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The Road to Boda

La route de Boda

Nous nous sommes réunis tôt, avant 7 heures du matin, devant le bureau de la CPI, à Bangui, en RCA. C'est le début d'un long voyage de trois semaines vers Boda, Berberati, Carnot et Yaloké, certains des endroits où des crimes auraient été commis entre fin 2013 et fin 2014. Les crimes présumés font partie des accusations portées contre Alfred Yekatom et Patrice Ngaïssona. Nous avions prévu de rencontrer des personnes touchées par des crimes en cause, de partager des informations sur le travail de la Cour et sur la participation des victimes à la procédure.

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There is a lot of excitement amongst the team members, we chat and laugh, waiting for the security briefing to start.

Il y a beaucoup d’enthousiasme parmi les membres de l'équipe, nous discutons et nous rions, en attendant que le briefing de sécurité commence. Nous écoutons attentivement, nous apprenons, car ces informations pourraient sauver des vies. Nous étions bien préparés mais un sentiment d'incertitude était présent. Les routes resteraient-elles en bon état? Et qu'en serait-il de la situation en matière de sécurité? Nous nous demandions tous.

A 7h30, les chauffeurs passent la première vitesse. Nous étions en route: destination Boda.

La première partie de notre voyage a été fluide: route presque totalement pavée, une bosse ici et là, mais passé Mbaiki, ce fut une autre histoire ; routes boueuses et étroites, circulation dense et, cerise sur le gâteau, pont endommagé. Zigzaguer entre les flaques d'eau, réparer les voitures sur place ; dix heures et deux cents kilomètres plus tard, nous sommes à Boda, dans la région de Lobaye.

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The Road to Boda

En entrant dans la ville, nous avons remarqué des huttes en bois ou en palmiers, certaines détruites. Il y a de la verdure tout autour, des vaches et des chèvres traversent la route. Les femmes sont à côté du feu, préparant du gozo - un plat local à base de farine féculente. Les familles mangent ensemble, parlent; les enfants jouent. Sur le chemin de la mairie, pour une visite de courtoisie, nous faisons l’expérience d’une atmosphère vivante dans le centre-ville. Il était temps de prendre une douche et un repas chaud, et passer une bonne nuit de sommeil avant de tenir des réunions pour les deux prochains jours.

Alors que nous étions encore à Bangui, nous avons décidé de diviser les deux jours à Boda en sessions distinctes: le premier jour avec les leaders d'opinion - chefs religieux, groupes de femmes et de jeunes, chef de quartiers - et le deuxième jour avec les représentants des autorités locales et administratives.  Le sujet était le même. Nous avons parlé du mandat de la Cour, de la procédure judiciaire, des droits des victimes et des prochaines étapes dans l'affaire de MM. Yekatom et Ngaïssona, tous deux prétendument responsables de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis dans cette région.

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The Road to Boda

Créer des sessions par groupe s'est avéré être une bonne stratégie. Avec des groupes plus petits, les discussions furent plus animées et interactives. Pourtant, le moment le plus fascinant de chaque réunion a été la projection de la comparution initiale de MM. Yekatom et Ngaïssona. L'intérêt qu'elle a suscité a confirmé à quel point il est crucial d’informer les personnes les plus touchées par les crimes en cause. Les procédures de la CPI sont mieux comprises lorsqu'elles sont vues, réellement vues, à l'écran.

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The Road to Boda

Pendant ce temps, un mécanicien a été envoyé de Bangui pour changer une pièce détachée sur l'une des voitures. Comme neuve et juste à temps! Nous avons quitté Boda pour notre prochaine destination, Berberati, à 280 kilomètres à l'ouest. Selon les calculs, il nous faudrait cinq heures pour y arriver. Il s'est avéré que la route a pris un peu plus de temps…

A suivre…