Déclaration: 19 juin 2019 |

Discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies à propos de la situation au Darfour, en application de la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité

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Monsieur le Président,

1. Je voudrais commencer par féliciter le Koweït qui assure la Présidence du Conseil pour le mois de juin et préside la réunion d'aujourd'hui portant sur la situation au Darfour (Soudan), conformément à la résolution 1593.

Monsieur le Président, Excellences,

2. Comme vous le savez, après des mois d'émeutes anti-gouvernementales et la destitution de M. Omar Hassan Ahmad Al Bashir le 11 avril, la République du Soudan connaît actuellement une période d'incertitude et de transition politique.

3. Sans sous-estimer aucunement la complexité et l'enchaînement des événements qui se déroulent au Soudan, aujourd'hui, j'ai un message clair à faire passer : il est grand temps d'agir. Il est temps que la population soudanaise fasse le choix du droit sur celui de l'impunité et veille à ce que les personnes recherchées par la CPI dans le cadre de la situation au Darfour répondent de leurs actes devant la justice. Le Conseil a aujourd'hui une occasion unique de pouvoir répondre de manière décisive et efficace à l'impunité qui ronge le Darfour. Il ne doit pas laisser passer cette occasion.

4. En ma qualité de Procureur de la Cour pénale internationale, je suis profondément préoccupée par les rapports qui font état de récents faits de violence contre des civils, notamment des crimes présumés de violences sexuelles et à caractère sexiste. D'autres régions du Soudan, notamment le Darfour, ont elles aussi été touchées par cette vague de violences.

5. Je me joins aux membres du Conseil pour demander la cessation immédiate des violences faites aux civils, leur solide protection et la fin de l'impunité pour les auteurs des crimes présumés et des souffrances endurées par voie de conséquence par les victimes. Je déplore également, à l'instar des membres du Conseil, les vies perdues au cours des récentes violences.

6. Il faut impérativement enquêter sans plus attendre et de manière efficace à propos des allégations de violences commises par les autorités soudanaises contre des civils, notamment des violences sexuelles et à caractère sexiste, et traduire en justice les responsables.

7. Pour ma part, sans outrepasser mon mandat ou la compétence de la Cour au regard du Statut de Rome, je suis déterminée à continuer de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour veiller à ce que les responsables rendent des comptes au Soudan.

8. En outre, je demande à tous les États parties au Statut de Rome de pleinement coopérer. Il faut que ces derniers s'acquittent de l'obligation qui leur incombe au regard du Statut de Rome de coopérer avec la Cour à propos des enquêtes et des poursuites engagées dans le cadre des affaires relatives au Darfour, et ce, de manière cohérente et utile.

9. Quant au Soudan, il se trouve à présent à la croisée des chemins et a la possibilité de rompre avec son absence totale de coopération avec mon Bureau et d'entamer un nouveau chapitre en prenant un nouvel engagement en faveur de l'obligation de rendre des comptes à l'égard des victimes de la situation au Darfour. De notre côté, nous sommes prêts à entamer des discussions, au moment opportun, s'il existe une réelle volonté de traduire en justice les auteurs des crimes.

Monsieur le Président, Excellences,

10. Les cinq mandats d'arrêts délivrés par la CPI dans le cadre de la situation au Darfour sont toujours en vigueur ; toutefois, aujourd'hui, les circonstances sont fondamentalement différentes. Fini le statu quo. M. Omar Al Bashir a été destitué, arrêté, placé en détention et inculpé d'infractions sur le plan national. Deux autres suspects dans la situation au Darfour, MM. Abdel Raheem Hussein et Ahmad Harun, seraient également détenus à Khartoum.

11. Le Soudan reste juridiquement tenu de transférer ces suspects à la CPI pour qu'ils y soient jugés, à moins qu'il ne démontre aux juges de la Cour pénale internationale qu'il a la volonté et la capacité d'engager de véritables poursuites à leur encontre dans le cadre des mêmes affaires. Conformément au principe fondamental de complémentarité inscrit dans le Statut de Rome, je suis prête à entamer un dialogue avec les autorités soudanaises afin de garantir que les suspects du Darfour seront jugés en toute indépendance et impartialité, dans une salle d'audience à La Haye ou au Soudan. Maintenir l'impunité n'est en aucun cas envisageable. Les victimes de la situation au Darfour méritent d'être enfin entendues par un tribunal.

