Déclaration: 6 Décembre 2016 |

Déclaration de Mme Fatou Bensouda, Procureur de la Cour pénale internationale, à l’ouverture du procès dans l’affaire Dominic Ongwen

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Messieurs les juges,

Ce procès se rapporte à la violence et à la misère qui ont anéanti l'existence de millions d'habitants du nord de l'Ouganda. Des gens ordinaires, qui ne demandaient qu'à vivre en paix, ne pouvaient plus résider dans les villages où ils étaient nés et avaient été élevés. À cause de violentes attaques dirigées contre les civils par un groupe armé autoproclamé l'« Armée de résistance du Seigneur » ou la « LRA », ces gens ordinaires ont été contraints de se réfugier dans des camps de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et, bien souvent, de dépendre de l'aide alimentaire internationale. Ces camps étaient, eux aussi, régulièrement la cible d'attaques terrifiantes.

D'après l'Organisation des Nations Unies, au milieu de l'année 2005, bien plus d'un million de personnes des districts de Gulu, Kitgum et Pader de la région acholi vivaient officiellement dans des camps de déplacés. Pendant ce temps, presque un demi-million de personnes se trouvaient dans les camps des districts d'Apac et Lira, dans le pays lango. Enfin, il y avait plus de 150 000 déplacés dans les districts de Katakwi, Soroti, Kumi et Kaberamaido, dans le pays teso.

Quand ces camps ont été attaqués par la LRA, les assaillants ont massacré les résidents qui s'y trouvaient, brûlé leurs maisons et réduit les survivants à l'état d'esclaves, qui devaient transporter leurs animaux d'élevage, leur nourriture, leurs vêtements, leur argent et d'autres produits de première nécessité dont les habitants avaient besoin pour survivre. Les enfants étaient enlevés pour de plus longues périodes afin d'être incorporés comme soldats dans les rangs des assaillants et de servir d'esclaves sexuelles.

Au cours de ce procès, la présentation devant la Cour portera en particulier sur quatre attaques, survenues entre octobre 2003 et juin 2004. Celles-ci ont eu lieu à Pajule, Odek, Lukodi et Abok. Au bas mot, ces villages comptaient alors 35 000 âmes. Environ 4 000 personnes ont demandé à participer à ce procès en tant que victimes de ces quatre attaques.

Ces lieux forment en gros un triangle. Pajule se trouve dans le district de Pader, Odek et Lukodi dans le district de Gulu et Abok est juste après la frontière, dans le district d'Oyam, dans le pays lango. Ces attaques ont été sélectionnées parce que l'Accusation a été en mesure de recueillir un ensemble substantiel et cohérent d'éléments permettant d'établir ce qu'il s'est passé en détail et de faire le lien avec M. Dominic Ongwen, l'accusé en question.

L'Accusation présentera, pour la plupart, trois types d'éléments de preuve. D'abord, elle s'appuiera sur les récits de victimes au sujet de ces attaques. Ensuite, elle appellera à la barre d'anciens combattants de la LRA pour qu'ils nous disent ce qu'ils ont fait et sur les ordres de qui ils agissaient. Enfin, ce qui est sans doute le plus révélateur, l'Accusation fera entendre à la Cour des enregistrements sonores des communications radio passées entre les chefs d'unité de la LRA au moment des attaques en question et d'autres documents fiables y afférents. Ces éléments démontreront clairement que ces quatre attaques à Pajule, Odek, Lukodi et Abok étaient terrifiantes.

Les images qui s'affichent à présent sur l'écran montrent les effets physiques de l'une de ces attaques, au camp de Lukodi. Je dois vous avertir que certaines de ces images sont extrêmement choquantes.

Un grand nombre de civils qui habitaient ces camps ont été tués ou blessés. Il s'agit d'innocents qui n'avaient rien à voir avec le violent conflit qui faisait rage dans le nord de l'Ouganda. Certains ont été brutalement torturés de diverses manières et avec cruauté. Des centaines d'entre eux ont été enlevés et forcés à porter le butin des pillages. Ceux qui ne marchaient pas assez vite étaient frappés et abattus. Des mères qui allaitaient, dont les bébés retardaient leur marche ou qui simplement pleuraient trop bruyamment, ont vu leurs bébés se faire tuer sans la moindre pitié ou jetés dans la brousse et abandonnés en chemin.

Les pillages pourraient paraître moins graves par rapport aux autres crimes commis lors de ces attaques. Il n'en est rien. Les victimes de ces pillages vivaient sur le fil du rasoir. Seuls les animaux d'élevage, les casseroles, les vêtements et le peu de nourriture et d'argent qu'elles possédaient leur permettaient de survivre et de ne pas périr. Pour les soldats de la LRA, le calcul était simple : ils avaient les armes et pouvaient alors se livrer à ces pillages quelles qu'en soient les conséquences pour leurs victimes.

Messieurs les juges,

Au vu des éléments de preuve, à chaque occasion, Dominic Ongwen a joué un rôle important dans la planification et l'exécution des quatre attaques. Lors de toutes ces attaques, à l'exception de Pajule, il commandait l'une des quatre principales unités chargées des opérations de la LRA, la brigade Sinia.

Outre sa responsabilité dans l'attaque des quatre camps, il doit répondre de crimes liés à l'enlèvement d'enfants et leur utilisation par la LRA comme soldats ou femmes mariées de force et esclaves sexuelles.

Ce procès a pour finalité d'établir s'il peut être prouvé au-delà de tout doute raisonnable que Dominic Ongwen est pénalement responsable de ces crimes.

Au cours du procès, il y aura inévitablement une présentation générale de la situation qui prévalait dans le nord de l'Ouganda il y a dix ans et demi. Toutefois, de nombreux événements, de nombreux crimes, de nombreux auteurs de crimes et de nombreuses victimes seront à peine évoqués dans les débats voire pas du tout.

L'Accusation a dû faire des choix en fonction des preuves dont elle disposait et limiter l'étendue des affaires qu'elle présente. Nous nous efforcerons de veiller à ce que de ce procès jaillisse la vérité et rien que la vérité pour ce qui est des crimes reprochés. Nous ne saurions retracer, au cours de ce procès, toute l'histoire du conflit qui a ravagé le nord de l'Ouganda.

Messieurs les juges,

Pendant la période en cause dans cette affaire, Dominic Ongwen est devenu l'un des principaux commandants de la LRA. Entre 2002 et 2005, il a d'abord été chef de bataillon, puis a été rapidement promu, en raison de sa loyauté indéfectible et de sa férocité, à la tête de l'une des quatre brigades de combat de la LRA. Au vu de certains éléments de preuve, au second semestre 2005, M. Ongwen était le commandant le plus haut placé de la LRA en Ouganda.

Quelle était donc la nature de la LRA, cette organisation au sein de laquelle Dominic Ongwen a joué un rôle si important et qui a semé la destruction et apporté la misère aux gens du nord de l'Ouganda ?

La LRA a été fondée et dirigée par un certain Joseph Kony. Il est l'un des cinq individus tombant sous le coup d'un mandat d'arrêt délivré par la Cour en 2005. Il est toujours en fuite. Nous avons de bonnes raisons de penser que trois des autres individus faisant l'objet d'un mandat d'arrêt de la Cour, à savoir Messieurs Vincent Otti, Raska Lukwiya et Okot Odhiambo, sont décédés. Dominic Ongwen, le cinquième, comparaît aujourd'hui dans le cadre de son procès.

Il suffit de dire, pour le moment, que la LRA est un groupe armé qui prend forme dans le nord de l'Ouganda à la fin des années 1980. Son objectif est alors de renverser le gouvernement de Yoweri Museveni, Président de l'Ouganda. Il ne s'agit, au début, que d'un groupe parmi d'autres, mais en 1990, les forces de Kony constituent le seul mouvement armé de grande ampleur luttant encore contre le gouvernement dans le pays acholi. La LRA était un groupe armé discipliné et hiérarchisé disposant d'une structure formelle calquée sur celle d'une armée conventionnelle. Son quartier général était appelé « Control Altar ». Ses principales unités en service actif étaient les quatre brigades appelées « Sinia », « Gilva », « Trinkle » et « Stockree ». Les ordres étaient transmis via la chaîne de commandement et il était rendu compte des opérations jusqu'en haut de celle-ci. En mars 2004, Dominic Ongwen commandait la brigade Sinia.

