Déclaration: 26 janvier 2023 |

Déclaration du Procureur de la CPI, Karim A. A. Khan KC, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies à propos de la situation au Darfour, en application de la résolution 1593 (2005)

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Statement of ICC Prosecutor, Karim A. A. Khan KC, to the United Nations Security Council on the Situation in Darfur, pursuant to Resolution 1593 (2005)

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil, c’est un grand plaisir de pouvoir vous informer à nouveau de la situation au Darfour. Je tiens également à remercier personnellement de sa présence le Représentant permanent du Soudan auprès des Nations Unies, M. Idriss Al-Harith, avec qui j’ai eu le plaisir, Monsieur le Président, de pouvoir discuter de diverses questions en amont de mon intervention devant vous.

Lors de mon dernier exposé au Conseil, qui a eu lieu il y a quelques mois et pour la première fois depuis Khartoum, j’ai été très franc en ce qui concerne les attentes et les espoirs du peuple soudanais. Je vous ai fait part de son désir, de son aspiration à la justice et j’ai tracé la voie à suivre pour faire en sorte que mon Bureau et la communauté internationale dans son ensemble, s’acquittent de leurs obligations envers lui. Nous devons être dignes de la confiance que les habitants du Darfour expriment si chaleureusement chaque fois que nous les rencontrons au Soudan ou ailleurs dans le monde. C’est pourquoi mon Bureau s’est efforcé d’enquêter plus activement et de manière toujours plus ciblée sur la responsabilité des accusés.

Pour respecter la promesse que je leur ai faite, j’ai fixé de nouveaux jalons qui doivent nous permettre d’évaluer les progrès accomplis et de mesurer le chemin restant à parcourir en ce qui concerne la mise en œuvre de la résolution 1593.

J’ai le plaisir de vous annoncer que des progrès significatifs ont été accomplis, si l’on en juge, au-delà de la simple rhétorique ou des mots, par le nombre de témoins entendus, de dépositions faites par des survivants, qui ont été héroïques, et de témoins qui se sont présentés devant la Cour pour faire le récit de ce qu’ils ont vécu.

Le procès de M. Abd-Al-Rahman, également connu sous le nom de M. Ali Kushayb, a en effet progressé rapidement au cours des huit derniers mois, depuis son ouverture. Pendant les 78 jours d’audience, 50 témoins ont été entendus par la Cour, qui a également examiné de nombreux éléments de preuve documentaires. Leurs témoignages sont venus confirmer les récits poignants des victimes et des survivants de la tragédie qui vous ont contraints, vous, honorables membres du Conseil, à saisir la Cour pénale internationale il y a près de 20 ans. 

Ces témoins ont eu la possibilité d’être confrontés à l’accusé, de voir leurs récits entendus par des juges indépendants et impartiaux, qui seront appelés, à l’issue de l’examen qu’ils auront fait du dossier, à déterminer ce qui s’est passé et si l’accusé est coupable des faits qui lui sont reprochés. Je ne peux, encore une fois, que saluer, Monsieur le Président, l’héroïsme, la persévérance et la détermination des survivants qui ont témoigné dans cette affaire. Par le courage et la ténacité dont ils ont fait preuve, contre vents et marées, ils nous offrent, à l’instar de bien d’autres victimes de par le monde, une véritable leçon d’humilité. En dépit de ce qu’ils ont enduré, ils représentent, d’une certaine manière, ce qu’il y a de mieux en nous, le triomphe de l’espoir face à l’horreur et à la tragédie qu’ils ont vécus. Nous devons nous en inspirer et ne pas en sous-estimer la valeur ou l’impact. Les récits que nous avons entendus venaient de personnes qui pourraient être nos mères et nos pères, nos frères et nos sœurs ou nos enfants. Ils relataient les profondes souffrances causées par la perte d’un membre de leur famille, de leurs camarades d’école, le déplacement forcé ayant entraîné l’abandon de leur foyer, l’impossibilité pour les enfants d’aller à l’école, et les années extrêmement difficiles, nous ne parlons pas de mois, mais d’années, de décennies, qu’ils ont endurées soit dans leur propre pays, dans des camps de réfugiés en tant que personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, soit dans des pays voisins, soit dans les autres pays du monde où ils ont cherché refuge.

La Cour a également pu mesurer, Monsieur le Président, l’opprobre subi par les victimes de violences sexuelles et liées au genre, et par les enfants qui en ont été les victimes. Malgré ces récits pour le moins effrayants, à aucun moment nous n’avons eu le sentiment que la flamme de l’espoir s’était éteinte. Nous avons entendu l’espérance vibrer dans la bouche des témoins. Et si vous le permettez, je vais en donner un exemple à la Cour, qui figure dans le rapport. Les témoignages les plus éloquents étaient ceux des victimes qui ont vécu la perte que j’ai décrite. Interrogée à ce sujet, l’une d’entre elles a déclaré, ainsi qu’il ressort du procès-verbal de l’audience : « Nous devons connaître leur histoire. Nous devons savoir ce qu’elles disent sur ceux qui ont tué les membres de leur famille, qui les ont déplacées, qui ont emporté leurs biens, qui ont saisi leur bétail. Aucune personne, pas même une centaine de personnes, ne peut le décrire suffisamment. Nous devons dire aux victimes et leur montrer qu’il y a une justice en ce bas monde. »

C’est cette prière, Monsieur le Président, c’est cet espoir, c’est cet impératif qui ont contraint le Conseil à saisir la Cour. Cette saisine n’avait rien de politique ; elle n’a été dictée, à mon humble avis, que par des considérations d’humanité, et la nécessité pour le Conseil de s’acquitter de ses obligations en vertu de la Charte. Je suis heureux de pouvoir dire aujourd’hui que le procès avance rapidement et que l’Accusation prévoit de finir la présentation de ses moyens à charge d’ici la fin du mois de février. 

