Déclaration: 26 mai 2016 |

Déclaration au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies à propos de la situation en Libye en application de la résolution 1970 (2011)

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<p>​<span><span>©UN Photo/Manuel Elias</span></span></p>

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

1. C'est un grand honneur pour moi d'être invitée une fois encore à m'exprimer devant le Conseil de sécurité pour présenter le onzième rapport de mon Bureau sur la situation en Libye en application de la résolution 1970, adoptée à l'unanimité en 2011.

2. Je suis d'autant plus honorée de m'exprimer devant ce Conseil sous votre présidence, Monsieur l'ambassadeur, que je viens juste d'achever une visite officielle très fructueuse au Caire où j'ai pu dialoguer avec des représentants des ministères concernés à propos de questions d'intérêt commun, notamment la situation en Libye, ses répercussions et la menace que représente Daech pour l'Égypte et, plus globalement, pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

3. Je tiens à profiter de cette occasion pour réitérer ma sincère gratitude pour l'excellent accueil qui m'a été réservé au Caire, ainsi qu'à ma délégation.

4. Je tiens à vous assurer, M. le Président, que mon Bureau est tout à fait disposé à poursuivre ses échanges fructueux avec les autorités égyptiennes et à donner suite aux discussions si encourageantes entamées au Caire. Je suis convaincue que la collaboration entre mon Bureau et l'Égypte sera des plus productives.

M. le Président,

5. Au cours des six derniers mois, le lent et difficile processus d'instauration d'un gouvernement d'unité nationale en Libye a progressé de façon significative. Le 17 décembre 2015, les participants au dialogue politique représentant de larges pans de la société libyenne ont conclu un accord sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale. Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a souhaité que la «[traduction] signature de cet accord permett[e] de relancer le processus d'instauration d'un État démocratique fondé sur les principes d'inclusion, de respect des droits de l'homme et de la primauté du droit en Libye ».

6. Mon Bureau espère également que la signature de cet accord scellera la fin d'une longue période de tensions et de conflits dans le pays. La justice, l'obligation de rendre des comptes pour les auteurs de crimes et les effets dissuasifs de la règle de droit seront déterminants pour instaurer une paix durable en Libye, et mon Bureau est prêt à coopérer avec le Gouvernement d'entente nationale dans les efforts qu'il déploiera pour une Libye prospère, pacifiée et sécurisée au bénéfice de tous les Libyens.

7. Dans cette optique, j'encourage le Gouvernement d'entente nationale à concentrer son action sur l'élaboration de stratégies et de plans concrets face aux atrocités commises, et de soutenir les institutions nationales chargées de ce travail indispensable. Il prouverait ainsi que la justice et l'obligation de rendre des comptes demeurent une de ses priorités absolues, qui sous-tend les efforts déployés en vue de restaurer la paix et la stabilité en Libye, et que les victimes en cause auraient la possibilité de demander réparation devant les tribunaux libyens.

8. Au cours de cette période, les enquêtes menées par mon Bureau dans le cadre de la situation en Libye ont également progressé, mais pas autant que nous l'aurions souhaité, en raison d'une pénurie de ressources et de la situation précaire en matière de sécurité dans le pays. Malgré ces obstacles, nos enquêtes continuent de porter leurs fruits, en grande partie grâce à la coopération du Bureau du procureur général libyen, qui nous a transmis de nombreux documents dans le cadre du mémorandum d'accord conclu entre le Gouvernement libyen et mon Bureau en 2013.

9. Malgré nos ressources limitées et l'impossibilité d'enquêter sur le terrain à l'heure actuelle, mon équipe restreinte chargée de la situation en Libye a réussi à exploiter des pistes et trouvé d'autres moyens de recueillir des éléments de preuve dans le cadre de nos enquêtes. Mon Bureau continue d'analyser et d'évaluer avec soin les éléments de preuve en sa possession afin de déterminer si les critères juridiques justifiant la délivrance de mandats d'arrêt supplémentaires sont remplis.

10. En bref, M. le Président, en dépit des nombreuses difficultés auxquelles il est confronté, mon Bureau reste fermement résolu à remplir son mandat vis-à-vis de la Libye, et ne ménagera pas ses efforts en la matière.