La discipline dans les rangs de la LRA était stricte et toute entorse au règlement était brutalement sanctionnée. Ceux qui tentaient de déserter s'exposaient à un châtiment particulièrement sévère : ceux qui se faisaient prendre étaient soit mis à mort soit bastonnés si durement qu'ils en conservaient, bien souvent, les blessures à vie. Malgré tout, la majorité des personnes enlevées sont finalement parvenues à se tirer des griffes de la LRA. De nombreux témoins à charge expliqueront devant la Cour comment ils ont pu s'échapper.

Au milieu des années 1990, la LRA et le Gouvernement ougandais entament des pourparlers de paix. Lorsque ces pourparlers échouent, le Gouvernement soudanais commence à fournir un appui à la LRA. Ce mouvement installe alors des bases semi-permanentes dans le sud du Soudan, d'où il peut lancer ses attaques contre des cibles ougandaises.

Cette situation perdure jusqu'en 2002, lorsque les autorités soudanaises permettent aux Ougandais de pénétrer sur le territoire soudanais pour lancer une nouvelle opération militaire contre la LRA baptisée « main de fer ». Kony et son haut commandement échappent à la mort ou à la capture, mais la majorité des forces du mouvement quittent le Soudan et étendent leurs opérations dans de nouvelles régions du nord de l'Ouganda, dont les districts de Lira, Soroti, Apac et Katakwi. S'ensuivent alors plusieurs attaques et atrocités aux conséquences désastreuses commises par les soldats de la LRA, dont les quatre qui feront l'objet de ce procès.

Messieurs les juges,

Selon l'Accusation, les camps de déplacés ont été pris pour cible parce que la LRA considérait les réfugiés de ces camps protégés par le gouvernement, dans le nord de l'Ouganda, comme ses ennemis, malgré les revendications de son chef selon lesquelles elle combattait pour la liberté et la démocratie.

La logique de la LRA était simple et consistait en ceci : « si vous n'êtes pas avec nous, alors vous êtes contre nous ». Tout civil qui n'était pas disposé à soutenir sa lutte contre le gouvernement était considéré comme un ennemi, ce qui s'est traduit par des persécutions pour des motifs politiques, qui constituent un crime contre l'humanité. C'est précisément cette politique de persécution qu'appliquaient Dominic Ongwen et les combattants qu'il commandait. Les crimes commis à Pajule, Odek, Lukodi et Abok s'inscrivaient tout simplement dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique lancée contre la population civile.

Entre juillet 2002 et décembre 2005, il y a eu littéralement des centaines d'attaques contre des cibles civiles. Il ne s'agissait pas seulement d'attaques à grande échelle soigneusement orchestrées contre des camps de déplacés. Des personnes qui circulaient à bord de minibus sur les routes du pays sont tombées dans des embuscades. Des véhicules utilitaires ont été arrêtés et pillés. Des enfants ont été enlevés sur le chemin de l'école. Ces attaques ont eu un effet dévastateur sur la population du nord de l'Ouganda.

Les preuves à charge en l'espèce démontreront que Dominic Ongwen était directement impliqué dans nombre de ces attaques lancées par la LRA sur des civils dans le nord de l'Ouganda. Une partie du dossier à charge montre qu'il savait que les crimes qu'il commettait à Pajule, Odek, Lukodi et Abok s'inscrivaient dans le cadre d'une attaque généralisée et systématique. Permettez-moi de vous donner quelques exemples:

  1. Des combattants de la LRA ont attaqué des civils à Ojwii en 2002 sur ordre de Dominic Ongwen;

     
  2. Un adolescent de 14 ans, enlevé à Palabek Gem en septembre 2002, se souvient que M. Ongwen avait ordonné à de jeunes enfants de tuer des civils kidnappés. À un moment bien déterminé, Dominic Ongwen a donné l'ordre à ce garçon, et à d'autres, de tuer un vieil homme en le mordant et en le lapidant jusqu'à ce que mort s'ensuive;

     
  3. En outre, en 2002, des attaques dirigées ou orchestrées par Dominic Ongwen ont été perpétrées à Atiak et à Pader contre des civils;

     
  4. En avril 2003, Joseph Kony s'était plaint lors d'échanges radiophoniques avec ses commandants supérieurs que les résidents du camp de Lagile étaient devenus un « problème ». Dominic Ongwen a apporté la solution à ce problème : il a attaqué le camp, incendié des foyers, tué 20 civils et en a enlevé beaucoup d'autres;

     
  5. En septembre 2003, peu de temps avant l'attaque contre Pajule, Dominic    Ongwen a signalé à la radio qu'il avait attaqué une mission ecclésiastique à Opit;

     
  6. En octobre 2003, Dominic Ongwen a joué un rôle important dans l'attaque contre Pajule qui lui est reprochée;

     
  7. En novembre 2003, selon des communications radio de la LRA, Dominic    Ongwen aurait mené une attaque à Labwor Omor où ses combattants se sont fait passer pour des soldats de l'armée ougandaise avant d'ouvrir le feu sur des clients dans un bar. Des civils auraient été tués, d'autres auraient été enlevés et des maisons incendiées;

     
  8. En février 2004, Dominic Ongwen a rapporté à ses supérieurs hiérarchiques qu'il avait conduit une attaque à Koc Ongako, au cours de laquelle il avait mis le feu à toutes les maisons;

     
  9. En avril, mai et juin 2004, Dominic Ongwen a perpétré les attaques qui lui sont reprochées à Odek, Lukodi et Abok;

     
  10. En août de la même année, Dominic Ongwen a rendu compte du succès d'une embuscade qu'il avait tendue sur la route d'Awach. Il a rapporté que plusieurs personnes avaient été tuées, dont le conducteur d'un « boda-boda » ou moto taxi;

     
  11. À Acet, en 2004, des garçons et des filles âgés de 13 à 15 ans ont été enlevés sur ordre de Dominic Ongwen.

Outre ces attaques, l'Accusation reproche à Dominic Ongwen d'avoir joué un rôle essentiel dans deux activités menées à long terme, cruciales pour la pérennisation de la LRA. Toutes deux se rapportaient à l'enlèvement d'enfants, certains âgés de six ans seulement, arrachés de leur maison familiale.

Afin de maintenir les capacités de combat de la LRA, des enfants ont été kidnappés et recrutés pour devenir des enfants soldats. D'après un témoin de l'Accusation, lui-même enlevé par la LRA, la majorité des soldats du groupe de Dominic Ongwen en 2003 et en 2004 étaient des enfants âgés de moins de 18 ans, et 70 à 80% d'entre eux avaient entre 13 et 15 ans.

Les enfants soldats suivaient un entraînement militaire rudimentaire et enduraient des mesures disciplinaires barbares. Il leur était régulièrement demandé de participer non seulement à des attaques meurtrières lancées contre des camps de civils, mais aussi à des actes individuels de torture et de meurtre élaborés pour les convaincre que la société civile n'accepterait jamais leur réinsertion.

Au vu des dispositions du Statut de Rome, les crimes de conscription et d'utilisation d'enfants soldats sont constitués lorsque ces derniers ont moins de 15 ans, mais les éléments en l'espèce démontrent sans équivoque que la responsabilité de Dominic Ongwen est engagée pour des crimes commis contre des enfants bien plus jeunes. Un des témoins sur lequel l'Accusation s'appuie, lui-même tout juste âgé de neuf ans au moment de son enlèvement au cours de l'attaque du camp de déplacés d'Odek par les troupes de Dominic Ongwen, a indiqué que des enfants qui n'avaient pas plus de six ans avaient suivi une formation militaire dans la brigade de ce dernier. Il a fait remarquer qu'ils étaient si petits que le bout du canon de leur fusil AK47 traînait sur le sol quand ils le portaient à l'épaule.

Des photographies de certains des témoins à charge ont été prises peu de temps après leur désertion de la brigade Sinia de Dominic Ongwen. L'identité de ces témoins ne sera pas révélée au public pour les protéger mais, pour ceux qui se trouvent dans le prétoire, leur très jeune âge manifeste, à une époque où nombre d'entre eux se trouvaient déjà au sein de la LRA depuis un certain nombre d'années, est tout à fait choquant.

Le chef de la LRA, Joseph Kony, considérait qu'il était très facile de manipuler ces enfants pour en faire les combattants sans pitié dont il avait besoin pour continuer à mener sa politique de meurtres et de persécutions. Par conséquent, Kony et d'autres commandants de haut rang de la LRA, dont Dominic Ongwen, ont orchestré l'horrible mise en scène de ces crimes abominables très souvent perpétrés par des enfants qui étaient eux-mêmes des victimes quelques années voire quelques mois plus tôt.