Ainsi que je l’ai indiqué dans mon rapport, le rythme de ce procès en fait le procès le plus efficace à ce jour depuis la création de la CPI. Cela s’explique par la présentation ciblée des éléments de preuve, les accords conclus, chaque fois que cela était possible, entre l’Accusation et la Défense, et il me parait normal de le reconnaître, une excellente gestion de l’audience de la part des juges de la Cour, et le travail consciencieux accompli par le Greffe dont les membres, souvent invisibles, jouent un rôle essentiel dans la comparution des témoins devant la Cour, le respect des règles de procédure, la gestion des interprètes, des traducteurs et des sténographes. Nous avons donc, avant même la fin du procès, toutes les raisons d’être fiers du travail accompli par les organes de la Cour, par les représentants des victimes et par la défense dans d’autres affaires, et nous devons nous en inspirer.

Cinq mois après ma dernière visite au Darfour, il me paraît juste de dire que le Bureau que j’ai l’honneur de diriger s’est employé avec une énergie sincère à tenir les promesses que j’ai faites aux communautés que j’ai pu regarder en face et écouter et avec lesquelles j’ai eu le privilège d’échanger. L’ensemble des mesures qui ont été prises, le déploiement ciblé de ressources supplémentaires, les actions mises en œuvre pour obtenir davantage d’informations nous ont permis, je crois, de faire en sorte que l’urgence que nous avons ressentie si vivement dans les camps de personnes déplacées au Darfour soit prise en compte dans les activités menées par mon Bureau à La Haye.

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Statement of ICC Prosecutor, Karim A. A. Khan KC, to the United Nations Security Council on the Situation in Darfur, pursuant to Resolution 1593 (2005)

Reste, Monsieur le Président, une partie importante, une partie essentielle, de notre travail collectif qui doit être abordée. Ainsi que je l’ai rappelé dans mon rapport, il va de soi que la coopération du gouvernement soudanais est essentielle si nous voulons répondre aux besoins de la population du Darfour. La triste vérité, et cela me peine de le dire, est que le gouvernement soudanais ne se conforme pas à ses obligations en matière de coopération telles qu’elles ont été définies par ce Conseil dans la résolution 1593 prise en application du chapitre 7 de la Charte, il y a de cela bien longtemps, en 2005.

Nombre de promesses qui m’ont été faites, d’accords de coopération signés, d’engagements pris par les plus hauts responsables du pays lors de ma dernière visite, que ce soit en personne ou dans des mémorandums d’accord, n’ont pas été honorés. Au demeurant, je ne peux que constater que la coopération avec les autorités soudanaises s’est détériorée, et non améliorée, depuis mon dernier exposé. J’ai tenté dans mon rapport d’exposer le plus honnêtement et le plus fidèlement possible l’écart regrettable qui existe entre les paroles et les actes du gouvernement soudanais. Malgré les engagements pris lors de ma visite au Soudan, l’entrée sur le territoire soudanais est devenue plus difficile. De nouvelles exigences administratives ont été instaurées qui font de l’obtention de visas à entrée unique un véritable parcours du combattant et les promesses qui m’ont été faites concernant la délivrance de visas à entrées multiples n’ont pas été tenues. Malheureusement, les difficultés ne s’arrêtent pas là, car même lorsque nous parvenons à obtenir un visa à entrée unique limité dans le temps, il nous faut une autorisation pour pouvoir nous déplacer à l’intérieur du pays et nous rendre, par exemple, au Darfour. Les autorités soudanaises ayant décidé de ne pas octroyer ces autorisations au préalable, les équipes déployées sur le terrain doivent attendre au Darfour avant de pouvoir faire leur travail. La raison pour laquelle je considère qu’il est important que nous puissions accéder au territoire est que nous avons une tâche à accomplir et nous ferons tout ce qu’il faut pour y parvenir. Les équipes internationales peuvent patienter dans des hôtels de Khartoum en attendant d’obtenir des autorisations de voyage, mais il n’en va pas de même pour les enfants, les femmes et les hommes qui attendent dans les camps de réfugiés que justice soit rendue. C'est sur leur attente, et non sur la mienne, que je me concentre.

L’accès aux informations et aux témoins reste limité et il est très difficile de pouvoir consulter des documents qui sont censés être publics, notamment les archives nationales. Au cours de la période considérée, soit les six derniers mois, aucune demande d’assistance n’a malheureusement été exécutée par le gouvernement soudanais. Plus de 34 restent en suspens, et je reste en attente de l’approbation officielle de ce qui m'a été promis oralement et qui figure dans un mémorandum d’accord que nous avons signé avec le gouvernement soudanais, à savoir la possibilité pour nous d’établir un bureau à Khartoum.

Monsieur le Président, peut-être s’agit-il simplement d’un problème administratif, d'un dysfonctionnement et qu’il ne faut y voir aucune tentative d’obstruction. Le temps nous le dira, mais une chose est sûre : la situation ne va pas en s’améliorant. Elle n’a cessé de se dégrader mais rien n’empêche qu’elle redevienne ce qu’elle était s’il existe une volonté de la part des autorités soudanaises de coopérer et de respecter leurs obligations internationales en vertu de la résolution 1593.  

