Déclaration: 5 mai 2020 |

Discours adressé au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies à propos de la situation en Libye, en application de la résolution 1970 (2011) du Conseil de sécurité

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En raison des mesures de confinement dues à la pandémie de COVID-19, le Procureur de la CPI, Mme Fatou Bensouda, présente par voie de vidéoconférence son 19e rapport sur la situation en Libye&#160;©ICC-CPI<br>

Monsieur le Président, Excellences,

Compte tenu des circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons en raison de la pandémie de COVID-19 qui nous frappe, j'ai le plaisir de pouvoir adresser à ce Conseil, par voie de vidéoconférence, le dix-neuvième rapport de mon Bureau sur la situation en Libye, en application de la résolution 1970.

Je félicite l'Estonie qui assume en ce mois de mai la Présidence du Conseil, que je remercie pour avoir facilité la tenue de cette réunion à distance.

Je tiens tout d'abord à adresser toutes mes condoléances aux membres du Conseil, ainsi qu'à tous les membres de la grande famille des Nations Unies, en raison des décès prématurés de leurs citoyens causés par cette pandémie mondiale, et à leur exprimer toute notre solidarité dans la lutte menée pour contenir la propagation de ce virus.

À cet égard, je tiens à souligner qu'en dépit de certaines contraintes inévitables causées par cette pandémie, l'équipe de mon Bureau chargée de la situation en Libye continue à aller de l'avant dans ses enquêtes et son action judiciaires et s'efforce de rester active et productive en ces temps insolites. La situation en Libye demeure une priorité pour mon Bureau et je profite de l'occasion qui m'est donnée pour vous annoncer que mon équipe prépare des demandes en vue d'obtenir de nouveaux mandats d'arrêt.

Monsieur le Président, Excellences,

Ce Conseil sait pertinemment que, depuis mon dernier rapport, de graves violences liées au conflit armé qui fait rage en Libye, en particulier à Tripoli et alentour, sont malheureusement toujours à déplorer. Cela fait plus d'un an maintenant que l'offensive lancée contre Tripoli par la milice basée à l'est du pays, appelée l'Armée nationale libyenne et dirigée par le général Khalifa Haftar, a été lancée. Mon Bureau continue de suivre de près l'évolution de la situation et est notamment préoccupé par le grand nombre de victimes civiles qui résulteraient, selon de nombreux rapports, de frappes aériennes et d'attaques à l'artillerie.

Mon équipe continue de rassembler et d'analyser des informations sur des faits qui se sont récemment produits au cours de ce conflit armé et qui pourraient constituer des crimes relevant des dispositions du Statut de Rome.

Je rappelle que le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile, ou contre des civils qui ne prennent pas directement part aux hostilités, constitue un crime de guerre relevant du Statut de Rome. De même, le Statut de Rome interdit toute attaque dirigée intentionnellement contre des hôpitaux et d'autres bâtiments protégés par le droit international, à l'instar des édifices consacrés à la religion ou à l'enseignement, lorsque ce ne sont pas des objectifs militaires. Même lorsqu'il est question de cibles militaires, le principe de proportionnalité continue de s'appliquer.

Monsieur le Président, Excellences,

Je vous ai précédemment également signalé le problème des détentions arbitraires et des mauvais traitements infligés à des migrants et des réfugiés qui tentaient de passer par la Libye.

Il s'agit d'un grave problème qui persiste et mon Bureau continue de consacrer des ressources afin d'enquêter à ce sujet. En particulier, d'importants progrès ont été accomplis grâce à l'adoption par mon Bureau d'une stratégie de coopération, qui s'articule autour d'échanges d'éléments de preuve et d'informations avec les organisations et les États concernés. Cette initiative vise à créer des synergies et à appuyer la conduite d'enquêtes et de poursuites devant des juridictions nationales et je suis heureuse de vous annoncer que ces efforts portent d'ores et déjà leurs fruits.

Il est à noter que le problème des détentions arbitraires et des mauvais traitements infligés à des détenus touche non seulement des migrants et des réfugiés, mais aussi des milliers d'autres personnes incarcérées dans des prisons et dans des centres de détention dans toute la Libye.

