Déclaration: 8 juin 2017 |

Discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies à propos de la situation au Darfour, en application de la résolution 1593 (2005)

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Mme Fatou Bensouda
Procureur de la Cour pénale internationale

New York
8 juin 2017

Monsieur le Président, Excellences,

1. Je reviens de La Haye, à l'invitation de cette auguste institution, présenter mon vingt-cinquième rapport relatif à la situation au Darfour, en application de la résolution 1593, adoptée le 31 mars 2005 par le Conseil de sécurité des Nations Unies.

2. Lorsque le Conseil a déféré la situation au Darfour à mon Bureau en adoptant cette résolution, celle-ci était l'aboutissement des efforts collectifs déployés par la communauté internationale pour que justice soit rendue et que les auteurs des pires crimes relevant du Statut de Rome commis dans cette région rendent des comptes.

3. Sans l'ombre d'un doute, ce renvoi a suscité tant l'espoir que les attentes de milliers de victimes dans le cadre de la situation au Darfour de voir la justice rendue. Certaines d'entre elles ont mis toute leur foi dans le Conseil et dans la Cour pénale internationale et se sont courageusement présentées à mon Bureau pour livrer le récit des événements atroces dont elles avaient été témoins et qu'elles avaient endurés. Elles l'ont souvent fait en prenant tous les risques et en payant le prix fort.

4. Les éléments de preuve recueillis auprès de ces victimes courageuses constituent, dans une large mesure, le socle de multiples mandats d'arrêt, décernés notamment à l'encontre de M. Omar Al Bashir, de M. Ahmad Harun, de M. Abdel Raheem Hussein, de M. Ali Kushayb et de M. Abdallah Banda.

5. Avec ces mandats d'arrêt, et en ce qui concerne M. Banda, la confirmation des charges portées contre lui, les espoirs de justice étaient immenses.

6. Fort malheureusement, pour beaucoup, les espoirs ont de plus en plus fait place à la déception, la frustration voire la colère face à l'inertie de l'évolution de la situation au Darfour. Aucun des suspects visés par un mandat d'arrêt n'a été arrêté ou transféré à la Cour pénale internationale (« CPI » ou la « Cour » ).

7. N'oublions pas non plus que ces hommes doivent répondre de multiples accusations se rapportant à certains des pires crimes qui soient visés au Statut de Rome.

8. Aujourd'hui, devant cette haute instance publique, aux victimes qui attendent toujours que justice soit rendue au Darfour et à leurs familles, je dis ceci : gardez espoir et n'abandonnez jamais. Malgré les nombreux obstacles, l'espoir ne doit pas être perdu pour autant car mon Bureau demeure fermement résolu à remplir sa mission, et quand il est question de criminels et de justice, le temps joue pour celle-ci. Les tribunaux ad hoc pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie créés par l'ONU font figure d'exemples et nous rappellent qu'à force de persévérance et de détermination, des arrestations et des transferts de suspects peuvent survenir bien des années après la délivrance des mandats d'arrêt.

9. Je rappellerai ceci : mon Bureau reste plus déterminé que jamais à faire triompher la justice au Darfour.

10. Malgré les restrictions budgétaires, j'ai pris la décision de renforcer l'équipe chargée de la situation au Darfour en y incorporant des enquêteurs et des analystes supplémentaires.

11. L'augmentation des effectifs dans l'équipe commence à porter ses fruits. Les dossiers en cours sont étayés par les nouvelles preuves recueillies. Le travail d'analyse approfondie se poursuit également dans ces affaires. Mon Bureau intensifie de surcroît les enquêtes qu'il mène à propos de nouveaux crimes qui auraient été commis au Darfour.

12. Je saisis l'occasion qui m'est donnée pour remercier publiquement les membres de mon équipe pour les efforts soutenus qu'ils déploient en ce qui concerne la situation au Darfour et pour la détermination, la résilience et le professionnalisme dont ils font preuve face aux conditions extrêmement difficiles auxquelles ils sont confrontés, sans compter le fait que les autorités soudanaises ont toujours refusé de coopérer et qu'il était par conséquent impossible d'enquêter sur place.

Monsieur le Président, Excellences,

13. En dépit des difficultés auxquelles mon Bureau continue de faire face, il semblerait que les conditions sur le terrain s'améliorent un peu au Darfour. J'espère sincèrement que toute véritable embellie pourra permettre à ceux qui se sont engagés en faveur de la paix et de la justice dans cette région de réaliser des progrès.