Dans ce qui semble être la marque d'une étonnante assurance, Joseph Kony et son bras droit Vincent Otti, ont participé, en décembre 2002, à une émission recevant des appels d'auditeurs, diffusée sur la station de radio Mega FM, basée à Gulu. Kony a parlé de sa politique d'enlèvements d'enfants pour grossir les rangs de ses combattants. Il savait qu'il s'agissait là d'une question sensible : en dépit de ses grandes revendications à propos de la lutte pour la liberté et la démocratie, il était manifestement embarrassé. Il savait qu'il était impossible de justifier l'utilisation de jeunes garçons comme soldats. Au début, il a fait mine de nier les enlèvements d'enfants par la LRA puis il a concédé : « [c]'est comme ça que nous recrutons. » Il a poursuivi, comme pour se justifier, en déclarant : « [c]'est comme ça que Museveni procédait quand il était dans la brousse, par des enlèvements. » Voilà la politique que Dominic Ongwen appliquait quand il enrôlait des enfants de moins de 15 ans dans sa brigade et quand il les utilisait pour les faire participer à des hostilités.

Les enlèvements perpétrés par la LRA servaient également un autre but, qui consistait à enlever des filles et des jeunes femmes dans l'intention de les contraindre à servir d'épouses ou d'esclaves sexuelles pour les commandants et les combattants de la LRA.

Là encore, les activités de la LRA à cet égard n'étaient un secret pour personne. Les paroles de Vincent Otti, qui s'est exprimé dans l'émission de radio diffusée en décembre 2002 et à laquelle j'ai fait référence plus tôt, étaient sans équivoque. Il a déclaré : « [j]e souhaite vous assurer que les filles que nous prenons et que nous envoyons dans la brousse sont nos mères. » Il a continué en ces termes : « […] nous prenons toujours les jeunes qui ne sont pas infectées par le VIH. » La seule interprétation raisonnable de ces paroles est que la politique appliquée par la LRA consistait à enlever des jeunes filles pour avoir des rapports sexuels.

Ces épouses contraintes et forcées n'avaient pas le choix. Elles étaient traitées comme un butin de guerre, étaient attribuées à titre de récompense, sans avoir leur mot à dire, comme s'il s'agissait d'objets inanimés. Lorsqu'elles hésitaient à accepter les avances sexuelles des hommes auxquels elles avaient été attribuées ou qu'elles se refusaient à eux, elles étaient sauvagement battues à plusieurs reprises. Si elles étaient soupçonnées de vouloir s'échapper, elles étaient matraquées ou tuées.

Elles étaient détenues pendant des mois et, dans bien des cas, pendant des années, pour servir d'esclaves sexuelles et de domestiques, et étaient soumises à des viols répétés. Nombre d'entre elles sont tombées enceintes, sans avoir leur mot à dire sur la question, et certaines ont donné naissance à de nombreux enfants, eux-mêmes intégrés dans les rangs de la LRA par la suite.

En qualité de haut commandant de la LRA, Dominic Ongwen a grandement bénéficié de la détresse des femmes et des filles enlevées. Parmi ses très nombreuses épouses contraintes et forcées, sept ont déjà témoigné à propos de leur expérience personnelle.

Par exemple, le témoin à charge dont le pseudonyme est P‑0227 a fait le récit de son enlèvement. Cette femme a déclaré à la Cour qu'un peu plus d'un mois après avoir été enlevée, Ongwen l'avait convoquée chez lui. Elle tremblait de peur. Il a exigé d'avoir un rapport sexuel qu'elle n'était pas en mesure de lui refuser. Elle a eu l'impression que « sa vie toute entière était entre ses mains ». Il l'a pénétrée de force dans le vagin et l'anus avec son pénis. Il l'a menacée avec sa baïonnette pour la faire taire lorsque qu'elle s'est mise à pleurer et à crier.

Après le viol, Ongwen et tous les membres de son entourage ont considéré ce témoin comme étant son épouse. Elle ne pouvait pas s'échapper. Lorsqu'elle a été soupçonnée d'avoir tenté de prendre la fuite, elle a été passée à tabac. Une autre fois, Dominic Ongwen a ordonné qu'elle soit battue pour avoir passé un moment dans la maison d'un autre combattant de la LRA. Elle a pu constater ce à quoi pouvaient mener les soupçons d'Ongwen au sujet d'une autre femme qu'il avait prise comme épouse dans le cadre d'un mariage forcé. Pensant que cette dernière avait manifesté de l'intérêt pour un autre homme, il avait ordonné aux enfants soldats qui lui servaient de gardes du corps de la punir en lui administrant une centaine de coups de bâtons.

Suite à son viol par Dominic Ongwen, le témoin a donné naissance à un fils. Elle n'avait pas eu le choix. Elle ne se sentait pas encore prête à devenir mère à ce moment-là.

Un autre témoin à charge, P‑0101, qui avait 14 ans à l'époque des faits, a fourni des informations accablantes au sujet du comportement de Dominic Ongwen à l'égard des jeunes filles qui étaient livrées à sa merci. Cette femme a parlé de sa propre expérience, ayant été elle-même violée par l'intéressé, et nous a également fait part de ce qu'elle a pu observer pendant plusieurs années. Elle a déclaré à la Cour : « […] vous êtes violée alors que vous êtes encore jeune […] Dominic était le pire d'entre eux à l'égard des jeunes […] filles […] [I]l […] avait des relations sexuelles avec de très jeunes filles ».

Toutefois, il est évident que la responsabilité de Dominic Ongwen va bien au-delà des crimes qu'il a lui-même perpétrés. Au sein de la brigade Sinia, Ongwen a commandé des structures au travers desquelles des pratiques telles que l'enlèvement, le mariage forcé, le viol, la torture, l'esclavage et l'esclavage sexuel étaient institutionnalisées. Des centaines de filles ont été victimes de ces crimes alors qu'elles se trouvaient sous l'emprise des combattants de la LRA auxquels Dominic Ongwen livrait ces filles.

Les répercussions pour ces filles et ces femmes étaient dramatiques sur le plan physique mais elles s'accompagnaient également de séquelles durables sur le plan mental. Pour celles qui ont survécu, après avoir pris la fuite ou avoir été libérées, il a fallu vivre tant bien que mal, et encore aujourd'hui, affronter la stigmatisation liée à leur statut d'« épouse » de la LRA, une perversion du véritable sens de ce mot.

L'espoir qu'elles ont pu avoir de se réinsérer dans la société et de tisser de nouvelles relations conjugales, malgré les efforts déployés par plusieurs organisations qui s'emploient à leur apporter un soutien et à les aider à s'assumer, est anéanti. Il ne faut pas non plus oublier une autre catégorie de victimes : les enfants de ces mariages forcés nés en captivité, qui doivent parfois affronter hostilité et sarcasmes liés à leurs origines.

Je souhaite enfin évoquer le parcours de Dominic Ongwen. Un aspect de cette affaire est lié au fait qu'Ongwen est certes soupçonné d'avoir commis ces crimes mais qu'il a lui-même été une victime. Il a déclaré devant les juges avoir été lui-même enlevé à son domicile par des combattants appartenant à la génération précédente de la LRA, lorsqu'il était âgé de quatorze ans. Il a donc vraisemblablement subi lui-même un traumatisme lorsqu'il a été séparé de sa famille puis subi les violences de ses ravisseurs et été initié à la violence du mode de vie des soldats de la LRA. Il a été présenté comme une victime et non pas comme un criminel.

Les personnes qui suivent avec intérêt l'affaire portée à l'encontre de Dominic Ongwen éprouveront peut-être des sentiments partagés. Elles seront horrifiées et révoltées par ses actes mais ressentiront également de la compassion. Les témoignages de nombreux enfants victimes dans cette affaire pourraient, dans d'autres circonstances, s'appliquer à l'histoire de l'accusé lui-même.

Les éléments de preuve font clairement apparaître qu'il faisait, parfois aussi, preuve de gentillesse. L'un des témoins à charge a déclaré que Dominic Ongwen était en règle générale un homme bon, qui jouait et plaisantait avec les garçons placés sous son commandement et qui était apprécié de tous. Toutefois, le même témoin, une femme, a également déclaré que, alors qu'elle pensait être encore trop jeune pour tomber enceinte, Ongwen l'avait forcée à avoir des relations sexuelles avec lui et elle savait qu'elle serait passée à tabac si elle s'y opposait. Elle a également déclaré qu'elle avait encore des cicatrices sur les seins après avoir été battue par Ongwen qui l'avait punie car elle n'avait pas fait son lit.