M. le Président,

11. Comme indiqué dans mon précédent rapport, la situation en Libye nécessite une collaboration et une coordination entre tous les protagonistes concernés à l'échelon national, régional et international. L'appui de ce Conseil est tout aussi crucial. Notre réussite en Libye dépend donc d'une détermination commune et de la volonté de tous les protagonistes de vraiment contribuer à faire traduire en justice les auteurs de crimes, ce qui aurait un effet dissuasif sur les criminels en puissance.

12. La menace de Daech ou d'autres groupes proclamant leur allégeance à Al‑Qaida est encore bien réelle et les répercussions sont si graves qu'elles ne sauraient être passées sous silence, qu'il s'agisse de l'instabilité ou de la situation humanitaire désastreuse en Libye, qui entraînent à leur tour une migration à grande échelle, ainsi que la propagation du terrorisme dans le pays et la région.

13. J'exhorte de nouveau tous les services judicaires et de police nationaux et internationaux dont les activités concernent la Libye à contacter mon Bureau et à s'associer aux efforts déployés par celui-ci pour renforcer le réseau de tels organismes dont l'action est de contribuer à mettre un terme aux souffrances endurées par la population civile et à la destruction de ce pays.

14. Je suis convaincue qu'une coopération accrue entre les protagonistes concernés ainsi que des activités coordonnées en matière d'enquête sont indispensables pour répondre aux crimes nationaux, transnationaux et internationaux qui continuent de frapper la Libye et pour s'assurer que les auteurs de ces crimes ne pourront pas  se soustraire à la justice.   

15. À cet égard, je me réjouis de l'intérêt affiché et des efforts déployés à ce jour par les services judiciaires et de police nationaux pour coordonner leur action entre eux mais aussi avec mon Bureau et avec les autorités libyennes. La communauté internationale a investi des sommes importantes afin de rétablir la sécurité dans le pays. Bien qu'il n'en soit qu'à sa genèse, ce réseau en cours de développement commence à prendre tournure grâce à des initiatives visant à partager des informations cruciales et à adopter des stratégies communes essentielles pour lutter contre la criminalité en Libye. Les personnes qui financent ou encouragent la commission de crimes graves en Libye doivent bien comprendre qu'elles ne pourront pas se soustraire à la justice.

M. le Président, Mesdames et Messieurs,

16. Alors que le Gouvernement d'entente nationale prend ses fonctions, nous rappelons que la Libye est tenue d'arrêter et de remettre immédiatement M. Saïf Al‑Islam Qadhafi à la Cour pénale internationale (la « Cour »), ce que le Conseil n'a pas manqué de relever dans sa résolution 2238.

17. Nous exhortons le Gouvernement d'entente nationale à placer le transfert de M. Qadhafi sous sa garde ainsi que sa remise à la Cour en tête de ses priorités. Il est également important que le Gouvernement consulte la Chambre préliminaire au sujet de la remise de l'intéressé, et qu'il demande l'assistance de la communauté internationale, s'il y a lieu, au sujet des modalités pour y parvenir dans les meilleurs délais.

18. Les circonstances uniques entourant cette affaire et l'absence de progrès justifient également l'adoption de mesures complémentaires, exceptionnelles et innovantes. Il semble utile de souligner que la Libye a fait valoir devant la Cour que « [traduction] M. Qadhafi ét[ait] toujours en détention à Zintan et n'[était] actuellement pas à la 'disposition' de l'État libyen ». Aussi, dans le cadre des efforts qu'il déploie pour obtenir la remise de M. Qadhafi, le Bureau a récemment demandé à la Chambre préliminaire I de délivrer une ordonnance enjoignant au Greffe de transmettre directement la demande d'arrestation et de remise de M. Qadhafi à M. al-'Ajami al‑'Atiri, qui commande le bataillon qui retient M. Qadhafi prisonnier à Zintan. La Chambre n'a pas encore rendu sa décision en la matière mais, si elle fait droit à cette demande, le Bureau espère que M. al‑'Atiri et le bataillon placé sous son commandement coopéreront et remettront le suspect sous la garde de la Cour pour qu'il y soit jugé. S'il refusait de coopérer, le Conseil de sécurité devrait envisager d'adopter des mesures appropriées pour veiller à l'exécution de l'ordonnance de la Chambre.

