Déclaration: 22 août 2016 |

Déclaration du Procureur de la Cour pénale internationale, Mme Fatou Bensouda, à l'ouverture du procès dans l'affaire contre M. Ahmad Al-Faqi Al Mahdi

English: YouTube pour visionnage; Vidéo pour téléchargement; Audio pour téléchargement
French: YouTube pour visionnage; Vidéo pour téléchargement; Audio pour téléchargement
Arabic: YouTube pour visionnage; Vidéo pour téléchargement; Audio pour téléchargement
Floor: Vidéo pour téléchargement


Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

Monsieur Ahmad AL FAKI AL MAHDI, connu sous le nom de guerre « Abou Tourab », comparaît aujourd'hui devant votre Chambre.

Il va rendre compte de son rôle dans l'attaque menée à Tombouctou en juin et juillet 2012 contre dix bâtiments historiques et religieux d'une valeur exceptionnelle. Ces bâtiments, essentiellement des mausolées de saints musulmans, comptaient parmi les plus connus à Tombouctou.

Ils constituaient une partie majeure du patrimoine historique de cette ville antique. Ils faisaient plus généralement partie du patrimoine du Mali, de l'Afrique et du monde. Mis à part l'un d'entre eux, ils étaient tous inscrits sur la liste du patrimoine mondial.

Et pourtant, ces bâtiments ont été délibérément détruits par Monsieur AL MAHDI et ses co-auteurs sous les yeux des Tombouctiens, qui ont été témoins de tels actes impuissamment.

Monsieur AL MAHDI, membre d'Ansar Dine, était directement impliqué dans les organes mis en place par les groupes armés Al-Qaïda au Maghreb islamique (« AQMI ») et Ansar Dine pendant l'occupation de Tombouctou en 2012.

Il participait aux activités menées par ces organes pour imposer de force leur idéologie et leur domination sur la population. En particulier, il a été nommé à la tête de la Hesbah, la brigade des mœurs. Il l'a mise en place en avril 2012 et l'a dirigée depuis sa création jusqu'au mois de septembre 2012. C'est en cette qualité de chef de la Hesbah, qu'il a personnellement dirigé et supervisé l'attaque contre les dix  bâtiments en question.

La preuve très variée et volumineuse, que mon Bureau a rassemblée, montre de manière accablante qu'il a joué un rôle central dans les opérations de destruction. Il a identifié les sites qui allaient être détruits. Il a défini la séquence dans laquelle les destructions allaient se produire, en partant du nord jusqu'au sud de la ville. Il a fourni les moyens matériels. Il a donné des directives.

Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

Il faut le dire, et il faut le dire clairement : diriger intentionnellement une attaque contre des monuments historiques et bâtiments consacrés à la religion constitue un crime de guerre, dûment réprimé par le Statut de Rome. Ce sont des crimes graves qui doivent être portés entre les mains de la justice.

Comme nous le savons, c'est la toute première fois que la Cour pénale internationale juge un accusé pour de tels faits et pour de tels crimes graves.

Le procès d'aujourd'hui est donc historique.

C'est d'autant plus historique que la période présente est marquée par une rage destructrice, où le patrimoine de l'humanité est l'objet de saccages répétés et planifiés, par des individus et groupes dont le but est d'éradiquer toute représentation du monde différente de la leur, en éliminant les éléments matériels qui sont au cœur de la vie de communautés dont l'altérité et les valeurs sont ainsi tout simplement niées et annihilées.

Monsieur le Président, Messieurs les Juges,

C'est là l'essence, le cœur même de cette affaire. Ce qu'il y a de gravissime dans ce crime, c'est qu'il s'agit d'une atteinte profonde à l'identité, à la mémoire et par là-même, au futur de populations entières.

Il s'agit d'un crime contre ce qui fait la richesse même de collectivités complètes. Et par là- même, il s'agit d'un crime qui nous appauvrit tous et qui porte atteinte à des valeurs universelles qu'il nous incombe de protéger.

La preuve que Mon Bureau a rassemblée va vous emmener à Tombouctou. Tombouctou, une ville outragée, une ville opprimée, une ville balafrée en l'espace d'une dizaine de jours de juin et juillet 2012.

Tombouctou, une ville défigurée, au point que la population a été meurtrie au plus profond de son âme et que cette période douloureuse marque désormais une page sombre de l'histoire de la ville.

Alors, laissez-moi vous dire ce que les mausolées de saints musulmans de Tombouctou représentent, le sens dont ils sont porteurs et la fonction qu'ils remplissent, pour certains depuis des siècles.

Je poursuivrai mes propos en anglais, si vous le voulez bien.

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

Tombouctou est effectivement une cité antique qui déborde de vitalité.

Son nom est habituellement associé à une histoire et une culture riches.

Aux XVe et XVIe siècles, Tombouctou est devenue un centre régional de négoce et d'activités économiques. Plus important encore, elle est devenue l'une des capitales africaines les plus dynamiques sur le plan intellectuel et spirituel.

Elle a joué un rôle essentiel dans l'expansion de l'Islam en Afrique.

Elle était, sans nul doute, le berceau de l'enseignement, où la connaissance a été transmise à des générations entières d'étudiants et où venaient les érudits de partout dans le monde.

Certains de ces sages étaient vénérés comme des saints de l'Islam et des mausolées ont été érigés sur leurs tombes pour honorer leur mémoire et les remarquables contributions qu'ils ont apportées aux habitants de Tombouctou et au-delà.

Ces mausolées, qui ont survécu aux ravages du temps, ont continué à jouer un rôle fondamental, pour ne pas dire fondateur, dans la vie de la cité et au-delà de ses frontières.