Monsieur le Président, un changement d’attitude doit, à mon humble avis, être exigé de la part des responsables soudanais en exercice ou qui l’ont été. Il en va de l’autorité et de la crédibilité, non pas seulement de la Cour pénale internationale ou du Bureau que je dirige, mais également de ce Conseil. Les décisions qui sont prises et les obligations qui sont imposées par ce Conseil peuvent-elles être ignorées ? Un État ou une autorité peuvent-ils faire un pied de nez à la volonté du Conseil de sécurité ? Si la réponse à ces questions est oui, quel espoir y a-t-il ? Si la réponse est non, quelles décisions peuvent être prises par les États membres ou ce Conseil pour favoriser la mise en œuvre et le respect des obligations internationales ? En l’absence de volonté claire de la part du gouvernement soudanais de coopérer au cours de la prochaine période, et je suis conscient qu’il s’agit d’une question sensible au Soudan, qui a connu de nombreuses difficultés par le passé et que nous nous efforçons d’aider dans sa transition afin de garantir, et non de saper, la paix, la sécurité et la stabilité, il me faudra, au regard de mes obligations en vertu du Statut, agir.

Depuis 2005, aucun procès n’a eu lieu au Soudan devant les juridictions nationales malgré les allégations de déplacement de centaines de milliers de personnes, de destruction de biens et de viol, d’actes ciblant des enfants et des civils, qui ont été formulées dans la salle d’audience et à de nombreuses autres occasions. Si cette situation devait perdurer, je n’aurai peut-être pas d’autre choix dans le prochain rapport que de recommander aux États membres de prendre des mesures supplémentaires au cours de la prochaine période. Je suis ouvert à la discussion. Je suis vraiment ouvert, et je l’ai rappelé à son Excellence hier, à la mise en œuvre d’approches innovantes en matière de partenariats et à la poursuite des échanges avec l’Union africaine et avec le Soudan. Mais il nous faut agir, car les partenariats nécessitent que chacun prenne sa part. Comme le dit le vieux dicton anglais : « Il faut être deux pour danser le tango ». Il serait vain d’agir seuls. Et si nous le faisons, nous ne parviendrons pas à l’objectif que nous nous sommes fixés de connaître la vérité.

Nous ne pouvons pas permettre à ceux qui souhaitent que les responsables ne soient pas jugés de jouer la montre. C’est ce que j’ai exprimé à Khartoum et lors des discussions que j’ai eues hier et à d’autres occasions. J’espère sincèrement que nous pourrons collaborer avec le gouvernement soudanais, que celui-ci saisira cette occasion dans son propre intérêt, pour son image sur la scène internationale, dans l'intérêt du peuple qu’il représente et de son avenir, et qu’il soutiendra le plan d’action que j'ai présenté en vue de lutter contre l’impunité, qui ne peut être que bénéfique pour la justice internationale et, à mon avis, pour le pays.

Quoi qu’il en soit, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que ceux qui cherchent à entraver le travail de la Cour en ne coopérant pas, ne puissent parvenir à leurs fins. C’est pourquoi nous avons essayé, dans toute la mesure de nos moyens, de créer de nouveaux partenariats. Nous nous sommes adressés à des États tiers, à des organisations internationales, afin de pouvoir disposer de preuves provenant d’autres sources. Et je suis heureux de constater qu’au cours de la dernière période considérée, nous avons considérablement renforcé cette coopération, qui commence à porter ses fruits. L’innovation, les nouvelles approches adoptées nous ont permis de recueillir de nouveaux éléments de preuve concernant certaines personnes faisant l’objet de mandats d’arrêt.

Mais nous devons faire plus. Il est essentiel de faire plus. Je pense que le moins que nous puissions faire est de remercier les États qui nous ont aidés pendant cette période. L’humanité doit être notre seul moteur. Les dissensions qui peuvent exister au sein du Conseil ou dont nous sommes les témoins sur le plan international ne peuvent remettre en cause cet objectif. Il ne s’agit pas de politique, mais simplement d’humanité. Il est possible, comme je l’espère, de nous frayer un chemin à travers le maquis de la désinformation afin de nous acquitter de nos obligations en matière de recherche de la vérité, mais aussi d’établir une feuille de route me permettant de m’acquitter de mes obligations en vertu du Statut, mais aussi envers le Conseil, et de trouver un moyen de clore la situation. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, ces Situations ne peuvent pas être des histoires sans fin.

Au cours de la période visée par le rapport, nous avons mené un processus complet de cartographie avec un certain nombre d’États tiers, qui sera, j’en suis sûr, déterminant ; j’espère pouvoir en dire plus lors de mon prochain exposé au Conseil. Je souhaite, outre informer les États, les organisations internationales et les partenaires qui se sont efforcés d’être du côté de l’humanité et de la justice, souligner que les contributions les plus précieuses viennent parfois de ceux qui se dévouent corps et âme à titre bénévole. Et à cet égard, je tiens à féliciter ma conseillère spéciale pour le Darfour, qui est assise derrière moi, Mme Amal Clooney, pour son dévouement à la cause de la justice. Ce n’est pas anodin. Cela prouve que lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons changer les choses. Mais nous devons travailler ensemble. Nous devons nous réunir, au-delà des clivages politiques, pour faire en sorte, qu’à l’issue d’un processus indépendant et impartial, la vérité triomphe.

