Déclaration: 18 Décembre 2019 |

Discours prononcé devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, en application de la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité

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©UN Photo/Eskinder Debebe

Monsieur le Président,

1. Je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de présenter le trentième rapport de mon Bureau sur la situation au Darfour, en application de la résolution 1593 du Conseil.

Monsieur le Président, Excellences,

2. Lorsque j'ai présenté mon précédent rapport devant le Conseil, en juin dernier, j'avais insisté sur le fait que les événements qui s'étaient déroulés un peu plus tôt offraient une occasion unique de traduire enfin en justice les personnes visées par des mandats d'arrêt délivrés par la Cour pénale internationale (la « CPI » ou la « Cour ») dans la situation au Darfour.

3. J'avais exhorté les autorités soudanaises et le Conseil à ne pas manquer cette occasion. J'avais également fait part des espoirs que je nourrissais de voir le Soudan entamer une nouvelle ère de coopération avec mon Bureau, et de manière plus générale, avec la Cour.

4. Aujourd'hui, confortée par les événements qui se sont déroulés au cours des six derniers mois, je renouvèle ces messages en étant davantage persuadée que le Soudan honorera son engagement à rendre justice aux victimes de la situation au Darfour.

Monsieur le Président, Excellences,

5. Au cours des six derniers mois, le Soudan a poursuivi son extraordinaire transition. Le 17 août, la Déclaration constitutionnelle, qui fixe les grands axes politiques des 39 prochains mois, a été signée par le Conseil militaire de transition et les Forces pour la liberté et le changement. Le 21 août, le nouveau Conseil souverain composé de six membres civils et de cinq membres militaires a prêté serment. Peu après, un nouveau Gouvernement, dirigé par le Premier Ministre Abdallah Hamdok, a été formé.

6. Ces changements politiques ont déjà insufflé un certain nombre de changements qui vont dans le bon sens au Darfour. Le premier d'entre eux concerne la Déclaration de Juba, signée le 11 septembre par le Conseil souverain et une coalition de groupes armés du Soudan, notamment du Darfour. Cette déclaration fournit une feuille de route complète pour restaurer la paix sur l'ensemble du territoire soudanais et aboutir à un accord de paix national. Compte tenu du lien de cause à effet qui existe entre la paix, la stabilité et la prévention d'atrocités, il est impératif que toutes les parties s'engagent pleinement à mettre ce plan en œuvre et à mettre un terme aux crimes commis au Darfour.

Monsieur le Président, Excellences,

7. Comme vous le savez, la CPI a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre de cinq personnes dans le cadre de la situation au Darfour, et chacun d'entre eux reste en vigueur, quelle que soit l'évolution de la situation au Soudan.

8. En réponse au précédent rapport que j'ai présenté au Conseil, le représentant du Soudan a confirmé que le parquet soudanais enquêtait sur MM. Omar Al Bashir, Abdel Raheem Hussein et Ahmad Harun. Ils auraient été tous trois placés en détention à Khartoum. On ignore cependant où se trouvent aujourd'hui les deux autres suspects du Darfour, MM. Ali Kushayb et Abdallah Banda.

9. M. Al Bashir a été jugé au Soudan pour des infractions de nature financière. La semaine dernière, le 14 décembre, il aurait été condamné à deux ans de prison. Le procureur soudanais s'est exprimé peu après le prononcé du verdict et a indiqué que M. Al Bashir était actuellement visé dans le cadre d'autres affaires, en lien notamment avec le coup d'État de 1989 qui lui avait permis d'arriver au pouvoir et les crimes contre l'humanité commis au Darfour.

10. Dans mon précédent rapport, j'avais souligné que, conformément au principe fondamental de complémentarité consacré par le Statut, il incombait en premier lieu aux juridictions pénales nationales d'enquêter sur les crimes commis et d'en poursuivre les auteurs. En réponse, le représentant du Soudan avait qualifié de « positive » cette évocation de la complémentarité.

11. Le fait qu'il ait souligné que « [TRADUCTION] lutter contre l'impunité était une noble cause de la justice » et que « [TRADUCTION] cette responsabilité incombait en premier lieu aux institutions judiciaires nationales compétentes » m'a semblé encourageant. Bien que cette position soit pleinement cohérente avec les dispositions du Statut de Rome, le principe de complémentarité garantit que même s'il incombe tout d'abord aux États de traduire en justice les criminels, la compétence de la CPI est engagée si ces États ne font rien, ou s'ils n'ont pas la volonté ou la capacité de véritablement s'acquitter de cette obligation.