La réalité, c'est que les hommes cruels peuvent parfois avoir bon cœur et que les hommes bons peuvent parfois faire preuve de cruauté. Il est rare qu'une personne se comporte toujours de la même façon. Et la figure de la victime qui devient à son tour bourreau n'est pas l'apanage des tribunaux internationaux : on la retrouve dans toutes les juridictions pénales. Des enfants livrés à eux-mêmes dans certains quartiers délaissés et sinistres sont initiés, malgré eux, à la brutalité de la vie des gangs, avant de tomber à leur tour dans la criminalité. Il appert invariablement que ceux qui maltraitent les enfants ont eux‑mêmes été maltraités dans leur enfance.

Le fait d'avoir été soi-même victime dans le passé ne peut ni justifier ni excuser la persécution d'autrui. Chaque être humain doit assumer la responsabilité morale de ses actes. Et la finalité des procédures pénales portées devant la CPI ne consiste pas à définir les qualités morales de la personne accusée, mais à juger les actes criminels qu'elle a commis. Nous n'avons pas l'intention de nier que M. Ongwen a été une victime pendant son enfance mais de prouver ce qu'il a fait, ce qu'il a dit et les répercussions de ces actes sur ses nombreuses victimes.

Cette Cour ne se prononcera pas sur sa bonté ou sa méchanceté ni sur la question de savoir s'il mérite de la compassion mais sur sa culpabilité pour ce qui est des graves crimes qu'il a commis à l'âge adulte et dont il est accusé.

Dominic Ongwen est devenu l'un des commandants les plus hauts gradés de la LRA en adoptant, sans se faire prier, les méthodes violentes de ce mouvement et en démontrant qu'il n'hésiterait pas à s'investir davantage et à faire preuve d'encore plus de brutalité que d'autres officiers du groupe armé à l'égard de la population du nord de l'Ouganda.

Joseph Kony l'a félicité pour les attaques lancées par ses hommes contre des civils. Il était présenté aux autres commandants moins zélés de la LRA comme un exemple à suivre.

En tant que haut commandant, Dominic Ongwen exerçait lors des opérations un contrôle total sur les soldats qu'il avait sous ses ordres. Il aurait pu, à tout moment, ordonner à ces derniers de se rendre à la caserne la plus proche de l'armée ougandaise, afin de se livrer et de déposer les armes. Il aurait également pu adopter la démarche que tant d'autres hommes placés sous son commandement ont suivie et retrouver sa liberté individuelle en désertant tout simplement. Après tout, en qualité de commandant, il n'avait à craindre ni les bastonnades ni les exécutions sommaires qu'il infligeait lui-même aux déserteurs dont la fuite avait tourné court. Il se trouvait souvent à une distance de plusieurs jours ou plusieurs semaines de marche de ses supérieurs hiérarchiques de la LRA. Or, des chefs de bataillon qui appartenaient à la brigade Sinia, qu'il commandait, ont déserté pendant cette période.

Entre juillet 2002 et décembre 2005, les archives de la Commission d'amnistie révèlent que plus de 9 000 membres de la LRA se sont rendus et ont été amnistiés. Dominic Ongwen, quant à lui, n'a pas suivi cette voie. Il a au contraire accepté le pouvoir et l'autorité que lui conféraient son grade et ses fonctions. Il planifiait et exécutait des opérations qui ont plongé dans la misère ou causé la mort de centaines de gens ordinaires et il en faisait le récit par radio avec enthousiasme et sans regrets.

L'un des carnets utilisés par l'armée ougandaise (UPDF) pour consigner les communications radio entre les commandants de la LRA contient une description de l'annonce, par Dominic Ongwen, de son intention en août 2004, et je cite, de : « […] commencer sérieusement à tuer des civils. Il vient de déclarer qu'il avait déployé des groupes de soldats chargés de commettre des atrocités et que la population allait bientôt en entendre parler à la radio ».

Si vous me le permettez, je souhaite vous faire entendre de courts extraits d'un enregistrement sonore d'une communication radio interceptée entre Vincent Otti, alors numéro 2 de la LRA, et Dominic Ongwen. Otti demande à Ongwen d'achever son rapport sur Odek, qu'il avait commencé plus tôt.

Malgré la médiocre qualité sonore de l'enregistrement, ce que vous venez d'entendre est important pour deux raisons. D'abord, il s'agit d'un aveu direct, de première main, de Dominic Ongwen, puisqu'il admet avoir tué de nombreux civils. Ensuite, cet enregistrement démontre que, bien qu'Ongwen n'hésite pas à avouer qu'il a tué des gens, il semble mal à l'aise par rapport au fait qu'il s'agisse de civils, même lorsqu'il s'adresse à d'autres membres de la LRA. Il est conscient d'avoir mal agi. Il éprouve des difficultés à employer le terme ouvertement. Aussi évite-t-il de le prononcer à deux reprises, la première fois en appelant les civils qu'il a tués « nos collègues » et, la seconde fois, en employant le terme « waya », qui est d'usage courant dans le jargon de la LRA. Ce mot signifie « tante » en acholi mais il désignait les civils dans le jargon de la LRA. Je vais vous laisser écouter ces extraits sonores une nouvelle fois, en marquant une pause après chacun d'eux.

Ongwen dit à Otti qu'il a « juste abattu [leurs] collègues ».

Otti l'entend mal car la qualité du son est mauvaise. Il dit : « Juste quoi ».

Ongwen répète : « Je viens juste d'abattre des gens ».

Un peu plus tard au cours de la même conversation, ils parlent à nouveau de ces gens qui ont été tués. Ces gens que Dominic Ongwen a tués étaient-ils des soldats ? Non.

Ongwen se vante auprès d'Otti : « Attend un peu que les gens entendent parler de ces « waya » [civils] ; on les a tous tués ».

Les éléments de preuve démontrent que Dominic Ongwen était un meurtrier et un violeur et qu'il dirigeait des attaques qui détruisaient les moyens de subsistance de civils innocents. Il n'a rien fait pour empêcher l'usage systématique d'enfants soldats et la commission de crimes sexuels sur de jeunes filles au sein des unités qu'il commandait.

Les circonstances dans lesquelles il a, il y a de nombreuses années, été lui-même enlevé puis enrôlé dans les rangs de la LRA pourraient être considérées comme des circonstances atténuantes lors de la fixation de la peine, s'il est déclaré coupable de ces crimes. Elles ne sauraient constituer les fondements d'une ligne de défense ni un motif justifiant d'abandonner les poursuites à son égard pour le choix qu'il a fait, le choix d'adopter la violence meurtrière de la LRA et d'en faire la marque de fabrique des opérations menées par ses soldats.

Messieurs les juges,

Les victimes des crimes odieux perpétrés par M. Ongwen attendent depuis bien trop longtemps que justice soit faite. Il est grand temps que nous rendions cette justice qu'elles méritent. Nous espérons y parvenir, en nous appuyant sur le dossier de l'Accusation et sur les éléments de preuve qui seront présentés au cours de ce procès. Je vous remercie de m'avoir écoutée.

​© ICC-CPI

Ludito me Awora,

Pido man tye ikom gero ki peko malit ma obalo kwoo pa dano milyon mapol ma gibedo i but Uganda ma kumalo. Reya kit ma jwii, ma onongo gimito mere keken ni kiyee it gi me kwoo i kuc, pe onongo dong giromo bedo i caro ma kinywallo ki kijulu gin iye. Tim gero me monynyo kabedo pa reya ma dul adwii ma lwonge ni “Lord’s Resistance Army”, nyo “LRA” obedo katimo ne, adwogi ne oweko dano magi kidiyo gi me bedo i kamp pa luring ayela (“IDPs”), dok pol kare gubedo kajenge ikom kony me cam ma wilobo miyo. Kamp magi bene kare ki kare kibedo kamonynyo gi marac.

Malube ki lok pa United Nations, me oo i dye mwaka 2005, dano ma kato milyon i district me Gulu, Kitgum ki Pader ma i Acholi sub-region onongo kicoyo gi calo jo matye kabedo i kamp (IDP camps). Ki tung cel i district me Apac ki Lira i Lango sub-region, kamp onongo tye ma gitye ki dano cok nucu milyon kulu ma gucone me bedo iye. Ka i district me Katakwi, Soroti, Kumi ki Kaberamaido i Teso sub-region, dano ma kato 150,000 bene kiweko guringo guweko kabedo gi.