Ces monuments, Monsieur le Président, Messieurs les juges, étaient la preuve vivante du glorieux passé de Tombouctou. Ils étaient aussi, sans aucun doute, les témoins uniques de l'implantation de cette cité. Mais surtout, ils incarnaient l'histoire du Mali, représentée de manière tangible, depuis des temps lointains mais encore très vivaces dans la mémoire et dans la fierté des gens qui les chérissaient tant.

Les mausolées témoignent également du rôle historique que Tombouctou a joué dans l'expansion de l'Islam en Afrique et dans l'histoire de ce continent.

Ils sont les reliques d'un grand chapitre de l'aventure intellectuelle et spirituelle de l'homme sur le continent africain, qui a fait la renommée de cette ville dans le monde. C'est particulièrement important dans une société qui s'inscrit en partie dans une tradition orale et c'est notamment pour ces raisons qu'ils sont si précieux et qu'ils ont été inscrits sur la liste du Patrimoine mondial en 1988.

En outre, les mausolées de Tombouctou ont joué et continuent de jouer sur le plan religieux un rôle important dans la vie quotidienne des habitants de cette ville. Ce sont des lieux de culte sacrés. Les résidents de la cité s'y rendent fréquemment, de même que les pèlerins qui venaient de loin pour s'incliner devant ces lieux et prier. C'était l'occasion, et c'est toujours le cas, de montrer sa foi et sa piété religieuse.

Ce sont précisément ces pratiques et ces croyances religieuses profondément enracinées dans la société qu'Ansar Dine et AQMI ont voulu annihiler en détruisant ces édifices. À cause de leurs actes brutaux dénués de toute sensibilité, les Tombouctiens ont été dans l'impossibilité de s'adonner à leurs pratiques religieuses au cours des dix  mois d'occupation de la ville.

Les éléments que nous présenterons, Monsieur le Président, Messieurs les juges, démontreront l'importance que ces mausolées avaient aux yeux des Tombouctiens.

Au cours de ce procès, vous entendrez le témoignage de P-0431. Ce dernier vous dira que dès que les groupes armés ont été chassés de la ville en 2013, les habitants sont revenus prier dans les ruines des mausolées, ce qui montre le lien très fort qu'il y a entre ces édifices et les Tombouctiens.

De plus, les mausolées jouaient un rôle central dans le développement de la cohésion sociale si caractéristique de Tombouctou. Les mausolées sont liés à des familles qui en prennent soin et qui ont recours, si besoin est, à des maçons. Ces derniers sont considérés comme un « trésor humain vivant » à cause de leur savoir-faire unique. Ce sont eux qui maintiennent ces monuments en bon état, mais ce travail de rénovation engage toute la collectivité. Tout le monde aide les maçons. Des matériaux sont collectés et des réunions se tiennent dans les quartiers. À cette occasion se mêlent et s'unissent les fidèles, toutes les générations et tous les membres de la communauté.

Cette fonction sociale des mausolées ne s'arrête pas là.  Ces derniers – qui ont été détruits – contribuaient également à ce que j'appellerais « la fabrique du vivre ensemble ». Regardez bien les noms de ces mausolées.

Ils nous rappellent que les saints musulmans auxquels ils étaient dédiés venaient de différents horizons et de différentes tribus. L'un d'eux est appelé le mausolée « Sidi Mahmoud Ben Omar Mohamed Aquit », du nom de ce saint qui était un San Hadji qui vivait au XVIe siècle. Un autre est appelé le mausolée « Cheikh Sidi Ahmed Ben Amar Arragadi », du nom d'un érudit et saint musulman qui était vénéré, un Kounta qui vivait au XVIIIe siècle. À la simple évocation de leur nom, ces mausolées diffusaient un message de tolérance et de coexistence pacifique, qui transcendait les divisions.

Enfin et surtout, les mausolées détruits ont joué un rôle crucial dans le processus de construction identitaire des Tombouctiens. Tombouctou est aussi appelée la « ville aux 333 saints ».

Les mausolées étaient le symbole contemporain vivant de cette ville, comme l'a déclaré l'un de ses habitants lors de leurs destructions et je le cite : « Les gens sont très en colère aujourd'hui parce que les mausolées sont le symbole de Tombouctou ».

Détruire les mausolées de Tombouctou revient alors à effacer un élément de l'identité collective qui s'est construite à travers les âges. C'est comme si l'on supprimait un monument de la civilisation. C'est la destruction des racines de tout un peuple, qui a des répercussions irréversibles sur ses mœurs, ses habitudes et sa structure sociales. Un autre habitant de Tombouctou a résumé la situation en ces termes : « Tombouctou est sur le point de perdre son âme ; Tombouctou est sous la menace d'actes de vandalisme outrageants ; Tombouctou a sous la gorge la lame tranchante d'un tueur prêt à commettre un meurtre de sang-froid ».

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

La culture est ce que nous sommes. Nos ancêtres ont créé des peintures, des sculptures, des mosquées, des temples et d'autres formes de biens culturels qui nous entourent. Ils ont mis tout leur cœur et leur âme dans l'édification de ce patrimoine culturel, de sorte qu'il représente l'identité culturelle de leur époque et qu'il soit transmis aux futures générations.

D'ailleurs, ce patrimoine culturel façonne l'esprit et l'identité de notre propre génération et des générations à venir. Il constitue avec le temps l'archétype de la mémoire sociale qui permet aux individus de se construire et de grandir.

Ne vous méprenez pas : pendant des siècles, les mausolées de Tombouctou ont constitué un socle majeur qui a permis aux habitants de cette ville de construire leur identité et c'est toujours le cas aujourd'hui.