Monsieur le Président, Excellences,

12. Au tout début, il y avait une coopération entre mon Bureau et le Soudan, nous pouvons et devons la reprendre. Entre 2005 et 2007, bénéficiant de la coopération du Gouvernement soudanais, mon Bureau a pu effectuer plusieurs missions sur place. Depuis lors, le Soudan n'a plus du tout coopéré.

13. Consciente de la complexité de la situation sur le terrain, je suis néanmoins prête à poursuivre la coopération entre mon Bureau et les autorités soudanaises, afin de m'acquitter de mon mandat. Dans cette entreprise, je dois être en mesure de pouvoir compter sur le soutien sans réserve du Conseil. J'invite toutes les parties prenantes au Soudan, notamment les autorités soudanaises concernées et les organisations de la société civile, à contacter mon Bureau.

14. Dans son discours inaugural du 11 avril 2019, le Conseil militaire de transition (CMT) s'est engagé à respecter l'ensemble des traités, chartes et conventions, qu'ils soient locaux, régionaux ou internationaux. Cet engagement ne saurait exclure la Charte des Nations Unies, au regard de laquelle le Soudan est tenu de respecter les décisions du Conseil, y compris la résolution 1593.

15. Dans son arrêt rendu le 6 mai 2019 à propos de la visite de M. Al Bashir en Jordanie en mars 2017, la Chambre d'appel de la CPI a confirmé sans équivoque l'obligation juridique qui incombe aux États parties d'arrêter les chefs d'État dont les agissements relèvent de la compétence de la CPI. Bien que M. Al Bashir ne puisse plus se prévaloir de l'immunité du chef de l'État, la Chambre d'appel a confirmé que l'obligation du Soudan de « coopérer pleinement avec la Cour et le Procureur et [de] leur apporter toute l'assistance nécessaire », ainsi qu'il est prévu au deuxième paragraphe de la résolution 1593 du Conseil, était juridiquement contraignante. Non seulement la loi est limpide à cet égard mais le moment est aussi propice pour présenter à la justice ceux qui sont trop longtemps parvenus à lui échapper afin qu'ils répondent devant le peuple soudanais et le monde entier des crimes graves dont ils sont accusés à la Cour pénale internationale.

16. L'obligation juridique de coopérer pleinement comprend l'obligation de remettre à la Cour les suspects du Darfour qui sont déjà sous la garde du Soudan, et d'arrêter ceux qui sont toujours en liberté, à savoir MM. Ali Kushayb et Abdallah Banda, et de les lui remettre également. En outre, elle comprend l'obligation qui incombe au Soudan de permettre aux représentants de mon Bureau de se rendre librement et en toute sécurité au Soudan et au Darfour.

17. Avec le soutien du Conseil, j'ai bon espoir que le Soudan entamera un dialogue avec mon Bureau afin de discuter de la possibilité d'envoyer une mission sur son territoire dans un très proche avenir pour résoudre ces questions.

Monsieur le Président, Excellences,

18. À l'instar des membres du Conseil, anciens et actuels, je n'ai eu de cesse de rappeler qu'il était essentiel de mettre un terme à l'impunité des auteurs des crimes visés au Statut de Rome qui auraient été commis au Darfour afin d'instaurer la paix et la sécurité dans cette région et au-delà. Comme l'ont malheureusement démontré les événements qui se sont récemment déroulés au Soudan, ces paroles ne doivent pas être vides de sens. En l'absence de l'obligation de rendre des comptes, les forces de l'ordre, y compris des milices affiliées, auraient imperturbablement continué à commettre des crimes contre la population civile.

