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IDP settlements in Georgia: A “temporary home” for hundreds of families

Camps de déplacés en Géorgie : Un « foyer temporaire » pour des centaines de familles

Par Ekaterine Todria 

Une année s’est écoulée depuis notre première visite d’information à Shavshvebi, un petit village situé près de la ville de Gori, à 40 minutes en voiture de Tbilissi, capitale de la Géorgie. Juste à côté du village, des chalets ont été construits. Ces 10 dernières années, ceux-ci ont servi de logement temporaire à plus de 300 familles cherchant refuge après le conflit de 2008.

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IDP settlements in Georgia: A “temporary home” for hundreds of families

Contrairement à d'autres installations, Shavshvebi est moins isolé. Cependant, beaucoup ont encore du mal à s'intégrer au sein des communautés locales, ont du mal à trouver un emploi et tentent de surmonter des problèmes psycho-sociaux. Alors que le marché de l'emploi est déjà saturé et qu'aucune terre ne peut être partagée, des anciens enseignants, infirmiers et agriculteurs dépendent uniquement de subventions gouvernementales de 20 USD par mois.

Et puis, il y a des installations plus éloignées, comme Prezeti par exemple. Entourés de montagnes, les habitants de Prezeti ont encore moins de possibilités de se rendre dans les villes plus larges pour y trouver un emploi, ou y avoir accès à des établissements médicaux, d’éducation ou à des services sociaux. L’accès à l’eau potable est également un problème, surtout en été. Sans eau courante, les jardins restent secs et il est difficile de cultiver des aliments.

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IDP settlements in Georgia: A “temporary home” for hundreds of families

Nos visites à Shavshvebi et à Prezeti font partie d’une mission conjointe du Greffe de la CPI, du Bureau du Procureur et du Fonds au profit des victimes, pour y rencontrer les communautés affectées par le conflit de 2008, partager des informations de base sur la Cour et répondre à leurs questions. Dans ces deux camps, les femmes représentent la majorité des participants aux séances de sensibilisation, leur peau marquée par le soleil et les mains durcies par les travaux des champs. Des femmes qui ont perdu des membres proches de leur famille dans le conflit.

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IDP settlements in Georgia: A “temporary home” for hundreds of families

Ici, la CPI est connue sous le nom du « Tribunal de La Haye ». De nombreuses questions nous sont adressées - sur la coopération, sur les mécanismes dont dispose la Cour pour traduire les auteurs en justice, mais aussi sur la participation des victimes à la procédure et sur la possibilité de bénéficier d’une assistance. Les gens comprennent qu’en ce moment, les enquêteurs sont en train de rassembler des informations. Selon les responsables de la Cour, les enquêtes de la CPI sont axées sur « des crimes présumés commis lors d'un conflit armé international entre le 1er juillet et le 10 octobre 2008, en Ossétie du Sud et dans les environs». Pour beaucoup dans ces communautés, ceci a signifié la perte d’un foyer ou d'un être cher, il y a un peu plus de dix ans, et pour lesquels elles cherchent toujours justice.

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IDP settlements in Georgia: A “temporary home” for hundreds of families

À la fin des réunions, les gens viennent vers nous, désireux de partager leurs histoires de perte et d’espoir. Au début, ces logements étaient perçus comme un hébergement temporaire et sont peu à peu devenus leur foyer. Beaucoup ont acheté les chalets pour une somme symbolique de 50 cents. Leurs enfants sont nés dans ces installations, ils vont dans des crèches - l'une construite à Shavshvebi même - et, comme diraient leurs grands-parents, « ils savent peu de choses des foyers que leurs familles ont été forcées de quitter ». «Je reconnais que pour la jeune génération, leur patrie est ici et que la vie continue », a déclaré un grand-père. Néanmoins, l'espoir d’un retour demeure, et l’espoir, comme ils le disent, « que la justice soit rendue un jour et que les coupables soient punis ». 

« De quoi est-ce que je rêve ? », demanda un homme âgé. « Je veux me lever demain et dire à mes petits-enfants que c’est fini. Que la paix et la justice sont là ».

 
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Ekaterine Todria

Eka a rejoint la CPI il y a peu de temps, en novembre 2018. Au cours de la dernière décennie, elle a travaillé avec les communautés affectées par le conflit et les personnes déplacées internes pour surmonter le fardeau des difficultés économiques et psychosociales, contribuer au soutien à l'intégration et aux efforts
de réconciliation.