M. le Président,

19. En ce qui concerne M. Abdullah Al‑Senussi, le Bureau a reçu une copie du jugement écrit rendu par le tribunal libyen dans l'affaire portée à son encontre et a effectué une analyse préliminaire de son contenu. Au stade actuel, le Bureau n'est pas en mesure d'affirmer que des faits nouveaux justifieraient la remise en question de l'irrecevabilité de cette affaire prononcée par la Chambre préliminaire I. Il réévaluera la situation au fur et à mesure que de nouvelles informations seront disponibles.

20. Bien que la Chambre d'appel ait conclu que, s'agissant de la procédure en matière de recevabilité, la Cour n'[était] pas appelée à se prononcer en premier lieu sur la question de savoir si certaines dispositions des droits de l'homme ou du droit national avaient été bafouées ou non dans des procédures nationales, il appartient au Gouvernement d'entente nationale de s'assurer que les critères les plus exigeants soient respectés en matière d'enquête et de poursuites. Dans ce contexte, je me réjouis que des mandats d'arrêt aient été délivrés à l'encontre de personnes soupçonnées de crimes, notamment des actes de torture, à la prison Al Hadba. Il faut désormais prendre des mesures complémentaires pour qu'elles soient arrêtées et que des poursuites soient engagées à leur encontre. Je continuerai à encourager et à suivre de près les efforts déployés par les autorités libyennes en vue d'enquêter sur les allégations de torture à la prison d'Al Hadba et de traduire leurs auteurs en justice.

M. le Président, Mesdames et Messieurs,

21. Mon Bureau demeure préoccupé par l'étendue des pertes civiles, qui seraient liées, pour la plupart, à des exécutions perpétrées par Daech, bien que le conflit opposant l'armée nationale libyenne aux forces d'Aube libyenne continue aussi de faire des victimes au sein de la population civile. En outre, des enlèvements, des placements en détention et des mauvais traitements infligés dans les établissements pénitentiaires continuent d'être signalés par toutes les parties au conflit.

22. L'axe migratoire Méditerranée-Libye à destination de l'Europe reste privilégié par les réfugiés et les migrants qui sont particulièrement vulnérables à la violence, aux actes de violence sexuelle et aux mauvais traitements en Libye. Le placement en détention de milliers de migrants continue d'être une source de financement pour de nombreux groupes d'activistes opérant dans le pays.

23. Il est crucial que nous, la communauté internationale au sens large, nous interrogions sur l'identité de ceux qui profitent de la criminalité en Libye, et que nous coopérions afin d'empêcher que de nouvelles violations ne soient commises. Cela doit être une priorité pour tous ceux qui sont concernés par la traite des êtres humains.

24. Le Bureau, quant à lui, continue d'évaluer comment utiliser au mieux ses ressources limitées afin de renforcer au maximum l'impact de ses activités sur la situation dans le pays. Tandis qu'il continue d'enquêter sur des responsables liés à l'ancien régime de M. Mouammar Mohammad Qadhafi, il s'intéresse également de près aux crimes qui continuent d'être commis en Libye. En dépit de ses ressources limitées, il étudie la possibilité d'étendre ses enquêtes à ces nouveaux crimes, à l'instar de ceux qui auraient été commis par Daech et Ansar Al-Sharia. Je tiens toutefois à rappeler qu'il incombe en premier lieu aux États d'enquêter et de poursuivre les ressortissants de leur pays qui ont rejoint les rangs de ces deux organisations et d'autres milices qui opèrent en Libye.

M. le Président, Mesdames et Messieurs,

25. Je dois rappeler que, tant que mon équipe ne sera pas en mesure d'enquêter sur le sol libyen, et tant que la question des ressources n'aura pas été résolue, le Bureau ne sera pas en mesure de faire avancer les enquêtes aussi rapidement qu'il le souhaiterait.

26. Nous avons malgré tout bon espoir de pouvoir reprendre nos activités en Libye au cours des prochains mois et redoubler d'efforts pour traduire en justice les auteurs de crimes relevant du Statut de Rome, en coordination avec nos partenaires clés à l'intérieur et à l'extérieur du pays.  