Lors de ma prochaine intervention devant le Conseil, Monsieur le Président, j’espère pouvoir faire état d’une nouvelle impulsion, d’une nouvelle dynamique commune entre mon Bureau et les autorités soudanaises pour mettre en œuvre le mandat qui nous a été confié par ce Conseil, comme le gouvernement soudanais s’y était engagé lors de mes précédentes visites. Mais indépendamment de cette coopération, je suis convaincu de pouvoir faire état de nouveaux progrès réalisés dans les procès en cours. J’espère également que de nouvelles voies auront été tracées pour renforcer la lutte contre l’impunité.

La question n’est pas de savoir si nous pouvons le faire, mais comment nous pouvons le faire. Je pense que, grâce à l’adoption de la nouvelle stratégie, à de nouvelles ressources, à un travail d’enquête plus consciencieux, nous pouvons faire en sorte que des pas vers la justice continuent d’être faits. La question qui se pose est peut-être de savoir si nous pouvons y parvenir, si nous pouvons y parvenir dans le cadre de collaborations, dans le cadre d’une coopération pleine et entière, ou non, avec le gouvernement soudanais. Et j’espère sincèrement, en mon nom et au nom du Bureau, qu’il deviendra un partenaire précieux prêt à travailler avec nous, à rendre la justice d’une manière qui nous permettra de regarder les victimes en face et de leur dire : « Il y a eu justice, vos vies comptent, ce que vous avez vécu compte pour tous les membres du Conseil ». Et nous pourrons aussi clore la situation, dissiper les nuages qui planent sur le Soudan, afin qu’il puisse accomplir son destin, en répondant aux aspirations de tous ses citoyens, sans être encombré par le fardeau du passé qu’il portera jusqu'à ce que justice soit rendue.

Les victimes et les survivants ne doivent jamais être loin de nos pensées. Nous ne devons pas les oublier. Si le Conseil pouvait voir les visages des enfants qui pour certains jouent avec des ballons de football dégonflés, pour d’autres portent des vêtements qui ont peut-être été portés par plusieurs générations, de leurs parents qui sont eux-mêmes nés dans ces camps, et les nombreuses difficultés auxquelles ils sont confrontés. Je pense que nous nous rendrons compte qu’il est temps de laisser de côté les discours habituels, que l’influence et l’autorité dont ce Conseil continue de jouir doivent nous conduire à assumer nos responsabilités d’une manière dont nous pouvons être fiers.

Depuis ma prise de fonction, il y a environ un an et demi, je n’ai cessé, avec mes adjoints et le personnel du Bureau, avec une détermination ferme et une volonté franche, de réformer, de restructurer, d’améliorer les processus et les fonctions de mon Bureau, pour y injecter plus de professionnalisme, afin de mieux m’acquitter de mes obligations en vertu du Statut de Rome.

Peut-être le moment est-il venu, peut-être est-il temps que le gouvernement soudanais fasse preuve de la même détermination et crée les conditions pour permettre que la coopération avec mon Bureau soit celle qui est exigée par le droit international en vertu de la résolution 1593. Car comme je l’ai dit, les juges jugeront les faits qui leur sont présentés dans la salle d’audience, pour le reste c’est l’histoire qui nous jugera.

Je vous remercie de m’avoir écouté.

السيد الرئيس، الأعضاء الموقرين لمجلس الأمن، إنه لمن دواعي سروري البالغ أن أحظى بفرصة إحاطتكم مجددا بشأن الحالة في دارفور. وأود أيضا أن أعرب عن امتناني الشخصي للسفير إدريس الحارث – الممثل الدائم للسودان – لحضوره اليوم، وقد سعدتُ، يا سيادة الرئيس، بالجلوس معه بالأمس حيث ناقشنا مواضيع معينة قبل الإحاطة اليوم.

وفي إحاطتي الأخيرة للمجلس منذ عدة أشهر، التي قدمتُها من الخرطوم للأول مرة، كنتُ صريحا جدا بخصوص توقعات شعب السودان وآماله. وبيّنتُ توقهم إلى العدالة وتعطشهم لها، ووضعتُ مسارا على أمل مساعدة مكتبنا والمجتمع الدولي على الوفاء بمسؤولياتنا تجاههم. وقد حاولنا الوفاء بتلك المسؤوليات بإجراء تحقيقات مركزة أكثر من أي وقت مضى، مع تحركات مقصودة ومدروسة لكي نكون أهلا للثقة التي يجود أهل دارفور علينا بها كلما التقينا بهم في السودان أو في أي مكان في الدنيا في هذا الخصوص.

وللوفاء بذلك الوعد، حددتُ في التقرير السابق مقاييس من شأنها أن تساعد على تحديد موضعنا ووجهتنا إزاء تنفيذ القرار 1593.

ويسعدني أن أبلغكم أننا قطعنا أشواطا كبيرة في تقدمنا، وذلك لا يقاس بالعبارات الرنانة ولا بالكلمات المجردة، وإنما بمؤشرات قابلة للقياس من حيث عدد الشهود الذين استمعنا لهم والشهادات التي أدلى بها الناجون الأبطال، وكذلك الشهود الذين تسنى لهم المثول أمام المحكمة والإدلاء بأقوالهم.