19. Plus récemment, à Khartoum, le 3 juin, les forces de l'ordre soudanaises, dont les Forces d'appui rapide, auraient attaqué des civils qui manifestaient. Comme l'a relevé dernièrement le porte-parole de la Haut-Commissaire des Nations Unies au droit de l'homme, les Forces d'appui rapide comptent parmi elles d'anciens miliciens janjaouid impliqués dans des violations systématiques des droits de l'homme, commises entre 2003 et 2008 dans la région du Darfour. Il s'agit notamment de crimes allégués dans un certain nombre de mandats d'arrêt délivrés à l'encontre des suspects dans la situation au Darfour. On ne saurait en aucune manière tolérer que des attaques continuent à être lancées contre des civils au Darfour et dans les autres régions du Soudan.

20. Je m'associe au Conseil et condamne fermement les récentes violences commises au Soudan. Les autorités de ce pays ont annoncé que l'attaque du 3 juin 2019 avait fait 61 morts, tandis que des organisations de la société civile soudanaise dénombrent plus d'une centaine de morts parmi les manifestants. Ces attaques se seraient également soldées par des violences sexuelles et à caractère sexiste et des arrestations arbitraires.

21. Il s'agissait là du dernier épisode d'une série d'attaques qui auraient été lancées par les forces de l'ordre sur des manifestants au Soudan, notamment au Darfour, depuis la mi-décembre 2018. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a signalé que depuis le 9 avril, ces attaques s'étaient soldées par 70 morts. Il est particulièrement préoccupant que 19 enfants au moins aient été tués dans les mesures de répression prises contre les manifestants, si l'on en croit la directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance.

22. L'attaque du 3 juin a suscité des appels de toute part, notamment du Secrétaire général de l'ONU et du HCDH, pour qu'une enquête soit ouverte à propos de l'usage excessif de la force par les forces de l'ordre contre les manifestants civils.

23. Je sais que le CMT a déclaré qu'il enquêtait sur les événements en cause et je l'exhorte à veiller à ce que l'enquête soit menée sans attendre par des experts indépendants, et à ce qu'elle porte notamment sur l'ensemble des violations des droits de l'homme signalées à l'encontre de manifestants pacifiques sur l'ensemble du territoire du Soudan, dont le Darfour.

24. Au cours de la période considérée, les attaques perpétrées contre la population civile au Darfour se sont poursuivies et semblent avoir gagné en brutalité. Par exemple, en janvier 2019, une milice a attaqué Kura (j'évoque le village de Katour dans mon rapport) et deux civils ont été tués au cours de cette attaque et plus d'une cinquantaine de maisons ont été incendiées. Plus récemment, une attaque perpétrée contre le marché de Deleig, le 9 juin, se serait soldée par la mort d'un certain nombre de civils. Une fois encore, de telles attaques sont totalement inacceptables et doivent cesser.

25. Les personnes déplacées à l'intérieur du Darfour, qui seraient au nombre de 1,64 million, demeurent particulièrement vulnérables et les violences sexuelles et à caractère sexiste continuent d'entraver la liberté de mouvement des femmes et des jeunes filles, dans les camps de déplacés comme dans les zones de retour. En outre, les attaques contre le personnel chargé du maintien de la paix se poursuivent dans cette région.

26. Je partage la profonde inquiétude exprimée par le Comité pour la paix et la sécurité de l'Union africaine, le 13 juin, sur le fait que l'évolution de la situation sur le plan politique et sécuritaire au Soudan avait contribué à la récente détérioration de la situation en matière de sécurité au Darfour. Je ne doute pas que le Conseil apportera son soutien à l'appel lancé par ce Comité pour que la communauté internationale continue de fournir un appui à la population en détresse au Darfour.

27. Je relève par ailleurs, non sans inquiétudes, les agissements des Forces d'appui rapide qui auraient saisi des installations et des biens appartenant à l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour. Dans ce contexte, je soutiens le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, résolu à prorogé le mandat de la MINUAD pour une durée de 12 mois, et sa demande pour que le Conseil en fasse de même. Je soutiens également son refus de donner suite à l'appel lancé par le CMT pour que la MINUAD remette ses ressources aux Forces d'appui rapide et abonde dans le sens de sa demande pour que ces mêmes ressources soient remises aux autorités civiles.

28. En ce qui concerne les récentes allégations de crimes commis au Darfour, permettez-moi d'être très claire à ce sujet : je continuerai de suivre de près la situation et je n'hésiterai pas à enquêter, et le cas échéant, à engager des poursuites contre les personnes qui portent la responsabilité la plus lourde dans les crimes présumés qui relèvent de la compétence de la CPI.

