظة والقذرة لقسم شرطة مكجر، وستستمعون إلى الأدلة من عدة شهود كيف أنهم اضطروا إلى أن يقرفصوا ولا تكاد توجد فرجة بينهم. وكان عليهم أن يتغوطوا حيث كانوا يقفون، حيث كانوا يقرفصون. وكان الجو حارا للغاية والزحام شديدا جدا، وكانت الرائحة النتنة غامرة.
وقد وصف أحد الشهود ذلك على النحو التالي، وأقتبس من أقواله: ’’كان الناس مكدسين فوق بعضهم البعض. وكانوا من الفور، الفور ذوي البشرة السوداء محشورين في الزنزانة. وكان الهواء في الزنزانة قليلا جدا وكان الجو شديد الحرارة‘‘.
ويصف شاهد آخر أن من أخضعهم لهذه الظروف ليسوا مجرد أفراد من الجنجويد، وليسوا مجرد أفراد يرتدون الزي العسكري من قوات الأمن السودانية، بل كان، كما يقول الشهود، هو السيد عبد الرحمن، علي كوشيب نفسه. وهو لم يكن بعيدا. وكان مشاركا نشطا. ويصف أحد الشهود، وهو P-0919، أن علي كوشيب كان يضرب العُمد والأعيان بينما كان في مركز الشرطة ذاك. وستستمعون إلى أدلة كثيرة على ذلك، حيث يُستهدف الأعيان بشكل خاص وكأنهم يريدون كسر إرادة المجتمع وشرفه وتماسكه. وسيصف شاهد آخر كيف حلق علي كوشيب رأسي معتقلين اثنين، حلق رأسيهما قسرا بالسكاكين مباشرة على فروة الرأس، مما أدى إلى جرحهما. وشاهد ورأى ثلاثة معتقلين وقد قُطِّعت آذانهم أمام عينيه. وسقطت آذانهم على الأرض ونجم عن ذلك بالطبع نزيف غزير.
ويقول الشاهد إنه لم يعرف ماذا حدث لهؤلاء المعتقلين الثلاثة. وكان المعتقلون يبكون لأن الأمر كان لا يطاق، ثم غادر علي كوشيب الزنزانة. ويقول الادعاء إنه كان موجوداً ولم يكن مشاركا سلبيا، بل كان مشاركا نشطا. ولسوء حظ الشاهد P-0919، لم يكن متفرجا فحسب على بؤس الآخرين، ولم يكن من سوء حظه أن رأى أفعال الضرب تلك وقطع الآذان فقط، ولكنه كُوي هو ذاته بمكواة ساخنة وُضعت على جلده في سياق الاستجواب وحُرق جلده. وسيصف في خلال هذه المحاكمة يا سيدتي الرئيسة كيف أن أبو طيرة، وهم قوة منظمة من الاحتياطي المركزي التابع لحكومة السودان، حاولوا استجوابه وسؤاله عن تورا بورا، المتمردون، وقال إنه لم يكن يعرف حتى ما هي ’’تورا بورا‘‘، وإنه لم يعرف حتى أن هذه العبارة تشير إلى المتمردين، وعومل معاملة فظيعة. ويقول إن أشخاصا كثيرين آخرين في تلك الزنزانة كُووا بتلك المكواة الساخنة وأصيبوا بحروق، إما على أكتافهم أو على أفخاذهم أو على ظهورهم.
وفي خلال هذه المحاكمة يا سيدتي الرئيسة ويا حضرات القضاة، ستشاهدون بعض هذه الحروق، وسترون بعض العلامات التي يدعي الادعاء أن علي كوشيب، السيد عبد الرحمن الجالس في هذه القاعة قد أحدثها بفأسه على جلود الشهود التي لن يستطيعوا تعويضها، والذين سترونهم وتستمعون إليهم.
وقد كان ثمة تجاهل غاشم للقيم الإنسانية الأساسية. وقد استمعنا وستستمعون في سياق هذه المحاكمة إلى أمثلة للاستهداف المتعمد. وقد تحدثنا عن حوادث الاغتصاب، ولكن أيضا تكلمنا عن الاستهداف المتعمد للعُمد، وكبار أعضاء المجتمع وقاداته.
وعلى سبيل المثال، سيدلي الشاهد P-0129بشهادة تفيد أنه كان جالسا وضُرب بمقبض فأس السيد علي كوشيب، وكانوا هم جالسين على الأرض وكان هو يضرب، وكان عمدة يجلس هناك، وهو العمدة يحيى، أحد قادة الفور من كبار السن. وكان يجلس إلى جوار العمدة يحيى طفل صغير. وعندما لوح علي كوشيب بفأسه البارد وضرب به العمدة يحيى، أصيب ذلك الطفل أيضا إما عن قصد أو بلا مبالاة.