إن محاكمة السيد عبد الرحمن – المعروف أيضا باسم علي كوشيب – أحرزت تقدما سريعا فعلا على مدى الأشهر الثمانية الفائتة منذ افتتاح المحاكمة. وعلى مدى 78 يوما من انعقاد الجلسات، استمعت المحكمة الجنائية الدولية إلى 50 شاهدا، وعُرض الكثير من الوثائق الثبوتية بالطبع. وقد أحيت شهاداتهم القصص المفجعة التي كابدها المجني عليهم والناجون والتي اضطرتكم في هذا المجلس الموقر إلى إحالة الأمر إلى المحكمة الجنائية الدولية منذ قرابة عشرين سنة.

لقد ظفر هؤلاء الشهود بالفرصة لمواجهة المتهم؛ وأن تتمحص رواياتهم للأحداث أمام قضاة مستقلون ومحايدون، فأوجدوا سابقة من شأنها أن تمهد الطريق لإصدار قرار عند تمام الإجراءات بشأن ما حدث وما إذا كان المتهم مسؤولا أم لا. وسأظل أشيد بلا كلل، يا سيدي الرئيس، بما أظهره الناجون الذين أدلوا بشهاداتهم في هذه الدعوى تحديدا من البطولة والإصرار والتفاني. إن ما أبانوا عنه من شجاعة وإصرار حيال كل ما واجهوه من صعاب ليدعوني للتواضع حقا. ونحن نرى ذلك في المجني عليهم في مناطق كثيرة من العالم. فبشكل ما، ورغم ما كابدوه، فإنهم يظهرون أفضل ما لدى الإنسان، وانتصار الأمل على تجاربهم المريرة، البؤس الذي جربوه. وهو أمر ينبغي أن نأخذه على محمل الجد وألا نعدّه بلا قيمة أو بلا أثر. إن القصص التي سردوها إنما تظهر تجارب أناس لربما كان آباؤنا أو أمهاتنا أو إخواننا أو أخواتنا أو أطفالنا في مواضعهم. إنها لمعاناة حقيقية، بل هي أسوأ معاناة: فقدان الأقرباء وأصحاب الدراسة والنزوح من البيوت وتعطيل تعليم الأطفال والسنوات الشاقة للغاية، الصعبة للغاية، لم تكن شهورا وإنما سنوات، بل عقود، تحملوها إما في وطنهم في مخيمات اللجوء لكونهم مشردين داخليا، أو في البلدان المجاورة أو في أنحاء العالم التي وفدوا إليها لاجئين بسبب ما حل بهم في السودان.

وقد سمعت المحكمة أيضا، يا سيادة الرئيس، عن الوصمة التي تلحق بضحايا العنف الجنسي والجنساني، وكذلك الوصمة التي تلحق بالأطفال الذين ولدوا نتيجة لذلك. ولكن في خضم هذه القصص المريعة حقا، من العجيب أن الأمل لم يتلاشى. فقد نطقت أفواه الشهود بالأمل وهم يسردون رواياتهم، وسأسوق للمجلس مثالا على ذلك، إن سمحتم لي، وقد ورد هذا المثال في تقريرنا. ولكني أرى أنّ أَبلَغ شهادة إنما هي تلك التي تأتي على لسان من كابدوا الخسائر التي بيّنتُها. وأقتبس من النص المفرغ لشهادة شاهد في المحكمة قوله: ’’يلزمنا أن نطلع على إفاداتهم. ويلزمنا أن نعرف ما يقولونه عمن قتل أفراد أسرهم، ومن شردهم، ومن سلبهم ممتلكاتهم، ومن صادر ماشيتهم. ولا يمكن لشخص واحد، ولا حتى لمئة شخص، وصفها بما فيه الكفاية. وعلينا أن نثبت للمجني عليهم أن هناك عدالة في هذا العالم.‘‘

لقد كان هذا الدعاء، يا سيدي الرئيس، وهذا الأمل وهذا الواجب، هو ما اضطر المجلس إلى إحالة الأمر إلى المحكمة. فلم يكن ذلك إجراء سياسيا في رأيي المتواضع؛ وإنما كان إجراء إنسانيا وواجبا قانونيا تطلب من المكتب أن يضطلع بالتزاماته بموجب الميثاق. ويسعدني أن أقول إن المحاكمة تحقق تقدما سريعا وإن الادعاء يعتزم الانتهاء من مرافعاته بنهاية الشهر المقبل.

ولذلك، وكما ورد في التقرير، فإن السرعة التي جرت بها هذه المحاكمة هي الأكثر كفاءة منذ تأسيس المحكمة. وقد تحقق ذلك بفضل تقديم الأدلة مع إحكام أهدافها، وبفضل اتفاقات الادعاء مع الدفاع كلما أمكن ذلك، وبفضل الإدارة الممتازة للمحاكمة على يد القضاة المستقلين للمحكمة الجنائية الدولية، وبفضل العمل الدؤوب للرجال والنساء العاملين في قلم المحكمة الذين يعملون في الخفاء عادة ولكنهم يتصدون للمشكلات الخاصة بالشهود وبإحضارهم إلى المحكمة، ويتولون إجراءات المحكمة، وبفضل المترجمين الشفويين والتحريريين وكتبة المحكمة، وأعتقد أنه حري بي أن أثني عليهم. ولذلك أعتقد أنه حتى وإن لم تنته المحاكمة، لدينا بالفعل الكثير من دواعي الاعتزاز والكثير من الأمور التي تستحق أن تمتثل بها أجهزة المحكمة، والممثلون القانونيون للمجني عليهم ومحامو الدفاع في الدعاوى الأخرى.