Naître et grandir à Tombouctou, c'est être inspiré et façonné par ses mosquées et ses mausolées centenaires qui constituent les fondations culturelles de cette cité historique.

Je vous demande à tous d'imaginer, l'espace d'un instant, ce que vous auriez ressenti à ce moment fatidique, à l'été 2012, si vous aviez été témoins de la destruction délibérée de ce patrimoine culturel tant aimé, de l'agression délibérée de votre identité, de vos croyances spirituelles et de vos biens culturels tant appréciés.

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

Tout cela a été réduit en poussière dans le cadre d'une opération de destruction menée par l'Accusé. En éradiquant les mausolées, M. AL MAHDI a intentionnellement détruit quelque chose d'impalpable et d'incommensurable. M. AL MAHDI est lui-même originaire de la région de Tombouctou et avait, de ce fait, pleinement conscience de leur importance et de leur signification pour les habitants de cette ville. 

Pourtant, il a fait preuve de détermination et d'opiniâtreté lorsqu'il encadrait les opérations. Il s'est assuré d'être présent sur les lieux de chaque site qui était visé et détruit. On peut le voir manier sa pioche allègrement sur des séquences vidéo versées au dossier. On peut également l'entendre s'exprimer avec assurance à plusieurs reprises pour tenter de justifier ces crimes en rappelant sa détermination à éliminer tout ce qui, selon ses propres termes, était « inapproprié » pour Tombouctou.

Les images parlent en effet d'elles-mêmes, tout comme l'intention affichée par l'Accusé.

Tout se trouve dans les documents émanant de sources publiques inclus dans la liste d'éléments de preuve conjointement présentée par l'Accusation et la Défense. 

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

Ce type de crime ne constitue pas seulement un acte déplorable. Ce type de crime, quel que soit l'endroit où il peut être commis dans le monde, représente un enjeu majeur pour la communauté internationale aujourd'hui. Avec votre permission, j'aimerais souligner trois points à cet égard :

Le premier est que les attaques délibérées perpétrées contre des biens culturels constituent souvent des signes précurseurs des atteintes les plus ignobles portées contre une population. À l'instar de ce que d'éminents observateurs ont relevé, la lutte pour défendre les biens culturels d'une population fait partie intégrante de l'opération humanitaire destinée à la protéger.

Le deuxième, bien plus préoccupant, est que les attaques délibérées contre des biens culturels sont devenues de véritables armes de guerre. Elles sont utilisées pour balayer des communautés tout entières et effacer toute trace de leur existence, de leur histoire et de leur identité, comme si elles n'avaient jamais existé.

Rappelons-nous de la ville de Zvornik. Comme l'a établi le juge du fait dans l'affaire en question, les Serbes avaient détruit cinq mosquées dans cette ville. Par la suite, les propos révisionnistes du maire de cette ville envahie avaient été cités : « Il n'y a jamais eu [avait-il déclaré] aucune mosquée à Zvornik ». Soyons-en certains, les attaques perpétrées contre des monuments historiques et des bâtiments consacrés à la religion constituent de fait des attaques contre les personnes qui portent ces biens corporels dans leur cœur et qui les considèrent comme une partie de leur identité culturelle. 

Le troisième point est que la protection du patrimoine culturel tient une place essentielle dans le processus de reconstruction sociale et de réconciliation après un conflit et ce, parce qu'il est porteur de sens et apporte un sentiment de continuité et une direction vers laquelle tendre, en s'appuyant sur le passé pour se tourner vers l'avenir. Le patrimoine culturel fournit des points de repère. Lorsqu'il est détruit, comme l'a relevé le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie établi par les Nations Unies, sa restauration ne lui redonne jamais sa valeur intrinsèque.

Ces questions complexes et ces préoccupations doivent nous pousser à agir. Les attaques délibérées contre des monuments historiques et des bâtiments consacrés à la religion constituent de graves atteintes, elles entraînent des effets débilitants, tout d'abord sur les communautés touchées, mais aussi bien au-delà de leur sphère sociale et géographique. Notre détermination à mettre un terme à ces crimes graves ne doit pas être ébranlée.

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

Aujourd'hui, l'Accusé, M. Ahmad Al Faqi Al Mahdi  a confirmé qu'il plaidait coupable.

Il vous appartient, à présent, Monsieur le Président, Messieurs les juges, d'examiner sa reconnaissance de culpabilité qui ressort de l'accord qu'il a signé avec mon Bureau. Il a reconnu sa culpabilité à plusieurs reprises et de son plein gré, tout en étant pleinement assisté par son conseil juridique. Cet accord a été intégralement publié vendredi dernier ; l'Accusé y reconnaît les faits qui lui sont reprochés en l'espèce et sa responsabilité individuelle.   

Je suis satisfait de l'évolution de ce dossier.

J'en suis satisfaite parce qu'il s'agit de la toute première reconnaissance de culpabilité devant la Cour. M. AL MAHDI a été transféré à la Cour il y a moins d'un an. Le procès en l'espèce ne devrait durer que quelques jours. Cette reconnaissance contribuera à la rapidité de la procédure, qui bénéficiera tant aux victimes qu'à l'Accusé.

Surtout, je suis satisfaite parce que la reconnaissance de culpabilité de M. AL MAHDI contribue directement à ce que justice soit rendue : elle contribue à la manifestation de la vérité et à la catharsis qui devrait résulter de tout processus judiciaire. Lors de la préparation de la présente affaire, mon Bureau a recueilli des preuves accablantes de la culpabilité de l'Accusé. Vous pourrez juger par vous-même dans les heures qui viennent. Une reconnaissance de culpabilité facilite l'établissement de la vérité. Le fait que l'Accusé reconnaisse sa responsabilité pénale est capital pour les victimes de Tombouctou et renforcera le processus de réconciliation sur le terrain.