ولم يكن بالطبع ذلك الطفل هو المجني عليه الوحيد من الأطفال في مكجر. ففي حلقة مروعة حقا، ستستمعون يا حضرات القضاة إلى أدلة على حادث إعدام على جانب الطريق تفيد بأن المتهم قد أمر بقتل خمسة أطفال تراوح أعمارهم 10 إلى 12 عاما مع معلمهم الديني أيضا. ذلك هو الشاهد P-0905، الذي يقول إن شيخاً كان مع طلابه في خلوة، في مدرسته لتعليم القرآن، وعندما جاء الجنجويد وجاء السيد عبد الرحمن، كانوا يرتجفون. وكانت كلماته هي: ’’لقد كان الفتيان خائفين. كانوا يرتجفون ويرتجفون‘‘. وقال ذلك الشيخ: ’’لست خائفا من الموت. يمكنكم قتلي. ولكن هؤلاء الأطفال الخمسة حالهم يثير الشفقة. وهم مسؤوليتي وهم أيتام‘‘. وعلى الرغم من ذلك، ستستمعون يا حضرات القضاة إلى أدلة تفيد بأن هؤلاء الأطفال لم يُرحموا ولكنهم قُتلوا.
ورأى الشيخ ذلك وعرف أنه هو التالي، وسأل عما إذا كان يمكنه أن يصلي ركعتين. ويوضح الشاهد P-0905 أن السيد عبد الرحمن سمح له بأن يصلي الركعتين ومن هناك استرسل قائلا، وأنا أقتبس من أقواله: ’’وانتهى رجل الدين من ركعتيه، وأنهى صلاته. ثم انتهوا منه‘‘.
حضرات القضاة، ثمة أمثلة عديدة على إساءة المعاملة، ليس فقط باستخدام فأسه، وليس فقط بقتل الناس، أو الأمر بإعدام الأطفال أو السماح بالاغتصاب والمشاركة في جميع الادعاءات التي هو متهم بها والتي هي أمامكم، وإنما مجرد اعتداء وحشي حقاً.
ويضرب لنا الشاهد P-0976 مثالا يتعلق بالاحتجاز في مكجر، حيث نودي اسم العمدة يحيى أحمد زروق في حضور المتهم، وتقدم العمدة، وتفيد الأدلة التي ستسمعون إليها أن السيد عبد الرحمن ناداه – وصفه علي كوشيب بالمجرم. وكان لدى العمدة الجرأة أو الشرف بأن هز رأسه ويبدو أنه بسبب ذلك ضربه عبد الرحمن على رأسه بالفأس. وسقط العمدة على الأرض، وهو أمر مفهوم، ربما، فقد كان غير قادر على الوقوف، وبينما كان علي كوشيب، بينما كان السيد عبد الرحمن يمر من أمامه، جذبه من أذنيه، أذني ذلك العمدة المسن، وقال: ’’سأركب الحمار. سأركب الحمار‘‘.
هذه المعاملة اللاإنسانية والمهينة وغير المقبولة لم تقتصر بالطبع على مكجر. فقد شوهدت في جميع المواقع تقريبا. ويصف الشاهد P-0907 كيف كان الرجال في ديليغ منبطحين على الأرض أمام قسم الشرطة. وعندما قال أحد المحتجزين للسيد عبد الرحمن، من أنت لتجبرنا على الانبطاح على الأرض، أجاب السيد عبد الرحمن، أنا المسؤول هنا، وأفعل ما أريد، وضرب المعتقل بفأسه.
ويصف الشاهد النزيف وأن علي كوشيب، الذي ربما لم يكن قد اكتفى برؤيتهم وهو واقفين ومنبطحين، دهس حقوقهم وكرامتهم بالمعنى الحرفي للكلمة بالوطء على ظهورهم. وليس هذا هو الشاهد الوحيد، فقد رأى الشاهد 0671 السيد عبد الرحمن وهو يقف فوق بعض السجناء ويركلهم، متعمدا معاملتهم بإهانة لإذلالهم، وكسر إرادتهم.
وقال الشاهد 907، لم أسمع قط بمثل هذه المعاملة. ولا أحد يفعل ذلك في أي مكان في العالم. ولا يمكن التأكيد بما يكفي على أثر ذلك على الأطفال، يا سيدتي الرئيسة، ويا حضرات القضاة. لقد رأينا فعلاً أمثلة أو سمعنا أمثلة في كلمة الافتتاح التي ألقيتها فيما يتعلق بالأطفال الرضع الذين تعرضوا للاعتداء في بنديسي، وكيف أُطلقت النار على الأطفال وقُتلوا في مكجر. لكني أعتقد أنه إذا سمحتم لي فقط بتسليط الضوء على بعض الأمثلة على الصدمة الحقيقية، والكسر والألم، الذي نقول إن سلوك هذا المتهم جلبه عمدا على هؤلاء الأطفال.
