Déclaration: 1 avril 2010

Conférence de presse à propos du Kenya, Déclaration du Procureur Moreno-Ocampo, 1<sup>er</sup> avril 2010

Déclaration: 01.04.2010


Conférence de presse à propos du Kenya, Déclaration du Procureur Moreno-Ocampo, 1er avril 2010

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Les juges ont pris leur décision et justice sera rendue au Kenya. Afin de concourir à la prévention de crimes lors des prochaines élections, nous devons agir sans retard, ce que nous ne manquerons pas de faire. Une liste de vingt suspects a été établie sans pour autant être contraignante pour nous. Nous envisageons d’ouvrir au moins deux affaires, chacune mettant en cause une à trois personnes, et nous ciblerons les personnes qui, d’après les éléments de preuve que nous aurons recueillis en toute impartialité, portent la responsabilité la plus lourde. Notre objectif est de réaliser la plus grande partie de l’enquête dans le courant de l’année. Nous présenterons alors notre dossier devant les juges qui rendront leur décision, conformément à la procédure judiciaire.

L’enquête, que nous souhaitons rapide et représentative des crimes commis, visera les personnes portant la responsabilité la plus lourde pour les crimes les plus graves.

Nous envisageons d’ouvrir au moins deux affaires, chacune mettant en cause une à trois personnes, et nous ciblerons les personnes qui, d’après les éléments de preuve que nous aurons recueillis dans le cadre de notre enquête indépendante, portent la responsabilité la plus lourde.

Le Bureau a présenté aux juges une liste préliminaire de vingt personnes exerçant des responsabilités sur la scène politique ou dans le milieu des affaires. Toutes appartiennent au PNU ou à l’ODM ou possèdent des liens avec l’un de ces deux partis politiques. Comme nous l’avions précisé, cette liste a été fournie à titre indicatif et n’engage pas le Bureau.

Il nous reste à recueillir des éléments de preuve avant de pouvoir arrêter nos choix sur les noms des personnes à l’encontre desquelles pourraient être engagées des poursuites. Je précise à cet égard qu’il nous appartient d’enquêter tant à charge qu’à décharge. Par ailleurs, les personnes contre lesquelles pèsent des soupçons peuvent demander à être interrogées par mon Bureau pour donner l’explication qu’ils estiment être la bonne. Nous nous engageons à respecter les droits des suspects.

À présent que l’ouverture de l’enquête a été autorisée, je me rendrai au Kenya en mai pour y rencontrer les victimes des violences et pour visiter certains lieux où se sont déroulés les crimes en question. Je prêterai une oreille attentive aux récits des victimes, je respecterai leurs préoccupations et je demanderai que justice leur soit rendue.

Nous avons l’obligation de protéger chacun de nos témoins et nous nous acquitterons de cette tâche en toute indépendance. Il appartient par ailleurs aux autorités kényanes d’assurer la protection de quiconque prend la parole pour faire triompher la justice.

Nous appelons généralement un nombre limité de témoins à la barre, une trentaine dans les affaires Lubanga et Katanga/Ngdujolo. Une fois encore, nous nous efforcerons de limiter le nombre de témoins appelés à comparaître dans les affaires qui seront ouvertes au Kenya, de sorte à réduire les risques potentiels.

Notre objectif est de réaliser la plus grande partie de l’enquête dans le courant de l’année. Nous présenterons alors notre dossier devant les juges qui rendront leur décision, conformément à la procédure judiciaire.

Nous déterminerons quel est le meilleur moyen de s’assurer de la comparution des suspects devant la Cour. Plusieurs possibilités s’offrent à nous en la matière : nous pouvons demander que soit délivré un mandat d’arrêt, sous scellés ou non, ou encore une citation à comparaître si le suspect souhaite coopérer et accepte de comparaître de son plein gré. Ce sont les juges qui trancheront.

Je souhaite m’engager dans ce processus avec tous les Kényans, quelle que soit la communauté à laquelle ils appartiennent. Cette Cour est là pour les aider. Les responsables kényans représentant les femmes, les jeunes, les tribus ou les sphères judiciaire, politique ou religieuse, ont tous un rôle à jouer. Je veux les comprendre et voir comment mon Bureau et l’ensemble des Kényans peuvent collaborer afin d’empêcher le retour de la violence. Le Kenya s’apprête à célébrer le 50e anniversaire de son indépendance et a l’occasion, historique, de montrer à tous ce qu’un pays peut faire pour venir à bout de cette violence.

Source: Bureau du Procureur