Selon les derniers chiffres portés à notre connaissance, la détention de personnes sans la moindre procédure équitable serait généralisée. Nombreuses sont les personnes emprisonnées sans aucun fondement juridique ou privées de leurs droits fondamentaux sur le plan de la procédure.

Les détenus privés de toute protection légale digne de ce nom sont davantage exposées à des formes graves de mauvais traitements comme la torture, le viol et d'autres formes de violence sexuelle.

D'après les informations obtenues par le Bureau, ces crimes seraient bien trop souvent monnaie courante. D'anciens détenus dénoncent des méthodes brutales de torture. Des hommes, des femmes et des enfants ont été victimes de viols et d'autres formes de violence sexuelle au cours de leur détention. Des détenus ont succombé à leurs blessures après avoir été torturés, faute de soins suffisants prodigués à temps.

Mon Bureau a été informé de violations graves qui seraient commises dans nombre de prisons et centres de détention dans toute la Libye, notamment dans les prisons d'Al-Kuweifiya et de Gernada, situées dans l'est du pays. Il serait également question de la prison de Mitiga à Tripoli, qui est dirigée par un groupe armé appelé les Forces spéciales de dissuasion. Ce groupe relève officiellement de l'autorité du Ministère de l'intérieur du Gouvernement d'entente nationale.

Il semble urgent de devoir réformer en profondeur nombre de ces prisons et centres de détention libyens pour empêcher que d'autres crimes ne soient commis. Il faudrait également que les auteurs des violations en cause rendent des comptes et c'est à la Libye qu'il incombe en premier lieu d'enquêter sur ces crimes et d'en poursuivre les auteurs. Mon Bureau continue de suivre de près ces allégations.

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Due to COVID-19 lockdown at the UN headquarters, ICC Prosecutor, Fatou Bensouda, presents her Office’s 19th report onthe Situation in Libya remotely through VTC. ©ICC-CPI

Monsieur le Président, Excellences,

Au vu des informations recueillies par mon Bureau, il y aurait une recrudescence des disparitions forcées commises presque exclusivement en toute impunité.

Le crime contre l'humanité de disparition forcée implique le refus de fournir des informations sur le sort ou le lieu de détention de personnes qui ont été arrêtées et détenues par un État ou une organisation politique, ou avec l'autorisation, l'appui ou le consentement de cet État ou de cette organisation.

Le crime de disparition forcée fait endurer de graves souffrances à la famille de la personne portée disparue. Il peut aussi semer la terreur au sein de la société. Lorsque ce sont d'éminents membres de la communauté qui en sont victimes, à l'instar de militants politiques, de défenseurs de la cause des droits de l'homme ou de journalistes, de telles pratiques font clairement savoir qu'aucune forme de dissidence ne sera tolérée.

C'est pourquoi le crime de disparition forcée a de graves conséquences pour les personnes et les communautés touchées.

Le cas de Mme Siham Sergewa, membre de la Chambre libyenne des représentants, est emblématique de cette pratique troublante. En effet Mme Sergewa est portée disparue depuis le 17 juillet 2019, date à laquelle des hommes armés l'auraient kidnappée à son domicile de Benghazi. Nous ne savons toujours pas où elle se trouve et ce qu'elle est devenue.

Au vu d'informations récemment obtenues, mon Bureau serait en mesure d'identifier les responsables de cette disparition et poursuit son enquête à ce propos.

Monsieur le Président, Excellences,

Les discours de haine semblent se radicaliser en Libye. Les propos visant à dénigrer et déshumaniser certaines personnes ou groupes de personnes sont dorénavant monnaie courante aussi bien dans les médias traditionnels que dans les réseaux sociaux.

Cette tendance est fort préoccupante. Ce type de langage génère la haine et la crainte et accentue les divisions au sein de la communauté. C'est un terreau favorable à la commission de crimes contre les groups et les individus stigmatisés et à celle d'atrocités à grande échelle.