لقد مرت خمسة أشهر على زيارتي الأخيرة لدارفور، وأعتقد أننا لو أجرينا تقييما منصفا لن يسعنا إلا أن نستنتج أن المكتب الذي أتشرف بقيادته قد بذل جهودا صادقة حقا للوفاء بالوعود التي قطعتُها على نفسي للمجتمعات المحلية التي شرفتُ برؤيتها والاستماع إليها والتواصل معها. وأعتقد أننا بما اتخذناه من تدابير متصلة وما خصصناه من موارد إضافية مركزة وما سعينا لجمعه من معلومات، قد حاولنا أن ننقل إلى لاهاي وإلى مكتبي والأنشطة التي يضطلع بها تلك الحاجة الملحة التي لمسنا حدتها في مخيمات المشردين بدارفور.

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Statement of ICC Prosecutor, Karim A. A. Khan KC, to the United Nations Security Council on the Situation in Darfur, pursuant to Resolution 1593 (2005)

ولكن، يا سيدي الرئيس، ما زال ثمة جزء رئيسي، جزء جوهري، من عملنا المشترك يجب أن نتناوله. فكما ورد في التقرير، وهو بالطبع واضح لا خفاء فيه، لتعاون حكومة السودان أهمية حاسمة لو أردنا أن نفي بما يحتاجه أهل دارفور. والحقيقة المؤسفة هي أن حكومة السودان لا تفي بمتطلبات التعاون التي حددها هذا المجلس في القرار 1593 بموجب الفصل السابع من الميثاق على مدى كل هذه السنوات منذ عام 2005، وهو قول لا يسعدني التصريح به على الإطلاق.

فثمة وعود مهمة كثيرة، وعود كثيرة، واتفاقيات تعاون موقعة، وتعهدات من أرفع المسؤولين في البلاد قطعوها على أنفسهم أمامي في زيارتي الأخيرة ووقعوا بشأنها على مذكرات تفاهم، ولكن لم يتم الوفاء بها. وفي الواقع يؤسفني أنني يتحتم علي أن أقول إن التعاون قد تدهور، ولم يتحسن، منذ إحاطتي الأخيرة. ويحاول تقريري أن يصف بإنصاف وبدقة الفجوة المؤسفة بين كلام حكومة السودان وأفعالها. ورغم الالتزامات التي قُطعت خلال زيارتي للسودان، صار دخول البلاد أشد صعوبة. وظهرت عقبات إدارية جديدة تستلزم جهودا عبثية لمجرد الحصول على تأشيرات تسمح بدخول البلاد مرة واحدة. ولم يتم الوفاء بوعود إصدار تأشيرات دخول متعدد. وهذا المثال ما هو إلا بداية للحكاية، لأننا حتى عندما نحصل على تأشيرة تسمح بدخول البلاد مرة واحدة ومحددة بمدة معينة، يجب علينا الحصول على تصاريح للسفر الداخلي، إلى دارفور على سبيل المثال. وقد اتُخذت قرارات تقضي بأننا لن يتسنى لنا الحصول على تلك التصاريح قبل السفر، وبناء على ذلك لا بد أن تسافر الفِرق وتنتظر في دارفور حتى يمكنهم تأدية عملهم. وأعتقد أن هذا من الأهمية بمكان للسبب التالي: أن لدينا عمل لا بد أن نؤديه. وسنحاول أن نؤديه. وبينما يجلس الأجانب في الفنادق في الخرطوم منتظرين الحصول على تصاريح السفر، ينتظر الأطفال والنساء والرجال في مخيمات اللاجئين ترقبا لتحقق العدالة. وما يعنيني هو تصبرهم هم وليس تصبري أنا.

ولا تزال هناك قيود مفروضة على الوصول إلى الوثائق والشهود وثمة تحديات كبيرة تواجهنا لمجرد الوصول إلى أشياء من الواضح أنها ينبغي أن تتاح للجمهور، مثل المحفوظات الوطنية. ففي الفترة المشمولة بهذا التقرير، وعلى مدى الأشهر الستة الأخيرة، للأسف لم تنفذ حكومة السودان ولا طلب واحد من طلبات المساعدة. ويوجد 34 طلبا لم يُنفذ بعد، ولا زلتُ أنتظر الموافقة الرسمية على ما وعدوني به شفهيا وما وقعوا عليه في مذكرة التفاهم، ألا وهو قدرتنا على تأسيس مكتب في الخرطوم.

سيدي الرئيس، قد يقول قائل إن هذه مسائل بيروقراطية وإن هذا دليل على خلل إداري وليس افتعالا للعراقيل. وسوف يبدي لك الزمان ما كانت جاهلا، ولكن ثمة أمر واضح: أن الأمور تنتقل من سيء إلى أسوأ. فقد كان الحال أفضل مما هو عليه، ويمكن أن يعود الحال إلى أفضل مما هو عليه الآن مرة أخرى لو توافرت الإرادة للتعاون بناء على ما أوصى به القرار 1593 وما ورد فيه من التزامات دولية.