Monsieur le Président, Excellences,

29. Avant de conclure, j'aimerais exprimer ma gratitude pour le soutien que mon Bureau a reçu de la part de nombreux États, notamment des membres du Conseil, lesquels ont publiquement exhorté le Soudan à coopérer avec la CPI à la suite des récents événements qui s'y sont déroulés.

30. De même, je voudrais remercier toutes les personnes et les organisations qui soutiennent mon Bureau, que ce soient à l'intérieur ou en dehors du Soudan, et qui demandent que les suspects du Darfour soient arrêtés et remis à la CPI. J'aimerais en outre exprimer mes remerciements les plus sincères à tous ceux qui continuent de fournir des renseignements précieux à mon Bureau à propos des événements qui surviennent au Soudan. Votre inébranlable détermination à ce que justice soit rendue pour les victimes au Darfour est une véritable source d'inspiration.

Monsieur le Président, Excellences,

31. L'équipe chargée de la situation au Darfour continuera à travailler et je continuerai à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que justice soit rendue aux victimes de cette région. Toutefois, mon Bureau ne peut pas à lui seul garantir l'arrestation et la remise des suspects.

32. Afin d'obtenir la reprise de la coopération entre mon Bureau et le Soudan, le Conseil doit œuvrer efficacement en ce sens. Dans une déclaration, le 11 juin, soit plus de quatorze ans après que la situation au Darfour a été déférée à mon Bureau, le Conseil a, une nouvelle fois, souligné l'importance de l'obligation de rendre des comptes et de la justice au Soudan.

33. Avec l'appui du Conseil et la coopération des autorités soudanaises, il existe à présent la possibilité de faire de réels progrès pour que les auteurs des crimes en cause soient poursuivis et que justice soit rendue aux victimes dans la situation au Darfour. Dans cette région, les violences actuellement perpétrées contre les civils doivent cesser et toutes les personnes recherchées par la CPI doivent être jugées. Il ne faut en aucun cas laisser passer cette occasion.

Monsieur le Président, Excellences,

34. Il est grand temps d'agir. Les victimes de la situation au Darfour n'ont que trop attendu que justice leur soit rendue. Nous ne pouvons pas les décevoir. Je vous remercie pour votre attention et je ne doute pas que le Conseil prendra des mesures décisives pour que l'obligation de rendre des comptes devienne enfin réalité dans cette situation.


Vingt-neuvième Rapport du Procureur de la Cour pénale internationale au Conseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies en Application de la Résolution 1593 (2005) :

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السيد الرئيس،

1 – أسمحوا لي بأن أبدأ بتهنئة الكويت على توليها رئاسة هذا المجلس في شهر حزيران/يونيه، وعلى ترأسها هذه الإحاطة بشأن الحالة في دارفور بالسودان عملاً بالقرار 1593.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

2 - كما نعلم جميعاً، بعد أشهر من الاحتجاجات المناوئة للحكومة، وإزاحة السيد عمر حسن أحمد البشير من سدة السلطة في 11 نيسان/أبريل، تمر جمهورية السودان بفترة تحول سياسي متقلبة.

3 - ورغم أني لا أستهين بتعقد الأحداث الجارية في السودان وتغيرها، فإني اليوم لديّ رسالة واضحة أبلغكم بها: لقد حان الوقت للتحرك. لقد حان الوقت ليختار الشعب السوداني القانون بدلاً من الإفلات من العقاب، وأن يضمن أن من تشتبه المحكمة بهم في الحالة في دارفور سيواجهون العدالة أخيراً في محكمة. ولقد أُتيحت فرصة فريدة الآن للمجلس أيضاً لكي يتصدى بحسم وفاعلية للإفلات من العقاب الذي أصاب دارفور. ويجب عليه أن يستغل هذه الفرصة.