Au regard du Statut de Rome, quiconque incite à commettre des crimes en porte également la responsabilité. Il peut notamment s'agir de déclarations publiques appelant à des attaques contre des groupes ethniques ou sociaux spécifiques.

Il revient tout spécialement aux chefs et aux personnalités influentes des communautés de montrer l'exemple et de s'abstenir de tenir des propos haineux. Quiconque sème la peur, la haine et la division au sein de la communauté porte préjudice non seulement aux personnes visées mais aussi à la société tout entière.

Monsieur le Président, Excellences,

J'en viens à présent à l'affaire de M. Saïf Al-Islam Qadhafi. Le second volet du litige portant sur la recevabilité de cette affaire a été mené à terme. Le 9 mars 2020, la Chambre d'appel a conclu à l'unanimité que cette affaire pouvait être jugée devant la Cour pénale internationale.

En conséquence, le mandat d'arrêt contre M. Qadhafi demeure en vigueur et la Libye reste tenue de procéder à l'arrestation et à la remise de l'intéressé à la Cour.

Dans son arrêt, la Chambre d'appel a estimé que la Cour pénale internationale ne pouvait juger une personne qui avait déjà été jugée pour les mêmes faits devant une juridiction nationale à condition toutefois que la procédure en question soit définitive.

Or la procédure engagée par les autorités libyennes contre M. Qadhafi n'est pas définitive. L'intéressé ayant été condamné par contumace, s'il se rendait ou s'il était arrêté, il devrait, au regard du droit libyen, être à nouveau jugé. S'il était ensuite de nouveau condamné à mort, un examen de l'affaire par la Cour de cassation libyenne serait alors nécessaire. En outre, la loi libyenne d'amnistie n° 6 de 2015 ne s'applique pas en l'espèce.

Lors de la procédure portant sur la recevabilité de l'affaire, M. Qadhafi a fait savoir qu'il avait été libéré le 12 avril 2016 ou vers cette date. Il n'a jamais cherché à se livrer de lui-même et demeure donc un fugitif qui s'est volontairement soustrait à la justice à la fois en Libye et devant la Cour pénale internationale.

Tant qu'il sera en fuite, son affaire restera au point mort et les victimes de ses crimes présumés n'obtiendront pas justice.

Les conclusions de la Chambre d'appel sur d'importants points de droit pénal international sont d'ailleurs très utiles. Madame la Juge Ibáñez Carranza a notamment conclu dans son opinion séparée et concordante que les mesures d'amnistie ou mesures similaires qui empêcheraient d'enquêter, d'engager des poursuites ou d'infliger des peines au sujet de crimes internationaux fondamentaux constituant de graves violations des droits de l'homme et de graves infractions au droit international humanitaire étaient incompatibles avec le droit international.

Par conséquent, Madame la Juge Ibáñez Carranza a estimé que de telles mesures semblaient aller à l'encontre de l'objet et de la finalité du Statut de Rome, bien qu'il faille en fin de compte trancher cette question au cas par cas.

Il s'agit d'une évolution importante de la jurisprudence quant à l'obligation des États de mener des enquêtes et des poursuites au sujet d'atrocités commises à grande échelle et, le cas échéant, d'en punir les auteurs.

Monsieur le Président, Excellences,

Permettez-moi aussi de vous rappeler que les mandats d'arrêt contre M. Al-Tuhamy Khaled et M. Mahmoud Al-Werfalli n'ont toujours pas été exécutés. La République arabe d'Égypte, où M. Al-Tuhamy résiderait à l'heure actuelle, ne l'a toujours pas arrêté ni remis à la Cour.

L'Armée nationale libyenne du général Khalifa Haftar n'a pas non plus facilité l'arrestation de M. Al-Werfalli et sa remise à la CPI, ni veillé à ce qu'une enquête et des poursuites soient véritablement menées à son encontre en Libye. M. Al-Werfalli serait à l'heure actuelle sous le commandement du général Haftar.