سيدري الرئيس، مع فائق احترامي، لا بد أن يتبدل الموقف الذي يتخذه أولئك الذين أُسندت إليهم المسؤولية أو أولئك الذين تولوا المسؤولية في السودان، لأننا لا نتحدث الآن عن مقدرة المحكمة الجنائية الدولية ومصداقيتها، ولا عن مقدرة المكتب الذي أقوده ومصداقيته، وإنما نتحدث كذلك عن مقدرة هذا المجلس ومصداقيته. هل من الممكن تجاهل القرارات والالتزامات التي يفرضها هذا المجلس أخيرا؟ هل بوسع أي دولة أو سلطة منفردة أن تزدري إرادة مجلس الأمن؟ وإن كانت الإجابة بالإيجاب، فهل ثمة أمل؟ وإن كانت الإجابة بالنفي، فما هي الخيارات التي يمكن للدول الأعضاء أن تتخذها أو التي يمكن أن يقررها هذا المجلس بغية الحث على تنفيذ الالتزامات الدولية والوفاء بها؟ إن لم نشهد تعاونا في الفترة المقبلة، وأنا أعلم أن الوضع في السودان قد يكون حساسا، وربما مَر السودان بلحظات حساسة كثيرة، ونحن نحاول أن نعمل بأسلوب لا، بأسلوب يساعد السودان في مرحلته الانتقالية، بأسلوب يرسخ – ولا يقوض – السلم والأمن والاستقرار. ولكن واجبي، عملا بالنظام الأساسي، مُركز للغاية.

ففي الفترة السابقة، ومنذ عام 2005، لم تُعقد محاكمة محلية واحدة في السودان من أجل مئات الآلاف من الناس الذين شُرّدوا ومن أجل الصور التي ظهر فيها حرق الممتلكات وتدميرها، ومن أجل ما ادُّعي به من اغتصاب واستهداف للأطفال والمدنيين، حسبما سمعنا في قاعة المحكمة، وهو ما سمعناه في أماكن أخرى كثيرة أيضا. وإن لم نر تغيرا في النهج، ربما لن يبق لدي خيار في التقرير المقبل سوى أن أوصي بإجراءات أخرى معينة تتخذها دول أعضاء في الفترة المقبلة. وأنا أرحب بالحوار، بل أنا أرحب بذلك صدقا، وقد ذكرتُ لسعادته بالأمس: ابتكار أساليب، والعمل مع الاتحاد الأفريقي، والعمل مع السودان، وبناء الشراكات. ولكن لا بد من فعل شيء ما لأن الشراكات تبرم بين شخصين، بحيث تتعاون جهتان سويا. وكما يقال في المثل، ’’يد واحدة لا تصفق‘‘. ولا يمكننا أن نحاول التحرك بمفردنا، ولو فعلنا ذلك لن نصل إلى الوجهة التي يتعين علينا بلوغها، ألا وهي الوصول إلى الحقيقة.

ويجب ألا نسمح لمن يرغبون في تعطيل المساءلة بإضاعة الوقت حتى نفاذه. وقد بيّنتُ ذلك في الخرطوم وبيّنتُه في لقاءاتي بالأمس وفي مناسبات أخرى. وأنا يحدوني الأمل الصادق أن نؤسس شراكة مع السودان وأن يغتنم السودان الفرصة من أجله ومن أجل سمعته الدولية ومن أجل شعبه الذي يمثله ومن أجل مستقبله. وبالنسبة لخارطة الطريق التي تؤدي إلى تحقيق المساءلة والتي عرضتُها، آمل بصدق أن نغتنمها لأنها ستفيد العدالة الدولية وهي في رأيي مفيدة للسودان.

ولكننا سنناضل لنضمن أن أولئك، أن أي شخص يسعى لتعطيل عمل المحكمة من خلال عدم التعاون، لن يفلح. ولذلك حاولنا على قدر استطاعتنا أن نبني شراكات جديدة وأن نذهب إلى دول ثالثة وأن نذهب إلى منظمات دولية وأن نعزز قاعدة الأدلة من مصادر أخرى متنوعة. ويسعدني أن أشير إلى أنه في الفترة المشمولة بالتقرير الأخير، عززنا ذلك التعاون بشكل كبير وأن ذلك يؤتي أُكْلَه. وقد سمح لنا الابتكار والأساليب الجديدة المقترحة أن نجمع أدلة جديدة فيما يتصل ببعض الأفراد الذين صدرت أوامر بالقبض عليهم ولم تُنفَّذ بعد.

ولكن ثمة حاجة إلى المزيد. ثمة حاجة إلى المزيد. وأعتقد أنه من الصواب أن نثني أيضا على الدول التي ساعدتنا في هذه الفترة. وعلى الجميع أن يكون صديقا للإنسانية. ويجب ألا يتهدد ذلك بفعل الانقسامات في المجلس أو في الساحة الدولية التي نشهدها في جميع أنحاء العالم. فهذه ليس سياسة، إنما هي الإنسانية في أبسط صورها. ويمكننا، وهذا ما أطمح إليه، أن نمهد دربا في أدغال التضليل يسمح لنا بالوفاء بمسؤولياتنا للوصول إلى الحقيقة، ويسمح لنا أيضا بتمييز خريطة الطريق المناسبة حتى أستطيع الوفاء بالمسؤوليات التي يفرضها عليّ النظام الأساسي وكذلك مسؤولياتي أمام المجلس، وسيساعدنا ذلك أيضا في تحديد سبيل لإغلاق الحالة. فكما قلتُ مرارا وتكرارا، لا يمكن أن تكون هذه الحالات حكايات لا نهاية لها.