14. Comme le savent les membres du Conseil, le travail effectué par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l'Union africaine, l'Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour, appelée également la MINUAD, et les autres parties prenantes majeures a permis de signaler quelques améliorations récentes dans la situation au Darfour. Par exemple, en avril, dans son rapport au Conseil, la MINUAD a relevé que l'intensité des combats entre les forces gouvernementales soudanaises et les mouvements armés de l'opposition avait diminué et que la coopération des autorités soudanaises s'était améliorée. La MINUAD serait à présent en mesure de se rendre dans des zones du Djebel Marra auparavant interdites bien qu'il ressorte clairement de mon rapport que le libre accès à certaines zones n'aurait que peu d'effets s'il n'était pas maintenu.

15. Bien évidemment, ainsi qu'il ressort également de mon rapport, le Darfour continue d'être frappé par de graves problèmes. En mai, après que la MINUAD a présenté son rapport devant le Conseil, il semblerait que l'armée soudanaise, appuyée par les Forces de soutien rapide, ait affronté des mouvements armés de l'opposition dans le nord et l'est du Darfour.

16. De plus, les personnes déplacées continuent d'être victimes de multiples crimes, notamment d'attaques présumées lancées contre leurs camps et de violences sexuelles et à caractère sexiste. À cet égard, je prends acte de la résolution 2340 adoptée en février 2017, dans laquelle le Conseil déplorait « les violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme commises par les forces de sécurité du Gouvernement soudanais, leurs alliés et des groupes armés, y compris les groupes d'opposition, contre des civils, y compris des personnes déplacées, en particulier dans la région du Jebel Marra ». Je me réjouis que dans sa résolution, le Conseil ait appelé tous les groupes armés à s'abstenir de tout acte de violence contre des civils.

17. Mon dernier rapport fait également état de la hausse inquiétante des arrestations et détentions prolongées de militants des droits de l'homme et d'opposants politiques au Gouvernement soudanais au cours de la période visée.

18. Il demeure des obstacles à surmonter au Darfour. Néanmoins, je me réjouis, avec toute la prudence qui s'impose, des quelques améliorations signalées sur place.

Monsieur le Président, Excellences,

19. Comme l'ont relevé les membres du Conseil à maintes reprises, notamment en réponse à mes rapports semestriels, il ne saurait y avoir de paix durable au Darfour tant qu'on ne s'attaquera pas aux causes profondes du conflit. Celles-ci sont multiples et complexes et la culture toxique et omniprésente de l'impunité au Darfour en ce qui concerne les crimes visés au Statut de Rome en fait partie. S'attaquer à l'impunité et veiller à ce que justice soit rendue s'agissant des atrocités commises dans cette région relèvent de la mission que le Conseil a confiée à mon Bureau.

20. Il s'agit là d'une mission que je continuerai à poursuivre avec vigueur, en toute indépendance et en toute impartialité, sans crainte ni parti pris. Pour la mener à bien, il faut toutefois que le Conseil et tous les États, notamment les États parties au Statut de Rome, me réitèrent leur soutien.

21. En 2005, le Conseil a noué, sur le plan juridique et factuel, des liens avec mon Bureau en lui déférant la situation au Darfour par la voie de la résolution 1593. Ces liens et ces obligations ne se sont pas arrêtés à l'adoption de cette résolution. Bien au contraire, ils ont en fait débuté à ce moment-là dans l'espoir que les mesures qui s'imposaient seraient prises et que le soutien nécessaire serait accordé. Je demande une nouvelle fois à cette honorable assemblée de soutenir concrètement les activités de mon Bureau à propos de la situation au Darfour.

22. En particulier, je réitère ma demande formulée de longue date afin d'obtenir le soutien de ce Conseil quant à l'exécution des mandats d'arrêt décernés par la Cour contre les personnes recherchées dans le cadre de cette situation. Je me vois par ailleurs dans l'obligation de redemander au Conseil de nous aider à obtenir une aide financière de l'ONU pour que mon Bureau puisse poursuivre son travail dans le cadre de la situation au Darfour.