Mon Bureau continue de remplir les obligations qui lui incombent en vertu du Statut de Rome en poursuivant ses enquêtes malgré certaines contraintes en termes de ressources et les difficultés qu'il rencontre pour mener à bien ses opérations, mais la justice ne saurait suivre son cours sans l'arrestation ni la remise des suspects recherchés par la CPI. Cette responsabilité ne repose pas sur mon Bureau ni même sur la Cour, mais sur d'autres acteurs du système mis en place par le Statut de Rome, à savoir les États.

Comme je l'ai maintes fois déjà dit devant cette auguste assemblée, le Conseil et ses membres ont une responsabilité spéciale qui consiste à soutenir la coopération avec la Cour et à en exiger la mise en œuvre en application de la résolution par laquelle cette situation fut déférée à mon Bureau en 2011.

Excellences,

Ce serait négligent de ma part de ne pas reconnaître en même temps l'excellente coopération que mon Bureau continue d'obtenir dans le cadre de nos enquêtes de la part de nombreux États et parties prenantes, et notamment du Gouvernement d'entente nationale et du Bureau du procureur général libyen

Cela étant, sur la question la plus cruciale en matière de coopération, à savoir l'arrestation et la remise des fugitifs recherchés par la CPI, les appels à la justice du peuple libyen continuent d'être ignorés. Je souhaite sincèrement que cesse cette situation d'impunité et que les victimes des crimes relevant du Statut de Rome commis en Libye obtiennent justice.

La justice pour ces crimes, y compris ceux dont j'ai fait état aujourd'hui, est cruciale pour l'État de droit et la stabilité en Libye. L'obligation de rendre des comptes pour ces crimes doit, le cas échéant, s'appliquer à ceux qui exercent une autorité.

Je saisis cette occasion pour rappeler une fois de plus que les chefs militaires peuvent être tenus pour responsables des crimes commis par les soldats placés sous leur commandement et leur contrôle effectifs. Les chefs militaires sont tenus non seulement d'empêcher ou de réprimer la commission de crimes par leurs hommes, mais aussi de les signaler aux fins d'enquête et de poursuites.

En conclusion, la justice pénale internationale constitue une force nécessaire en termes de responsabilisation et de dissuasion, qui constituent les fondations de la stabilité, du progrès et de la prospérité. Je demande au Conseil, aux États parties et à la communauté internationale dans son ensemble d'apporter un soutien sans faille à la Cour et à son action cruciale qui vise à mettre un terme à l'impunité des auteurs des crimes les plus graves qui soient.

Je vous remercie, Monsieur le Président, Excellences, de m'avoir écoutée.| bureau du procureur


Dix-neuvième rapport du Procureur de la Cour pénale internationale au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies en application de la résolution 1970 (2011) :
Anglais ; Français ; Arabe


نظراً لإغلاق الأمم المتحدة المترتب على فيروس كوفيد-19، تقدم المدعية العامة للمحكمة الجنائية الدولية، فاطو بنسودا، التقرير التاسع عشر لمكتبها بشأن الحالة في ليبيا عن بعد من خلال التداول بالاتصالات المرئية.<br>

5 أيار/مايو 2020

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

نظراً للظروف الاستثنائية التي نواجهها حالياً بسبب وباء كوفيد-19، يسعدني أن أَمثُل أمام هذا المجلس من خلال التداول بالاتصالات المرئية من أجل تقديم التقرير التاسع عشر لمكتبي بشأن الحالة في ليبيا، عملاً بالقرار 1970.

أهنأ إستونيا بتوليها رئاسة المجلس لشهر أيار/مايو، وأعرب عن امتناني للمجلس لتيسيره الإحاطة عن بعد اليوم.

أسمحوا لي في البداية أن أعرب أيضاً عن عزائي لأعضاء المجلس بل ولكل أعضاء أسرة الأمم المتحدة في الوفاة التي باغتت مواطني كل منهم جراء هذا الوباء العالمي، وأعرب عن تضامننا في المعركة الدائرة لاحتواء انتشار الفيروس.