وقد أجرينا في هذه الفترة السابقة عملية جرد شاملة مع عدد من الدول الثالثة. وأعتقد أن هذا سيكون هاما للغاية، وآمل أن أبلغكم بالمزيد في الإحاطة المقبلة التي سأقدمها إلى المجلس. فبالإضافة إلى إحاطة هذه الدول والمنظمات الدولية والشركاء الذين حاولوا الانحياز للإنسانية والعدالة، أرغب أيضا في الإشارة إلى أن أَثْمَن الإسهامات جاءت أحيانا من أولئك الذين وهبوا كامل طاقتهم بلا مقابل. وفي هذا السياق، أود أيضا أن أشيد بمستشارتي الخاصة بشأن دارفور التي تجلس خلفي، السيدة أمل كلوني، لتفانيها من أجل تحقيق العدالة. وهذا ليس من باب التجمل، وإنما هو دليل على أننا لما نعمل معا يمكننا أن نحدث تغييرا. ولكن هذا هو المطلوب. المطلوب هو أن نتحد بشكل غير سياسي، ونحن لسنا ساسة، من أجل أن نصل إلى الحقيقة باستقلالية وتجرد.

وعندما أقدّم إحاطتي التالية إلى المجلس، يا سيادة الرئيس، آمل أن أبلغكم عن عودة الحياة وعن بذل جهود جديدة مشتركة من جانب مكتبي ومن جانب السلطات السودانية لتنفيذ الولاية التي منحنا هذا المجلس إياها. وسينعكس ذلك بالطبع على الوعود التي قطعتها حكومة السودان على نفسها خلال زيارتَي السابقتين. ولكني واثق تمام الثقة أنه بصرف النظر عن هذا التعاون، سأستطيع أن أبلغكم بإحراز مزيد من التقدم في المحاكمات الجارية. وآمل أيضا أن تتحدد سبل جديدة لتحقيق المزيد من المساءلة.

إن السؤال يجب ألا يكون عن استطاعتنا الوفاء بولايتنا، وإنما عن طريقة الوفاء بها. وأعتقد أنه باعتماد الاستراتيجية الجديدة، وبتخصيص موارد جديدة، وبإجراء التحقيقات بمثابرة أكبر، سنستطيع أن نضمن الاستمرار في أخذ خطوات صوب تحقيق العدالة. وربما يكون السؤال الذي يطرح نفسه الآن هو عن إمكانية تحقيق ذلك؛ عما إذا كان ذلك سيتحقق في إطار شراكات، في إطار شراكات حقيقية مع حكومة السودان أم لا. ومن جانبي، ونيابة عن المكتب، آمل بصدق أن يصبحوا شركاء أُولي قدر وعلى استعداد للعمل معي، لتحقيق العدالة على نحو يسمح لنا أن نبلغ المجني عليهم، أن ننظر إليهم ونقول، ’’لقد حققنا العدالة، إن حياتكم وتجاربكم مهمة بالنسبة لكل أعضاء المجلس.‘‘ ويمكننا أيضا حينها أن نغلق الحالة ونبدد الغمام الذي يلبد سماء السودان لكي يستطيع السودان أن يحقق مطمحه عن طريق الوفاء بتطلعات كل مواطنيه من دون أن ترهقه أحمال الماضي التي سيحملها حتى تتحقق العدالة.

ولا يمكن أن يبعد المجني عليهم والناجون عن مخيلتنا. وإني لأتفكر حقا في هذا الاختبار الصعب، ومن الهام أن نتذكرهم. فلو استطاع المجلس أن يتخيل وجوه الأطفال: بعضهم يتراكلون كرات قدم تسرب منها الهواء، وآخرون يلبسون ثيابا ربما ارتدتها أجيال من قبلهم، وآباء ولدوا هم أنفسهم في هذه المخيمات بسبب مواجهة تحديدات كثيرة جدا. أعتقد أننا سندرك أنه في وقت ما يتعين تعليق الخطاب السياسي العادي وندرك أنه في تلك اللحظات المؤثرة التي تمر بنا جميعا، في لحظات السلطة التي ما زال هذا المجلس يتمتع بها، نحتاج أن نقدر على الوفاء بمسؤولياتنا وفاءً نعتز به.

ومنذ أن توليتُ مسؤولياتي كمدع عام منذ قرابة عام ونصف، بذلتُ أنا ونائبَي وموظفو المكتب جهودا بصدق وعزم كبيرين لإصلاح عمليات المكتب، مهام مكتبي، وإعادة هيكلتها وتحسينها، وضخ قدر أكبر من المهنية، بحيث يمكنني الوفاء بمسؤولياتي بموجب نظام روما الأساسي بشكل أفضل.

ومع احترامي الشديد، ربما قد حان الوقت. فعلا، ربما كان على السودان هو الآخر أن يعقد العزم منذ وقت طويل على ضمان التعاون مع مكتبي على النحو المطلوب منه باعتبار ذلك التعاون واجبا يفرضه القانون الدولي عملا بالقرار 1593. وكما قلتُ: سيصدر القضاة حكمهم بناء على ما يقدّم لهم في قاعة المحكمة، ولكن التاريخ سيحكم علينا جميعا بالطبع.

أشكركم جزيل الشكر.

المصدر: مكتب المدعي العام | للاتصال: [email protected]

بيان المدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية، كريم أ. أ. خان (مستشار الملك)، إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في دارفور، عملا بالقرار 1593 (2005)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]