كان عمر الشاهد P-0955 يقارب 15 عاما في ذلك الوقت. ويحب السودانيون الدارفوريون كرة القدم مثلما يحبها معظم أطفال العالم. لكن بدلا من أن يكون لديه ذكريات عن لعب كرة القدم مع أصدقائه ويعيش الحياة الطبيعية التي كانت تتوقعها عائلته، فإنه يصف رؤية والده محتجزا في سيارة بعد إلقاء القبض عليه في ديليغ. وربما لأنه كان يعرف أو يستشعر ما سيحدث، يقول، وأقتبس من أقواله: ’’نظر والدي تجاهي، والتقت أعيننا. وعندما رآني، غلبته العاطفة، وبدأنا كلانا في البكاء. وكانت تلك هي المرة الأخيرة التي تمكنت فيها من رؤية والدي على قيد الحياة‘‘.
ويروي لنا شاهد آخر، وهو P-0714، رواية أراها واضحة التفاصيل، وستستمعون إليها يا حضرات القضاة بأنفسكم، تتعلق بفراره من منزله في تارينقا عام 2003 بعد الآذان، فيقول: ’’كنت في السرير وكان أبي مستيقظا ويتوضأ للصلاة. وكان الآذان يُرفع دائما قرابة الساعة الرابعة صباحا وهو ما حدث لدى سماعي طلقات نارية. وصاح والدي لينهض أفراد العائلة. وخرجتُ من منزلي ورأيت ألسنة اللهب حول القرية. وسمعت الناس وهم يصرخون ويصيحون ورأيتهم يركضون. وكنت خائفا وكان الوضع فوضويا. ورأيت الجنجويد وهم يطلقون النار من أسلحتهم وهربت وسمعت صوت إطلاق النار‘‘. ولكن مثل الكثيرين، وتكاد تكون لكل شاهد قصة، يا سيدتي الرئيسة ويا حضرات القضاة، لم يتوقف الرعب بعد ذلك مباشرة، لأن الشاهد قال بعد ذلك، وهو يفر للنجاة بحياته: ’’بقينا في الجبل لمدة أسبوعين تقريبا وعشنا على بعض الدقيق الذي كنا قد أحضرناه معنا. وكنت أسمع على مدى الأسبوعين في الجبل صوت طلقات نارية مستمرة في جميع أنحاء المنطقة‘‘.
وقد قال هذا الشاهد كلاماً جمع فيه الأضرار طويلة المدى وأبرزها بجلاء بيِّن حين قال بوضوح شديد، وأقتبس من أقواله: ’’لم أستطع مواصلة تعليمي بسبب الصراع وانعدام الأمن في منطقتي‘‘.
لذا، في حين أن النطاق الزمني للتهم قد لا يكون واسعا، إلا أن التبعات كانت شديدة التوسّع، ولا زالت مستمرة بالنسبة للكثيرين حتى الوقت الحاضر.
وتصف إحدى الأمهات، وهي الشاهدة P-011، هذه الحقيقة، فبسبب الإجرام – ويؤكد الادعاء أنه بسبب ارتكاب المتهم هو وآخرين الأفعال عن علم وقصد في هذه الدعوى – اضطرت هذه الشاهدة إلى الفرار. وتقول، وأنا أقتبس من أقوالها: ’’لقد أدى النزاع في دارفور أيضا إلى تقسيم عائلتي. فالآن والدتي وابني في دارفور بينما أنا في تشاد. وأفكر فيهم باستمرار ولا يمكنني التواصل معهم إلا من خلال نظام الصليب الأحمر، وهو بطيء للغاية. ومن المؤلم للغاية أيضاً أن أرى أقاربي يتعرضون للإذلال والاحتجاز من دون سبب. وأعلم أنني يجب أن أكون شجاعة في مخيم اللاجئين لأواكب الحياة، وإلا سأفقد كل شيء‘‘.
ويصف شاهد آخر، وهو P-671، وهو فتى مراهق، أي أنه طفل آخر، صدمته التي لازمته ونفذت إلى أعماق نفسه من رؤية والده وشقيقه يُعتقلان في ديليغ. ثم العثور بعد ذلك على جثتيهما على الأرض بعد إعدامهما، ثم دفنهما. ولا ينبغي أن يمر أحد بهذا، ولا ينبغي أن يمر فتى في سن المراهقة بهذا بلا شك، في رأي الادعاء.