وفي هذا السياق، دعوني أيضاً أأكدُ على أنه رغم بعض القيود المحتومة التي تسبب فيها وباء كوفيد-19، يسير الفريق المعني بليبيا في مكتبي قدماً في عمله وتحقيقاته القضائية، وقد استطاع أن يحافظ على نشاطه وإنتاجيته في هذه الأوقات الاستثنائية. ولا تزال الحالة في ليبيا تمثل أولوية لمكتبي، وإني لأغتنم الفرصة في هذا المنتدى لأعلن أن فريقي يعمل على تقديم طلبات لإصدار أوامر قبض جديدة.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

يعلم المجلس تمام العلم أنه منذ تقريري الأخير – للأسف – لم تخفت حدة أعمال العنف الخطيرة المتصلة بالنزاع المسلح الدائر في ليبيا، ولا سيما في طرابلس وما حولها. وقد مضى ما يربو على عام منذ أن بدأت الميليشيا المعروفة باسم الجيش الوطني الليبي بقيادة اللواء خليفة حفتر، والتي تتخذ من شرق ليبيا مقراً لها، العدوان على طرابلس. ويواصل مكتبي رصده الدقيق للأحداث الجارية. وتُعدّ الأعداد الكبيرة للمجني عليهم في صفوف المدنيين على وجه الخصوص من دواعي قلق مكتبي، حيث تفيد التقارير بأن معظمهم سقطوا جراء الغارات الجوية وعمليات القصف.

ويواصل فريقي جمع المعلومات وتحليلها بشأن الحوادث التي وقعت في أثناء الفترة الأخيرة من النزاع المسلح والتي قد تشكل جرائم بموجب نظام روما الأساسي.

وأكرر أن تعمد شنّ هجمات على السكان المدنيين، أو على الأفراد من المدنيين الذين لا يشاركون مشاركة مباشرة في الأعمال العدائية، تُعدّ جريمة حرب بموجب نظام روما الأساسي. وبالمثل، فإن نظام روما الأساسي يحظر تعمد شنّ هجمات على المستشفيات والمباني الأخرى التي يحميها القانون الدولي، مثل المباني المخصصة للدين أو التعليم، إذا لم تكن أهدافاً عسكرية. وحتى مع وجود أهداف عسكرية، فإن مبدأ التناسب ينطبق.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

سبق وأن لفتُّ انتباهكم أيضاً إلى مسألة الاحتجاز التعسفي وسوء المعاملة الخطيرة للمهاجرين واللاجئين الذين يحاولون المرور عبر ليبيا.

وتُعدّ هذه المشكلة خطيرة ومستديمة، ويواصل مكتبي تكريس الموارد للتحقيق في هذه المسألة. وقد تحقق تقدم هام على وجه الخصوص من خلال اعتماد مكتبي إستراتيجية تعاون تركز على تبادل الأدلة والمعلومات مع الدول والمنظمات ذات الصلة. والغاية من هذا النشاط هو الاستفادة من أوجه التآزر ودعم أعمال التحقيق والمقاضاة في الولايات القضائية المحلية. ويسعدني أن أفيد بأن هذه الجهود تتمخض عن نتائج مجدية.

ويجدر التأكيد على أن مسألة الاحتجاز التعسفي وإساءة المعاملة الخطيرة للمحتجزين لا تؤثر على المهاجرين واللاجئين فحسب، بل كذلك على آلاف الناس الآخرين المحتجزين في السجون ومراكز الاحتجاز في جميع أنحاء ليبيا.

وتشير آخر الأرقام إلى انتشار احتجاز الأشخاص من غير إتباع أصول المحاكمات. فالكثيرون يحتجزون من دون أساس قانوني أو يحرمون من حقوقهم الإجرائية الأساسية.

ويُعدّ المحتجزون من دون حماية قانونية مناسبة معرضين بصورة أكبر لأشكال خطيرة من سوء المعاملة، منها القتل العمد والتعذيب والاغتصاب وأشكال أخرى من العنف الجنسي.

وتشير المعلومات التي حصل عليها مكتبي إلى أن مثل هذه الجرائم شائعة جداً. ويبلغ المحتجزون السابقون عن وسائل تعذيب وحشية. ومن بين المجني عليهم جراء أعمال الاغتصاب وغيره من أشكال العنف الجنسي في الاحتجاز رجال ونساء وأطفال. وقد تُوفي محتجزون جراء إصابات تعرضوا لها بسبب التعذيب وبسبب عدم تقديم الرعاية الطبية اللازمة في الوقت المناسب.