12. Dans cette optique, à l'heure actuelle, en dépit des informations relayées récemment par les médias à propos de M. Al Bashir, le Bureau ne dispose d'aucune information concrète qui donnerait à penser que les suspects dans la situation au Darfour font l'objet d'une enquête ou de poursuites à l'échelon national pour le même comportement criminel présumé que celui visé par les mandats d'arrêt délivrés par la CPI.

13. Tant que le Soudan n'aura pas démontré aux juges de la CPI qu'il a la volonté et la capacité de mener des enquêtes et des poursuites véritables à l'encontre des suspects du Darfour pour les crimes qui leur sont reprochés dans les mandats d'arrêt en question, les affaires concernées demeurent recevables devant la CPI.

14. Le Soudan doit veiller à ce que les cinq suspects recherchés par la CPI dans la situation au Darfour soient traduits en justice sans plus attendre, que ce soit devant un tribunal soudanais ou à La Haye. C'est de cette manière que le renvoi de cette situation par le Conseil à mon Bureau pourra donner des résultats tangibles devant une cour de justice pour les victimes que le Conseil a cherché à protéger, et qu'il sera possible de s'orienter vers la résolution de cette situation lié à ce renvoi.

Monsieur le Président, Excellences,

15. En juin, j'ai clairement indiqué que mon Bureau était prêt à entamer un dialogue avec le Soudan. Depuis ce moment-là, j'estime que les déclarations publiques faites par de hauts responsables soudanais sont encourageantes et témoignent clairement de leur détermination à faire appliquer la justice au Soudan.

16. Le Premier Ministre, M. Hamdok, a notamment déclaré, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 27 septembre, que le Soudan était « déterminé à appliquer les principes du droit international et du droit des droits de l'homme, en parallèle des efforts déployés par la justice pour éliminer la discrimination, l'exploitation, l'injustice et les inégalités ». Au début du mois de novembre, M. Hamdok se serait rendu au Darfour, notamment pour visiter des camps de déplacés, où des Darfouriens lui auraient réclamé justice.

17. Le 17 octobre, en réponse au rapport spécial du Président de la Commission de l'Union africaine et du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies sur l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), le représentant soudanais a déclaré devant le Conseil que le Soudan était « un Soudan nouveau qui [avait] rejoint le concert des nations en tant que pays épris de paix, désireux de s'engager dans la coopération internationale et attaché au droit international et à la défense des droits fondamentaux des citoyens ».

18. L'attachement du Soudan au droit international doit inclure les responsabilités qui lui incombent au regard de la Charte des Nations Unies, au titre de laquelle il est tenu de respecter les décisions du Conseil, notamment celle par laquelle la situation relative au Darfour a été déférée à la CPI. Le respect des droits de l'homme et des droits fondamentaux des citoyens soudanais doit quant à lui se traduire par la volonté de présenter devant la justice les responsables des violations graves des droits de l'homme à l'encontre des citoyens soudanais originaires du Darfour, qui sont reprochées dans les mandats d'arrêt délivrés par la CPI.

19. Aujourd'hui, le Soudan a l'occasion de démontrer son attachement au droit international et au respect des droits de homme en s'acquittant de ses obligations au regard de la résolution 1593 du Conseil et en collaborant avec mon Bureau. Je n'ai eu de cesse de répéter que cette coopération était capitale dans le cadre des enquêtes relatives à la situation au Darfour que mon Bureau mène en toute indépendance et impartialité. À cet égard, j'espère très sincèrement que dans un proche avenir, les représentants de mon Bureau pourront être autorisés à se rendre au Soudan afin de faciliter nos activités et de discuter de la manière de procéder.

20. Le Soudan est juridiquement tenu de coopérer avec mon Bureau, conformément à la résolution 1593 du Conseil et à la jurisprudence établie par la Chambre d'appel de la CPI. En coopérant avec cette dernière, le Soudan démontrera clairement au Conseil et à la communauté internationale au sens large qu'il est déterminé à rendre justice aux victimes de la situation au Darfour, et que sa détermination et son engagement déclarés seront suivis dans les faits par des mesures bien visibles et concrètes.

Monsieur le Président, Excellences,

21. En dépit des progrès constatés au Soudan, notamment en ce qui concerne le processus de paix, la criminalité ne recule malheureusement pas au Darfour. Cette situation ne peut plus durer.

22. La situation au Darfour reste en tête des priorités de mon Bureau et je me réjouis d'annoncer que les enquêtes ont progressé à grands pas au cours de la période considérée. En outre, mon équipe continue de surveiller cette situation et, si les circonstances l'exigent, j'enquêterai et j'entamerai des procédures à l'encontre des personnes portant la plus lourde part de responsabilité dans les crimes relevant de la compétence de la Cour commis au Darfour.

