Communiqué de presse: 18 avril 2025

Le Gouvernement de la Côte d'Ivoire et le Fonds au profit des victimes à la Cour Pénale Internationale rendent hommage aux victimes de la crise post-électorale de 2010-2011

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Inauguration du mémorial construit à Yopougon, Abidjan, en présence des autorités locales, de la société civile, des organisations de victimes, des communautés affectées et des représentants de la CPI et du FPV, le 11 avril 2025, à Abidjan. Source de la photo : Dorris Haron Kasco.

Le 11 avril 2025, le Fonds au profit des victimes (FPV) à la Cour Pénale Internationale (CPI), ainsi que le gouvernement de la Côte d'Ivoire ont organisé une cérémonie commémorative à Abidjan pour reconnaître officiellement le préjudice subi par les victimes des crimes contre l'humanité les plus graves et les plus emblématiques commis entre mars et avril 2011. L'événement a également rendu hommage à toutes les victimes de la crise post-électorale de 2010-2011, sur l'ensemble du territoire national.

La cérémonie, qui marquait le 14ème anniversaire des incidents de mars-avril 2011, était présidée par Mme Kandia Camara, Présidente du Sénat et Maire d'Abobo, en présence de Mme Myss Belmonde Dogo, Ministre de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, et Mr Mamadou Touré, Ministre de la Promotion de la Jeunesse, de l'Insertion Professionnelle et du Service Civique, ainsi que des représentants de la CPI, du FPV, des autorités locales, des communautés affectées, de la société civile, et des organisations de victimes.

L'événement commémoratif comprenait des représentants de diverses communautés religieuses qui ont guidé plus de 2,000 participants dans une prière interconfessionnelle. Cette commémoration s'inscrit dans le cadre de la décision du 22 février 2024 du Chef de l'Etat de la Côte d'Ivoire d'honorer la mémoire des victimes des crises passées. Elle est l'une des mesures mises en œuvre par le FPV dans le cadre de son programme d'assistance, élaboré en réponse aux demandes, besoins et points de vue des victimes. 

Les victimes ont joué un rôle central dans la cérémonie, dans divers segments de la cérémonie, où les symboles du souvenir étaient proéminents. Un survivant de l'attaque de Yao Séhi, représentant toutes les victimes, a appelé avec empathie le pays à éviter la répétition : « La meilleure réparation que nous puissions obtenir est la non-répétition des crimes dont nous avons souffert en 2011. » 

Pendant l'événement, Mme Myss Belmonde Dogo, ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, a déclaré : « Quatorze ans après ces crimes odieux, nous devons garder en mémoire les souffrances endurées par les victimes de la crise post-électorale, à Abobo et à Yopougon comme sur l’ensemble du territoire. C’est la responsabilité du gouvernement de participer au devoir de mémoire, tant pour les victimes que pour construire un avenir apaisé. C’est dans cet esprit que le Chef de l’Etat a souhaité qu’un moment solennel soit organisé afin de reconnaitre les préjudices subis par toutes les victimes. Et c’est donc dans cet esprit que nous organisons avec le Fonds au profit des victimes la cérémonie de commémoration du vendredi 11 avril. Ces deux œuvres mémorielles concrétisent cette reconnaissance et cet engagement à ce que plus jamais ces crimes ne se répètent. Un message particulièrement important en cette période pré-électorale. »

Mr Andres Parmas, président du Conseil de direction du FPV, a insisté sur le fait que « les efforts de commémoration ont pour but de reconnaître, de se souvenir et de commémorer le passé, tout en éduquant et en prévenant pour l'avenir. Les monuments commémoratifs ont également rassemblé les victimes, la société civile, les artistes et les autorités pour réfléchir et répondre de manière visible et toujours présente aux incidents emblématiques qui ont eu lieu au cours de la période post-électorale. En soutenant ces efforts, le Fonds au profit des victimes espère que les monuments commémoratifs et la collaboration qui les a rendus possibles perdureront dans le temps. Ce serait l'héritage le plus important de la CPI en Côte d'Ivoire. »

La cérémonie a été suivie par l'inauguration de monuments symbolisant le droit des victimes à rester dans la mémoire et dans la dignité. Une sculpture monumentale intitulée « De l'ombre à la lumière », créée par les artistes Gueho et Gnassa, a été dévoilée dans la localité abidjanaise d'Abobo ; et une fresque murale intitulée « Résilience », créée par les artistes Dadjé et Touboui, a été inaugurée à Yopougon, également à Abidjan.

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Les œuvres d'art sont le résultat de consultations communautaires approfondies, soutenues par les partenaires de mise en œuvre du FPV, WANEP, AVSI et DRAO, en collaboration avec La Fabrique Culturelle et des artistes de l'École des Beaux-Arts d'Abidjan. 

La commémoration comprenait également la représentation de la comédie musicale « 220 logements », qui retrace les dix années de décisions qui ont secoué la Côte d'Ivoire, et qui a été jouée devant 100 victimes d'Abobo et de Yopougon la veille de la cérémonie, le 10 avril.
 
Pour plus d'informations sur le Fonds au profit des victimes, veuillez contacter [email protected] ou visiter www.trustfundforvictims.org. Vous pouvez également suivre les activités du FPV sur X, LinkedIn, Bluesky et Facebook.
 
Informations générales 

La Côte d'Ivoire a accepté la compétence de la CPI en 2003, par le biais d'une déclaration au titre de l'article 12.3, et est partie au Statut de Rome de la CPI depuis 2013. 

La CPI est compétente pour connaître de la situation en Côte d'Ivoire, en ce qui concerne les crimes commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010, ainsi que les crimes qui pourraient être commis à l'avenir dans le cadre de cette situation. Depuis 2011, le Bureau du Procureur de la CPI mène des enquêtes sur les crimes contre l'humanité présumés commis pendant les violences post-électorales de 2010/2011 en Côte d'Ivoire, documentant des actes à grande échelle qui ont entraîné le déplacement d'environ 1 million de personnes. Les attaques comprenaient des actes généralisés et systématiques contre la population civile, l'utilisation d'une force excessive dans des zones fortement peuplées afin de disperser les manifestants, des arrestations arbitraires généralisées, des « disparitions » et des viols, ainsi que l'existence de plusieurs fosses communes. À ce jour, les enquêtes ont abouti à trois affaires qui ont été soit acquittées, soit annulées en 2021.  L'enquête du bureau du procureur est toujours en cours.

Parallèlement aux enquêtes et aux procédures judiciaires, avant les développements judiciaires, et en réponse au préjudice subi par les victimes dans la situation, le Fonds au profit des victimes a initié un programme au bénéfice des individus et des communautés affectés par les incidents les plus emblématiques qui ont eu lieu entre 2002 et 2011. Le programme du FPV en Côte d'Ivoire est mis en œuvre au niveau d'Abidjan et les régions de l'ouest et est exécuté en partenariat avec le gouvernement de la Côte d'Ivoire et les organisations WANEP, AVSI, et DRAO. Depuis 2021, le programme a fourni une réhabilitation médicale, psychologique et socio-économique à plus de 700 victimes et a mené des mesures collectives bénéficiant à plus de 10,000 personnes. Le programme comprend également la construction de six monuments commémoratifs installés dans tout le pays, qui reflètent dans leur conception et leur symbolisme les voix et les besoins des victimes et de leurs communautés. 

Les cérémonies font partie de la clôture des activités du programme du FPV qui doit se terminer en juin 2025.

Source: Le Fonds au profit des victimes