27. Je tiens à saisir cette occasion pour saluer l'action cruciale de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (la « MANUL »). J'ai eu le plaisir d'accueillir son chef à La Haye en début de semaine, M. Martin Kobler, qui est également représentant spécial du Secrétaire général, et nous avons passé en revue les nombreux domaines où nos services respectifs pourraient renforcer leur coopération conformément à leur mandat indépendant. M. Kobler et moi-même sommes convaincus qu'il est indispensable que les auteurs de crimes graves relevant du Statut de Rome répondent de leurs actes dans l'intérêt de la stabilité et de l'instauration d'une paix durable en Libye. Cette convergence de points de vue et ce constat commun doivent se traduire par une amélioration de la situation sur le terrain. Nous sommes déterminés à y contribuer en étroite collaboration avec le Gouvernement d'entente nationale.

M. le Président,

28. Je salue les efforts de tous les États qui ont apporté un appui et qui ont coopéré avec le Bureau dans le cadre de nos enquêtes en Libye, notamment la Tunisie voisine et le Royaume hachémite de Jordanie. J'encourage également tous les États à intensifier leurs efforts pour soutenir les enquêtes et les poursuites relatives à des crimes visés par le Statut de Rome qui auraient été commis en Libye. Enfin, j'exhorte tous les États qui n'ont pas donné suite à des demandes d'assistance à le faire dans les meilleurs délais. La coopération des États avec le Bureau est indispensable au succès de ses activités en Libye et dans toutes les situations faisant l'objet d'une enquête.

M. le Président, Mesdames et Messieurs,

29. La Libye et les Libyens devraient pouvoir aspirer à la paix et à la stabilité qui leur permettraient de bâtir leur avenir ; ils doivent pouvoir prétendre à l'instauration de l'État de droit au lieu de subir l'anarchie et le climat actuel d'insécurité et d'instabilité perpétuels.

30. En conclusion, M. le Président, nous devons poursuivre notre action, en dépit des circonstances difficiles. Nous pouvons influencer le cours des choses et restaurer la stabilité dans le pays à condition de coopérer de manière intelligente, réfléchie et coordonnée. Ce Conseil et la communauté internationale ne doivent pas abandonner la Libye à son sort et l'aider au contraire à triompher face à l'adversité. 31. Aucune nation ne s'est construite du jour au lendemain. Pour relever les défis du XXIe siècle, une nation doit être construite sur des bases solides, parmi lesquelles la justice occupe une place prépondérante.

32. Je vous remercie pour votre attention.


Onzième rapport du Procureur de la Cour pénale internationale au Conseil de sécurité de l’ONU en application de la Résolution 1970 (2011)

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السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

1- إنه لشرف عظيم أن أكون مرة أُخرى أمام المجلس لأُقدم التقرير الحادي عشر لمكتبي بشأن الحالة في ليبيا وفقاً للقرار 1970، الذي اتُخذ بالإجماع في عام 2011.

2- ويتجلى هذا الشرف في مُخاطبتي المجلس تحت رئاسة سعادتكم، بعد أن عدت للتو من زيارة رسمية مثمرة للغاية إلى القاهرة حيث ناقشت مع الوزارات الحكومية ذات الصلة القضايا ذات الاهتمام المشترك، بما في ذلك الحالة في ليبيا وامتداد آثارها الجانبية والتهديد الذي يوجهه تنظيم داعش لمصر ولمنطقة الشرق الأوسط وشمال أفريقيا بشكل عام.

3- وسأكون مقصرة إن لم أنتهز هذه الفرصة لأُجدد خالص شكري وتقديري لكرم الضيافة الذي حظيت به ووفدي في القاهرة.

4- وأود أن أؤكد لكم، سيدي الرئيس، استعداد مكتبي لمواصلة الحوار البناء مع السلطات المصرية ومتابعة الأمور الهامة التي كانت محل نقاش مفيد للغاية في القاهرة. وأنا واثقة في أن العمل بين مكتبي ومصر سيؤدي إلى نتائج إيجابية.