23. Les affrontements entre les forces gouvernementales et l'Armée de libération du Soudan (ALS) dirigée par Abdul Wahid al Nur se seraient poursuivis dans la région de Djebel Marra, et auraient fait une soixantaine de victimes parmi la population.

24. Ces affrontements ont malheureusement entraîné le déplacement de plus de 2 300 habitants du Darfour, des femmes et des enfants pour la plupart, et ont aggravé des conditions de vie déjà difficiles à l'intérieur des camps pour près de deux millions de personnes déplacées dans la région.

25. La poursuite des violences sexuelles et à caractère sexiste et des violations graves visant les enfants pendant toute la durée du conflit au Darfour me préoccupe au plus haut point. Depuis juin 2019, la MINUAD a recensé des faits de violences sexuelles et à caractère sexiste contre 17 victimes, dont sept personnes mineures. Elle a également confirmé des cas de violations graves contre 84 enfants, dont 35 filles. Bien que, selon la MINUAD, les auteurs de ces violations graves seraient pour la plupart des membres de factions de l'ALS, des membres des forces d'appui rapide ainsi que d'autres groupes seraient également en cause.

26. En outre, la MINUAD a signalé que, pendant le mois de juillet 2019, des éléments de l'ALS auraient été à l'origine de l'enlèvement temporaire de plusieurs membres du personnel local et international d'organisations non gouvernementales aux alentours de Golo, dans le Djebel Marra, ainsi que du pillage présumé d'équipements humanitaires essentiels.

27. Cet événement préoccupant intervient peu de temps après un épisode que j'avais mentionné au Conseil plus tôt cette année au cours duquel les forces d'appui rapide se seraient emparées de locaux appartenant à la MINUAD. Je me réjouis de constater que cette dernière a reçu l'assurance des autorités soudanaises que toutes ses installations seraient remises aux mains des autorités de l'État du Darfour à des fins sanitaires, éducatives ou autres.

28. Bien consciente de l'importance cruciale de ces fonctions de surveillance en matière de droits de l'homme, je félicite le Conseil d'avoir adopté la résolution 2495, par laquelle il prolonge le mandat de la MINUAD jusqu'au 31 octobre 2020.

29. Dans le discours que j'ai prononcé devant le Conseil en juin 2019, j'avais fait part de ma profonde inquiétude quant à des attaques qui auraient été lancées par les forces de l'ordre soudanaises à l'encontre de civils qui manifestaient pacifiquement à Khartoum le 3 juin. Vous vous souvenez certainement que ces forces étaient prétendument constituées de membres des forces d'appui rapide, dont certains étaient issus de milices janjaouïd associées à des atteintes systématiques aux droits de l'homme dans la région du Darfour entre 2003 et 2008. Plus tard, la nouvelle administration a créé une commission d'enquête pour enquêter sur les atteintes aux droits de l'homme survenues lors de ces attaques. J'espère sincèrement que cette enquête est menée en toute indépendance, impartialité et de façon équitable par les autorités nationales compétentes.

Monsieur le Président, Excellences,

30. En ce qui concerne les récentes activités judiciaires, le 30 octobre 2019, la Chambre de première instance a tenu une conférence de mise en état à huis clos dans l'affaire portée à l'encontre de M. Banda. L'objet de cette conférence était de faire le point sur l'avancement de l'affaire et d'évoquer la suite à donner afin de garantir la présence de M. Banda à son procès. Comme je l'ai indiqué, le mandat d'arrêt dont l'intéressé fait l'objet n'a pas encore exécuté et la Cour est toujours à sa recherche.

31. Au terme de cette conférence de mise en état, la Chambre a présenté plusieurs demandes, notamment pour inviter l'Accusation et la Défense à déposer leurs observations sur la tenue d'un procès par contumace dans le cadre particulier de l'affaire portée contre M. Banda. Ces observations confidentielles ont été déposées le 13 décembre 2019 et les parties attendent désormais des instructions supplémentaires de la Chambre.

Monsieur le Président, Excellences,

32. Je m'en voudrais de ne pas reconnaître en toute sincérité le soutien de principe et la coopération que plusieurs États continuent d'apporter à mon Bureau. Je me réjouis notamment des déclarations faites par des membres du Conseil afin d'encourager le Soudan à coopérer avec mes services. Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre le Soudan et mon Bureau basé sur la volonté de traduire enfin en justice les principaux responsables des atrocités commises contre les Darfouriens. Mon Bureau est déterminé à le faire ; nous espérons que la main tendue aux nouvelles autorités soudanaises permettra d'entamer une coopération fructueuse dans notre quête de justice.