En outre, cette reconnaissance de culpabilité ainsi que le jugement final que vous rendrez, Monsieur le Président, Messieurs les juges, créera un précédent sans équivoque et adressera un message important et positif au monde entier.

Il ne faut pas oublier que cette attaque a suscité, à juste titre, une vague de protestations non seulement dans les communautés touchées et, de manière plus générale, au Mali, mais aussi au sein de la communauté internationale.

L'Union africaine, le Conseil de sécurité de l'ONU, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'UNESCO et de nombreux États ont fermement condamné les crimes de guerre en cause. Le Conseil de sécurité de l'ONU a lui-même fait valoir que « [les] auteurs d[e]v[ai]ent […] répondre [de leurs actes] » tandis que le Président du Groupe africain à l'UNESCO a souligné que « ce n'[était] pas seulement le Mali qui [avait] été touché par [ces] destruction[s] […] [et que] les sites qui constitu[ai]ent le patrimoine du Mali constitu[ai]ent le patrimoine de l'Afrique et également le patrimoine mondial ». En effet, c'est notre patrimoine mondial qui a été endommagé avec la destruction de neuf sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO parmi les dix sites détruits à Tombouctou.

Monsieur le Président, Messieurs les juges,

Les appels lancés par la communauté malienne et la communauté internationale à prendre les mesures qui s'imposent pour lutter contre ces crimes graves doivent porter leurs fruits. 

C'est à vous, Monsieur le Président, Messieurs les juges, qu'il incombe de vous assurer que l'Accusé soit tenu pour responsable. C'est à votre Chambre qu'il revient de poser la première pierre à l'édifice de la jurisprudence de la Cour en la matière.

Au XXIe siècle, bien trop d'attaques se sont produites contre des monuments historiques et des bâtiments consacrés à la religion. Cette fâcheuse tendance doit prendre fin. Il faut mettre un terme à cette réalité.

Encore récemment, nous avons assisté à la destruction effroyable de Palmyre, en Syrie, et rien que le mois dernier, nous avons vu des membres du prétendu État islamique détruire un autre monument historique : un mausolée au nord de Bagdad.

Aujourd'hui, le message que je souhaite envoyer est le suivant : notre patrimoine culturel n'est pas un luxe. Il s'agit d'un élément vital de l'évolution du genre humain.

Protéger les biens culturels revient à protéger notre culture, notre histoire, notre identité et les façons dont nous exprimons notre foi et pratiquons une religion, pour les générations actuelles et à venir. Nous devons protéger notre patrimoine commun contre la profanation, les ravages et les effets à long termes de tels actes destructeurs.

La gravité des crimes commis en l'espèce appelle à infliger une sanction appropriée, une sanction qui soit ferme et qui ait un effet dissuasif, tout en prenant en compte la situation de l'Accusé, notamment sa reconnaissance de culpabilité et sa coopération.

Votre jugement est attendu dans les vieilles rues de Tombouctou, dans tout le Mali et aux quatre coins du monde.

Comme je l'ai mentionné précédemment en l'espèce : « l'histoire elle-même, dont les symboles physiques sont en péril de par ces attaques, ne nous pardonnera pas notre indifférence ou notre manque de fermeté ».

Je vous remercie de votre attention.

Avec votre permission, je vais donner la parole à mon éminent collègue, M. Gilles Dutertre, premier substitut du Procureur, pour qu'il vous présente de manière plus détaillée le dossier à charge.

النسخة الانجليزية :يوتيوب للمشاهدة فيديو للتحميل; نسخة صوتية للتحميل
النسخة الفرنسية
: يوتيوب للمشاهدة; فيديو للتحميل; نسخة صوتية للتحميل
النسخة العربية:
يوتيوب للمشاهدة; فيديو للتحميل; نسخة صوتية للتحميل
النسخة غير المترجمة
: فيديو للتحميل


سيدي الرئيس، حضرات السادة القضاة،

يمثُل اليوم أمام دائرتكم السيد أحمد الفقي المهدي، الذي يُعرف بالاسم المستعار "أبو تراب".

وسيبيّن السيد المهدي دوره في الهجوم الذي شُنّ في تمبكتو في شهري حزيران/يونيه وتموز/يوليه 2012 على عشرة مبانٍ تاريخية ودينية لا تقدر قيمتها بثمن. وقد كانت هذه المباني، وهي أضرحة لأولياء مسلمين، من أشهر المباني في تمبكتو.

وقد شكّلت هذه المباني جزءاً هاماً من التراث التاريخي لهذه البلدة العتيقة. وكانت بوجه أعم جزءاً من تراث مالي وأفريقيا، بل جزءاً من تراث العالم. وكانت جميعها مسجلة بقائمة التراث العالمي، باستثناء واحد منها.

ومع ذلك، فقد دُمرت هذه المباني عمداً على أيدي السيد المهدي وشركائه في الجريمة أمام أعين أهل تمبكتو الذين لا حول لهم ولا قوة.

وقد انخرط السيد المهدي، وهو عضو في جماعة أنصار الدين، انخراطاً مباشراً في الكيانات التي أسستها الجماعات المسلحة المتمثلة في تنظيم القاعدة في بلاد المغرب الإسلامي وجماعة أنصار الدين في أثناء احتلال تمبكتو عام 2012.

وقد شارك في الأعمال التي نفذتها هذه الكيانات بغية فرض أيديولوجيتها بالقوة وبسط سيطرتها على السكان. وعلى الأخص، عُيّن رئيساً للحسبة، وهي الكتيبة المسؤولة عن الأخلاق. وقد أسسها في نيسان/أبريل 2012 وقادها منذ تأسيسها حتى أيلول/سبتمبر 2012. وبصفته قائد الحسبة، أدار بنفسه الهجمات التي شُنّت ضد المباني العشرة المذكورة وأشرف عليها شخصياً.