M. le Président, Excellences,

23. Une Chambre préliminaire de la Cour doit se prononcer avant les congés du mois de juillet sur la question de savoir si l'Afrique du Sud a failli à ses obligations au regard du Statut de Rome lorsqu'elle n'a pas procédé à l'arrestation et à la remise de M. Al Bashir en juin 2015 et, dans l'affirmative, si l'Afrique du Sud doit rendre des comptes devant l'Assemblée des États parties au Statut de Rome et/ou devant ce Conseil.

24. Dans sa décision, la Chambre tiendra néanmoins compte d'observations présentées par l'Afrique du Sud, la Belgique, le Southern Africa Litigation Centre en qualité d'amicus curiae et mon Bureau. Considérées globalement, ces observations lui permettront de rendre une décision motivée qui, je l'espère, jettera les bases d'une coordination renforcée entre mon Bureau, la Cour, les États parties et ce Conseil lorsque de nouvelles initiatives seront prises pour arrêter les suspects dans la situation au Darfour et les remettre à la Cour. Ces efforts collectifs sont plus que jamais indispensables.

25. En ce qui concerne les déplacements sur le territoire d'États parties, M. Al Bashir s'est rendu tout récemment, le 29 mars 2017, en Jordanie. Je déplore que ce pays, à qui le Greffe avait rappelé ses obligations en matière d'arrestation et de remise à la Cour de M. Al Bashir, ait décidé de ne pas s'y conformer. La Chambre préliminaire II a de ce fait invité les autorités jordaniennes à s'expliquer sur ce point afin de lui permettre de formellement conclure ou non à une absence de coopération et de saisir ou non l'Assemblée des États parties et/ou le Conseil de sécurité de cette question. À la demande desdites autorités, la Chambre a décidé, le 2 juin 2017, de proroger à la fin du mois le délai de dépôt de leurs observations sur cette question.

26. Il est regrettable que M. Al Bashir puisse également continuer à se rendre sur le territoire d'États non parties.

27. Par ailleurs, les événements ont démontré que M. Al Bashir, qui avait prévu de se rendre au Sommet de Riyad en Arabie saoudite les 20 et 21 mai 2017, a finalement décidé d'annuler sa visite à la suite de pressions diplomatiques.

28. Le fait d'inviter une personne visée par un mandat d'arrêt délivré par la CPI à se rendre à l'étranger, de faciliter ce déplacement ou de le cautionner revient à trahir ses engagements en faveur de la justice pénale internationale. Il s'agit aussi d'un affront infligé aux victimes du Darfour. Les États membres de ce Conseil ont le pouvoir, en toute indépendance ou collectivement, d'exercer une influence positive sur les États, qu'ils soient parties au Statut de Rome ou non, et de les aider à arrêter les suspects recherchés et à les remettre à la Cour. C'est également valable pour les organisations régionales. Je prie les membres du Conseil d'user de leur influence en faveur d'une justice indépendante et impartiale que mon Bureau tente d'instaurer dans le cadre de la situation au Darfour.

29. À tout le moins, le Conseil devrait exprimer son soutien en faveur de l'action de mon Bureau en prenant des mesures concrètes lorsque sont rendues des décisions concluant à un refus ou à une absence de coopération dans le cadre d'une situation déférée à la Cour.

30. Sur les treize décisions de cette nature rendues à ce jour, aucune n'a donné lieu à une réaction de la part de ce Conseil. En refusant d'agir concrètement à la suite de telles décisions de la Cour, le Conseil renonce au fond au rôle très clair qui lui est dévolu sur ces questions soulevées au regard des dispositions du Statut de Rome, tel qu'il a été négocié et adopté, et en application de la résolution 1593.

31. J'exhorte une nouvelle fois le Conseil à étudier attentivement les propositions faites par la Nouvelle Zélande ainsi que d'autres États qui renferment des solutions concrètes et pertinentes pour répondre à toute notification par la Cour d'un manquement ou d'une absence de coopération.

32. Je rappelle également que la Nouvelle-Zélande a souligné la nécessité pour ce Conseil de se sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve à l'égard du Gouvernement soudanais. Mon Bureau soutient sans réserve cette proposition. Je tiens d'ailleurs à faire remarquer que le représentant du Gouvernement soudanais a fait allusion à « [TRADUCTION] l'objectif crucial et noble que constitue la lutte contre l'impunité » dans sa réponse à ma vingt-quatrième déclaration devant ce Conseil en décembre dernier.