4 - وبصفتي المدعية العامة للمحكمة الجنائية الدولية، ينتابني قلق عميق بسبب ما ورد مؤخرا من ارتكاب أعمال عنف ضد المدنيين، ومن بينها جرائم جنسية وقائمة على أساس نوع الجنس ادُّعي بارتكابها. وقد انتشرت أيضاً أعمال العنف ذات الصلة إلى أقاليم أخرى في البلاد، ومن بينها دارفور بالسودان.

5 - وإني أنضم إلى أعضاء هذا المجلس في المناشدة بالتوقف فوراً عن ارتكاب أعمال العنف ضد المدنيين وتوفير الحماية القوية لهم والمساءلة الكاملة عن الجرائم المـُدّعى بارتكابها وما يتصل بها من معاناة قاساها المجنيّ عليهم. وأنضم إلى المجلس أيضاً في أسفه على الأرواح التي أُزهقت في أثناء أعمال العنف الأخيرة تلك.

6 - ويجب أن تحقق السلطات السودانية في ادعاءات وقوع أعمال عنف ضد المدنيين، بما فيها أعمال العنف الجنسي والقائم على أساس نوع الجنس، تحقيقاً فورياً وفعالاً، وأن يُساق المسؤولون عنها إلى العدالة.

7 - ومن جانبي، وفي نطاق ولايتي واختصاصي بموجب نظام روما الأساسي، فإني ملتزمة بمواصلة بذل كل ما في وسعي لضمان تحقيق المساءلة في السودان.

8 - وأطالبُ أيضاً بأن تتعاون جميع الدول الأطراف في نظام روما الأساسي تعاوناً كاملاً. فالدول الأطراف يجب عليها أن تفي وفاء ثابتاً وفعالاً بالتزاماتها التي يفرضها النظام الأساسي بالتعاون مع المحكمة في التحقيق والمقاضاة في الدعاوى المـُقامة في الحالة في دارفور.

9 - أما السودان نفسه، فهو الآن على مفترق طرق، ولديه فرصة لأن ينبذ سياسة امتناعه التام عن التعاون مع مكتبي فيما سبق وأن يفتح صفحة جديدة بأن يدلل على التزامه الجديد بتحقيق المساءلة من أجل المجنيّ عليهم في الحالة في دارفور. ونحن من جانبنا على استعداد للانخراط في الوقت المناسب لو توافرت الإرادة الصادقة لمساءلة مرتكبي الجرائم.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

10 -        لا تزال أوامر القبض الخمسة التي أصدرتها المحكمة جميعها سارية، وإن كانت الظروف قد تغيرت تغيراً كبيراً. فالوضع الذي كان سائداً في السابق قد انتهى. وقد تمت الإطاحة بالسيد عمر البشير وقُبض عليه ووُضع قيد الاعتقال ووُجهت إليه اتهامات بارتكاب جرائم داخل السودان. وقد ورد أيضاً أن مشتبهين بهما آخرين في الحالة في دارفور، هما السيد عبد الرحيم حسين والسيد أحمد هارون، قيد الاعتقال في الخرطوم.

11 -        ولا يزال السودان ملزماً قانوناً بنقل هؤلاء المشتبه بهم إلى المحكمة لمحاكمتهم، ما لم يستطع أن يبرهن لقضاة المحكمة الجنائية الدولية أنه راغب في مقاضاتهم حقاً في الدعاوى نفسها وقادر عليها. وتماشياً مع مبدأ التكامل، وهو المبدأ الراسخ المنصوص عليه في نظام روما الأساسي، فإني على استعداد بأن أنخرط في حوار مع السلطات في السودان لضمان مثول المشتبه بهم في الحالة في دارفور أمام قضاء مستقل ومتجرد، سواء في إحدى قاعات المحكمة هنا في لاهاي أو في السودان. فاستمرار الإفلات من العقاب ليس بخيار. والمجنيّ عليهم في الحالة في دارفور يستحقون أن تستمع المحكمة لهم أخيراً.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

12 -        إن بين مكتبي والسودان تاريخاً سابقاً للتعاون يمكننا، بل يجب علينا، أن نستعيده. فمن عام 2005 إلى عام 2007، وبتعاون الحكومة السودانية، أرسل مكتبي عدة بعثات إلى السودان. ومنذ ذلك الحين، لم يتعاون السودان بأي شكل من الأشكال.