Ma kamp magi LRA omonynyo gi, lumonynyo gi ni guneko jo ma gibedo iye, guwango gangi gi, ka guweko jo ma oloyo gudoko opii me tingo lee ma kigwoko paco, cam, bongi, cente ki jami mukene ma pi gi tegu ma jo magi gimito pi kwoo. Litino kimako gi pe me tutuno ento wek kicoo gi i kin lumony ni calo lumony ma litino, ki kidiyo gi me bedo calo opii me butu kwed gi.

I kare me pido man, Kot biwinynyo tutwalle lok ma kwako monynyo kabedo angwen, ma otime ikine me dwe me apar 2003 ki dwe me abicel 2004. Mony magi otime i Pajule, Odek, Lukodi ki Abok. Byek ikom wel dano gi weng ka kiribbo ikare me mony ni onongo tye kine ka 35,000. Dano maromo kine ka 4,000 gupenynyo wek kicoo gi me bedo i pido man calo jo ma kitimo bal ikom gi i mony angwen ni.

Kabedo man ka kikubbu kin gi twok gi bedo adek. Pajule tye i Pader district. Odek ki Lukodi i Gulu district. Abok tye mere inget wang-cor pa kabedo magi, i Oyam district i Lango. Kiyero gi pien gubedo poto mony ma Lukel Adot otwero nongo lanyut mapol dok ma pe giroce aroca ento ginyutu kore ki kore ngo ma otime dok weng kicimo Dominic Ongwen, macalo ngat ma koko tye ikome i lok magi.

Lanyut meno aa, i polle, i kwai ne ma pat pat adek. Ma okwongo, Lapilida jenge ikom ngo ma jo ma kitimo bal ikom gi i mony magi guwaco. Me aryo, Lukel Adot bilwongo lulweny macon pa LRA me miyo lanyut ikom ngo ma gutimo ki anga ma ogolo bot gi oda me timo ne. Me agiki, dok gwok bene ma dong binyutu maber loyo mukene ni weng, Lukel Adot biketo kiwinyo i nyim Kot dwan ma kimako ki jami mukene ma kigwoko ma aa ki i gwenye ki lok i radio i kin komanda pa LRA ikare ma mony magi gubedo katime. Lanyut meno binyutu kamaleng ni mony angwen magi i Pajule, Odek, Lukodi ki Abok gubedo rac adada.

Cal ma kombedi gitye kanen ni ginyutu adwogi poto mony acel i kin poto mony magi ikom dano, i kamp Lukodi. Myero acik wu ni cal magi mogo twero balo tam wic.

Reya ma wel gi pol ma gibedo i kamp magi kineko gi, ki kiwano gi; man obedo jo ma bal gi pee ma gi pee onongo ki miti i lweny gero ma onongo tye katimme i but Uganda ma kumalo ni. Mukene ki-unu gi marac i yoo gero ma pat pat. Miya mapol kimako gi ka kidiyo gi me tingo jami ma kiyako. Ka onongo pe giromo wot oyot, onongo kigoyo ka kineko gi. Mege ma onongo gitye ki litino i kor gi, ma litino gi weko pe giwoto oyot nyo ma gikok mere ma longo tutwal, gineno kit ma kineko litino gi labongo cwiny me kica nyo kibolo gi i lum kiweko gidong angec.

Yak romo winynye calo bal matidi ka kiporo ki mukene ma kitimo ikare me mony magi. Ento ku. Jo ma bal man kitimo ikom gi kwoo gi onongo ojenge ikom gin manok. Jami calo lee agwoka paco, agulu-tedo, bongi, ki cam manok ki cente obedo apoka poka i kin kwoo ki too. Bot LRA, cura ne onongo yot: gin onongo gitye ki muduku, pi meno onongo giromo yako jami, labongo tamo pi adwogi ne bot jo ma kitimo bal ikom gi.

Ludito me Awora,

Lanyut ni nyutu ni, i lok acel acel, Dominic Ongwen otimo tic matek i yubo ki keto i tic poto mony angwen ni. Pi gin weng, nikwanynyo Pajule, otimo man macalo komanda pa dul acel me tic pa LRA, buruged me Sinia.

Medo ikom ticce me monynyo kamp angwen ni, Lukel Adot dotto en pi bal malube ki mako litino ki tic pa LRA kwed gi calo lumony ma litino nyo diyo gi i bedo mon ot ki opii me butu kwed gi.

Tyen lok magi obedo me mokko labongo akalakala ni Dominic Ongwen bal magi gitye i wiye.

I kare me pido ni, pe bigenge me menynyo dero ikom kit ma but Uganda ma kumalo obedo kwede mwaka apar ki nucu ma okato angec. Ento jami bibedo mapol ma otime, jo mapol ma gutimo bal ki dano mapol ma kitimo bal ikom gi ma tam manok bibedo ikom gi onyo tam mo bene kulu pe bibedo ikom gi.

Lukel Adot omyero omok tam ne ikom koko ma oyero malube ki lanyut ma onongo dong tye atera ki diyo kwai koko ma en kello. Tute wa bibedo me neno ni pido man bimokko lok ma ada dok pe gin mo mukene ma pat ki ada ikom bal ma kikello iye adot ni. I kare me pido man, pe watwero geno me coyo kore ki kore lok ikom gin ma otime i lweny ma obedo i but Uganda ma kumalo ni.

Ludito me Awora,

Ikare ma koko matye i nyim Kot kwako, Dominic Ongwen odoko ngat acel ikin komanda ma rwom gi lamal loyo ki i LRA. Ikin mwaka 2002 ki 2005, en obedo komanda, kong me batalyan ka dong, inge medo rwom mere oyot oyot malube ki gen ikome pi lubbo lok weng ki tic gero ne, odoko me buruged me lweny acel ikom angwen pa LRA. Lanyut tye ma nyutu ni, i nucu me aryo i but mwaka 2005, ladit Ongwen onongo en aye komanda me LRA ma lamal maloyo weng ki i Uganda.

Ci kit LRA ni onongo obedo nining, dul ma Dominic Ongwen otimo iye tic ma pire tek kit man ni, dok ma onongo tye kaketo piny ki miyo peko ikom dano ma i but Uganda ma kumalo ni?

Lacak ki latel LRA ni obedo lacoo ma kilwongo ni Joseph Kony. Kony obedo ngat acel ikin jo abic ma waraga me amak Kot ni omiyo pi gi i mwaka 2005. En pwod pe kimakke. Lok tye ma weko kiyee ni dano adek ikin jo ma Kot ni omiyo waraga amak pi gi, tutwalle Vincent Otti, Raska Lukwiya ki Okot Odhiambo, dong gutoo woko. Me abic ne, Dominic Ongwen kitye kapido ikome tin.

Romo, pi kombedi, me waco ni LRA obedo dul pa lulweny ma ocake i but Uganda ma kumalo i mwaka 1980 ki wiye. Dul ne obedo ki miti me turo gamente pa Yoweri Museveni, Preciden me lobo Uganda. I acaki ne, kong obedo dul acel ikin dul mapol ma kit meno, ento ma oo i mwaka 1990, dul mony pa Kony onongo dong odong dul lweny acel keken ma pire tek ma onongo pwod tye kalweny ikom gamente ki i ngom Acoli. LRA obedo dul pa lulweny ma gitye ki rwom me doro ne ma cal ki dul mony kikome ni i kit me cik. Dul me gang-kal ne onongo kilwongo ni “Control Altar.” Dul ne me lweny ma pi gi tego gubedo buruged angwen ma kicako nying gi ni “Sinia”, “Gilva”, “Trinkle” ki “Stockree.” Oda aa ki malo cito piny i rwom tela. Dwoko lok ikom tic kidwoko cen malo i rwom tela. Ma oo i dwe me adek 2004, buruged me Sinia komanda ne onongo obedo Dominic Ongwen.

Woro i LRA onongo kigwoko matek ki pwod pi turo cik kadi matidi onongo bedo rac adada. Temme me lwii onongo kitiyo iye marac adada: jo ma onongo kimako gi onongo kineko gi nyo kigoyo gi matek ma awano ma bedo naka pol kare onongo kiketo ikom gi. Kadi bed kit meno, pol pa jo ma kimako, i agiki ne, gulwii ki i amak pa LRA. Lucaden mapol pa Lukel Adot gibitito bot Kot man kit ma gin kikom gi gitwero lwii kwede.