33. Mon Bureau continue également de bénéficier d'un soutien essentiel apporté par diverses organisations et individus attachés à la cause de la justice au Darfour. Je tiens notamment à remercier sincèrement et de tout cœur les groupes de victimes du Darfour. De nombreux hommes et femmes de ces groupes travaillent sans relâche pour veiller à ce que la justice dans cette situation reste une priorité dans la transition que traverse le Soudan. Je suis émue et inspirée par leur force, leur courage et leur détermination.

Monsieur le Président, Excellences,

34. Je vais conclure de la même façon que j'ai commencé, en demandant au Soudan et au Conseil de se mobiliser plus que jamais dans le cadre de la situation au Darfour.

35. Le Soudan poursuit son incroyable transformation. Les engagements que le pays a pris publiquement en faveur du droit international, des droits de l'homme et de la justice internationale ont redonné espoir à ceux qui souhaitent que justice soit faite dans la situation au Darfour. Le Soudan est désormais sur la voie de la paix et de la stabilité. S'il y parvient, la justice rendue aux victimes sera cruciale pour instaurer une paix globale et durable au Darfour.

36. Dans son processus de transition, le Soudan a bénéficié du soutien de ce Conseil et du système onusien, de l'Union africaine et de nombreux États et organisations régionales. Une réunion de principe des différents acteurs doit à présent mobiliser en vue de soutenir et d'encourager pleinement le Soudan dans sa quête de justice au Darfour.

37. En réponse au rapport spécial sur la MINUAD du 17 octobre, le représentant du Soudan a déclaré devant le Conseil que « [TRADUCTION] [l]e Soudan d'aujourd'hui n'a[vait] rien à voir avec celui que le Conseil avait connu ces trois dernières décennies » Ces paroles sont porteuses d'espoir mais il faut attendre qu'elles se traduisent dans les actes.

38. J'invite à présent le Soudan, avec le soutien du Conseil et de toutes les parties prenantes dans la situation au Darfour, à collaborer avec mon Bureau et, ce faisant, à démontrer que le Soudan d'aujourd'hui est fermement déterminé à rendre enfin aux victimes du Darfour la justice qu'elles attendent depuis si longtemps. Comme cette citation intemporelle l'exprime si bien : « [TRADUCTION] [l']arc de l'univers moral est long, mais il penche du côté de la justice ».

39. Nous devons saisir l'occasion qui nous est donnée de prendre des mesures concrètes afin de mettre un terme à l'impunité des auteurs des crimes commis au Darfour. Je réitère aujourd'hui devant vous et les représentants soudanais dans cette auguste institution la volonté de mon Bureau de nouer un dialogue et une coopération avec le Soudan, pour rendre enfin justice aux victimes d'atrocités au Darfour – que ce soit devant un tribunal soudanais ou la CPI.

40. Je vous remercie pour le temps et l'attention que vous m'avez accordés.


Trentieme Rapport du Procureur de la Cour pénale internationale au Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies en Application de la Résolution 1593 (2005)

©UN Photo/Eskinder Debebe

سيدي الرئيس،

1 - أشكركم على إتاحتكم الفرصة لي لكي أقدم التقرير الثلاثين لمكتبي بشأن الحالة في دارفور، عملاً بالقرار 1593.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

2 - في شهر حزيران/يونيه، عندما قدمتُ إحاطتي الأخيرة لهذا المجلس، أكدتُ أن الأحداث الأخيرة في السودان تمثل فرصة فريدة لكفالة أن المشتبه فيهم الذين أصدرت المحكمة الجنائية الدولية (''المحكمة'') أوامر بالقبض عليهم في الحالة في دارفور سيواجهون العدالة أخيراً في محكمة.

3 - وقد حثثتُ السلطات في السودان وهذا المجلس على اغتنام هذا الفرصة. وأعربتُ كذلك عن أملي في أن يبدأ السودان عهداً جديداً من التعاون مع مكتبي، ومع المحكمة بوجه أعم.

4 - واليوم، وقد شجعتني الأحداث التي جرت على مدار الأشهر الستة الماضية، فإني أكررُ تلك الرسائل، ولدي ثقة أكبر في أن السودان سيفي بالتزاماته بتحقيق العدالة للمجني عليهم في الحالة في دارفور.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

5 - في خلال الأشهر الستة الماضية، استمر السودان في انتقاله المدهش. ففي 17 آب/أغسطس، وقع المجلس العسكري الانتقالي وقوى الحرية والتغيير على الإعلان الدستوري، الذي بيّن إطار العمل السياسي للأشهر الـ39 القادمة. وفي 21 آب/أغسطس، أدى المجلس السيادي الجديد اليمين الدستورية، مكوناً من ستة مدنيين وخمسة عسكريين. وبعد ذلك بفترة قصيرة، شُكِّلت حكومة جديدة برئاسة رئيس الوزراء عبد الله حمدوك.