وتثبت الأدلة فائقة التنوع والكثرة التي جمعها مكتبي إثباتاً قاطعاً أن المتهم اضطلع بدور محوري في عمليات التدمير. فقد اختار المواقع التي ستُدمّر وحدد تسلسل عملية التدمير، بدءاً من شمال المدينة صوب جنوبها. وأتاح الأدوات وأصدر توجيهات.

سيدي الرئيس، حضرات السادة القضاة،

علينا أن نقول، وبكل وضوح، إن شنّ هجوم عمداً على آثار تاريخية ومبانٍ مخصصة للأغراض الدينية يشّكل جريمة حرب يعاقب عليها نظام روما الأساسي عقاباً رادعاً. وهذه الجرائم إنما هي جرائم خطيرة ينبغي أن تتعامل معها يد العدالة الناجزة.

وكما نعلم، هذه هي أوّل مرة تحاكم فيها المحكمة الجنائية الدولية متهماً بهذه الأفعال وبهذه الجرائم الخطيرة.

إن محاكمة اليوم لمحاكمة تاريخية.

وما يجعل هذه المحاكمة تاريخية بحق هو أن زمننا هذا سمته الحمية المدمرة التي تخرب التراث المشترك للإنسانية مرة بعد مرة تخريباً مخططاً على أيدي أفراد وجماعات همهم هو اجتثاث أي رمز للعالم المغاير لعالمهم، واستئصال المظاهر الملموسة التي هي ذروة سنام الحياة لدى المجتمعات المحلية، تلك المجتمعات التي تُستنكر اختلافاتها وقيمها وتُمحق بكل استهتار.

سيدي الرئيس، حضرات السادة القضاة،

إن هذا لهو صلب الدعوى ولبّها. وهذه الجريمة خطرة أيما خطورة، فهي انقضاض شرس على هوية وذاكرة مجموعات من السكان بأكملها، وعلى مستقبلها ردفاً.

إن هذه الجريمة تنال من كل ما يمثل ثراء مجتمعات محلية برمّتها. وهي بذلك تسلبنا جميعاً ثراءنا، وتنتهك القيم العالمية التي يتعين علينا حمايتها.

وسوف تأخذكم الأدلة التي جمعها مكتبي إلى تمبكتو، تلك المدينة المـُهانة المضطهدة، تلك المدينة التي نُكأت جراحها في عشرة أيام ونيف بشهري حزيران/يونيه وتموز/يوليه 2012.

إنها تمبكتو، المدينة التي تشوهت إلى أن طالت الجراح أرواح سكانها ونفوسهم. وصارت هذه الحقبة المظلمة فصلاً أسود في تاريخ المدينة.

لذا، اسمحوا لي بأن أصف لكم ما مثلته أضرحة الأولياء المسلمين بتمبكتو، والمعنى الذي حملته والوظيفة التي أدتها على مر القرون.

وسوف أواصل بياني باللغة الإنكليزية، إذا سمحتم لي بذلك.

سيدي الرئيس، حضرات السادة القضاة،

إن تمبكتو بحق مدينة عتيقة ونابضة بالحياة.

ويرتبط اسم تمبكتو عادة بالثراء التاريخي والثقافي.

فقد أصبحت تمبكتو في القرنين الخامس عشر والسادس عشر مركزاً إقليمياً للنشاط الاقتصادي والتجارة. والأهم من ذلك أنها ازدهرت لتصير واحدة من أكثر العواصم الفكرية والروحية نبضاً بالحياة في أفريقيا.

وقد اضطلعت بدور جوهري في انتشار الإسلام في أفريقيا.

ولا شك في أن تمبكتو كانت مهد العلم وازدهر فيها التنوير، مما عاد بالنفع على أجيال من طلاب العلم، واجتذب العلماء من كل أصقاع الأرض.

وقد لقي بعض هؤلاء الحكماء توقيراً باعتبارهم من الأولياء المسلمين، وشيدت أضرحة على قبورهم تكريماً لذكراهم وللإسهامات البارزة التي أسهموا بها في حياة أهل تمبكتو وغيرها من البلدان.

إن هذه الأضرحة، التي صمدت أمام عاديات الدهر، ظلت تضطلع بدور جوهري، بل دور تأسيسي، في الحياة داخل بوابات المدينة وخارج حدودها على حدّ سواء.

لقد كانت هذه الآثار، يا حضرات القضاة، بمثابة شهادة حية على ماضي تمبكتو المجيد. ولا شك في أن هذه الأضرحة كانت أيضاً شاهداً فريداً على المستوطنات الحضرية في هذه المدينة. بل كانت، علاوة على هذا كله، تجسيداً لتاريخ مالي وقد تصوّر في صورة حسية، من عهد تالد غير أنه ما زال حاضراً يفيض بالحياة في ذاكرة وكبرياء هؤلاء الذين أحبوا هذه الآثار أيما حب.

وتشهد الأضرحة كذلك على الدور التاريخي الذي اضطلعت به تمبكتو في انتشار الإسلام في أفريقيا، بل وفي تاريخ أفريقيا ذاته.

إنها بقايا من حقبة عظيمة من أحقاب التطور الفكري والروحي لبني الإنسان في هذه القارّة، وقد منحت تمبكتو مكانتها في العالم. ولهذا أهمية خاصة في ذلك المجتمع الذي يستمد جزءاً من جذوره من التقاليد الشفهية. وهذه هي الأسباب الوجيهة التي جعلت للأضرحة تلك القيمة فأُدرجت بقائمة التراث العالمي عام 1988.