13 -        ومع أني أضع في اعتباري تعقد الوضع على الأرض في السودان، فإني مستعدة لمواصلة التعاون بين مكتبي وبين السلطات في السودان بغية الوفاء بولايتي. وتحقيقاً لذلك، لا بد من أن أتمكن من الاعتماد على الدعم الكامل من هذا المجلس. وأدعو جميع الأطراف الفاعلة إلى الانخراط مع مكتبي في السودان، ومن بين تلك الأطراف السلطات السودانية ومنظمات المجتمع المدني ذات الصلة.

14 -        وقد تعهد المجلس العسكري الانتقالي في خطابه الافتتاحي يوم 11 نيسان/أبريل 2019 بالالتزام بجميع المعاهدات والمواثيق والاتفاقيات المحلية والإقليمية والدولية. ويجب أن يشمل هذا التعهد التزاماً بميثاق الأمم المتحدة الذي يتقيد السودان بموجبه بقرارات هذا المجلس، ومن بينها القرار 1593.

15 -        ولقد أكد الحكم الذي أصدرته دائرة الاستئناف بالمحكمة في 6 أيار/مايو 2019، بخصوص زيارة السيد البشير إلى الأردن في آذار/مارس 2017، بجلاء على الالتزام القانوني الذي تتحمله الدول الأطراف بالقبض على رؤساء الدول الخاضعين لاختصاص المحكمة. وعلى الرغم من أن السيد البشير قد لا يحاول مرة أخرى أن ينتفع من حصانة رؤساء الدول، فإن دائرة الاستئناف أكدت على أن السودان ملزم قانوناً بواجب التعاون ''تعاوناً كاملاً مع المحكمة والمدعي العام وأن يقدم إليهما كل ما يلزم من مساعدة'' وفقاً لما أمر به المجلس في الفقرة الثانية من القرار 1593. فحال القانون واضح، والفرصة واضحة أيضا لأن يخضع للقانون أولئك الذين طال تهربهم من العدالة لمساءلتهم أخيراً أمام الشعب السوداني وأمام العالم عن الجرائم الخطيرة التي تتهمهم بها المحكمة الجنائية الدولية.

16 -        إن هذا الالتزام القانوني القاضي بالتعاون الكامل يتضمن التزاماً بتقديم المشتبه بهم في الحالة في دارفور ممن هم قيد التحفظ فعلاً في السودان، والقبض على من لا يزالون طلقاء منهم وتقديمهم، وهم السيد علي كوشيب والسيد عبد الله بندا. ولا بد من أن يشمل أيضاً التزام السودان بالسماح لمكتبي بدخول السودان، ولا سيما دارفور، بأمان ومن دون قيود.

17 -        وإني أتوقع أن يشارك السودان في حوار مع مكتبي، بدعم من هذا المجلس، لمناقشة جدوى إرسال مكتبي بعثة إلى السودان في القريب العاجل جداً لتسوية هذه المسائل.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

18 -        لقد أكدتُ مراراً، أنا وأعضاء في هذا المجلس سابقون وحاليون، على أن إنهاء الإفلات من العقاب على الجرائم الواردة في نظام روما الأساسي المـُدّعى بارتكابها في دارفور لا غنى عنه من أجل الحفاظ على السلام والأمن في دارفور وما دونها. ولقد برهنت الأحداث الأخيرة في السودان للأسف على أن هذه الشعارات ليست جوفاء. ففي غياب المساءلة تواصل قوات الأمن، ومن بينها الميليشيا الموالية، ارتكاب جرائم ضد المدنيين بلا رادع، بحسب ما ورد.

19 -        ومؤخراً، ورد أن قوات الأمن السودانية، بما فيها قوات الدعم السريع، هاجمت المحتجين المدنيين في الخرطوم في الثالث من حزيران/يونيه. وكما أشار مؤخراً المتحدث باسم مفوضة الأمم المتحدة السامية لحقوق الإنسان، فإن قوات الدعم السريع تضم في صفوفها أعضاء من مليشيات الجنجويد السابقة المرتبطة بانتهاكات منهجية لحقوق الإنسان في إقليم دارفور بين عامي 2003 و2008. وتشمل هذه الانتهاكات الجرائم التي ادُّعي بارتكابها في عدد من أوامر القبض على المشتبه بهم في الحالة في دارفور. ولا زالت هذه الهجمات التي ورد شنّها على المدنيين في دارفور وفي مناطق أخرى في السودان تُرتكب، وهذا ببساطة أمر غير مقبول.

