Le son du mégaphone à Yaloké
« Venez à la Mairie le jeudi 25 avril à 10h00 et participez à une activité de sensibilisation avec la CPI ! » résonne à travers le mégaphone partout dans Yaloké. Deux jours avant notre arrivée, un crieur marchait très tôt le matin dans les quartiers avec le mégaphone afin d'annoncer l'arrivée de la mission de la Cour pénale internationale.
Yaloké était la destination finale de notre mission de trois semaines dans le sud-ouest de la République centrafricaine. Le plan était de visiter quatre endroits où certains des crimes auraient été commis fin 2013 et 2014, et qui font désormais partie des charges retenues dans l’affaire Alfred Yekatom et Patrice Ngaïssona, eux-mêmes soupçonnés d’avoir commis des crimes graves en RCA.
A l’instar des expériences précédentes à Boda, Berbérati et Carnot, les gens de Yaloké ont pris la nouvelle de l’approche du convoi avec des pincettes. En vérifiant les faits avec la mairie, parfois même en appelant le bureau principal de sensibilisation de la RCA à Bangui, ils se tournaient vers une source digne de confiance.
Ce qui n'était qu'une information est devenu réalité alors que les premières voitures entraient dans la ville. Suivant le son du mégaphone, et roulant régulièrement à 30km / h, le convoi passa le marché, se dirigeant vers la mairie. Le sol était mouillé et les eaux des pluies coulaient encore dans les rigoles au bord de la route. Des petits commerces étaient ouverts et des gens sortaient pour acheter de quoi faire la cuisine pour le dîner. Les gens étaient curieux, certains essayant de jeter un coup d'œil à travers les vitres teintées de la voiture et de reconnaître les passagers, en vain.
Le convoi s'est arrêté devant la mairie, un immeuble de plain-pied aux murs jaunes. De nombreux bâtiments de la ville partagent le même aspect, moderne en quelque sorte.
La mairie se remplissait à vue d’œil. Certains des participants étaient venus à pied, d'autres à moto, avec parfois quatre personnes à la fois sur un deux-roues. Bientôt, tout était prêt pour la première séance d'information avec les autorités locales, les victimes et les leaders d'opinion. Après quelques remarques initiales introduisant le mandat de la Cour, des questions ont commencé à affluer, sur les activités de sensibilisation mais aussi sur le processus judiciaire. Les participants étaient curieux de savoir quelles sont les prochaines étapes pour l'équipe de sensibilisation de la CPI et comment ils peuvent participer.
La mission touchait à sa fin et nous nous apprêtions à reprendre la route. Un rapide coup d'œil sur la carte indique qu'il faudra entre 5 et 6 heures pour atteindre le bureau de Bangui. Pas de temps à perde.