السيد الرئيس،

5- شهدت الأشهر الستة الماضية تطورات هامة في العملية البطيئة والصعبة الهادفة إلى تشكيل حكومة وحدة في ليبيا. ففي 17 كانون الأول/ديسمبر 2015، وقع المشاركون في الحوار السياسي؛ الذين يمثلون شرائح واسعة من المجتمع الليبي، على اتفاق برعاية الأمم المتحدة يقضي بتشكيل حكومة وحدة وطنية. وأعرب الأمين العام للأمم المتحدة، السيد بان كي مون، عن أمله في أن "التوقيع على الاتفاق سيضع ليبيا مرة أخرى على طريق بناء دولة ديمقراطية تقوم على مبادئ الشمولية، وحقوق الإنسان، وسيادة القانون".

6- بل هو أيضاً أمل مكتبي أن يكون التوقيع على الاتفاق بمثابة بداية النهاية لفترة طويلة من الاضطراب والصراع في ليبيا. إن العدالة والمساءلة القانونية والآثار الرادعة للقانون، لا تزال بمثابة مكونات أساسية لتحقيق سلام دائم في ليبيا، ومكتبي على استعداد للعمل والتعاون مع حكومة الوفاق الوطني في جهودها لبناء دولة آمنة وسلمية ومزدهرة في ليبيا لجميع الشعب الليبي.

7- ولتحقيق هذه الغاية، أشجع حكومة الوفاق الوطني على إعطاء الأولوية لوضع خطط واستراتيجيات فعالة لمواجهة الجرائم الوحشية، والاستثمار في المؤسسات الوطنية ذات الصلة المسؤولة عن هذا العمل الحاسم. وسيُظهر هذا، بشكل ملموس، أن العدالة والمساءلة تشكلان أولويتين رئيسيتين من أولويات الحكومة تدعمان الجهود المبذولة لضمان السلام والاستقرار في ليبيا، وأن الضحايا سوف تُتاح لهم الفرصة لالتماس الإنصاف من خلال المحاكم الليبية.

8- وبالمثل، خلال الفترة نفسها، أحرزت التحقيقات التي يُجريها مكتبي في الحالة في ليبيا تقدماً، وإن كان بوتيرة أبطأ مما كنا نود نظراً لعدم وجود ما يكفي من الموارد والوضع الأمني غير المستقر السائد في البلاد. وعلى الرغم من هذه التحديات، تواصل تحقيقاتنا إحراز نتائج إيجابية، يرجع جزء كبير منها إلى تعاون مكتب النائب العام الليبي الذي تلقى منه مكتبي العديد من الوثائق عملاً بمذكرة التفاهم التي أبرمها مكتبي والحكومة الليبية في عام 2013.

9- وعلى الرغم من الموارد المالية المحدودة وعدم القدرة في الوقت الحاضر على إجراء التحقيقات داخل ليبيا، فقد تمكن فريقي المتواضع المعني بليبيا من تتبع القرائن وغيرها من سبل جمع الأدلة من خلال تحقيقاتنا. ويواصل مكتبي تحليل وتقييم الأدلة التي في حوزتنا بدقة لتحديد ما إذا تم استيفاء المعايير القانونية المطلوبة لطلب أوامر قبض إضافية.

10- وباختصار، سيدي الرئيس، على الرغم من التحديات العديدة التي نواجهها، لا يزال مكتبي ملتزماً بقوة بولايته تجاه ليبيا، وسيظل يعمل بتركيز ونشاط في تنفيذ تلك الولاية.

السيد الرئيس،

11- كما أكدت في تقريري الأخير، يتطلب الوضع في ليبيا التعاون والتنسيق بين جميع الجهات المعنية على المستويات الوطنية والإقليمية والدولية. ويبقى دعم هذا المجلس حاسماً بالقدر نفسه. وبالتالي، يعتمد النجاح في ليبيا على التصميم الجماعي وإرادة جميع الجهات الفاعلة ذات الصلة للمساهمة بشكل فعال في مسعى تقديم الجناة إلى العدالة، والمساعدة من خلال القيام بذلك في ردع ارتكاب الجرائم في المستقبل.