ومكتبي على علم بالادعاءات التي تفيد وقوع انتهاكات خطيرة في سجون وأماكن احتجاز كثيرة في جميع أنحاء ليبيا. وتجدر الإشارة بصورة خاصة إلى سجني الكويفية وقرنادة اللذين يقعان في غرب ليبيا. وتشمل هذه الادعاءات أيضاً سجن معيتيقة في طرابلس، الذي تسيطر عليه جماعة مسلحة تعرف باسم قوة الردع الخاصة. وتخضع هذه الجماعة رسمياً لسلطة وزارة الداخلية التابعة لحكومة الوفاق الوطني.

Due to COVID-19 lockdown at the UN headquarters, ICC Prosecutor, Fatou Bensouda, presents her Office’s 19th report onthe Situation in Libya remotely through VTC. ©ICC-CPI

وثمة إصلاحات جادة وطارئة يلزم إدخالها فيما يبدو على كثير من السجون ومراكز الاحتجاز الليبية من أجل منع الجرائم في المستقبل. وتُعدّ المساءلة عن الانتهاكات السابقة التي ادُّعى بارتكابها على نفس القدر من الأهمية. وتقع المسؤولية الأساسية عن التحقيق والمقاضاة فيما يتعلق بهذه الجرائم المـُدّعى بارتكابها على عاتق ليبيا. ويواصل مكتبي متابعته عن كثب لهذه الادعاءات.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

تشير التقارير التي تلقاها مكتبي أيضاً إلى زيادة أعداد حالات الاختفاء القسري التي تُرتكب مع إفلات شبه تام من العقاب.

إن الاختفاء القسري، وهو جريمة ضد الإنسانية، يستتبع رفض تقديم معلومات عن مصير أو عن أماكن وجود الأشخاص المقبوض عليهم أو المحتجزين على يد الدولة أو المنظمات السياسية أو بتفويض أو دعم منها أو برضاها.

وتلحِق جريمة الاختفاء القسري معاناة شديدة بعائلات المفقودين. ويمكن أن تتسبب أيضاً في نشر الرعب في المجتمع. وعندما تستهدف أعضاء المجتمع البارزين، مثل الناشطين السياسيين والمدافعين عن حقوق الإنسان والصحفيين، فإنها ترسل رسالة قوية مفادها أنه لن يُسمح بأي أصوات معارضة.

ولهذه الأسباب، ولأسباب أخرى، تترتب على جريمة الاختفاء القسري تبعات خطيرة على الأفراد والمجتمعات على حد سواء.

ومن الحوادث التي ترمز إلى هذا الاتجاه المقلق حالة السيدة سهام سرقيوة، وهي عضو بمجلس النواب الليبي. والسيدة سرقيوة مفقودة منذ 17 تموز/يوليه 2019 حيث ادُّعي بأن رجال مسلحون اختطفوها من بيتها في بنغازي. ولا يزال مصيرها ومكان وجودها مجهولين.

وقد تشير المعلومات الأخيرة التي حصل عليها مكتبي إلى أولئك المسؤولين عن اختفاء السيدة سرقيوة. وتتواصل التحقيقات من أجل الاستيثاق من هذه المعلومات.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

يبدو أيضاً أن خطاب الكراهية يتزايد في ليبيا. فالعبارات التحقيرية الموجهة ضد أشخاص معينين أو جماعات معينة التي تجردهم من إنسانيتهم قد عمّت وسائل الإعلام التقليدية ووسائل التواصل الاجتماعي على حد سواء.

إن هذا لمن بواعث القلق. فهذا النوع من العبارات يولد الكراهية والخوف في المجتمع المحلي ويعمّق الانقسامات في المجتمع ككل. وهو يغرس بذور الجريمة ضد الجماعات والأفراد المستهدفين، ويزكي الظروف التي قد ترتكب في كنفها جرائم الفظائع الجماعية.