Poro lok me kello kuc obedo tye i kin LRA ki gamente me Uganda i dye mwaka 1990 ki wiye. Ma gutuur, gamente me Sudan ocako konyo LRA. LRA oketo gony ma pe bale oyot i but Sudan ma kupiny, kama onongo gitwero poto mony i kabedo ma pat pat i Uganda.

Man omede nio wa i mwaka 2002, ma gamente me Sudan oyee ki anywali Uganda me donyo i ngom pa Sudan kacako dok mony ma kilwongo ni “Iron Fist” ikom LRA. Kony ki lukomanda ne ma rwom gi lamal guweyo too ki amak, ento pol pa lumony pa LRA guweko Sudan ka guryeyo tic gi i kabedo manyen i but Uganda ma kumalo, okwako district me Lira, Soroti, Apac ki Katakwi. Mony tere tere pa LRA ki tim aranyi mapol, ma ikine obedo angwen ni ma pido man bibedo ikom gi, olubbo gi ki adwogi maracu.

Ludito me Awora,

Lok pa Lukel Adot obedo ni kamp pi dano ma guringo ayella kikemo pien LRA, kadi bed lutella ne giwaco ni gitye kalweny pi loc ken ki loc ma lwak aye giyero lutela gi, onongo gineno reya ma gibedo i IDP kamp ma gamente ogwoko i but lobo Uganda ma kumalo macalo lumone gi.

Tam pa LRA onongo yot me niang: onongo obedo ni “ka pe itye kwedwa, ci pe icwako wan.” Reya mo ma onongo pe mito cwako lweny gi ikom gamente onongo kineno macalo lamone. Man rom ki uno dano pien onongo tam gi pe rwate ki megi i lok me cung i wii byer - ma obedo bal ikom dano. Onongo aun ma kit man obedo yoo tic ma Dominic Ongwen ki lulweny ma en otello gubedo kaketo ne i tic. Bal ma pat pat ma kitimo i Pajule, Odek, Lukodi ki Abok gubedo ikin poto mony ikom reya ma oket kabedo malac dok ma kiyubo kore ki kore.

Ikin dwe me abiro 2002 ki dwe me apar wiye aryo 2005, poto mony ikom reya obedo miya ki miya mapol. Magi pe gubedo poto mony madito ikom IDP kamp keken. Dano ma gitye kawot ki minibus i gudu kiketo ambuc ikom gi. Motoka me cat onongo kijuko ki kiyako gi. Kimako litino ma gicito i gang kwan. Poto mony magi okello peko mapol ikom dano ata ma i but Uganda ma kumalo.

Lanyut ma i lok man binyuto ni Dominic Ongwen en kikome obedo i poto mony magi pa LRA ikom reya ma i but Uganda ma kumalo. Ikin lok ma Lukel Adot giwaco ikom en obedo ni en onongo ngeyo ni bal ma etimo i Pajule, Odek, Lukodi ki Abok ni onongo gubedo ikin poto mony i kabedo mapol dok ma kiyubo kore ki kore. Wek ami labol ne mogo:

  1. Lulweny pa LRA gupoto mony ikom reya i Ojwii i mwaka 2002 malube ki oda pa Dominic Ongwen;
  2. Latin awobi mo ma mwaka ne 14, ma kimake i dwe me abongwen 2002 ki i Palabek Gem, poo ni Ladit Ongwen ogolo oda ni litino matino gunek reya ma kimako. I nino mo      ma obedo marac tutwal, Dominic Ongwen ogolo oda bot latin awobi man, ki jo mukene, me neko lacoo mo ma otegi kun gikaye akaya ka dong celle ki gweng wa i too;
  3. Medo ikom meno, i mwaka 2002 poto mony obedo tye ikom reya ma Atiak ki Pader, ma Dominic Ongwen aye otello onyo oyubo;
  4. I dwe me angwen 2003, Joseph Kony onongo obedo kakoko, ikare me gwenye ki lok ki komanda ne ma rwom gi lamal, ni reya ma i kamp ma i Lagile onongo dong gudoko “ayella yella.” Dominic Ongwen omiyo bot Joseph Kony yat ma cobo ayella yella meno: en opoto mony i kamp ma Lagile, owango odi, oneko reya 20 ki omako mapol mukene;
  5. I dwe me abongwen 2003, cok ki poto mony Pajule ni, Dominic Ongwen ocwalo ripot ki radio ni epoto mony i mission ma Opit;
  6. I dwe me apar 2003, Dominic Ongwen otimo tic ma pi gi tegu i poto mony Pajule ma tye i adot ni;
  7. I dwe me apar wiye acel 2003, kigoyo ripot i gwenye ki lok i radio pa LRA ni Dominic Ongwen otello poto mony Labwor Omor kama lulweny ne gukati ma ginen calo lumony   me Uganda, ma pwod pe gucako cello lumat ma i kamato kongo mo. Ripot ni tito ni kineko reya, mukene kimako amaka ki kicwinyo odi;
  8. I dwe me aryo 2004, Dominic Ongwen ogoyo ripot bot ludito ne ni epoto mony Koc Ongako, kama ewango odi woko weng;
  9. I dwe me angwen, abic ki abicel me 2004, Dominic Ongwen opoto mony ma tye i adot ni i Odek, Lukodi ki Abok;
  10. I dwe me aboro me mwaka meno, Dominic Ongwen ocwalo ripot ikom tic ma owoto maber i ambuc ma en etimo i gudu Awach. En owaco ni kineko dano mapol ma ikin gi obedo ladwo “boda-boda” onyo taxi pikipiki;
  11. I Acet i mwaka 2004, malube ki oda pa Dominic Ongwen, kimako awobe ki anyira ma mwaka gi ikin 13 ki 15.

Medo ikom poto mony magi, Lukel Adot giwaco ni Dominic Ongwen otimo tic aryo ma pi kare malac ma pi gi tegu pi mede ki bedo pa LRA. Aryo weng gikwako mako litino, mogo ma gitino ma mwaka gi abicel, ki i gangi gi.

Me mede kibedo ki kero pa LRA, kimako ki kicoyo gi i mony me doko lumony ma litino. Lacaden acel pa Lukel Adot, ma en bene LRA omake amaka, byeko ni pol lumony ma i dul pa Dominic Ongwen i mwaka 2003-2004 onongo gubedo litino ma mwaka gi pe romo 18;  ki ni gin 70% nio 80% onongo gubedo ikin mwaka 13 ki 15.

Lumony ma litino gunongo pwonye mony ma nok ki gunongo pwod magwar ka gutimo gin mo ma pe ber. Onongo kimito ni kare ki kare pe gubed i poto mony i kamp pa reya kama kineko nek mapol ni keken, ento bene i aun ki nek acel acel ma nongo kiyubo me bito gin ni pe kibiyee ir gin me dok cen ikin dano reya.

Kadi bed Cik me Roma keto mwaka 15 macalo mwaka ma kitiyo kwede me mokko bal me coyo ki tic ki litino i mony macalo lumony ma litino, lanyut ma i lok man nyuto kamaleng ni Dominic Ongwen aye won bal ma kitimo ikom litino ma mwaka gi pe oo kany. Acel ikin lucaden ma lok pa Lukel Adot ojenge ikom gi, ma en bene mwaka ne abongwen keken ikare ma lumony ma i ter twero pa Dominic Ongwen gumake ikare ma kipoto mony i Odek IDP kamp, otito ni litino ma onongo mwaka gi abicel keken gunongo pwonye mony i buruged pa Ongwen. En oneno onongo gitino ma dog muduku AK47 gi onongo ywayo ngom ma nongo gulyero muduku i gwok gi.

Kimako cal pa lucaden mogo pa Lukel Adot ma pwod gulwii alwiya ki i buruged me Sinia pa Dominic Ongwen. Miti me gwoko i mung ngec ikom lucaden pa Lukel Adot gengo nyuto gi kamaleng bot lwak, ento bot jo ma gitye i Kot, toco pa lucaden magi, ikare ma dong pole ikin gi onongo dong gubedo bot LRA pi mwaka mapol, kello koyo ikom dano.