33. Si le Gouvernement soudanais a véritablement l'intention de lutter contre l'impunité, le Conseil devrait l'inviter à en faire la démonstration en entamant une nouvelle phase de coopération avec le Conseil et la Cour.

34. Avant de conclure sur le sujet de la coopération, il convient de souligner que malgré les difficultés auxquelles est confronté mon Bureau pour obtenir la coopération de certains États, il continue de recevoir une aide utile d'un certain nombre d'autres États dans le cadre de la situation au Darfour. Je leur exprime toute ma gratitude et je me réjouis de poursuivre notre collaboration.

Monsieur le Président, Excellences

35. En guise de conclusion, je tiens à souligner que ce Conseil, dans sa résolution 2340 adoptée en février dernier, avait demandé spécifiquement au Gouvernement soudanais de « faire le nécessaire pour amener les auteurs de violations graves du droit international des droits de l'homme et du droit international humanitaire, quels qu'ils soient, à répondre de leurs actes ».

36. La pleine coopération et l'assistance des autorités soudanaises en faveur de l'action de la Cour ne sont-elles pas des maillons indispensables dans ce processus ? Cette coopération était déjà sollicitée par le Conseil dans sa résolution 1593, lequel déférait alors la situation au Darfour à mon Bureau. Cela démontrerait clairement la volonté du Soudan de rendre justice aux victimes de crimes relevant du Statut de Rome perpétrés au Darfour, des citoyens de ce pays, et de reconnaître leurs souffrances.

37. Je prie également le Conseil de réitérer son engagement aux côtés de mon Bureau, notamment pour ce qui est de l'arrestation et de la remise des suspects dans la situation au Darfour. Il est impératif que nous agissions conjointement pour redonner foi et espoir à ceux qui attendent que justice soit faite pour les victimes dans cette région.

38. Une paix durable ne pourra s'y installer que si les auteurs des crimes rendent des comptes à la justice. Mon Bureau continue de s'y employer. Je demande donc au Conseil de prendre ses responsabilités au regard de la résolution 1593 et de soutenir nos efforts, dans l'intérêt de la justice, de la stabilité et de l'instauration d'une paix durable au Darfour.

39. Si le Conseil décide de s'investir pour que justice soit rendue en apportant à mon Bureau le soutien nécessaire à son action au Darfour, la paix reviendra à coup sûr.

40. N'oublions pas que le rameau d'olivier, symbole de paix, est vide de sens s'il n'est pas associé au bandeau de la justice impartiale.

41. Je vous remercie, Monsieur le Président, Excellences, et toutes les personnes qui suivent attentivement cette séance, pour votre attention.


Vingt-cinquième Rapport du Procureur de la Cour Pénale Internationale au Counseil de Sécurité de l'Organisation des Nations Unies en Application de la Résolution 1593 (2005)

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السيدة فاتو بنسودا
المدعية العامة للمحكمة الجنائية الدولية

نيويورك
8 حزيران/يونيه 2017

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

1 -    بناء على دعوة من هذه الهيئة الموقرة، أعود من لاهاي لأقدم تقريري الخامس والعشرين بشأن الحالة في دارفور عملا بقرار مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة 1593.

2 -    إن إحالة المجلس الحالة في دارفور إلى مكتبي إنما دلت على بلوغ جهود المجتمع الدولي المتضافرة مبلغا رفيعا لتحقيق العدالة والمساءلة عن الجرائم الخطيرة الواردة في نظام روما الأساسي التي ارتُكبت في دارفور.

3 -    ولا ريب في أن هذه الإحالة لم تكن باعثة على الأمل فحسب، ولكنها أيضا زادت من تطلعات الآلاف من المجني عليهم في الحالة في دارفور لتحقيق العدالة. ومنح بعض هؤلاء الضحايا هذا المجلس والمحكمة الجنائية الدولية ثقتهم وتقدموا بكل شجاعة لكي يرووا لمكتبي ما شهدوه من أحداث مفجعة وما كابدوه. وغالبا ما تحملوا لذلك مخاطر جمة وتكلفة باهظة على المستوى الشخصي.

4 -    وقد وفرت الأدلة المتحصلة من هؤلاء الشهود الشجعان في معظمها الأساس لإصدار أوامر لإلقاء القبض على عدة أشخاص منهم السيد عمر البشير، والسيد أحمد هارون، والسيد عبد الرحيم حسين، والسيد علي كوشيب، والسيد عبد الله بندا.