وبموجب نظام روما الأساسي، فإن من يحرض الآخرين على ارتكاب الجرائم مسؤول أيضاً عن هذه الجرائم. وقد يتضمن ذلك التحريض إصدار البيانات العلنية التي تحض على شن هجمات على جماعات عرقية أو اجتماعية بعينها.

ويتحمل قادة المجتمع المحلي وأعضاؤه البارزون مسؤولية خاصة عن تقديم مثال يُحتذى به والامتناع عن خطاب الكراهية. وكل من يحث على الخوف والكراهية والانقسام في المجتمع المحلي فإنه لا يضر بالمستهدفين فحسب، بل يضر بالمجتمع برمّته كذلك.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

وأنتقل الآن إلى الحديث عن الدعوى المـُقامة على السيد سيف الإسلام القذافي. فقد اختُتمت الجولة الثانية من أعمال التقاضي بشأن مقبولية الدعوى المـُقامة على السيد القذافي. ففي 9 آذار/مارس 2020، حكمت دائرة الاستئناف بالإجماع بمقبولية الدعوى المـُقامة على السيد القذافي أمام المحكمة الجنائية الدولية.

وبناء على ذلك، لا يزال أمر القبض على السيد القذافي سارياً. ولا تزال ليبيا ملزمة بالقبض على السيد القذافي وتقديمه إلى المحكمة.

وارتأت دائرة الاستئناف في حكمها أن المحكمة الجنائية الدولية لا يحول دون محاكمتها أي شخص حوكم فعلاً في ولاية قضائية وطنية فيما يتعلق بالسلوك نفسه إلا كون الإجراءات في المحكمة الأخرى نهائية.

والإجراءات المحلية في ليبيا ضد السيد القذافي ليست نهائية. ونظراً لصدور الحكم بإدانة السيد القذافي غيابياً، فإنه لو سلم نفسه أو قُبِض عليه ينصّ القانون الليبي على وجوب إعادة محاكمته. ولو حُكم عليه بالإعدام مرة ثانية، سيلزم أن تراجع محكمة النقض الليبية الحكم. ويضاف إلى ذلك أن قانون العفو الليبي، وهو القانون رقم 6 لعام 2015، لا ينطبق على هذه الدعوى.

وفي خلال إجراءات المقبولية، قال السيد القذافي أنه أُطلِق سراحه من الاحتجاز في 12 نيسان/أبريل 2016 تقريباً. ولم يبذل جهداً لتسليم نفسه. والسيد القذافي هارب باختياره، وهو يتعمد التهرب من العدالة في ليبيا وأمام المحكمة الجنائية الدولية على حد سواء.

ولن يمكن إحراز تقدم في الدعوى، وكذلك لن يمكن أن تتحقق العدالة للمجني عليهم جراء الجرائم المـُدّعى بأن السيد القذافي ارتكبها، طالما ظل هارباً.

وفي حكم دائرة الاستئناف توجيه قيّم بشأن بعض النقاط الهامة في القانون الجنائي الدولي. وعلى وجه الخصوص، ارتأت القاضية إبانييس كارّانسا في رأيها المنفصل والمؤيد أن العفو وما شابهه من تدابير تمنع التحقيق والمقاضاة والعقاب على الجرائم الرئيسية الدولية التي تصل إلى مستوى الانتهاكات الخطيرة لحقوق الإنسان والخروق الخطيرة للقانون الدولي الإنساني  تناقض القانون الدولي.

وبناء على ذلك، ارتأت القاضية إبانييس كارّانسا أن مثل تلك التدابير يبدو أنها تتعارض مع موضوع نظام روما الأساسي والغرض منه، وإن كانت هذه المسألة ينبغي البت فيها في نهاية المطاف حسب كل حالة.