Ladit ma loyo LRA, Joseph Kony, onongo neno litino macalo jo ma kitwero lokko gin doko lulweny ma pe gitye ki cwiny me timo kica ma mitte me mede ki nek ki aun. Ci Kony ki lukomanda pa LRA mukene ma rwom gi lamal, ma ikin gi obedo Dominic Ongwen, gucako tic ma nen rac ma lutim bal magi maracu ni, kare ki kare, gubedo litino ma gubedo jo ma kitimo bal ikom gi, mwaka mo manok onyo dwe manok ma okato.

I gin ma twero nen calo gin ma nyuto gene kene, Joseph Kony ki lalub kore Vincent Otti ma gubedo i gwenye ki lok ma kigoyo iye cim i yub me station radio me Mega FM ma tye Gulu ma okati woko i yamo i dwe me apar wiye aryo 2002. Kony oloko ikom miti ticce me mako litino me medo wel lumony ne. Kony onongo ngeyo ni lok me mako litino ni pe winye maber: kadi bed lok ma pire tek ma en waco ni elwenyo pi loc ken ki pi loc ma lwak yero lutella gi, onen kamaleng ni lewic omako en. En onongo ngeyo ni tic ki litino macalo lumony onongo pe cwakke. En kong otime me kwero lok man ni LRA mako litino. Ento i lok ne malubo en oyee ni, “Meno aye kit ma wacoyo dano i mony.” En omede, macalo meno gwok bed macalo lok ma tito gin ma otime, “Man rom ki mako dano ki kit pa Museveni ikare ma en tye i lum.” Man aye obedo kit ma onongo mitte ni kitim tic ma Dominic Ongwen obedo kaketo ne i tic ikare ma en ocoyo i buruged ne litino ma mwaka gi pe oo 15, ki me tic kwed gi i mony.

Mak pa LRA bene obedo pi yub me aryo. Ikin man obedo mako anyira ki mon matino ki tam me diyo gi me bedo mon ot ki opii me buto pa lukomanda ki lulweny pa LRA.

Dok, tic man pa LRA i lok man pe obedo i mung. Lok pa Vincent Otti, i yub me radio ma okati woko i yamo i dwe me apar wiye aryo 2002 ma dong aloko pire ni, man nen kamaleng. En owaco ni, “amito weko wuniang ni anyira ma wacoko wacwalo i lum ni gubedo mego wa.“ En omede: “[…] Wan kare ki kare wacoko anyira matino ne ni ma pwod gipeke ki two jonyo.” Lok man gonye i yoo acel keken ma niange dok rwate ni LRA onongo gitye kaketo i tic kit ma mitte me mako anyira me buto kwed gi.

Mon magi ma kidiyo gi adiya me doko mon ot ni pe gubedo ki dwon i lok ne. Kitiyo kwed gi macalo jami ma kinongo i dog lweny, kimiyo gin macalo mot ma kimiyo bot ngat ma oloyo, pe gubedo ki dwon ma kato pa jami ma pe kwoo. Ka gugale manok ki mokko tam onyo gukwero lok me buto ki ngat ma kipoko gin bot gi, onongo kigoyo ter gi tere tere i yoo marac atika atika. Ka kitamo ni gwok gutemo lwii, ci kipwodo onyo kineko gi.

Kigwoko gi pi dwe mapol, dok tyen mapol pi mwaka mapol, macalo opii me buto ki me tic i gang, ki kibuto kwed gi tek tek kare ki kare. Pol ne ikin gi guyac, labongo dwon i lok ne, ki mogo gunywal litino mapol ma gin bene kicoyo gin i mony pa LRA.

Macalo komanda me LRA ma rwom ne lamal, Dominic Ongwen onongo magoba maloyo ki i peko pa mon ki anyira ma kimako. Ikin mon ne mapol ma kidiyo adiya ni, abiro ikin gi dong gumiyo lanyut ma kwako kwoo gi.

Macalo labol, lacaden pa Lukel Adot ma kiketo kiloko nyinge ni P-0227 omiyo lanyut ma kwako kit ma kimake kwede. En owaco ki Kot ni inge kare manok inge dwe acel ma kimake, Ongwen olwonge i ot ne. Kome obedo ka myel ki lworo. En owacce ni emito buto kwede, ci en onongo pe twero kwero ne. En olworo ni “kwoo ne weng onongo tye i cinge.” En odiyo oroyo cune i tune ki i ngwiny cet ne. Me weko en oling, ma en obedo kadange, en obure ki pala ma i wii muduku ne.

Inge butu kwede tektek, Ongwen ki jo ducu ma inget en dako ni, onongo dong gineno lacaden meno macalo dako ne. En dong onongo pe twero lwii. Ma onongo kitamo ni en otemo timo meno, kigoyo en marac. Ikare mukene, Dominic Ongwen ogolo oda ni kigoo en pi tero kare i gang pa lalweny mo me LRA. Lacaden ni oneno adwogi me byeko tam pa Ongwen madok i kom dako mo ma onongo en odiyo me bedo dako ne. En ogolo oda bot lumony ma litino ma gitiyo macalo eskot ne, me pwodo dako ni odoo miya acel pien onongo en tamo ni dako meno onyutu cwiny ikom lacoo mukene.

Macalo adwogi pa Dominic Ongwen butu kwede tek tek, lacaden ni onywallo wode. Man pe gin ma en aye oyero. En onongo tamo ni pwod pe etye atera me nyodo.

Lacaden mukene pa Lukel Adot, ma kiketo nyinge ni P-0101, ma onongo mwaka 14 ikare ma bal ni kitimo, omiyo nenu ma balo wic woko i kit Dominic Ongwen ikom anyira matino ma kiketo i ter kica ne. En oloko malube ki gin ma otime ikome ma Ongwen obutu kwede tek tek ki malube ki gin ma eneno obedo katime pi kare me mwaka ma pol. En otito bot Kot ni, “… kibutu kwedi tek tek ma nongo pwod itidi … Dominic onongo dong rac kato ducu ka odok i kom litino ... anyira … En ... butu kwed gi ma nongo pwod mwaka gi tino tutwal.”

Ento, labongo akalakala, bal pa Dominic Ongwen pe gik ikom bal ma en otimo en kikome keken. Ki i buruged me Sinia, Ongwen onongo tello dul ma tiyo tic me mak, diyo anyira me bedo mon ot, butu ki anyira tek tek, miyo arem ikom dano, tic opii ki diyo dano me bedo opii me butu kwedgi. Anyira ma wel gi tye miya mapol gudeno peko i kom bal magi i cing lulweny me LRA kama Dominic Ongwen opoko gin iye.

Adwogi me kit tic magi ikom anyira ki mon ma kit magi pe obalo kom gi keken, ento bene obalo wii gi pi kare malac. Ka jo ma guloyo, kadi wa inge lwii gi onyo ma dong kigonyo gi, omyero pwod gukwoo; omyero gukwoo ki cac pi yang bedo dako pa LRA, ma nongo lok ni dako ni dong kidwanyo terre odoko rac.

Gen gi ni i anyim gitwero cako kwoo gi odoco i kin lwak dok me bedo ki coo, dong kibalo woko kadi bedi kony tye ki bot dul mapol ma gitiyo me konyo gi wek gunong kero. Dok bene tye dul mukene mapat pa jo ma kitimo bal ikom gi, ma magi litino ma kinywalo gi ikare me twec macalo adwogi me nyom adiya, ma ikare mogo dano pe mito gin dok kinywaro gin pi lunyodo gi.

Me agiki, amito dok i kom Dominic Ongwen kikome. Lok man ma dong tye i Kot ni, bute acel en aye ni Ongwen pe kiwaco ni en obedo latim bal magi keken, en bene onongo obedo ngat ma kitimo bal ikome. En kikome, kit ma en otito bot Kot, kimake ki igang gi, ma lumak en obedo yaa lwak macon pa lulweny me LRA, ma en onongo pwod mwaka apar wiye angwen. Ma nyute ni en kikome bene omyero obed ni okato ki i peko me poke ki i kom jo gang gi, tic gero ma miyo arem ma lumak en gutimo ikome ki pwonyo en ki tic aranyi ma obedo yoo me kwoo pa LRA. Kinyutu en macalo ngat ma kitimo bal i kome ento pe calo ngat ma obedo katimo bal.

Jo ma gitye kalubu lok i kom Dominic Ongwen gitwero lubu ne ki cwiny aryo. Gitwero bedo ki lworo madit ki kwero tic magi maracu ma en otimo ni, ento bene giparo en. Lanyut pa litino mapol ma kitimo bal i kom gi ni i lok  man, ikare mukene, bene romo bedo gin ma otime ikom ngat ma kidoto ni.