5 -    وعندما صدرت هذه الأوامر، ومع اعتماد التهم في الدعوى المـُـقامة ضد السيد بندا، عُقدت آمال عريضة على تحقق العدالة.

6 -    إلا أن هذا الأمل تبدد للأسف شيئا فشيئا لدى الكثيرين ليحل محله الوجوم والإحباط، بل والغضب، حيال البطء في سير الحالة في دارفور. ولم يلقَ القبض على أي من المشتبه بهم الذين صدرت أوامر بإلقاء القبض عليهم أو يُنقلوا إلى المحكمة الجنائية الدولية.

7 -    ويجب ألا ننسى أن أولئك الرجال يواجهون اتهامات عديدة بارتكاب بعض من أخطر الجرائم في العالم التي وردت في نظام روما الأساسي.

8 -    واليوم، في هذا المنتدى العام ذي الأهمية، أقول للمجني عليهم ولعائلاتهم الذين لا يزالون يتطلعون إلى تحقق العدالة في دارفور: لا تيأسوا، ولا تفقدوا الأمل. فالتحديات وإن كثرت يجب ألا تضيع الأمل، لأن مكتبي يبقى ملتزما التزاما راسخا بالمهمة، ولأن الدهر أثبت أن الغلبة للعدالة والخسران للمجرمين. ولنا عبرة في المحكمتين الخاصتين اللتين أنشأتهما الأمم المتحدة لرواندا ويوغوسلافيا السابقة، حيث تذكرانا بأن الإصرار والتصميم يمكنهما أن يفضيا إلى إلقاء القبض على المشتبه بهم وتقديمهم بعد سنوات وسنوات من إصدار أوامر إلقاء القبض عليهم.

9 -    وأؤكد من جديد على أن مكتبي لم يفتر عزمه أبدا في سعيه لتحقيق العدالة في دارفور.

10-   وقد اتخذت القرار بإضافة محققين ومحللين إضافيين إلى فريق دارفور رغم قيود الميزانية.

11 -  وهذه الزيادة في حجم الفريق تؤتي أكلها. فالدعاوى المقامة يمتنها جمع أدلة إضافية، وتعضدها أعمال التحليل المركزة. ويكثف مكتبي أيضا تحقيقاته في جرائم جديدة يُدّعى بارتكابها في دارفور.

12 -  وأستغل هذه الفرصة لأعلن عن عرفاني لفريقي لجهودهم المتواصلة في الحالة في دارفور وتصميمهم وليونة جانبهم وإجادتهم لعملهم في ظل ظروف بالغة الصعوبة، ولا سيما استمرار حكومة السودان في اتباع سياسة الامتناع الكامل عن التعاون وما تستتبعه من عدم القدرة على إجراء التحقيقات في أماكن حدوث الجرائم.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

13 -  ورغم التحديات التي ما برح مكتبي يواجهها، أفادت التقارير أن الظروف تحسنت إلى حد ما على الأرض في دارفور. وإني ليحدوني الأمل في أن يتيح أي تحسن حقيقي الفرصة لمن يلتزمون بالسلام والعدل في هذه المنطقة لإحراز التقدم.

14 -  وكما يعلم هذا المجلس، فإن ما ورد من تحسن مؤخرا في الحالة في دارفور إنما يُعزى إلى العمل الذي يضطلع به فريق الاتحاد الأفريقي الرفيع المستوى المعني بالتنفيذ، والعملية المختلطة للاتحاد الأفريقي والأمم المتحدة في دارفور التي تعرف أيضا باليوناميد، والأطراف المعنية الرئيسية الأخرى. فعلى سبيل المثال، جاء في إحاطة اليوناميد لهذا المجلس في شهر نيسان/أبريل أن الاقتتال تقلص بين قوات حكومة السودان وجماعات المعارضة المسلحة وأن تعاون حكومة السودان قد تحسن. وورد أن اليوناميد صارت تستطيع الوصول إلى مناطق في جبل مرة سبق أن كان محظورا عليها ارتيادها، ولكن السماح بالوصول إلى مزيد من الأماكن لن تكون له قيمة كبيرة إن لم يستمر، وهو ما أوضحته في تقريري.