12- وما زال تهديد داعش أو الجماعات الأُخرى التي تعلن ولاءها لتنظيم القاعدة حقيقياً وعواقبه مكلفة جداً بحيث لا يمكن تجاهلها. وهي تشمل عدم الاستقرار والوضع الإنساني المتردي في ليبيا وعدم الاستقرار، وهذا بدوره يؤدي إلى هجرة جماعية، وانتشار الإرهاب في البلد والمنطقة.

13- وأكرر نداءاتي السابقة لجميع وكالات إنفاذ القانون الوطنية والدولية التي تعمل في الشأن الليبي بالاتصال بمكتبي والانضمام إليه في جهوده الرامية إلى تعزيز شبكة وكالات إنفاذ القانون التي تهدف إلى المساهمة في وضع حد لمعاناة المدنيين والدمار في ليبيا.

14- وما زلت مقتنعة بأن زيادة التعاون بين الجهات الفاعلة ذات الصلة، فضلاً عن تنسيق أنشطة التحقيق هي المفتاح لمعالجة الجرائم الوطنية والجرائم العابرة للحدود الوطنية والجرائم الدولية التي لا تزال تعاني منها ليبيا وضمان أن لا يكون هناك أي ملاذ آمن في أي مكان لأولئك المسؤولين عن ارتكاب هذه الجرائم.

15- وفي هذا الصدد، أنا راضية بشكل خاص عن الاهتمام والجهود التي تبذلها وكالات إنفاذ القانون الوطنية للتنسيق مع مكتبي ومع بعضها بعضاً ومع السلطات الليبية. وقد أنفق المجتمع الدولي رأس مال ضخم لاستعادة الأمن في البلاد. وبالرغم من حداثة عهد هذه الشبكة المتنامية، إلّا أنها بدأت في التبلور مستكشفة الجهود اللازمة لتبادل المعلومات والاستراتيجيات الأساسية لمواجهة الجريمة في ليبيا. إن أولئك الذين يمولون أو يشجعون على ارتكاب الجرائم الخطيرة في ليبيا، يجب أن يعوا جيداً أنهم سيُحاسبون.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

16- مع تولي حكومة الوفاق الوطني واجباتها، نُشير إلى أن ليبيا ما زالت تحت التزام قانوني إيجابي بإلقاء القبض على السيد سيف الإسلام القذافي فوراً وتقديمه إلى المحكمة الجنائية الدولية (يُشار إليها فيما يلي باسم "المحكمة")؛ الأمر الذي أشار إليه هذا المجلس في القرار 2238.

17- ونحن نحث حكومة الوفاق الوطني على إعطاء الأولوية لنقل السيد القذافي ووضعه تحت تحفظها وتسهيل تقديمه إلى المحكمة. ومن الأهمية بمكان أيضاً تشاور حكومة الوفاق الوطني مع الدائرة التمهيدية بشأن المسائل المتعلقة بتقديم السيد القذافي، وطلب المساعدة من المجتمع الدولي حسب ما تراه مناسباً، بشأن أفضل السبل لتسهيل تقديم السيد القذافي إلى المحكمة دون مزيد من التأخير.

18- إن الظروف الواقعية الفريدة لهذه الدعوى وعدم إحراز تقدم فيها يبرر أيضاً اتخاذ تدابير تكميلية استثنائية مبتكرة. ويجدر التأكيد على أن ليبيا أفادت المحكمة بأن "السيد القذافي لا يزال تحت التحفظ في الزنتان وأنه حالياً لا يتسنى الوصول إليه' من قِبل الدولة الليبية". وعلى هذا الأساس، وكجزء من جهوده المتواصلة لتعزيز فرص تقديم السيد القذافي إلى المحكمة، قدم مكتبي مؤخراً طلباً إلى الدائرة التمهيدية الأولي للحصول على أمر يوجه قلم المحكمة بإحالة طلب القبض على السيد القذافي وتقديمه إلى المحكمة إلى السيد العجمي العتيري مباشرة. والسيد العتيري هو آمر الكتيبة التي تحتجز القذافي في الزنتان. ولم تصدر الدائرة التمهيدية بعد قرارها بشأن هذا الطلب. وفي حال تمَّ قبول الطلب، يأمل المكتب أن يتعاون السيد العتيري والكتيبة الذي يقودها في تقديم السيد القذافي لكي يوضع تحت تحفظ المحكمة لمحاكمته. وإذا لم يمتثل، ينبغي على هذا المجلس أن ينظر في اعتماد التدابير المناسبة لضمان الامتثال لأمر الدائرة التمهيدية.