Lanyut nyutu kamaleng ni ikare mogo en twero bedo lakica. Lacaden acel pa Lukel Adot otito bot Kot ni pol kare Dominic Ongwen dano maber, ma tuku ki awobe ma tye i ter locce dok dano ducu maro en. Ento en lacaden acel ni bene owaco bot Kot ni ikare ma etamo ni onongo pwod etidi tutwal me bedo ki ic, Ongwen odiyo en me butu kwede, dok ni onongo engeyo ni ka ekwero kibigoye. Otito bene bot Kot ni pwod bene etye ki poyo  i cak kore kama Ongwen ogoyo en pien pe eyubu kabutu ne.

Ikom lok ada jo ma ger giromo tiyo tic me kica doki jo ma lukica giromo timo tic gero. Tek me nongo ngat mo ma kite bedo acel ma pe lokke. Dok lok man ma nongo latim bal bene obedo ngat ma kitimo bal ikome ni pe tye i Kot me wilobo keken, man obedo gin ma ngene i tic ducu me ngolo kop i kom bal. Litino ma wegi gi peke ma gibedo i dye boma madongo kama kwoo rac iye gikeme ki peko ma lit ma diyo gi me donyo i kwoo me gang ma nongo pwod pe gudonyo i kwoo me timo bal. Jo ma gitimo bal ikom litino, kare ki kare ginyutu ni yang con kitimo bal ikom gin ma gin litino.

Ento peko ma ideno ikare ma okato pe miyo boti twero onyo tyen lok me timo bal i kom jo mukene. Dano acel acel omyero kinen macalo ngat ma tye ki ngec me gin maber ki gin marac ki me cung ikom jami ma otimo. Tic pa ICC me ngolo kop i kom bal, pe dok i kom ber onyo rac pa ngat ma kidoto, ento i kom bal ma en otimo. Pe watye kany pi kwero ni ladit Ongwen kitimo bal i kome i kare ma onongo en tidi. Wabinyutu gin ma en otimo, gin ma en owaco, ki adwogi pa gin ma en otimo ikom jo mapol ma en otimo bal ikom gi ni.

Kot pe obetweyo lok ikom ber ne onyo racce, onyo ka omyero kipar pire, ento ka ce balle obedo tye i kom bal maracu ma kitimo ni ikare ma dong en dit, ma man aye gin ma kidoto en pire.

Dominic Ongwen odoko ngat acel ikin lukomanda me LRA ma rwom gi lamal tutwal. En otimo man pi gamo ki mit kom, yoo me tic aranyi pa LRA, dok ni aa i nyutu ni etwero bedo ka tic aranyi ki mit kom i kit me ticce i kom lwak ma i but Uganda ma kumalo, ma eloyo opica mukene me LRA ni.

Kony opako en pi poto mony ma lumony ne gutimo i kom reya. Kinyutu en macalo labol bot lukomanda mukene, me LRA, ma pe gitiyo tutwal ni.

Macalo lakomanda ma rwom ne lamal, Dominic Ongwen onongo tye ki twero weng me tic, i kom lumony ma tye i ter twero ne. En onongo i cawa mo keken kono otwero golo oda ni dul mony ne gucit i barak mony me Uganda ma cok, guket jami lweny gi piny ka guil cing gi malo. Onyo onongo en kono otwero kwanyo yoo ma jo mapol ma i tere gukwanyo, me aa en kene me weko bedo kunu. Man onongo twerre bote labongo ayella, pien kit macalo en onongo komanda ni, onongo en pe twero bedo ki lworo ni kitimo pwod marac onyo nek labongo peny mapol ma en kikome aye ogolo oda ne ni kitim i kom jo ma gutemo lwii ci kimako gin woko ni. Pol kare nongo opoke woko ki ikom latela ma loyo en i LRA, pi nino onyo cabit mapol. Komanda me batalyan ki i buruged ne me Sinia ni gulwii en i kare meno.

Ikin dwe me abiro 2002 ki dwe me apar wiye aryo 2005, rekod me Amnesty Commission nyutu ni lumemba me LRA ma wel gi kato 9,000 guilo cing gi malo dok kitimo bot gi kica. Ento Dominic Ongwen pe okwanyo yoo meno. Ento en oyero teko ki twero ma bino ki rwom ne ma obedo kanongo ne dok ma kibedo kamedo ne. En obedo kayubu yub ki kaketo ne i tic ma man adwogi ne okello can ki too bot lwak lutedero miya mapol, ci obedo kagoyo ripot ne i radio ki yom cwiny, pe ki cwer cwiny i kom bal.

Log buk mo ma UPDF obedo katic kwede me gwoko rekod me gwenye ki lok ikin kulomanda pa LRA i radio, tito kit ma Dominic Ongwen otito gin ma en mito timo ne i dwe me aboro 2004 me – atito kit ma kicoyo kwede: “… cako neko reya marac. En owaco ni kombedi dong eketo dul me timo aranyi ci cok cok ni dano gubewinyo i radio.” (Lokke ogik kany)

Wek aket wuwiny manok, but dwan ma kimako i mung, lok ikin Vincent Otti, ma obedo lalub kor won kom me LRA, gin ki Dominic Ongwen. Otti onongo tye ka penyo Ongwen me tyeko ripot ne i kom Odek, ma onongo kicako tito ne con.

Kadi bedi dwan ne pe omake winye maleng, gin ma wuwinyo kombedi ni pire tek pi tyen lok aryo. Ma okwongo obedo tucu bal atir ma aa ki i dog Dominic Ongwen. Iwinyo ka en yee ni eneko reya lomuku. Me aryo, nyutu ni kadi bedi Ongwen pe tye ki gin mo ma juku en me waco ni eneko dano, en pwod pe tye agonya ni jo ne onongo reya kadi bedi onongo en tye ka lok ki lamemba me LRA. En ngeyo ni gin ma etimo ni rac. Pe mito waco ne atir. Man oweko en weyo tic ki lok meno pi tyen aryo, i tyen ma okwongo lwongo reya ma guneko ni, ni “luwot wa” ki i tyen me aryo en tiyo ki leb me LRA ma ngene ni, “waya”. Lok meno ki leb Acoli terre ni lamin woru, ento ki i leb me LRA terre ni reya. Abiketo but dwan ma kimako ni odoco wek wuwiny ento kombedi aweko cung manok inge lok pa ngat acel acel.

Ongwen waco bot Otti ni en eaa “pwod kacello luwot wa.”

Otti pe owinyo maber. Dwan ne pe leng. En waco ni: “Ni ngo.”

Ongwen nwoyo ni: “Pwod aa kacello dano.”

Lacen ingeye manok i lok meno, lokke dok dwogo cen i kom dano ma kicello gi ni. Dominic Ongwen onongo obedo kacello lumony? Ku.

Ongwen wake bot Otti: “Wek dano okur winyo waya [reya] ni, wacello gin woko weng.”

Lanyut nyutu ni Dominic Ongwen onongo obedo lanek ki ngat ma butu ki mon tek tek. Dok nyutu ni en otello tella i poto mony ma oballo kwoo pa reya. En obedo ki twero i kit me tic ki lumony ma litino ki bal me butu ki anyira matino i dul ma en loyo.

Kit ma kimake ka kicoye kwede i LRA i mwaka mapol ma okato, gwok twero weko kidwoko pwod ne lapiny manok ka kingolo kop ni lok oloye i kom bal ma kiwaco ni en otimo ni. Ento meno pe twero bedo macalo lok me pyem adot, onyo tyen lok ma weko jami ma en otimo ni pe kikello lokke iwiye, pien en oyero me jollo aranyi me nek ma LRA otiyo kwede ma obedo macalo kit tic gi ma lumony ne gutiyo kwede.

Ludito me Awora,

Jo ma ladit Ongwen otimo bal i kom gin dong gukuru pi kare malac tutwal me neno ni kingolo kop ma atir. Kare dong oromo, wa con, me weko wakel bot gin gin ma opore pi gin. I tek lok pa Lukel Adot, ki pa lanyut ma kibenyutu ikare me pido man, wageno ni wabitimo man kikome. Apwoyo wun pi winya.

Lok dog Lapilida Lakel Adot i Kot me Wilobo pi Bal Maracu (ICC), Fatou Bensouda, i yabbo Pido ikom Dominic Ongwen
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]