Juriste auprès des juges

J'ai toujours été intrépide, je dirais. Et passionnée. Je me souviens de mon entretien pour mon poste ; je leur ai dit : « C'est ce que j'ai voulu faire toute ma vie – c'est ça. C'est ma vocation. »

Je m'appelle Cynthia et je suis juriste au sein des Chambres judiciaires de la CPI.

Je travaille directement avec les juges de la CPI et offre des conseils juridiques. Derrière chaque Chambre, il y a une équipe de juristes qui suit, évalue et analyse chaque détail d'une affaire. Nous pouvons, par exemple, fournir des conseils sur la meilleure manière d'interpréter une question de droit ou d'exprimer au mieux le raisonnement du juge dans une décision ou une opinion dissidente.

Une fois que les juges ont pris une décision, nous les accompagnons dans la rédaction du raisonnement de la décision. Nous travaillons en étroite collaboration avec les juges à ce sujet, et c'est une partie cruciale de notre travail, car les décisions et les opinions dissidentes font jurisprudence. Je suis très fière de notre contribution en tant que juristes.

Le destin

Depuis que j'avais 17 ans, je savais que je voulais être une avocate internationale spécialisée dans la défense des droits de l'homme. En 1995, alors que j'étais toujours au lycée au Costa Rica, j'ai eu la chance de participer à une Modélisation des Nations unies (MNU). Avec un focus sur les questions relatives aux droits de l'homme, j'ai commencé à travailler sur les atrocités au Rwanda et en ex-Yougoslavie : le génocide et le viol comme outil de guerre. La même année, j'ai assisté à une conférence de la juge Odio Benito et, en entendant ses opinions sur ces questions, j'ai été fascinée. Tout ce que je pouvais penser était : « Je veux être comme elle. »

Quelques années plus tard, alors que je faisais mes études de droit, la CPI a été créée en 2002. Lorsque les portes de la Cour ont ouvert l'année suivante, j'ai sauté sur l'occasion de postuler à un stage. Trois jours plus tard, ils m'ont appelé et demandé de commencer la semaine suivante. Je pouvais à peine reprendre mon souffle, en pensant « C'est le destin ! »

Il s'avère que le stagiaire d'un juge avait annulé à la dernière minute et que j'avais postulé au bon moment. C'était un coup de chance. Il se trouvait que mon juge était au même étage que la juge Odio Benito ; et donc lors de mon troisième jour de stage, lorsqu la juge Odio Benito est entrée dans mon bureau pour me dire bonjour, je me disais : « Mon héros ! »

Le reste appartient à l'histoire. Après mon stage, j'ai été embauchée pour travailler comme juriste dans la Section de première instance. J'ai travaillé tout au long de l'affaire Lubanga, qui s'est concentrée sur la conscription et l'utilisation d'enfants soldats.

J'ai fait mon doctorat sur le thème des droits de l'enfant et des procédures pénales internationales, et je suis passionnée par certaines questions, en particulier la manière dont les crimes internationaux affectent les enfants. En outre, du fait de mon travail antérieur dans une ONG travaillant pour les droits des femmes, je m'intéresse aux questions de violences sexuelles et à caractère sexiste. À la CPI, dans tant d'affaires, ces questions sont soulevées à maintes reprises ; alors en travaillant ici, même si nous traitons de crimes très graves, je suis dans mon élément.

Rien de personnel ?

Au fil des ans, j'ai travaillé avec plusieurs Chambres et dans diverses affaires. D'une part, j'ai appris que vous ne pouvez pas prendre une affaire personnellement et que mes conseils sont purement techniques. C'est cérébral. C'est la loi.

Mais d'un autre côté, il y a des choses qui restent avec vous. Certaines déclarations de témoins que vous n'oublierez jamais. Je le vois comme une force – de toujours penser aux personnes pour lesquelles nous travaillons. Baser nos carrières sur la justice pour des personnes vivant dans un pays en situation. Se soucier.

J'ai tellement appris des juges que j'ai assistés et de mes collègues, et je ne peux qu'espérer que ce soit réciproque. Ils ont changé ma façon de penser, et j'oserais dire que je leur ai aussi proposé de nouvelles perspectives à prendre en considération .

En ce sens, peut-être que certaines choses sont faites pour arriver.