السيد الرئيس،

19- وفيما يتعلق بالسيد عبد الله السنوسي، قد تلقى المكتب نسخة من الحكم المكتوب الصادر عن المحكمة الليبية فيما يتعلق بقضيته وأجرى استعراضاً أولياً للحكم. وفي الوقت الراهن، لا يملك مكتبي حقائق من شأنها أن تُقنعه بأن هناك وقائع جديدة قد نشأت من شأنها أن تلغي الأساس الذي رأت بموجبه الدائرة التمهيدية الأولى أن الدعوى المقامة على السيد السنوسي غير مقبولة. وسيواصل المكتب مراجعة تقييمه متى وردت حقائق جديدة ذات الصلة.

20- وعلى الرغم من إقرار دائرة الاستئناف بأنه، في سياق إجراءات النظر في المقبولية، لا يُطلب من المحكمة أن تبتّ في المقام الأول فيما إذا كانت الإجراءات الوطنية تخالف بعض مقتضيات حقوق الإنسان أو القانون الوطني، فإنه يتعين على حكومة الوفاق الوطني ضمان استيفاء التحقيقات والمقاضاة لأعلى المعايير. وفي هذا السياق، شعرت بالتفاؤل عندما صدرت أوامر بالقبض على أولئك الأفراد المشتبه في ارتكابهم جرائم، بما في ذلك التعذيب، في سجن الهضبة. ويجب متابعة إجراءات إلقاء القبض عليهم ومقاضاتهم. وسأواصل تشجيع السلطات الليبية ومتابعة الجهود التي تبذلها للتحقيق في مزاعم التعذيب في سجن الهضبة وتقديم من تثبت مسؤوليتهم إلى العدالة.

السيد رئيس، أصحاب السعادة،

21- ولا يزال مكتبي يشعر بالقلق إزاء وفيات المدنيين المستمرة، والتي تُمثل إعدامات داعش المبلغ عنها غالبيتها، على الرغم من أن النزاع الذي يدور بين فجر ليبيا والجيش الوطني الليبي لا يزال يؤدي أيضاً إلى سقوط قتلى في صفوف المدنيين. وعلاوة على ذلك، تفيد التقارير التي ترد باستمرار ارتكاب جميع أطراف النزاع أعمال الاختطاف، والاعتقال وسوء المعاملة في مراكز الاحتجاز.

 

22- ولا يزال مسار الهجرة إلى أوروبا من ليبيا عبر البحر الأبيض المتوسط يشكل خياراً شعبياً في أوساط اللاجئين والمهاجرين المعرضين بشكل خاص للعنف والعنف الجنسي وسوء المعاملة في ليبيا. ولا يزال احتجاز الآلاف من المهاجرين في ليبيا يشكل مصدر تمويل للعديد من الجماعات المسلحة في ليبيا.

 

23- ويجب علينا كمجتمع دولي أن نلقي نظرة فاحصة على الذين يستفيدون من النشاط الإجرامي في ليبيا، واتخاذ خطوات منسقة لمنع المزيد من الانتهاكات. كما يجب أن يكون هذا أولوية لجميع من تؤثر عليهم جريمة الاتجار بالبشر.

 

24- ومن جهته، يواصل المكتب إجراء تقييم دقيق ليحدد كيفية الاستفادة المثلى من موارده المحدودة لتحقيق أقصى قدر من التأثير على الوضع الراهن في ليبيا. وفي حين يواصل المكتب تحقيقاته بشأن المسؤولين المرتبطين بالعهد السابق للسيد معمر محمد القذافي، فإنه يركز أيضاً على الجرائم الجارية في ليبيا. وعلى الرغم من شُح الموارد، يقيم المكتب حالياً إمكانيات توسيع تحقيقاته في هذه الجرائم الجديدة، مثل تلك التي يُزعم أنها ارتُكبت من قبل داعش وأنصار الشريعة. ومع ذلك، ينوه المكتب ويشدد على أن الدول تتحمل المسؤولية الأساسية في التحقيق مع مواطنيها الذين انضموا إلى صفوف داعش وأنصار الشريعة وغيرهما من الميليشيات العاملة في ليبيا ومقاضاتهم.