6 - وقد تمخضت هذه التغيرات السياسية فعلاً عن عدد من التطورات الإيجابية في ما يتصل بالحالة في دارفور. ومن أبرزها إعلان جوبا الذي وقعه في 11 أيلول/سبتمبر المجلس السيادي وائتلاف من الجماعات المسلحة في جميع أنحاء السودان، بما في ذلك في دارفور. ويضع ذلك الإعلان خريطة طريق شاملة للسلام في جميع أنحاء السودان، وغايته النهائية هي الوصول إلى اتفاقية سلام وطنية. ونظراً للترابط بين السلام والاستقرار ومنع الجرائم الوحشية، لا بد من التزام جميع الأطراف بهذه المبادرة ولا بد من توقف الجرائم الدائرة في دارفور.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

7 - وكما تعلمون، أصدرت المحكمة أوامر بالقبض على الخمسة المشتبه فيهم في الحالة في دارفور، ولا يزال كل أمر منها سارياً رغم التطورات الجارية في السودان.

8 - واستجابة لتقريري السابق إلى هذا المجلس، أكد ممثل السودان أن النائب العام السوداني يواصل التحقيقات بخصوص السيد عمر البشير والسيد عبد الرحيم حسين والسيد أحمد هارون. ويُعتقد أنهم جميعاً محتجزون في الخرطوم. ولا يُعرف المكان المحدد لوجود المشتبه فيهما الباقيَين في الحالة في دارفور، وهما السيد علي كوشيب والسيد عبد الله بندا.

9 - وقد حوكم السيد البشير في السودان بشأن جرائم مالية. ففي الأسبوع الماضي، في 14 كانون الأوّل/ديسمبر، ورد أنه حُكم عليه بالاحتجاز لمدة عامين. وقد أصدر النائب العام السوداني بياناً بُعيد صدور الحكم أشار فيه إلى وجود عدد من الدعاوى الأخرى المـُقامة على السيد البشير التي لم يُبت فيها، ومن بينها ما يتصل بانقلاب عام 1989 الذي أتى به إلى سدة السلطة وجرائم ضد الإنسانية في دارفور.

10 - وفي تقريري الأخير إلى هذا المجلس، أكدتُ أنه عملاً بمبدأ التكامل، وهو مبدأ جوهري منصوص عليه في نظام روما الأساسي، تضطلع الاختصاصات القضائية الوطنية بالمسؤولية الرئيسية عن التحقيق في الجرائم ومقاضاة مرتكبيها. ورداً على ذلك، لاحظ ممثل السودان هذه الإشارة إلى التكامل، ووصفها بأنها ''إيجابية''.

11 - وقد شجعني أنه أكد أيضاً على أن ''مكافحة الإفلات من العقاب تمثل مقصداً نبيلاً من مقاصد تحقيق العدالة'' وأنها ''تندرج في المقام الأوّل ضمن مسؤوليات الأجهزة القضائية وأجهزة تحقيق العدالة الوطنية المعنية''. ورغم اتساق هذا الموقف اتساقاً كاملاً مع نظام روما الأساسي، فإن مبدأ التكامل يكفل أنه مع اضطلاع الدول بالمسؤولية الرئيسية عن تقديم مرتكبي الجرائم للعدالة، يُفعَّل اختصاص المحكمة في حال عدم اتخاذ الدول أي إجراء أو في حال عدم رغبتها في ممارسة ذلك الواجب حقاً أو عدم قدرتها على ممارسته.

12 - وبوضع ذلك في الاعتبار، وفي ظل الظروف الحالية، ولا سيما التقارير الإعلامية الأخيرة ذات الصلة بالسيد البشير، فإن المكتب ليست لديه أي معلومات ثابتة تشير إلى أن المشتبه فيهم في الحالة في دارفور يخضعون حالياً لتحقيقات في السودان أو يُقاضَون على ذات السلوك الإجرامي المـُدَّعى به في أوامر القبض ذات الصلة التي أصدرتها المحكمة.

13 - وما لم يتمكن السودان من أن يبرهن لقضاة المحكمة على رغبته في التحقيق مع المشتبه في ارتكابهم الجرائم المـُدعاة في دارفور التي وردت في أمر القبض الخاص بكل منهم ويقاضيهم، وعلى قدرته على ذلك حقاً، ولحين حدوث ذلك، ستظل هذه الدعاوى مقبولة أمام المحكمة.