20 -        وأنا أنضم إلى هذا المجلس في استنكاره الشديد لأعمال العنف الأخيرة في السودان. فقد أعلنت السلطات السودانية عن وفاة 61 شخصاً بعد الهجوم الذي وقع في الثالث من حزيران/يونيه 2019، بينما تشير منظمات المجتمع المدني في السودان إلى موت ما يزيد على 100 من المحتجين. وقد أسفرت هذه الهجمات أيضاً عن أعمال عنف جنسي وقائم على أساس نوع الجنس واعتقالات تعسفية.

21 -        وقد كان ذلك الهجوم هو الحلقة الأخيرة في سلسلة هجمات ورد أن قوات الأمن شنّتها على المتظاهرين في السودان، بما فيه دارفور، منذ منتصف كانون الأوّل/ديسمبر 2018. وقد ورد في تقرير لمفوّضية الأمم المتحدة السامية لحقوق الإنسان أن هذه الهجمات أسفرت عن موت 70 شخصاً منذ التاسع من نيسان/أبريل من هذا العام. ومن دواعي القلق الشديد ما ورد عن مقتل ما لا يقل عن 19 طفلاً في حملة القمع على المحتجين وفقاً للمديرة التنفيذية لمنظمة الأمم المتحدة للطفولة.

22 -        وقد استدعى الهجوم الذي وقع في الثالث من حزيران/يونيه نداءات واسعة النطاق، كان من بين من وجهوها الأمين العام للأمم المتحدة والمفوضة السامية لحقوق الإنسان، للتحقيق في استخدام قوات الأمن القوة المفرطة ضد المحتجين المدنيين.

23 -        وأنا على علم بأن المجلس العسكري الانتقالي قد صرح بأنه يحقق في هذه الأحداث، وأحثُّه على ضمان إجراء التحقيق فوراً بالاستعانة بخبراء مستقلين، بحيث يشمل التحقيق كل ما ورد من انتهاكات لحقوق الإنسان التي ارتُكبت ضد المحتجين السلميين في جميع أنحاء السودان، بما فيها دارفور.

24 -        وقد استمرت الهجمات التي شُنَّت على السكان المدنيين في دارفور في أثناء الفترة المشمولة بالتقرير، ويبدو أنها تزداد حدة. فعل سبيل المثال، أسفر هجوم شنّته ميليشيا في كانون الثاني/يناير 2019 على كورا، التي أشرتُ إليها في تقريري باسم كاتور، عن مقتل مدنيين اثنين وحرق ما يقرب من 50 منزلاً. وقد شُنّ هجوم بعد ذلك على سوق دليج في التاسع من حزيران/يونيه وأسفر عن مقتل عدد من المدنيين كما ورد. وأكرر أن هذه الهجمات غير مقبولة ويجب أن تتوقف.

25 -        ولا يزال النازحون داخلياً في دارفور، البالغ عددهم 1.64 مليون شخص تقريباً، في ضعف بالغ، ويظل العنف الجنسي والقائم على أساس نوع الجنس يحد من حرية حركة النساء والفتيات في معسكرات النزوح ومناطق العودة. وتستمر كذلك الهجمات على أفراد حفظ السلام في دارفور.

26 -        وأنا أشاطرُ لجنة السلام والأمن بالاتحاد الأفريقي قلقها العميق الذي أعربت عنه في 13 حزيران/يونيه من أن التطورات الأمنية والسياسية في السودان أسهمت في التدهور الأخير الذي شهده الوضع الأمني في دارفور. وأثقُ في أن هذا المجلس سيقدم الدعم للنداء الذي وجهته لجنة السلام والأمن بالاتحاد الأفريقي للمجتمع الدولي لمواصلة دعم السكان المحتاجين في دارفور.