15 -  وبالطبع، ما زالت دارفور تعاني من مشاكل خطيرة كما ذكرت أيضا في تقريري. ففي شهر أيار/مايو، وبعد أن قدمت اليوناميد إحاطتها إلى هذا المجلس، أوردت تقارير أن الجيش السوداني، مدعوما بقوات الدعم السريع، اشتبك مع حركات المعارضة المسلحة في شمال وشرق دارفور.

16 -  ويضاف إلى ذلك أن النازحين داخليا ما زالت تُرتكب جرائم عديدة ضدهم، ولا سيما الهجمات التي يُدَّعى بشنها على مخيماتهم والعنف الجنسي والقائم على نوع الجنس. وأذكر في هذا السياق أن هذا المجلس، في قراره 2340 الصادر في شباط/فبراير 2017، أعرب عن استيائه من "انتهاكات القانون الدولي الإنساني وانتهاكات وتجاوزات حقوق الإنسان التي ترتكبها قوات الأمن التابعة لحكومة السودان والقوات العاملة بالوكالة عنها والجماعات المسلحة، بما فيها الجماعات المعارضة لحكومة السودان، ضد المدنيين، بمن فيهم النازحون داخليا، ولا سيما في منطقة جبل مرة". وأنا أرحب بالدعوة التي أفصح عنها المجلس في هذا القرار للجهات المسلحة كافة إلى أن تمتنع عن جميع أعمال العنف ضد المدنيين.

17 -  ويبرز تقريري الأخير أيضا ما شهدته الفترة المشمولة بالتقرير من زيادة مقلقة في الاعتقالات وفي الاحتجازات المطولة لناشطي حقوق الإنسان والمعارضين السياسيين لحكومة السودان.

18 -  ولا تزال دارفور تواجه تحديات. ولكني أرحب، وإن كنت حذرة كما ينبغي، بالتقارير التي تفيد بتحقق قدر ما من التحسن في الحالة في دارفور.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

19 -  كما ذكر أعضاء من هذا المجلس في مناسبات عدة، من بينها في معرض استجابتهم لتقاريري نصف السنوية، لن يتحقق السلام الدائم في دارفور إلا بالتصدي للأسباب الجذرية للنزاع. وهذه الأسباب متعددة ومعقدة، ولكنها تشمل ثقافة سامة متفشية في دارفور، ألا وهي ثقافة الإفلات من العقاب على الجرائم الواردة في نظام روما الأساسي. إن التصدي للإفلات من العقاب والسعي لتحقيق العدالة حيال الجرائم الفظيعة المرتكبة في دارفور هي المهمة التي أوكلها هذا المجلس إلى مكتبي.

20 -  وسأظل أسعى لتنفيذ هذه الولاية استقلالا، وبقوة وتجرد، من دون خوف أو محاباة. ولكني في حاجة إلى أن يجدد هذا المجلس دعمه، وأن تجدد الدول قاطبة دعمها، ولا سيما الدول الأطراف في نظام روما الأساسي.

21 -  وفي عام 2005، استهل هذا المجلس علاقاته مع مكتبي واقعا وقانونا بشأن الحالة في دارفور من خلال القرار 1593. وهذه العلاقات والالتزامات لم تنتهي باعتماد ذلك القرار بل إنها، على العكس من ذلك، لم تبدأ إلا في تلك المرحلة وصاحبها التطلع إلى اتخاذ الإجراءات وتقديم الدعم على النحو اللازم من أجل المتابعة. وأنا أطلب إلى هذه الهيئة الموقرة من جديد أن تقدم الدعم الملموس لعمل مكتبي بشأن الحالة في دارفور.

22 -  وأجدد على نحو خاص طلبي الذي توجهتُ به إلى هذا المجلس منذ وقت طويل لكي يدعم الجهود المبذولة لتنفيذ الأوامر التي أصدرتها المحكمة لإلقاء القبض على المشتبه بهم في هذه الحالة. وأجدني مضطرة أيضا إلى أن أكرر مطالبتي بأن يقدم هذا المجلس العون لتيسير المساعدة المالية من قِبَل الأمم المتحدة لعمل مكتبي في الحالة في دارفور.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

23 -  وقبل العطلة القضائية في تموز/يوليه، ستقرر إحدى الدوائر التمهيدية بالمحكمة ما إذا كانت جنوب أفريقيا لم تمتثل لنظام روما الأساسي عندما لم تلق القبض على السيد البشير وتقدمه في حزيران/يونيه 2015، وإن كانت لم تمتثل، ستقرر الدائرة ما إذا كانت ستحيل جنوب أفريقيا إلى جمعية الدول الأطراف في نظام روما الأساسي أم إلى هذا المجلس أم إليهما معا.