ويعد هذا تطوراً قانونياً هاماً في ما يتصل بإلتزام الدول بالتحقيق والمقاضاة، ومعاقبة مرتكبي الفظائع الجماعية حسب اللزوم.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

أسمحوا لي أن أذكر أيضاً أن أوامر القبض على السيد التهامي خالد والسيد محمود الورفلي لم تُنفّذ بعد. وجمهورية مصر العربية، التي يُعتقد أن السيد التهامي يقيم فيها، لم تقبض عليه وتقدمه إلى المحكمة.

ولم يسهل الجيش الوطني الليبي الذي يقوده اللواء خليفة حفتر القبض على السيد الورفلي ويقدمه إلى المحكمة، وكذلك لم يضمن التحقيق معه ومقاضاته بشكل حقيقي في ليبيا. وقد ورد أن السيد الورفلي تحت إمرة اللواء حفتر.

وعلى الرغم من أن مكتبي يواصل الوفاء بالتزاماته التي يوجبها نظام روما الأساسي بالسير قدماً في تحقيقاته رغم القيود المفروضة على الموارد وبيئة العمل الصعبة، لن يتسنى إحراز مزيد من التقدم في سير العدالة من دون القبض على أولئك الذين تشتبه المحكمة بهم وتقديمهم. وهذه المسؤولية لا تقع على عاتق مكتبي أو على عاتق المحكمة، وإنما على عاتق جهات فاعلة أخرى في منظومة نظام روما الأساسي، ألا وهي الدول.

وكما أشرت مراراً من قبل أمام هذه الهيئة الموقرة، فإن المجلس وأعضاؤه يتحملون أيضاً مسؤولية خاصة عن دعم التعاون مع المحكمة والحث عليه عملاً بالقرار الذي أحال هذه الحالة إلى مكتبي في عام 2011.

أصحاب السعادة،

سأكون مقصرة في الوقت نفسه إن لم أعترف باستمرار العديد من الدول وأصحاب المصلحة في التعاون مع مكتبي تعاوناً متميزاً لدعم تحقيقاتنا، ولا سيما حكومة الوفاق الوطني ومكتب النائب العام الليبي.

ومع ذلك، بالنسبة لأهم مواضيع التعاون – وهو القبض على الهاربين من المحكمة وتقديمهم – ما زالت نداءات الشعب الليبي بتحقيق العدالة تُقابل بعدم الاكتراث. وآمل بصدق أن لا يظل وضع الإفلات من العقاب ذلك أمراً واقعاً وأن تتحقق العدالة للمجني عليهم جراء الجرائم الواردة في نظام روما الأساسي التي ارتُكبت في ليبيا.

إن تحقيق العدالة بشأن هذه الجرائم، ومنها الجرائم التي أسهبتُ في الحديث عنها اليوم، ضروري من أجل سيادة القانون ومن أجل الاستقرار في ليبيا. ويجب أن تمتد المساءلة عن هذه الجرائم لتشمل أولئك الذين يشغلون مواقع السلطة طالما كان ذلك مناسباً.

وأغتنمُ هذه الفرصة لأشدد من جديد على أن القادة العسكريين قد يُحمَّلوا المسؤولية عن الجرائم التي ترتكبها القوات الخاضعة لإمرتهم وسيطرتهم الفعليتين. ويتحمل القادة العسكريون المسؤولية عن منع وقمع ارتكاب قواتهم الجرائم، وعن عرض هذه الجرائم للتحقيق والمقاضاة.

وختاماً، تُعدّ العدالة الجنائية الدولية قوة ضرورية للمساءلة والردع – وهما ركنان يمكن أن يُبنى عليهما ويزدهر الاستقرار والتقدم والرخاء. وأدعو هذا المجلس والدول الأطراف في المحكمة والمجتمع الدولي بوجه أعم إلى الوقوف بثبات مع المحكمة ومع ولايتها الضرورية من أجل إنهاء الإفلات من العقاب على أخطر الجرائم في العالم.

أشكرك، سيدي الرئيس، وأصحاب السعادة، على إصغائكم. | مكتب المدعي العام


التقرير التاسع عشر للمدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة عملاً بقرار المجلس 1970 (2011):
العربية؛ الإنكليزية؛ الفرنسية


بيان إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في ليبيا، عملاً بقرار المجلس 1970 (2011)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]