27 -        وأشيرُ أيضاً بقلق إلى التقارير التي أفادت بأن قوات الدعم السريع ادُّعي بأنها استحوذت على مرافق وأصول سبق أن كانت تشغلها العملية المختلطة للاتحاد الأفريقي والأمم المتحدة في دارفور. وفي هذا السياق، أدعمُ مجلس السلم والأمن التابع للاتحاد الأفريقي في تصميمه على مد ولاية العملية المختلطة لمدة 12 شهراً، والطلب الذي قدمه مجلس السلم والأمن إلى المجلس لمد ولاية البعثة أيضا؛ وكذلك رفضه دعوة المجلس العسكري الانتقالي العملية المختلطة إلى تسليم أصولها لقوات الدعم السريع، وطلبه تسليم تلك الأصول إلى سلطات مدنية.

28 -        وبالنسبة للجرائم التي ادُّعي بارتكابها مؤخراً في دارفور، اسمحوا لي بأن أقول صراحة إني سأواصل رصد الأحداث عن كثب، ولن أتردد في التحقيق بشأن هؤلاء الذين يتحملون القسط الأكبر من المسؤولية عن الجرائم التي ادُّعي بارتكابها والتي تدخل في اختصاص المحكمة ومقاضاتهم إن كان ذلك مناسباً.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

29 -        قبل أن أختتم ملاحظاتي، أود أن أقر بالدعم الذي تلقاه مكتبي من دول كثيرة، منها دول أعضاء في هذا المجلس نادت علانية بأن يتعاون السودان مع المحكمة بعد الأحداث الأخيرة التي وقعت في السودان.

30 -        وأودُ أن أشكر أيضاً جميع الأفراد والمنظمات التي تقدم الدعم لمكتبي، ومن بينهم أولئك الذين دعوا، من داخل السودان أو من خارجه، إلى القبض على المشتبه بهم في دارفور وتقديمهم إلى المحكمة. وأعربُ أيضاً عن خالص تقديري لمن يواصلون دعم مكتبي بمعلومات قيّمة تتصل بالأحداث في السودان. إن تفانيكم المتواصل في تحقيق العدالة للمجنيّ عليهم في الحالة في دارفور ملهم حقاً.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

31 -        إن فريقي المعني بدارفور سيواصل عمله، وسأستمرُ أنا في فعل كل ما بوسعي لتحقيق العدالة للمجني عليهم في الحالة في دارفور، ولكن مكتبي لا يستطيع أن يكفل القبض على المشتبه بهم وتقديمهم من دون دعم.

32 -        ولضمان تجدد التعاون فيما بين مكتبي والسودان، لا بد أن يقدم هذا المجلس دعماً قوياً وفعالاً. وقد أكد هذا المجلس مجدداً في بيان أصدره في 11 حزيران/يونيه، بعد ما يزيد على أربعة عشر عاماً من إحالة الحالة في دارفور إلى مكتبي، على أهمية المساءلة والعدالة في السودان.

33 -        وبدعم هذا المجلس، وتعاون السلطات في السودان، ثمة فرصة سانحة لإحراز تقدم حقيقي في مسعانا لتحقيق المساءلة والعدالة للمجنيّ عليهم في الحالة في دارفور. إن أعمال العنف التي يرد حالياً وقوعها في دارفور ضد المدنيين يجب أن تتوقف، ويجب أن يحاكم كل من تشتبه المحكمة بهم على خلفية الحالة في دارفور. ويجب أن لا نهدر هذه الفرصة.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

34 -   لقد حان الوقت للتحرك. فقد انتظر المجنيّ عليهم في الحالة في دارفور وطال انتظارهم لكي يشهدوا تحقيق العدالة. ويجب أن لا نخذلهم. أشكركم على إصغائكم، وأنا على ثقة بأن المجلس سيتخذ إجراءً حاسماً لدعم المساءلة في هذه الحالة. | مكتب المدعي العام


التقرير التاسع والعشرون للمدعي العام للمحكمة الجنائية الدولية إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة عملا بقرار (2005) 1593 المج :

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بيان إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في دارفور، عملاً بقرار المجلس 1593 (2005)
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]