24 -  وعندما تتخذ الدائرة قرارها، ستستفيد من الإفادات المقدمة من جنوب أفريقيا، ومن بلجيكا، ومن مركز التقاضي بجنوب أفريقيا باعتباره صديقا للمحكمة، ومن مكتبي. وستسمح هذه الإفادات برمتها للدائرة بصياغة قرار معلل آملُ أن يرسي الأساس لتحسين التنسيق بين مكتبي والمحكمة والدول الأطراف وهذا المجلس في الجهود المستقبلية لإلقاء القبض على المشتبه بهم في الحالة في دارفور وتقديمهم. وهذه الجهود لازمة الآن أكثر من أي وقت مضى.

25 – وبالنسبة لسفر السيد البشير إلى الدول الأطراف، فقد سافر مؤخرا إلى الأردن في 29 آذار/مارس 2017. وعلى الرغم من أن قلم المحكمة ذكّر الأردن بالتزاماته التي تفرض عليه إلقاء القبض على السيد البشير وتقديمه، فإنه رفض ذلك للأسف. ونتيجة لذلك، دعت الدائرة التمهيدية الثانية الأردن إلى تقديم إفادات بشأن هذه المسألة بغية أن تقرر الدائرة ما إذا كانت ستصدر قرارا رسميا بعدم الامتثال وتحيل الأمر إلى جمعية الدولة الأطراف أو إلى هذا المجلس أو إليهما معا. وبناء على طلب من الأردن، قررت الدائرة في 2 حزيران/يونيه 2017 مد أجل تقديم تلك الإفادات حتى نهاية هذا الشهر.

26 -  وبالنسبة لسفر السيد البشير إلى الدول غير الأطراف، فإنه مستمر أيضا للأسف.

27 -  وفي مناسبة أخرى، وتحت وطأة الضغوط الدبلوماسية، تبدّى من الأحداث أن السيد البشير في نهاية المطاف لم يحضر كما كان مزمعا قمة الرياض بالسعودية التي عُقدت كما تقرر من 20 إلى 21 أيار/مايو 2017.

28 -  إن توجيه الدعوة للسفر دوليا إلى أي شخص أصدرت المحكمة أمرا بإلقاء القبض عليه، أو تيسير سفره أو دعمه، يتعارض مع الالتزام بالعدالة الجنائية الدولية، وإنه لإساءة للمجني عليهم في الحالة في دارفور كذلك. وإن الدول التي هي قوام هذا المجلس لديها الصلاحية التي تخولها، منفردة أو مجتمعة، التأثير على الدول وحضها بشكل إيجابي، سواء منها من كانت طرفا في نظام روما الأساسي ومن لم تكن، على المساعدة في الجهود المبذولة لإلقاء القبض على المشتبه بهم في الحالة في دارفور وتقديمهم. وينطبق ذلك على المنظمات الإقليمية أيضا. وأنا ألتمس من أعضاء هذا المجلس أن يحدثوا ذلك التأثير دعما لسعي مكتبي لتحقيق العدالة باستقلالية وتجرد في الحالة في دارفور.

29 -  وينبغي للمجلس على الأقل أن يبرهن على دعمه لعمل مكتبي بأن يتخذ إجراءات ملموسة ردا على قرارات عدم الامتثال أو عدم التعاون أو كليهما التي أحالتها المحكمة إليه.

30 -  وحتى اليوم، صدر ثلاث عشر قرارا من هذا القبيل، ولكن هذا المجلس لم يتخذ إجراءات بشأن أي منها. إن هذا المجلس، بعدم تجاوبه مع تلك القرارات التي تصدرها المحكمة، إنما يتخلى عن دوره الواضح ويقوضه في ما يتعلق بالمسائل التي تنشأ عن نظام روما الأساسي بصيغته المتفاوض عليها والمعتمدة، وعملا بالقرار 1593.

31 -  وأنا أحث هذا المجلس من جديد على أن يهتم اهتماما جديا بالطروح التي سبق أن طرحتها نيوزيلاندا ودول أخرى لإيجاد سبل عملية وناجعة للرد على أي إحالات من هذا القبيل تحيلها المحكمة في المستقبل بشأن عدم الامتثال وعدم التعاون.

