« Si tu as assez de force pour fuir, fuis ! »

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En 2004, Aicha vivait dans un quartier appelé PK12 avec son frère et l’épouse de celui-ci. Un matin, des hommes sont arrivés. Il était très tôt et les gens dormaient encore lorsque ces hommes ont ratissé le quartier, tuant, pillant et violant indistinctement. Une fois chez Aicha, ils ont frappé son frère et lui ont tiré dans les jambes, puis ils ont violé Aicha et la femme de son frère. Aicha raconte avoir été violée par cinq hommes. La famille a ensuite déménagé dans un quartier appelé Combattant pour qu’Aicha puisse commencer une nouvelle vie. Ils ont gardé le secret sur ces événements pour qu’elle puisse se marier. Elle s’est mariée et a fondé une famille.
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La République centrafricaine a connu un regain de violence en 2012. En 2014, Aicha et son mari avaient trois enfants, et elle était enceinte de son quatrième. Le 24 février de cette année-là, des hommes armés sont entrés par effraction chez elle alors que son mari était absent. Elle nous a raconté qu’ils ont menacé de tuer l’un de ses enfants si elle ne les suivait pas. C’est ainsi qu’ils l’ont enlevée et l’ont emmenée dans un bâtiment abandonné où ils lui ont fait subir un interrogatoire. Un des chefs l’a emmenée dans une pièce où il l’a violée et l’a brutalisée en la pénétrant avec une grenade.
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Ils l’ont ensuite emmenée dans un hangar où ils l’ont enfermée en vue de la tuer au matin. Mais l’homme assigné à sa surveillance lui a dit : « Je ne suis pas d’accord. Je laisserai la porte ouverte cette nuit ; si tu as assez de force pour fuir, fuis ! » Aicha a couru en sous-vêtements jusqu’à ce qu’elle atteigne un quartier où habitaient des amies qui se sont occupées d’elle et lui ont donné des vêtements. À cause du viol, elle a fait une fausse-couche. Son mari a appris qu’elle avait été violée et l’a quittée, la laissant avec ses trois enfants. Aicha habite désormais la maison de ses parents. Elle n’a pas revu son mari depuis les événements et ne sait pas où il est.

Photo : Rena Effendi pour la CPI #LaVieApresUnConflit – Témoignages recueillis par l’Unité de la sensibilisation @renaeffendiphoto