والأهم من ذلك أن أضرحة تمبكتو كانت ولا تزال تضطلع بدور ديني هام في الحياة اليومية لسكان المدينة. فالأضرحة أماكن مقدسة خاصة بالعبادة. ويتردّد عليها سكان المدينة. كما يحج إليها الحجيج من أماكن بعيدة للتقديس والصلاة. وقد كانت زيارة الأضرحة، ولا تزال، بمثابة تعبير عن إيمان المرء وتقواه.

إن هذه الممارسات والاعتقادات الدينية المغروسة لهي بعينها ما أرادت جماعة أنصار الدين وتنظيم القاعدة في بلاد المغرب الإسلامي أن يستأصلوه بتدمير هذه الأضرحة. وبأعمالهم الوحشية الفظة، بات من المحال على أهل تمبكتو أن يتفرغوا لممارساتهم الدينية في أثناء احتلال مدينتهم الذي دام عشرة أشهر.

وسوف تبرهن أدلتنا لكم يا حضرات القضاة على الأهمية التي تمتعت بها هذه الأضرحة لدى أهل تمبكتو.

وستستمعون في أثناء هذه المحاكمة إلى الشاهد P-0431. وستبيّن الشهادة التي سيدلي بها هذا الشاهد كيف أنه وبمجرد أن طُردت الجماعات المسلحة من المدينة في عام 2013، عاد سكان تمبكتو يُصلّون في أطلال الأضرحة. إن هذا لهو عمق الصلة بين الأضرحة وبين الناس في تمبكتو.

وبالإضافة إلى ذلك، لعبت الأضرحة دوراً رئيسياً في تعزيز التماسك الاجتماعي الذي يُعدّ من أهم خصائص تمبكتو. فالأضرحة ترتبط بعائلات ترعاها وتلجأ للبنائين عند الحاجة. ويُعدّ هؤلاء البناؤون "كنوزاً بشرية حية" نظراً لمهارتهم الفريدة في صنعتهم. وعلى الرغم من أنهم هم من يصونون تلك المباني، يُعدّ ترميم الأضرحة مهمة ينضم إليها المجتمع المحلي بأكمله ويشارك فيها. ويقدم الجميع يد العون للبنائين. وتُجمع المواد وتنعقد اللقاءات على مستوى الأحياء. وهي مناسبة تلم شمل المصلين والفئات العمرية المختلفة والمجتمع ككل وتوحد بينهم.

وليست هذه فحسب هي الوظائف الاجتماعية للأضرحة. فالأضرحة – التي دُمرت – أسهمت كذلك إسهاماً كبيراً في ما يروق لي أن أسميه "ورشة التعايش السلمي". ولنتفكر في أسماء الأضرحة.

إن هذه الأضرحة تذكرنا بأن الأولياء المسلمين الذين خُصصت لهم انحدروا من خلفيات وقبائل مختلفة. فأحد هذه الأضرحة اسمه ضريح "سيدي محمود بن عمر محمد أقويط"، وقد سُمي باسم الولي سيدي محمود بن عمر محمد أقويط، وهو حاج من مدينة سان عاش في القرن السادس عشر. وهناك ضريح آخر اسمه ضريح "الشيخ سيدي أحمد بن عمار الرقادي". وقد سُمّي باسم عالم وولي مسلم مبجل من قبيلة كونتا، عاش في القرن الثامن عشر. ولقد نقلت هذه الأضرحة، لا لشيء إلا لأسمائها، رسالة تسامح وتعايش سلمي تسمو فوق الاختلافات.

وأخيراً وليس آخراً، لقد اضطلعت الأضرحة المدمرة بدور حيوي في تشكيل هوية أهل تمبكتو. وتُعرف تمبكتو باسم "مدينة الـ333 ولياً".

لقد كانت الأضرحة بمثابة الرمز الحي والمعاصر للمدينة. وكما قال أحد سكان المدينة إبان عمليات التدمير ما نصه: "إن الناس لغاضبة جداً جداً اليوم لأن الضريح يُعدّ رمز تمبكتو".

ولذلك فإن القصد من تدمير أضرحة تمبكتو هو محو عنصر من عناصر الهوية الجماعية التي بُنيت على مر العصور، والقضاء على معلم حضاري. وقد كان هذا التدمير بمثابة تدمير لجذور شعب بأكمله، مما يؤثر بلا رجعة في مواقفه وممارساته وهياكله الاجتماعية. وقد لخص شخص آخر من سكان تمبكتو هذه الفكرة كما يلي: "إن تمبكتو تحتضر، إنها مهددة بأعمال تخريب شائنة، إنها مطروحة تحت نَصل سكين مشحوذ وجاهز للاستخدام في جريمة قتل بدم بارد".

حضرات القضاة،

إن الثقافة هي هويتنا في الحياة. إذ أنتج أسلافنا اللوحات الفنية والمنحوتات والمساجد والمعابد وغيرها من الأعيان الثقافية في كل مكان. وسعوا بقلوبهم وعقولهم لإنتاج مثل هذا التراث الثقافي بحيث يُمثل الهوية الثقافية لأزمانهم وترثه الأجيال القادمة لتنتفع به.

وفي الواقع، يُشكِّل هذا التراث الثقافي روح وهوية جيلنا وروح وهوية الأجيال القادمة. ومع مرور الوقت، يصبح النموذج الأصلي للذاكرة الاجتماعية الذي يصوغ منه الأفراد هويتهم ويحققون نموهم.