14 - ويجب على السودان أن يكفل تقديم الخمسة الذين تشتبه المحكمة فيهم في الحالة في دارفور إلى العدالة من دون تأخير لا موجب له، سواء في محكمة في السودان أو في لاهاي. وبذلك فإن إحالة هذا المجلس الحالة في دارفور إلى مكتبي ستتمخض أخيراً عن نتائج ملموسة في قاعة المحكمة للمجني عليهم الذين سعى هذا المجلس لحمايتهم، وسيتسنى إحراز تقدم صوب حسم إحالة المجلس الحالة في دارفور إلى المحكمة.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

15 - لقد أوضحتُ في شهر حزيران/يونيه أن مكتبي مستعد للعمل مع السودان. وقد استحثتني البيانات العلنية التي أصدرها منذئذ مسؤولون سودانيون رفيعو المستوى، وهو ما يشير إلى التزام واضح بالمساءلة في السودان.

16 - وجدير بالذكر أن رئيس الوزراء حمدوك أعلن أمام الجمعية العامة للأمم المتحدة في 27 أيلول/سبتمبر أن ''السودان [...] عازم على التمسك بالتزامه بمبادئ القانون الدولي، وحقوق الإنسان الدولية، وكذلك الجهود الرامية إلى استئصال كل أشكال التفرقة والاستغلال والظلم وعدم المساواة.'' وفي أوائل شهر تشرين الثاني/نوفمبر، زار رئيس الوزراء دارفور، حسبما ورد، وشملت زيارته مخيمات للنازحين داخلياً، حيث طالب الدارفوريون بتحقيق العدالة، وفقاً للتقارير.

17 - وفي 17 تشرين الأوّل/أكتوبر، ورداً على التقرير الخاص الذي أصدره رئيس مفوضية الاتحاد الأفريقي والأمين العام للأمم المتحدة بشأن العملية المختلطة للاتحاد الأفريقي والأمم المتحدة في دارفور (''اليوناميد'')، صرح ممثل السودان لهذا المجلس بأن السودان ''سودان جديد أقبل على الأسرة الدولية كقُطر محب للسلام وراغب في التعاون الدولي المشترك وملتزم بالقانون الدولي ومراع لحقوق المواطنة الأساسية.''

18 - إن الالتزام بالقانون الدولي يجب أن يشمل واجبات السودان بموجب ميثاق الأمم المتحدة. والسودان ملزم عملاً بهذا الميثاق بقرارات هذا المجلس، ومن ضمنها قراره بإحالة الحالة في دارفور إلى المحكمة. ويجب أن يشمل احترام حقوق الإنسان الدولية وحقوق المواطنة الأساسية الاستعداد لكفالة المساءلة عن الانتهاكات الجسيمة لحقوق الإنسان التي ارتُكبت ضد مواطني السودان الدارفوريين، وفقاً لما ادُّعي به في أوامر القبض التي أصدرتها المحكمة.

19 - والسودان لديه الآن فرصة ليبرهن على هذا الالتزام بالقانون الدولي وعلى احترام حقوق الإنسان الدولية، وذلك بالوفاء بالتزاماته المتأتية عن القرار 1593 وبالعمل مع مكتبي. وقد أكدتُ باستمرار على ضرورة هذا التعاون للتحقيقات المستقلة والحيادية التي يجريها المكتب في الحالة في دارفور. وفي هذا الخصوص، يحدوني أمل صادق في أن يُسمح لمكتبي في المستقبل القريب بدخول السودان لتسهيل عملنا ولمناقشة الخطوات المقبلة.

20 - ويتحمل السودان واجباً قانونياً بالتعاون مع مكتبي، عملاً بالقرار 1593 الصادر عن هذا المجلس وبالسوابق القضائية لدائرة الاستئناف بالمحكمة. وسوف يبرهن التعاون مع المحكمة بوضوح لهذا المجلس وللمجتمع الدولي عموماً على أن السودان ملتزم بتحقيق العدالة للمجني عليهم في الحالة في دارفور، وأنه أوفى بالتزاماته وضماناته المعلنة بخطوات واضحة وعملية.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

21 - رغم التطورات الإيجابية في السودان، والتي تشمل تطورات تتصل بعملية السلام، فإن الجرائم تتواصل في دارفور للأسف. ويجب أن تتوقف هذه الجرائم.

22 - ولا تزال الحالة في دارفور تمثل أولوية لمكتبي، ويسعدني أن أفيدكم بإحراز تقدم كبير في التحقيقات في أثناء الفترة المشمولة بالتقرير. وبالإضافة إلى ذلك، يواصل فريقي رصد الأحداث في دارفور، وسأجري تحقيقات بشأن أولئك الذين يتحملون القسط الأكبر من المسؤولية عن الجرائم في دارفور التي تدخل في اختصاص المحكمة وفقاً لما تقتضيه الظروف وسأقاضيهم حسبما هو مناسب.