ويقول الشاهد، وأنا أقتبس من أقواله: ’’الصور التي رأيتها تلازمني، وتنتابني كوابيس مفزعة. وأحاول ألا أفكر بما حدث لأخي وأبي، ولكنني عندما أفكر فيما حدث، أحزن حزناً شديداً‘‘، وثمة قصص مشابهة لهذه القصة. وما هذه إلا عينات، ما هي إلا نماذج لمشكلة نطاقها أوسع بكثير تعانيها المجتمعات المختلفة. وقد نشأ العديد من هؤلاء الأفراد في مخيمات مثل مخيم كَلْمة وغيره من المخيمات.
حضرات القضاة، في رأيي المتواضع، هذه ليست دعوى معقدة. إنها ليست دعوى بشأن مسؤولية القيادة يكون القائد العسكري أو المدني فيها، كما تعلمون، القائد العسكري أو الرئيس العسكري، بعيدا عن ساحة المعركة. إنها دعوى توجد فيها أدلة عديدة من مصادر مختلفة تثبت أن المتهم قتل وأمر بارتكاب نطاق كامل من الجرائم التي هي أمام حضراتكم وحث على ارتكابها؛ وقد شارك فيها وأمر بها. ويبدو أن دفاعه هو: ’’لست أنا الفاعل‘‘. وعندما تستمعون بعد قليل إلى صديقي المطلع، جوليان نيكولز، سيقول – ستستمعون إلى بعض الحجج الإضافية التي ستُقدم في أثناء المحاكمة، وسننبئ بأدلة إضافية سيتم تقديمها وستحددون يا حضرات القضاة ما إذا كان هذا الموقف حقيقيا أو إهانة للحقيقة.
لقد رآه الشاهد تلو الشاهد وسمعوه وتعرفوا عليه. وكان الشاهد تلو الشاهد يعرف السيد عبد الرحمن من قبل. ويقول الادعاء إن هذه الدعوى قوية. لكننا على ثقة من أنكم عندما تستمعون إلى كل الأدلة وتقيِّمون مذكرات الدفاع وأسئلته، ستكونون راضين ومتأكدين من أنكم ستستطيعون أن تدينوا السيد عبد الرحمن.
وأنا أدرك تماما، يا سيدتي الرئيسة، ويا حضرات القضاة، أننا هنا ونحن نرتدي لباس رجال القانون، على بعد آلاف الأميال من دارفور، بهذه التكنولوجيا الرائعة أمامنا وفي مبنى محكمة جديد ويبدو هذا غريبا جدا، ويبدو هذا بعيدا جدا، وهو في الحقيقة بعيد جدا بكل معنى الكلمة عن الواقع الذي يعيشه العديد من المجني عليهم من دارفور والناجون من دارفور، إما في مخيمات اللاجئين في تشاد أو المشردون داخليا في السودان أو في الشتات يحاولون الاندماج بأفضل ما في وسعهم كأجانب يفرون للنجاة بحياتهم إلى بلدان مختلفة. لكن في الوقت نفسه، إذا سمحتِ لي يا سيدتي الرئيسة، أود أن أؤكد أنهم لم يُنسوا. وأعتقد أننا نراهم اليوم بأعين ذاكرتنا الجمعية إلى حد كبير، وأنا على ثقة من أنكم ستستمعون إليهم يا حضرات القضاة وستصغون إليهم، وسترون يا حضرات القضاة ما حدث بعيونهم. وفي تقديري المتواضع، بموضوعية وبعد سماع كل الأدلة، لن توجد سوى نتيجة واحدة.
وفي رأيي المتواضع، هذه الحالة، هذه الدعوى التي ستستمعون إليها يا حضرات القضاة، والتي ستترأسينها يا سيدتي الرئيسة، هي بالضبط نوع الحالات ونوع الدعاوى الذي أُنشأت من أجله المحكمة الجنائية الدولية. وفي تقديري المتواضع، هذا هو بالضبط نوع الحالات الذي كان ينبغي لمجلس الأمن أن يحيله، وينبغي أن يفخروا بأنهم أحالوه تعزيزا لميثاق الأمم المتحدة. ومع إقامة هذه الدعوى وبدئها، وبنهاية هذه المحاكمة، أنا واثق من أن القطرات الأولى من غيث العدالة ستحط على ما كان حتى الآن من فيافي الإفلات من العقاب في دارفور.\
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المصدر: مكتب المدعي العام | للتواصل: [email protected]