32 -  ومن ضمن هذه الطروح، أذكر أيضا أن نيوزيلاندا أشارت إلى وجود حاجة واضحة إلى أن يجد هذا المجلس سبيلا لاجتياز هذا الطريق المسدود الذي وصلت إليه علاقاته مع حكومة السودان. ويدعم مكتبي هذا الاقتراح بكل صدق. وجدير بالذكر في هذا الصدد أنه ردا على بياني الرابع والعشرين الذي قدمتُه إلى هذا المجلس في كانون الأوّل/ديسمبر من العام الماضي، أشار ممثل حكومة السودان إلى أن "محاربة الإفلات من العقاب غاية هامة ونبيلة".

33 -  وإذا كانت حكومة السودان صادقة في التزامها بمحاربة الإفلات من العقاب، فعلى هذا المجلس أن يدعوها إلى أن تبرهن على ذلك الالتزام بأن تبدأ مرحلة جديدة من التعاون مع هذا المجلس ومع المحكمة.

34 -  وقبل أن أختتم إحاطتي إياكم بآخر المستجدات في ما يتعلق بالتعاون، من المناسب أن أذكر أنه على الرغم من التحديات التي يواجهها مكتبي لكفالة تعاون عدد من الدول، فإنه ما فتئ يستفيد من التعاون المثمر لدول أخرى في ما يتصل بالحالة في دارفور، وأنا أعرب عن صادق امتناني لهذا، وأتطلع إلى مواصلة التعاون.

السيد الرئيس، أصحاب السعادة،

35 -  وختاما، لقد دعا هذا المجلس في القرار 2340، الصادر في شهر شباط/فبراير من هذا العام، حكومة السودان تحديدا إلى أن "تبذل جهودا فعالة لكفالة المساءلة عن انتهاكات وتجاوزات حقوق الإنسان وانتهاكات القانون الدولي الإنساني، أيا كان مرتكبوها".

36 -  ولا ريب في أن هذه الجهود الرامية إلى تحقيق المساءلة يجب أن تشمل تعاون السودان التام ومساعدته الكاملة للمحكمة. وقد طالب هذا المجلس بذلك التعاون على وجه التحديد في قراره 1593 الذي أحال الحالة في دارفور إلى مكتبي. وسوف يبرهن السودان بذلك بجلاء على التزامه بتحقيق العدالة للمجني عليهم في دارفور جراء الجرائم المنصوص عليها في نظام روما الأساسي – وهم مواطنون سودانيون – واعترافه بمعاناتهم.

37 -  وألتمس أيضا أن يعمل هذا المجلس مع مكتبي من جديد، ولا سيما في ما يتعلق بإلقاء القبض على المشتبه بهم في دارفور وتقديمهم. فلا بد أن نعمل معا لاستعادة الثقة وتجديد الأمل في أن العدالة ستتحقق للمجني عليهم في دارفور في النهاية.

38 -  إن المساءلة مطلب أساسي لتحقيق السلام الدائم في دارفور. ويواصل مكتبي سعيه لتحقيق هذه المساءلة. وأنا أطلب إلى هذا المجلس أن يتحمل كامل مسؤوليته الناشئة عن القرار 1593 وأن يدعم جهودنا من أجل تحقيق مصالح العدالة والاستقرار والسلام الدائم في دارفور.

39 -  ولا شك في أن هذا المجلس سيأتيه حقه يوم حصاد السلام إن هو استثمر في المساءلة مقدما الدعم الكافي لعمل مكتبي في دارفور.

40 -  ولنذكر أن غصن الزيتون، بشرى السلام، ييبس ما لم يتغذى من جذع عدالة ميزانها القسطاس المستقيم.

41 -  أشكركم يا سيدي الرئيس ويا أصحاب السعادة، وأشكر جميع من أصغوا إلى هذه الجلسة، على حسن الإصغاء.


Twenty-fifth Report of the Prosecutor of the International Criminal Court to the UN Security Council pursuant to the UNSC 1593 (2005)

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مكتب المدعي العام

بيان إلى مجلس الأمن التابع للأمم المتحدة بشأن الحالة في دارفور عملا بقرار المجلس 1593 (2005) التقرير الخامس والعشرون
Source: Bureau du Procureur | Contact: [email protected]