ويجب أن لا نُخطئ: على مدى قرون، كانت أضرحة تمبكتو تُشكِّل حجر الأساس الهام الذي بُنيت عليه هوية سكان المدينة. ولا يزال هذا صحيحاً إلى حد كبير اليوم.

إن المساجد والأضرحة المقامة منذ قرن من الزمان في مدينة تمبكتو، والتي تُشكَّل الأساس الثقافي لهذه المدينة التاريخية، ألهمت وصاغَت حياة من ولدوا وترعرعوا فيها.

وأدعو كل واحد منا أن يتصور، ولو للحظة واحدة، ما كان يجب أن يكون شعور المرء وهو يُشاهد في صيف عام 2012 المشئوم التدمير الوحشي لهذا التراث الثقافي العزيز والهجوم المتعمد على هوية المرء ومعتقداته الروحية وأعيانه الثقافية الثمينة.

حضرات القضاة،

لقد أدت عملية التدمير التي قادها المتهم إلى تحول كل هذا التراث إلى أثر بعد عين. وبإزالته للأضرحة، دمر السيد المهدي عمداً شيئاً معنوياً نفيساً لا حد لأهميته. وينحدر السيد المهدي نفسه من منطقة تمبكتو، ووفقاً لذلك، كان يدرك تماماً أهمية الأضرحة وشأنها لسكان المدينة.

ومع ذلك، أظهر الإصرار والتركيز في إشرافه على العمليات. وحرص على أن يكون حاضراً في كل موقع تمَّ استهدافه وتدميره. ويمكنكم مشاهدته في المقاطع المصوّرة المقدمة، حيث يحمل دون تحفظ معوله. ويمكنكم أيضاً سماعه يحاول بثقة وبشكل متكرر تبرير هذه الجرائم مؤكداً تصميمه على القضاء على جميع الأشياء التي وصفها بأنها "غير لائقة" بتمبكتو.

وفي الواقع، الصورة أكثر تعبيراً من ألف كلمة، فضلاً عن نية المتهم الذي عبر عنها.

ووجدت كل هذه الصور ضمن المواد المأخوذة من المصادر العامة المدرجة في قائمة الأدلة المشتركة للادعاء والدفاع.

حضرات القضاة،

إن ارتكاب مثل هذه الجريمة ليس مجرد حدثاً يُرثى له. فإن هذا النوع من الجرائم، أينما تحدث في العالم، تُعرض المجتمع الدولي لتحديات هائلة اليوم. وبعد إذنكم، أود أن أُسلط الضوء على ثلاث نقاط عامة في هذا الصدد:

الأُولي هي أن الهجمات المتعمدة ضد الأعيان الثقافية غالباً ما تكون مقدمة لأسوأ الاعتداءات ضد السكان. وكما لاحظ بعض المراقبين واسعي الاطلاع، يُعتبر النضال من أجل الدفاع عن أعيان السكان الثقافية جزءاً لا يتجزأ من العملية الإنسانية التي تهدف إلى حماية هذه الفئة من السكان.

أما الجانب الثاني، أحد الأمور التي تُثير أكبر قدر من القلق، هو أن الهجمات المتعمدة على الأعيان الثقافية أصبحت الأسلحة الفعلية للحرب. ويجري استخدامها للقضاء على مجتمعات محلية بأكملها وطمس كل آثارها وتاريخها وهويتها، كما لو أنها لم تكن موجودة.

ودعونا نأخذ بلدة زفورنيك كمثال. وكما أظهرت الوقائع الثابتة في الدعوى ذات الصلة، قد دمر الصرب خمسة مساجد في تلك المدينة. وفي وقت لاحق، سُمع رئيس بلدية البلدة المكتسحة يتفوه بهذا الحديث التحريفي: "لم تكن هناك أبداً [هذا ما قاله] أي مساجد في زفورنيك". ومن المؤكد أن الهجمات على الآثار التاريخية والمباني المخصصة للأغراض الدينية هي هجمات فعلية على الناس الذين يعتبرون مثل هذه الأعيان ثمينة ومُعززة ولصيقة بهويتهم الثقافية.

وأخيراً، تُشكِّل حماية التراث الثقافي جزءً أساسياً من عملية إعادة الإعمار الاجتماعية والمصالحة في مرحلة ما بعد النزاع. وذلك لأن التراث الثقافي يعطي معنًى فضلاً عن الشعور بالاستمرارية والتوجيه من الماضي إلى المستقبل. ويوفر التراث الثقافي نقاط مرجعية. وعندما يُدمر التراث الثقافي، كما أشارت المحكمة الجنائية الدولية ليوغوسلافيا السابقة التابعة للأمم المتحدة، لا يعيد الترميم أبداً له قيمته الأصلية.

ويجب أن تدفعنا هذه القضايا والاهتمامات المعقدة لاتخاذ إجراء. وتُعد الهجمات المتعمدة ضد الآثار التاريخية والمباني المخصصة للأغراض الدينية بمثابة جرائم خطيرة تسبب ضرراً كبيراً منهكاً: أولاً، للمجتمعات المحلية المتضررة وكذلك لما هو أبعد من الفضاء الاجتماعي والجغرافي الذي يشغلونه. ويجب علينا أن نبقى ثابتين في عزمنا على وضع حد للإفلات من العقاب على هذه الجرائم الخطيرة.

حضرات القضاة،

اليوم، أكد المتهم، السيد أحمد الفقي المهدي، أنه يعترف بالذنب.

إن الأمر متروك الآن تماماً لحضراتكم للنظر في اعترافه بالذنب، من خلال الاتفاق الذي وقعه مع مكتبي. وقد أدلى المتهم بهذا الاعتراف باطراد وطوعاً وعن علم تام بمساعدة محام. وقد نُشرت الشروط العامة لهذا الاتفاق يوم الجمعة من الأسبوع الماضي. وهو يدرك تماما وقائع الدعوى ومسؤوليته الفردية. ويقرُّ تماماً بوقائع الدعوى وبمسؤوليته الفردية.