23 - وقد أوردت التقارير استمرار الاشتباكات بين قوات الحكومة وجيش تحرير السودان - جناح عبد الواحد النور في منطقة جبل مرة، مما أسفر عن سقوط 60 من المدنيين تقريباً.

24 - وللأسف، أدى هذا القتال أيضاً إلى نزوح أكثر من 300 2 شخص في دارفور، معظمهم من النساء والأطفال، وفاقم من الظروف المعيشية الغير مستقرة أصلاً في المخيمات لما يقرب من مليونين من النازحين داخلياً في المنطقة.

25 - ويساورني قلق شديد بسبب تواصل العنف الجنسي والقائم على أساس نوع الجنس، وكذلك الانتهاكات الخطيرة للأطفال، في دارفور طوال هذا النزاع المسلح الدائر. ومنذ حزيران/يونيه 2019، ورد في تقارير اليوناميد ارتكاب أعمال عنف جنسي وقائم على أساس نوع الجنس ضد 17 من المجني عليهم، من بينهم سبعة قُصَّر، وانتهاكات خطيرة ضد 84 طفل، من بينهم 35 فتاة. ورغم أن اليوناميد حدد معظم مرتكبي هذه الفظائع وهم من مقاتلي جيش تحرير السودان - جناح عبد الواحد، فقد لاحظوا أيضاً انتهاكات ارتكبتها جماعات أخرى من بينها قوات الدعم السريع.

26 - ويضاف إلى ذلك أنه في خلال شهر تموز/يوليه 2019، ورد في تقارير اليوناميد أن عناصر من جيش تحرير السودان - جناح عبد الواحد كانوا مسؤولين عن اختطاف العديد من الموظفين المحليين والدوليين التابعين لمنظمات غير حكومية دولية حول غولو في جبل مرة لفترة قصيرة، وعن نهب معدات إنسانية ضرورية.

27 - وقد جاء هذا الحادث المقلق بُعيد الادعاء باستيلاء قوات الدعم السريع على منشئات لليوناميد، وهو ما ذكرتُه للمجلس في وقت سابق من هذا العام. ويسعدني أن أذكر أن اليوناميد قد أفادت مؤخراً بأن السلطات السودانية قدمت لها ضمانات بأن هذه المنشئات ستسلم لولاية دارفور لكي تستخدم في مجالات الصحة والتعليم والخدمات الأخرى.

28 - وإني لأضع في اعتباري هذه المهام الضرورية المتمثلة في مراقبة حقوق الإنسان وأنا أثني على المجلس لاعتماده قرار مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة 2495 الخاص بتمديد ولاية اليوناميد إلى 31 تشرين الأوّل/أكتوبر 2020.

29 - وفي بياني أمام المجلس في شهر حزيران/يونيه، أعربتُ أيضاً عن قلقي العميق إزاء الهجمات التي ادُّعي بأن قوات حكومية شنّتها على متظاهرين سلميين بالخرطوم في 3 حزيران/يونيه. وكما تذكرون، يُدّعى بأن هذه القوات الحكومية شملت قوات الدعم السريع، التي من بين أعضائها ميليشيات سابقة من الجنجويد مرتبطة بانتهاكات منهجية لحقوق الإنسان في إقليم دارفور في الفترة من 2003 إلى 2008. ولذلك أنشأت الإدارة الجديدة لجنة لتقصي الحقائق من أجل التحقيق في انتهاكات حقوق الإنسان التي وقعت في أثناء هذه الهجمات. وأعربُ عن أملي الصادق في أن تجري السلطات المحلية المختصة ذلك التحقيق باستقلالية وحيادية وعدل.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

30 - بالنسبة للأنشطة القضائية الأخيرة، في 30 تشرين الأوّل/أكتوبر 2019، عقدت الدائرة الابتدائية جلسة سرية لاستعراض حال الدعوى المـُقامة على السيد بندا. وكان الغرض من ذلك هو مناقشة حال الدعوى والخطوات التي ستُتخذ في المستقبل لكفالة مثول السيد بندا من أجل محاكمته. وكما ذكرتُ، فإن أمر القبض على السيد بندا لم يُنفَّذ ولا يزال هارباً من المحكمة.