 

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

 

25- لا بد ليّ من التأكيد على أنه ما لم يكن فريقي قادراً على إجراء تحقيقات في ليبيا، وما لم يتم حل مشكلة الموارد، فإن المكتب ببساطة لن يكون قادراً على المضي قدماً في التحقيقات بالسرعة المرغوبة.

 

26- ونحن مع ذلك متفائلون بأن نكون، في الأشهر المقبلة، قادرين على استئناف نشاطاتنا في ليبيا، وتسريع جهودنا لمحاكمة المسؤولين عن الجرائم المنصوص عليها في نظام روما الأساسي، وذلك بالتنسيق مع الشركاء الرئيسيين في ليبيا وخارجها.

 

27- وأود هنا أن أقر وأشيد بالعمل الهام جداً الذي تقوم به بعثة الأمم المتحدة للدعم في ليبيا (يُشار إليها فيما يلي باسم "البعثة"). وقد حظيتُ باستقبال رئيس البعثة والممثل الخاص للأمين العام، السيد مارتن كوبلر، في لاهاي في وقت سابق من هذا الأسبوع. واستطلعنا المجالات العديدة التي يمكن لمكتب كل منا أن يُعزز فيها التعاون وفقاً لولايتينا المستقلتين. واتفقت أنا والسيد كوبلر على أن المساءلة عن الجرائم الخطيرة بموجب نظام روما الأساسي لا غنى عنها لتحقيق الاستقرار والسلام المستدام في ليبيا. ويجب أن يُترجم توافق الرؤى هذا والإقرار إلى تغييرات إيجابية ملموسة على أرض الواقع. وذلك بعينه هو ما عزمنا على فعله في تعاون وثيق مع حكومة الوفاق الوطني.

السيد الرئيس،

28- أُقدر كثيراً جهود جميع الدول التي شاركت مع المكتب وتعاونت معه في دعم تحقيقاتنا في ليبيا، بما في ذلك جارتها تونس والمملكة الأردنية الهاشمية. كما أشجع جميع الدول على تكثيف جهودها لدعم التحقيقات والمقاضاة في الجرائم المنصوص عليها في نظام روما الأساسي والمزعوم ارتكابها في ليبيا. وأخيراً، أُناشد جميع الدول التي لم تستجب بعد لطلبات المساعدة القيام بذلك دون مزيد من التأخير. إن تعاون الدول مع المكتب أمر لا غنى عنه لنجاح عمل المكتب في ليبيا وفي جميع الحالات الأُخرى قيد التحقيق.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

29- إن ليبيا وشعبها يستحقان السلام والاستقرار لتأمين وبناء مستقبلهما؛ إنهما يستحقان سيادة القانون والحكم بالقانون بدلاً من غياب القانون والمناخ الحالي الذي يسوده استمرار انعدام الأمن والتغير المتواصل.

30- وفي الختام، سيدي الرئيس، يجب علينا أن نواصل عملنا، وإن كان ذلك في ظل ظروف صعبة. وأعتقد أننا إذا عملنا معاً بطريقة ذكية وشفافة ومنسقة، يمكننا أن نساهم في إحداث فرق في استعادة الاستقرار في ليبيا. كما يجب أن يظل التزام هذا المجلس والمجتمع الدولي تجاه ليبيا قائماً لمساعدتها على مواجهة الشدائد والخروج منتصرة.

31- إن الأمم لا تُنشأ بين عشية وضحاها، ولكن لكي تبقى وتصمد أمام تحديات القرن الحادي والعشرين يجب أن تكون مبنية على أسس قوية. وسوف تظل العدالة دوماً الركيزة الأساسية.

32- أشكركم على حسن الإصغاء.


التقرير الحادي عشر من المدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة عملاً بقرار (2011) 1970 المجلس

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بيان إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في ليبيا، عملاً بقرار مجلس الأمن 1970 (2011)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]