وأنا سعيدة جداً وراضية عن هذا التطور في الدعوى.

وأنا راضية لأنه هو أول اعتراف من نوعه بالذنب أمام المحكمة. وقد تمَّ نقل السيد المهدي إلى المحكمة قبل أقل من سنة. وستستغرق المحاكمة الحالية بضعة أيام فقط. وستُساهم في سرعة الإجراءات. وستكون مثل هذه السرعة لصالح الضحايا بقدر ما ستكون لصالح المتهم.

وقبل كل شيء، أنا راضية لأن الاعتراف المباشر للسيد المهدي يُساعد على تحقيق العدالة: إنه يُساعد على كشف الحقيقة ويؤدي إلى الانفراج الذي يفترض أن يحدث بعد انتهاء أي إجراءات قضائية. وفي الأعمال التحضيرية لهذه الدعوى، جمع مكتبي أدلة دامغة تدين المتهم. وستكون لديكم فرصة للحكم على هذا بأنفسكم في الساعات المقبلة. إن الاعتراف بالذنب يُسهل عملية التوصل إلى الحقيقة. ويُعد إقرار المتهم بمسؤوليته الجنائية أمراً حاسماً لضحايا تمبكتو. وسيدعم أيضاً عملية المصالحة في هذا المنطقة.

وبالإضافة إلى ذلك، فإن هذا الاعتراف بالذنب والحكم النهائي الذي سيصدر عن حضراتكم سيكونان سابقة واضحة وسيرسلان رسالة مهمة وإيجابية للعالم بأسره.

ويجب ألا ننسى أن هذا الهجوم أثار سلسلة من الاحتجاجات ليس فقط من قبل المجتمع المحلي المتأثر ومن قبل مالي بشكل عام، ولكن أيضاً من قبل المجتمع الدولي.

وقد أعرب الاتحاد الأفريقي ومجلس الأمن التابع للأمم المتحدة والجماعة الاقتصادية لدول غرب أفريقيا (إيكواس) واليونسكو والعديد من البلدان عن إدانتهم الشديدة لجريمة الحرب التي ارتُكبت. وقد أشار مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة نفسه إلى "ضرورة مساءلة مرتكبيها [هذه الجرائم]"، في حين أكد رئيس المجموعة الأفريقية في اليونسكو أنه "[ترجمة] ليست فقط مالي التي تأثرت بأعمال التدمير هذه. فمواقع التراث في مالي هي مواقع لتراث أفريقيا وهي أيضاً مواقع للتراث العالمي". وبالفعل، إن الذي أصابه الضرر هو تراثنا العالمي، من جراء تدمير تسعة مواقع مدرجة بقائمة اليونيسكو من أصل المواقع العشرة التي دمرت في تمبكتو.

حضرات القضاة،

إن مناشدات المجتمع في مالي والمجتمع الدولي لاتخاذ إجراءات حيال مثل هذه الجرائم الخطيرة، يجب أن تسفر عن نتائج.

ويقع على عاتق حضراتكم التأكد من اعتبار المتهم مسؤولاً. كما يقع على عاتق دائرتكم وضع اللبنة الأُولى لفقه المحكمة في هذا المجال.

لقد شهد العالم في القرن الحادي والعشرين العديد من الهجمات على الآثار التاريخية والمباني المخصصة للأغراض الدينية. ويجب توقيف هذا الاتجاه المثير للقلق. وهذا الواقع يجب أن يتغير.

لقد شهدنا في الآونة الأخيرة الدمار الكارثي لتدمر، كما رأينا في الشهر الماضي ما تُسمى بـ "داعش" تُدمر أثراً تاريخياً آخر: ضريح يقع شمال بغداد.

ورسالتي اليوم هي: إن تراثنا الثقافي ليس سلعة فاخرة، بل تراثنا الثقافي هو أداة حيوية للتطور الإنساني.

إن حماية الأعيان الثقافية بمثابة حماية لثقافتنا وتاريخنا وهويتنا وطرقنا في التعبير عن الإيمان وممارسة الشعائر الدينية للأجيال الحالية والمستقبلية. ويجب علينا أن نحمي تراثنا المشترك من التدنيس والتخريب والآثار طويلة الأجل لمثل هذه الأعمال التخريبية.

إن شدة الجرائم التي ارتُكبت في هذه الدعوى تستدعي عقوبة مناسبة تكون صارمة ورادعة، مع الأخذ بعين الاعتبار جميع ظروف المتهم الخاصة؛ بما في ذلك اعترافه بالذنب وتعاونه.

إن حكمكم ينتظره الناس في شوارع تمبكتو القديمة مروراً بجميع أنحاء مالي وفي جميع أنحاء العالم.

وكما ذكرت في إجراءات سابقة في هذه الدعوى: "التاريخ نفسه، الذي يتعرض تجسيده المادي للخطر من خلال مثل هذه الهجمات، لن يكون سخياً معنا لفشلنا في الرعاية أو التصرف بشكل حاسم".

أشكركم على حسن إصغائكم.

وأسمحوا لي أن أعطي الآن الكلمة لزميلي المحترم، السيد جيل دوتيرتر، محامي الادعاء من فريق الادعاء ليُقدم عرضاً أكثر تفصيلاً لدعوانا.

بيان من المدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية، فاتو بنسودا، في افتتاح المحاكمة في القضية المرفوعة ضد السيد أحمد الفقي المهدي
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]