31 - وبعد جلسة استعراض الحال تلك، أصدرت الدائرة عدة طلبات، منها أن يقدم الادعاء والدفاع دفوعاً بشأن موقف كل منهما إزاء عقد محاكمات غيابية في ظل الظروف المحددة للدعوى المـُقامة على السيد بندا. وقد أُودعت تلك الدفوع السرية في 13 كانون الأوّل/ديسمبر 2019، وينتظر الأطراف الآن التوجيهات المقبلة من الدائرة.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

32 - سأكون مقصرة إن لم أعرب عن خالص امتناني لعدد من الدول التي ما فتئت تدعم مكتبي وتتعاون معه استناداً إلى مبادئها. وأرحبُ على وجه الخصوص بالبيانات العلنية التي أصدرها أعضاء من هذا المجلس تشجيعاً للسودان على التعاون مع مكتبي. فقد حان الوقت لفتح صفحة جديدة في علاقة السودان بمكتبي تستمد جذورها من الالتزام بتقديم أولئك الذين يتحملون القسط الأكبر من المسؤولية عن الجرائم الوحشية التي ارتُكبت ضد أهل دارفور للعدالة أخيراً. ومكتبي على استعداد للقيام بذلك وراغب في القيام به، ونأمل أن تلقى يدنا التي مددناها بالتعاون في إطار السعي لإقامة العدالة تجاوباً من السلطات الجديدة في السودان.

33 - ويواصل مكتبي أيضاً الاستفادة من تعاون منظمات مختلفة وأفراد شتى ملتزمين بقضية العدالة في دارفور، وهو تعاون لا غنى عنه. وأعربُ على وجه الخصوص لجماعات المجني عليهم في دارفور عن تقديري الصادق والخالص. فالكثير من النساء والرجال الشجعان في هذه الجماعات يعملون بلا كلل لضمان أن تبقى العدالة في دارفور أمراً حيوياً في الانتقال الذي يمر به السودان. وإني لأتضاءل أمام قوتكم وشجاعتكم وعزيمتكم وأستلهم منها.

سيدي الرئيس، أصحاب السعادة،

34 - سأنتهي من حيث بدأتُ، مطالِبة بإعادة تنشيط الدعم للسودان ولهذا المجلس والعمل معهما في إطار الحالة في دارفور.

35 - ويواصل السودان رحلته الاستثنائية، وقد جددت التزاماته التي قطعها علناً بالقانون الدولي وحقوق الإنسان الدولية والعدالة التوقعات بالمساءلة في الحالة في دارفور. إن السودان يسلك الآن درباً صوب مزيد من السلام والاستقرار. ولو تسنى ذلك، فسيكون تحقيق العدالة للمجني عليهم لازماً من أجل السلام الشامل والدائم في دارفور.

36 - لقد استفاد السودان في عمليته الانتقالية من دعم هذا المجلس ومنظومة الأمم المتحدة والاتحاد الأفريقي ودول ومنظمات إقليمية عديدة. ولا بد الآن من حشد تكتل يستند إلى المبادئ من أجل تأييد السودان وتشجيعه بقوة في سعيه لتحقيق العدالة في دارفور.

37 - وقد صرح ممثل السودان لهذا المجلس، رداً على التقرير الخاص بشأن اليوناميد الصادر في 17 تشرين الأوّل/أكتوبر، قائلاً: ''إن السودان اليوم ليس السودان الذي عرفتموه خلال العقود الثلاثة الماضية''. وهذا كلام يُرجى خيره، وينبغي أن يتحول إلى أفعال.

38 - إني أدعو السودان الآن، بدعم من هذا المجلس، وجميع الشركاء في الحالة في دارفور، إلى العمل مع مكتبي، وسيبرهن ذلك على أن السودان اليوم يلتزم التزاماً لا لبس فيه بتحقيق العدالة للمجني عليهم في دارفور بعد طول انتظار. وكما قال القائل بكلمات خالدة تفيض بلاغة: ''إن الأخلاق وإن على سنامها ستظل العدالة مرامها''.

39 - ولا بد من أن نغتنم الفرصة الآن لأن نخطو خطوات ثابتة صوب وضع حد للإفلات من العقاب على الجرائم المـُدّعى بارتكابها في دارفور. وأكرر اليوم أمامكم وأمام ممثلي السودان في هذا المجلس المهيب أن مكتبي مستعد للانخراط في الحوار مع السودان والتعاون معه من أجل كفالة تحقيق العدالة أخيراً للمجني عليهم جراء الجرائم الوحشية في دارفور – سواء في محكمة بالسودان أو بالمحكمة الجنائية الدولية.

40 – أشكركم على الوقت الذي خصصتموه لي وعلى إصغائكم.


بيان إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في دارفور، عملاً بقرار المجلس 1593 (2005)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]